Par Georges GASTAUD, Secrétaire National
Pour donner tout son sens à la radicalité des luttes ouvrières, il faut reconstruire l’avant-garde communiste et le syndicalisme de classe.
Après Continental, Good Year et Caterpillar, les actions ouvrières dures se multiplient de New Fabrice à Malaussène (84), suscitant l’effroi et la réprobation des médias bourgeois et de la fausse gauche.
La colère et la « violence » des ouvriers, employés et ingénieurs licenciés à la louche par le grand patronat sont pourtant compréhensibles, comme l’est l’exaspération des éleveurs laitiers privés de leur gagne-pain par les grandes surfaces usant du libre-échangisme européen pour ruiner les agriculteurs français. Le PRCF est d’avance solidaire de tout salarié, de tout agriculteur qui aura lutté durement pour sa survie et pour celle de sa famille.
Car la vraie violence, ce n’est pas de retenir une nuit un directeur qui, pour servir les grands actionnaires et « booster son plan de carrière », exécute l’assassinat économique d’un bassin d’emploi. La violence, c’est de jeter à la rue des centaines de milliers d’hommes, fiers de leur savoir-faire et de leur apport à la richesse nationale, c’est de bousiller les vacances de millions de gosses qui vivent les fins de mois tendues à la maison ; la violence et le vol, c’est aussi le détournement de fonds géants auquel se livrent les banques, mais aussi les « donneurs d’ordres comme Renault et Peugeot : ces grosses boîtes ont touché des millions d’euro d’argent public de l’Etat-UMP, soi-disant pour « combattre le chômage » ; mais elles s’en servent pour mettre le couteau sous la gorge aux équipementiers, pour les forcer à vendre à perte, pour les sommer de délocaliser vers les pays à bas salaire ; si nous laissons faire, la délocalisation des usines-mères Renault et Peugeot suivra et avec elle la désindustrialisation totale « à l’anglaise » de la France et la castration économique de notre pays.
D’autant que, pour financer ses « largesses » au patronat, Sarkozy saccage les services publics (34 000 postes supprimés en 2010 !) avec le même acharnement que le MEDEF (« ready for the future ! » telle est la devise « patriotique » de ces casseurs de France…) met à poursuivre la financiarisation de l’économie hexagonale…
En revanche il est du devoir du PRCF, en tant qu’organisation tournée vers la classe ouvrière, de mettre en garde contre la généralisation de revendications ciblant uniquement les conditions financières des fermetures d’usines. Non il n’est pas positif que les actions dures portent uniquement sur les indemnités de licenciement, comme si les prolétaires, abandonnés par les Confédés syndicales, avaient perdu l’espoir de préserver l’emploi industriel pour leurs gosses et de refaire de la France un pays où l’on PRODUIT au lieu d’y transporter dans des camions de 25 mètres les marchandises faites ailleurs !
C’est pourquoi il faut féliciter la CGT de Wagon-Automotive-Douai (59), qui milite sur les positions du Front syndical de classe, d’avoir récemment mené une action de grève illimitée avec occupation des locaux pour sauver le site industriel ET porter la revendication NATIONALE de mise en place d’un équipementier national public ; les métallos de Douai, et les militants PRCF qui les soutiennent, veulent ainsi couper court au plan caché du grand patronat automobile qui est d’appliquer la « solution finale » à la métallurgie française, et avec elle à toute l’industrie (cf la scandaleuse fermeture de l’usine AMORA de Dijon) et surtout, à la classe ouvrière « col bleu » de France : car, malgré son désarroi actuel, la classe ouvrière industrielle reste la catégorie sociale de loin la plus « rouge » et la plus aguerrie politiquement :
De plus en plus la défense de la classe ouvrière et la défense de la nation et du « produire en France », sont inséparables ; ceux qui refusent, par faux internationalisme, de voir ce lien, travaillent à la fois contre la France et contre le monde du travail.
La « radicalité » aujourd’hui, ce n’est pas seulement pour des syndicalistes, de retenir un directeur d’usine, ni de détruire l’outil de travail , c’est aussi et surtout :
-de condamner publiquement les états-majors syndicaux de la défaite, les Chérèque, Thibault, Mailly, Aschiéri, qui négocient les sarko-régressions et abandonnent à eux-mêmes les « Cater », les Conti, les chercheurs et les étudiants en lutte prolongée, sans parler des salariés des DOM en proie à la revanche des « békés » ; camarades ouvriers, la CGT de Good Year Amiens nous montre le chemin quand elle condamne publiquement Thibault, dont le ralliement au syndicalisme d’accompagnement fait honte aux vrais militants CGT ;
-d’exiger avec le PRCF le « produire en France », de militer pour que la France, dont le peuple est las de la « construction européenne » (cf le « non » de 2005 et l’abstention aux européennes), SORTE à temps du broyeur européen et de son « libre-échangisme » à sens unique, d’exiger la nationalisation démocratique des secteurs-clés de l’économie et la mise en place d’un plan de ré-industrialisation du pays, quitte à dire M…. à Bruxelles si les eurocrate s’opposent au sauvetage et à la reconstruction nationale, publique, sociale et démocratique de notre industrie ;
-de faire monter de partout l’appel au « tous ensemble en même temps » en condamnant la honteuse déclaration faite par Thibault en 2003 : « la CGT n’a pas vocation à bloquer le pays ». Sarko-MEDEF et son UE cassent notre pays, il faut, ensemble et avec détermination, bloquer leurs profits !
Pourtant, il faut être clair : la responsabilité principale dans le désarroi ouvrier incombe au PS et à ses satellites « mutants » de l’appareil PCF qui continuent, comme le NPA, LO, etc. à « vendre » aux salariés le mensonge de « l’Europe sociale » : alors que l’assassinat de la France ouvrière, étudiante, enseignante et paysanne est programmé à court terme si notre pays reste prisonnier de l’euro-dictature patronale.
Raison de plus pour que les organisations vraiment communistes répondent positivement à la lettre ouverte du PRCF. Celui-ci leur propose d’organiser en commun une campagne communiste pour que la France sorte de cette UE qui ruine notre industrie.
Plus que jamais, la classe ouvrière a besoin d’une avant-garde communiste et d’un large front syndical de lutte de classe : reconstruisons-les dans l’action unitaire à la porte des usines !
[1] Et à travers elle, de tuer la nation : que serait un pays sans industrie, avec une agriculture et une recherche scientifique déliquescentes ?
[2] Le patronat s’en charge, même si l’on comprend que les travailleurs refusent de glisser au RMI pendant que les actionnaires revendent les machines !