En l’espace de quelques jours, le PCF, par l’intermédiaire de son secrétaire national Fabien Roussel d’abord, par le biais de l’ancienne tête de liste aux élections européennes Ian Brossat – et collé à la remorque d’Anne Hidalgo à Paris… – s’est illustré de manière profondément inquiétante pour un parti qui a porté les principes marxistes-léninistes sous l’impulsion de Thorez, Duclos et Frachon, avant de sombrer dans une euro-mutation mortifère depuis près de 45 ans.
En effet, tandis que Roussel se pose en sauveur de la « laide » UE (comme la nomme à raison la presse italienne) et appelle utopiquement la BCE à agir dans l’intérêt des peuples (en somme, le mythe de « l’Europe des gens, pas l’Europe de l’argent », et ce en niant complètement l’action mortifère de l’UE face au coronavirus), Brossat rend un vibrant hommage à… Patrick Devedjian, décédé du Covid-19, ancien du GUD et d’Occident, anticommuniste, anti-syndicaliste et raciste notoire, en des termes élogieux. Preuves supplémentaires du « grand effondrement » dont est victime le P« C »F…
Le PRCF, désireux de reconstruire un parti communiste sur des bases franchement marxistes-léninistes, exprime ici sa vive désapprobation et sa condamnation de telles attitudes qui ne peuvent que pousser les communistes, les forces progressistes, les travailleurs, les syndicalistes de combat, les gilets jaunes, etc., dans un dangereux confusionnisme et de suicidaires illusions : stop aux mensonges du « vivre ensemble » avec des ennemis qui veulent notre peau, menons une fois pour toute le combat de classe contre la macronie, les forces fascisantes et réactionnaires, le MEDEF et la mortifère UE !!!
Le soldat F. Roussel sauveur de l’UE en faillite ?
27 mars 2020 – Par Georges Gastaud
« Les États-Unis d’Europe sont, en régime capitaliste, ou bien impossibles, ou bien réactionnaires ».
Lénine
« L’émancipation nationale est le socle de l’émancipation sociale » –
Jean Jaurès
L’illusion est souvent fille de l’espoir, c’est humain. Ainsi certains camarades du PCF qui se réclament du marxisme ont-ils sincèrement cru, lors du dernier congrès de ce parti, que la tendance dite « identitaire » emmenée par Fabien Roussel allait amorcer le redressement révolutionnaire du PCF, ou tout au moins freiner un tant soit peu l’interminable dérive rosâtre, euro-mutante et socialo-dépendante[1] qu’ont successivement incarnée, à la tête du PCF-PGE, les Hue, Buffet et autre Pierre Laurent…
Or, non seulement Fabien Roussel, interviewé sur une chaîne audiovisuelle, a rapidement confirmé la sympathie qu’inspire au PCF actuel l’antisoviétique de choc Soljenitsyne, non seulement il a rappelé que les nationalisations n’étaient plus au centre du « nouveau logiciel communiste », mais les dirigeants « identitaires » du PCF/Pas-de-Calais, fleurons de la nouvelle direction nationale, ont collé au PS de Lens à Arras lors des municipales (dame, les sénatoriales approchent…) comme le premier Ian Brossat venu. Et voilà maintenant que dans le communiqué en date du 26 mars que nous reproduisons ci-dessous, le secrétaire national du PCF accourt charitablement au chevet de l’UE agonisante, littéralement vomie désormais par le peuple italien. Certes, Fabien Roussel affirme – c’est bien le moins ! – qu’il convient d’en finir avec la « concurrence libre et non faussée » et qu’il faut désormais un « nouveau pacte européen » (cette position purement platonique, car inapplicable vu la nature des gouvernements européens actuels, était déjà peu ou prou celle de P. Laurent), mais…
- Le nouveau secrétaire national du PCF demande que les moyens industriels soient « mutualisés » en Europe pour produire tous les matériels médicaux nécessaires ; toute coopération industrielle et médicale internationale est certes bienvenue par temps de crise sanitaire, mais, camarade Roussel…
- Pourquoi coopérer seulement avec les pays de l’UE et du sous-continent européen, alors que la Chine, la Russie, Cuba socialiste, le Venezuela bolivarien, tendent à la France confinée une main secourable ? Une main que Macron refuse de saisir (contrairement au gouvernement italien), préférant poursuive, derrière l’irresponsable Trump, sa guerre froide contre les États « communistes » ou issus d’une tradition socialiste.
