1) « Les fonctionnaires sont d’affreux parasites budgétivores
(voir les Unes haineuses et à répétition du « Point ») » : MAIS… quand tout s’effondre, qui « tient la boutique » sinon ces « affreux fonctionnaires » ?
2) La France est trop centralisée, fi de la République une et indivisible d’antan, vive la décentralisation chère à « nos voisins européens » :
Mais un système de santé centralisé et NATIONAL est un atout sanitaire majeur ; il est bon que les ressources hospitalières de Mulhouse, Nantes et Marseille soient mutualisées ; bref, le « jacobinisme », épouvantail ordinaire de nos néolibéraux et autres euro-fédéralistes, a du bon !
3) Pour qu’un pays tourne et « performe », il faut « moins d’État » et de « dépenses publiques » ! :
Mais quand tout se délite, qui donc joue le rôle charpente la nation en danger d’écroulement, si ce ne sont les infirmières, les profs qui gardent les enfants de soignants, voire (pour une fois comment n’en pas dire du bien ?) les policiers qui veillent à l’effectivité du confinement ou les services municipaux qui téléphonent aux personnes isolées et qui leur apportent à manger ? Et qu’est aujourd’hui contraint d’envisager Bruno Lemaire, qui décide par ailleurs de privatiser par tranche le rail, l’électricité ou les aéroports ? Il pense à nationaliser provisoirement certaines grosses boîtes « françaises » comme Orange, pour éviter des O.P.A. hostiles ou tout bonnement, pour éviter leur effondrement.
4) « La numérisation virtualise toute l’activité économique » :
ABSURDITÉ IDÉALISTE que volatilise l’expérience de masse actuelle : celle des soignants qui intubent les pneumoniques, des instituteurs qui gardent des enfants anxieux, des éboueurs qui continuent de ramasser les poubelles, des paysans qui s’entêtent à récolter des légumes, des ouvriers de l’agro-alimentaire et de la distribution qui persistent à nourrir le pays, des agents EDF qui veillent sur le système nerveux et continuent de nous chauffer, etc. Oui, au bout de tout travail, il y a toujours très matériellement, un corps vivant et une production ; et au bout de la production il y a une matière première ou seconde, n’en déplaise à l’idéologie immatérialiste et néo-magique ambiante, émule « moderne » de Berkeley ! Quant aux profs, ceux qui, en tout déni idéal-numérique, joueront la « continuité pédagogique » en aggravant la ségrégation sociale et en préparant de nouvelles suppressions de postes massives, ils se heurteront vite à la majorité des collègues qui, auront compris tout seuls que la présence de l’autre n’est pas la même chose que sa présence… virtuelle. Et que parler à une classe n’est pas la même chose que négocier à distance avec 30 individus. Bref, que la phrase de Thatcher, « il n’y a pas de société, il n’y a que des individus », ne tient pas la route.
5) « Il y a, d’un côté, nos « magnifiques-démocraties-libérales-de-pointe » humanistes et performantes, et de l’autre tous ces affreux pays lointains lointains, jaunes, noirs, marrons et/ou rouges qui n’ont pas de gouvernement véritables mais seulement un « régime ».
Dérisoire et raciste : car les Chinois ont une science d’avant-garde ; ils ont jugulé en un temps record une épidémie que d’autres pays « de pointe » ont eu deux mois de plus pour affronter, et qu’ils sont encore en train de nier pour certains. N’est-ce pas MM. Trump et Johnson ? Et l’Afrique doit beaucoup aux médecins cubains venus bénévolement sur place soigner et stopper le virus Ebola, pire encore que le corona. Ne parlons pas de la manière catastrophique dont nos propres… « régimes » ( ?) ont lamentablement foiré le traitement de l’épidémie tout en donnant chaque jour des leçons au trop « docile » peuple chinois. Quant à l’humanisme, sans garantir celui de Pékin (c’est un autre débat), je note que là-bas on a rapidement arrêté toute la production alors que, jusqu’à ces jours derniers, les bons chrétiens qui gouvernent à Londres, Berlin, Amsterdam, – et même au début Macron, d’où le conflit à retardement avec Buzyn – comptaient sur la diffusion massive du virus pour créer une prétendue « protection immunitaire de groupe » dont le prix à payer, sans le confinement auquel pour finir tout le monde se résout, eût été la mort de dizaines, voire de centaines de milliers de gens : en gros, « on ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs »…
6) « Il y a d’un côté les « anywhere », sympathiques nomades globishisants et friqués de la très « fluide » « mondialisation heureuse », et de l’autre les bouseux « somewhere », des ploucs sédentarisés inexpugnablement vissés à leurs galoches paysannes ou prolétariennes.
