Il y a 75 ans, enfonçant la Wehrmacht sur l’ensemble du front oriental, l’Armée rouge ouvrière et paysanne progressant vers Berlin libérait le camp d’extermination d’Auschwitz : elle assura aux malheureux très rares survivants, agonisants (la quasi-totalité du camp avait été évacué et les survivants « valides » évacués par les hitlériens dans les « Marches de la Mort »), tout l’appui possible et donna à la découverte des horreurs de la politique d’extermination de l’impérialisme allemand une publicité considérable. Ce fut un symbole majeur du rôle libérateur de l’Armée rouge dans une Pologne ravagée.
Or les cérémonies prévues à Auschwitz en présence de chefs d’État de plusieurs pays « occidentaux » ignoreront sciemment la contribution centrale à la défaite du Troisième Reich de l’U.R.S.S., qui perdit 30 millions des siens durant la Deuxième Guerre mondiale. Or, comme chacun l’a su en 1945 et pendant les décennies suivantes, c’est la victoire militaire de l’URSS qui a empêché la « solution finale » qui attendait l’ensemble des juifs de la Terre si l’Allemagne hitlérienne venait à gagner la guerre. Scandaleusement, les représentants de la Russie ne sont pas invités à ces cérémonies : ils l’ont été en Israël, où la Pologne a refusé de se rendre, mécontente de voir souligner le rôle des antisémites polonais comme « auxiliaires » de la destruction des juifs. Une fois de plus, l’essentiel pour les dirigeants occidentaux, n’est pas de commémorer le martyre des millions de juifs exterminés par les nazis, ni de rendre hommage aux sacrifices des vainqueurs soviétiques et non-soviétiques du Troisième Reich, mais d’entretenir l’anticommunisme d’État et de cultiver une russophobie revancharde qui n’est pas sans rapport avec les préparatifs militaires de l’OTAN, via notamment des grandes manœuvres imminentes et d’une importance exceptionnelle, à l’encontre de la Russie actuelle, si « dé-soviétisée » soit-elle. Et ce, alors que commence une campagne de la réaction polonaise et lettone sur « l’occupation » criminelle de l’URSS en 1944-1945.
Comment ne pas faire le lien entre cette attitude négationniste et le fait que le Parlement européen, toutes tendances confondues hormis les eurodéputés « insoumis » français et les parlementaires communistes grecs et portugais, a voté une résolution honteuse le 19 septembre 2019 : cette motion liberticide renvoie scandaleusement dos à dos (au nom de l’antitotalitarisme qui plus est !) le IIIème Reich génocidaire et son principal vainqueur, l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques, justifie l’interdiction des partis communistes d’Europe orientale (Pologne, Pays Balte, Ukraine…), ne dit mot de la présence de nostalgiques revendiqués du fascisme (à l’image du ministre letton de la Défense Artis Pabriks affirmant que « la Waffen SS est la fierté de la Lettonie), violemment antisémites, à la tête de plusieurs pays européens et réclame la proscription des symboles communistes en Europe !
Par elle-même, cette résolution est déjà terriblement dangereuse puisque, en amalgamant le nazisme-fascisme au communisme, elle banalise et rehausse le premier – c’est-à-dire la forme la plus barbare prise par le capitalisme-impérialisme au XXème siècle – tout en criminalisant le passé, le présent et l’avenir de tous ceux qui luttent pour l’émancipation sociale de tous les humains, qu’ils se réclament ou non du communisme. Mais le négationnisme qui entoure les cérémonies du 75ème anniversaire est encore pire, s’il est possible, que la résolution du Parlement européen : en effet, en déniant ou en minimisant le rôle joué par l’URSS dans la libération d’Auschwitz, il s’agit de masquer la signification de classe de l’antisémitisme nazi qui, au service des buts criminels de l’impérialisme allemand, assimilait les juifs aux marxistes, aux communistes et à l’URSS (c’était le fantasme sanglant du « judéo-bolchevisme »). Et ce faisant, ce négationnisme antisoviétique obsédant désarme les citoyens des pays européens face aux résurgences de plus en plus nombreuses du nazisme-fascisme, de l’antisémitisme, de la xénophobie et du racisme que nourrit, sur fond d’anticommunisme permanent, l’offensive mondiale des forces capitalistes contre les acquis sociaux, l’indépendance des nations, les libertés démocratiques et la paix mondiale. De la sorte, au lieu d’armer les jeunes, contre l’antisémitisme, le fascisme et le racisme, on rend ces derniers totalement incompréhensibles, donc impossibles à combattre rationnellement et politiquement.
En 1944, signant à Moscou le Traité franco-soviétique d’assistance mutuelle, le Général de Gaulle déclarait : « les Français savent que la Russie soviétique a joué le rôle principal dans leur libération ». Pastichant ce propos sans trahir pour autant la vérité historique, nous ajoutons que la première République socialiste de l’histoire, en écrasant le Troisième Reich, pour l’essentiel par ses propres moyens – a joué le rôle majeur dans la survie des juifs au XXème siècle; ces mêmes citoyens juifs que les classes dominantes d’Europe, favorables à la « collaboration » avec Hitler et au projet de « nouvelle Europe », étaient très majoritairement disposées à laisser exterminer sans rien tenter en leur faveur… pour peu que Hitler se montre capable de débarrasser l’Europe, le monde et la France du mouvement ouvrier révolutionnaire !
Le pire est à venir en terme de propagande idéologique.
Zemmour vient de déclarer que le fascisme était de gauche : Mussolini et Hitler (parce que national-« socialisme », voyez-vous) en tête.
C’est bien sûr très largement repris sur twitter. Et, comme si l’antienne nazisme = communisme (sous couvert de totalitarisme) ne suffisait pas, on en vient rapidement à l’idée que tous nos maux viennent de la « gauche ».
La réécriture de l’histoire vient parachever l’oeuvre contre-révolutionnaire. Tout ce qui est de gauche est forcément mauvais. Tenons nous-en à l’extrême centre, voilà ce qu’il faut comprendre !