De Michel Mengneau, le mardi 28 juillet 2009
Pollution, qui doit payer et qui va payer ?
C’est effectivement la question posée si tant est que l’on considère que le fait de payer va régler le problème de la pollution. Cependant, nos instances dirigeantes qui manquent souvent d’imagination se rattrapent lorsqu’il s’agit de faire rentrer de l’argent sur le dos du lampiste. Donc le slogan pollueur/ payeur revenant à la mode, la à l’image de l’arlésienne fait sa réapparition. Mais cette fois, il y a de fortes chances pour que ce que l’on va d’emblée appeler une injustice soit la solution miracle pour sauver la planète.
On ne va pas épiloguer autour de maintes théories démonstratrices car il parait évident que c’est Monsieur tout le monde qui va devoir mettre la main à la poche. Pourquoi pas si l’on veut absolument régler le problème par l’impôt, la bagnole étant l’un des principaux pollueurs, sinon le principal, la logique veut donc qu’elle soit la première touchée. D’accord, mais elle n’est pas la seule et par conséquence pour éviter les injustices il serait normal que tout le monde soit sur un pied d’égalité. Mais cela parait difficile dans certain cas comme celui des animaux ruminants qui eux aussi méthanisent à tout va…
D’ailleurs entre parenthèse il y a beaucoup d’exagération à ce sujet et devenir végétarien pour sauver la planète est d’un crétinisme avancé. Que l’on ne mange pas de viande par goût, que le fait de tuer des êtres vivants pour se nourrir soit à certains insupportables cela se conçoit aisément, mais prétexter que les rejets animaux sont vraiment dangereux est une exagération construite par les lobbyings de la bagnole.
Il n’y a qu’à faire le calcul sur un an, les données sont simples, prenons le nombre de véhicules en France par exemple multiplié par la pollution dégagée au kilomètre, le tout multiplié par la moyenne annuelle de kilomètres effectués par un véhicule (moyenne de tout véhicules confondus) ; et d’un autre côté, c’est encore plus simple, le nombre de bêtes à corne, le cubage du méthane des flatulences et déjections journalières par le nombre de jour dans l’année donneront un résultat pas du tout comparable à celui de la pollution de la voiture, très, très, très éloigné d’ailleurs. A l’évidence, même si l’on diminue le nombre d’animaux de bouche cela n’aura qu’une moindre incidence sur les émissions de gaz à effet de serre. L’argument aussi est de vouloir diminuer pour contrebalancer l’explosion de la consommation de viande Chinoise.
Sans doute y a-t-il un risque qui d’ailleurs n’est pas tout à fait celui des émissions de méthanes mais une insuffisance de productions céréalières pour nourrir un grand nombre d’animaux de viande rouge en surplus, toutefois ceci sera en partie compensé par une moindre consommation de porc et de volailles. Par contre, si l’on considère que les animaux font partie de la nature et la voiture elle pas, le choix est vite fait. Quant à faire payer les éleveurs de bêtes à corne sous prétexte que son troupeau émet quelques flatulences, on n’a pas fini de rigoler…Restons sérieux et gardons encore le sens des proportions avec les deux pieds sur terre et non dans je ne sais quelle nébuleuse écologique exagérée et à la mode bobo !
Revenons donc à nos moutons, si je puis m’exprimer ainsi. Reste les industriels, qui auraient tendance à minimiser l’impact du productivisme, mais qui sont obligés néanmoins de reconnaître qu’ils balancent des rejets dans la nature lorsque l’on voit les cheminées des usines déverser leurs flots continuels de fumées, et ça, ce n’est que la partie apparente. A priori le principe pollueur/payeur devrait s’appliquer de plein droit si l’on considère que l’aspect financier est particulièrement dissuasif, cependant cela ne se passe pas tout à fait comme cela puisqu’à la suite des différents protocoles, celui de entre autres, il a été considéré qu’ils avaient une autorisation limitée de polluer dans une en achetant des droits entrant dans un quota réduisant les émissions polluantes pendantes une période donnée.
Le système valant ce qu’il vaut les industriels européens s’y sont en grande partie pliés. Mais comble de l’ironie, pour diverses raisons, il se trouve que du fait d’un contexte où l’émission de gaz à n’est pas suffisamment drastique dans sa limitation ils n’ont par conséquence pas dépensé tout leurs quotas et ont même économisé et revendu au plus offrant les droits de polluer non-utilisés. Déjà la norme pour la diminution des rejets est par-dessus tout contestable, étant très nettement trop basse, mais à ceci c’est ajoutée une baisse de l’activité économique. En conclusion, il en ressort une situation paradoxale qui fait que les pollueurs vont être les payés.
On estime à 20 millions de quotas excédentaires pour la période 2008/2012 dont le prix est de 14euros le quota, on imagine la manne providentielle touchée par les industries pendant que le lampiste campagnard sera ponctionné sur des déplacements qui lui sont incontournables. Pour tout dire la cerise sur le gâteau est tellement grosse qu’on estime pour les années à venir aux alentours d’un crédit de 400 millions de tonnes de CO2. A fortiori, les industriels en excédent vont sursoir aux améliorations non-polluantes de leurs installations jusqu’à l’espérance 2016, minimisant ainsi les investissements, et pendant ce temps tout un chacun paiera pour limiter soi-disant les rejets des gaz à effet de serre…
Il n’y aurait pas une injustice manifeste, là !!!
Il est évident que si taxe carbone il y a, qu’elle va être totalement inégalitaire….
Référence: Univers nature du 25-07-2009, article de Michel Sage : « La manne financière du CO2 ».