Que nenni ! Sous nos yeux, l’étrange mondialisation capitaliste aboutit, comme toute aberration qu’on pousse à son terme, à son contraire logique : en exportant à vitesse V les tornades, les crises économiques, les virus, elle aboutit à cette conclusion néo-orwellienne : « la mondialisation, c’est la quarantaine, la « désegmentation » totale de l’humanité, c’est le CONFINEMENT, le « sans-frontiérisme » NÉOLIBÉRAL (les « quatre libertés de circulation » du traité de Maastricht : des capitaux, de la main-d’œuvre, des services et des marchandises), c’est le slogan aux étranges résonances (« chacun chez soi »), avec triple cadenassage des frontières. Tous les « nomades » redeviennent brutalement des « imbéciles heureux qui sont nés quelque part », seuls les PROLÉTAIRES se déplacent (sont forcés de se déplacer) pour faire tourner les fonctions vitales ; et ceux qui paient le plus lourdement l’addition de CE sans-frontiérisme-là, ce sont les migrants pauvres chassés par les guerres impérialistes et par le vandalisme environnemental… PAS DE PLACE À L’HOSTO !
7) « L’UE et l’euro nous protègent des excès de la mondialisation ».
Faux, depuis le traité de Maastricht, sept. 92, précédé par le « tournant de la rigueur » de 84 visant à aligner le franc « fort » sur le mark, l’UE n’a cessé de RABOTER notre protection sociale (plan Juppé de 95, réclamé ouvertement par Kohl), nos services publics et nos SALAIRES RÉELS au nom des critères de Maastricht. Cela a affaibli dramatiquement notre système médical, longtemps classé 1er mondial, comme le fut longtemps l’Éducation nationale dans son domaine. Face au corona, l’UE est restée de marbre et le seul discours fort prononcé par Ursula von der Leyen à propos de la crise aura été pour rappeler le caractère intouchable du « marché unique interne » ! Que c’est beau l’humanisme !
Plus gravement, l’UE fait si peu barrage à la dé-segmentation néolibérale, qu’elle se définit elle-même depuis Maastricht comme « une économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée ». Privatisations, délocalisations, dérégulation, autrement dit, rupture des digues et ouverture à toutes les crues. L’alternative ? Non pas évidemment la juxtaposition de marigots croupis visant à l’autarcie, ni la concurrence libre et non faussée (autre non de la DÉSEGMENTATION SAUVAGE) mais la COOPÉRATION internationale d’État à État entre peuples souverains, égaux et solidaires, planifiant leur développement et ménageant les ressources naturelles.
Petite conclusion hydraulique pour finir :
Entre le déferlement du fleuve néolibéral arrachant ses digues et répandant sa boue au nom de « la » liberté (pour qui ?), et la stagnation saumâtre de l’autarcie xénophobe (au nom de la sécurité), ne peut-on concevoir, à la manière des Égyptiens drainant les crues du Nil, des Hollandais endiguant leurs polders et de l’ingénieur Riquet creusant le canal du Midi, une segmentation/dé-segmentation organisant la circulation et la mise à niveau rationnelle des dénivelés territoriaux, naturels et culturels qui existent réellement ? Bref, en lieu et place de la SAUVAGE « économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée », la coopération rationnellement planifiée de peuples souverains, égaux et solidaires se divisant le travail pour rendre enfin l’échange sûr, mutuellement profitable et temporellement soutenable ?
Georges Gastaud
Les capitalistes ultra-riches ont institué le néolibéralisme où néo signifie se passer du libéralisme.
Car le libéral « oubliait » la tutelle des États. Néolibéral l’intègre : cf les avatars de l’UE devenue une puissance au service des ultra-riches.
L’une des plus belles tromperies du capitalisme est le marché libre. Où le marché est libre et ses agents en prison.
Car si je délocalise, si je licencie ce n’est pas ma faute mais à cause du marché.
Je suis bon et le marché libre !
Vous ne voudriez pas me rendre méchant ?
Vous ne voudriez pas rendre le marché totalitaire ? Ou pire le supprimer ?
Et c’est le marché qui dévaste la planète, les biens communs, fait de chaque entité un guerrier.
Nous les ultra-riches sommes victimes du système.
La preuve : notre richesse grandit de manière obscène et nous n’y pouvons rien.
La preuve : les gouvernants des États, nos larbins zélés et nous ne demandons rien, tout juste qu’en échange de nos oboles, ils ne fassent rien.
La preuve : on essaye de lutter contre les dérangements climatiques, les dévastations, les licenciements … et nous n’y parvenons pas malgré tant d’efforts : le marché refuse.
La preuve : on a même essayé de réformer le marché : rien à faire il nous domine.
Le marché libre : c’est le prix de la liberté !