L’internationalisme, camarade Roussel, ne se pense pas à l’échelle d’un continent riche dominé par des pays impérialistes (Allemagne-Autriche, France officielle, Italie, Benelux notamment), mais à l’échelle du monde tout entier : « Prolétaires de TOUS les pays, peuples opprimés DU MONDE, unissez-vous », tel était le slogan de l’Internationale communiste ; et non pas, comme le propose en substance votre communiqué du 26 mars 2020 : s’il vous plait, Angela, Emmanuel, Giuseppe, et vous aussi les dirigeants fascisants de la Pologne, des Pays Baltes, de l’Autriche, de la Hongrie, de la Croatie… organisez-nous vite une visioconférence et pondez-nous un gentil traité européen bleu ciel agrémenté d’un joli ruban rose vif… (sinon le PGE, et peut-être même la C.E.S., tous deux si utiles pour faire passer le principe de la « construction » européenne, vont finir par exploser…) »…
- En outre, qui peut croire que la France, sixième puissance économique mondiale, n’ait pas les moyens industriels et ingéniériaux nécessaires, si l’État réquisitionne, voire exproprie, nationalise et coordonne fermement les entreprises industrielles privées et publiques nécessaires, pour produire en urgence tout ce qui manque médicalement à notre pays sans attendre d’hypothétiques et interminables négociations intereuropéennes ?À commencer par la production d’hydroxychloroquine, dont l’utilisation antivirale semble faire une percée thérapeutique intéressante à Marseille et ailleurs ? Pourquoi attendre un très improbable accord avec les thatchériens hollandais, les cléricaux polonais et les hitléro-nostalgiques baltes, hongrois et autres, pour commencer à faire chez nous le nécessaire ? Et, sur le plan de la bataille des idées, pourquoi laisser passer l’occasion d’une grande campagne pour la nationalisation-expropriation des labos pharmaceutiques privés, pour la reconstruction du produire en France et pour la mise en place d’une planification démocratique nationale, que les gouvernements maastrichtiens ont criminellement sabotée, puis réduite à zéro ?
Car comme l’expliquait naguère Henri Krasucki, on ne peut coopérer valablement à l’international que si l’on existe soi-même industriellement ; et, même très amoindrie par trente années de casse maastrichtienne, la France industrielle, ses ouvriers, ses ingénieurs, ses techniciens, existent et ne demandent qu’à rebondir, c’est une question de volonté politique. Mais l’avenir de la classe ouvrière et de l’ingénierie nationale, dont la puissance et l’existence sociales dépendent matériellement de la renaissance de notre industrie, intéresse-t-elle encore le parti qui fut, il y a longtemps, très longtemps, celui de ces Colbert[2] et industrialiseurs communistes que furent Marcel Paul et Joliot-Curie (lesquels partaient de bien plus bas que nous en 1945, en matière de reconstruction industrielle, et n’en ont pas moins construit EDF, Renault, l’Aéronautique et le CEA !)…
- Pourquoi coopérer seulement avec les pays de l’UE et du sous-continent européen, alors que la Chine, la Russie, Cuba socialiste, le Venezuela bolivarien, tendent à la France confinée une main secourable ? Une main que Macron refuse de saisir (contrairement au gouvernement italien), préférant poursuive, derrière l’irresponsable Trump, sa guerre froide contre les États « communistes » ou issus d’une tradition socialiste.
- F. Roussel propose en outre que la BCE, renonçant à sa raison d’être qui est de neutraliser les banques nationales au profit des « marchés financiers » en général et des financiers de Francfort en particulier, devienne subitement la bienfaitrice désintéressée des États. Le chef de file du PCF propose que ladite BCE renonce à tous ses « dogmes » (comme si les « dogmes » en question n’étaient que des grigris idéologiques, et non la matérialisation de rapports de forces inter-impérialistes que la « République de Berlin » domine de la tête et des épaules). Roussel voudrait en somme que ladite BCE, dirigée par la bienveillante Christine Lagarde, se comporte comme la bonne Fée bleue… autant demander à Marc Dutroux de devenir Premier Prix de Vertu ! Même le très eurobéat président italien Matarella a laissé poindre sa colère contre l’institution inhumaine qu’est l’UE : en effet, depuis le déclenchement de la crise sanitaire, l’UE a fait montre d’une totale indifférence envers l’Italie accablée ; c’est sur les sommations répétées de Bruxelles, de Francfort et de Berlin que les systèmes publics de soin ont été démantelés partout (critères de Maastricht obligent !) et, plus structurellement encore, c’est le libre-échangisme impérialiste mondial porté par l’UE, c’est « l’économie de marché ouverte sur le monde » consubstantielle à l’UE et, avec elle, la destruction de toutes les digues sociales, environnementales et nationales existantes, qui ont servi de catalyseur mondial à la diffusion exprès des virus, faisant de l’Europe le cœur d’une pandémie que la République populaire de Chine a rapidement jugulée. Cerise vénéneuse sur ce gâteau euro-infecté, la République tchèque – ce bon élève par excellence de l’UE et de son anticommunisme revanchard – est allée jusqu’à voler les masques de protection chinois destinés à l’Italie en proie aux suffocations et à l’anxiété de masse (que c’est beau la « solidarité européenne » !).
En clair, au lieu de se saisir du discrédit populaire total de l’UE, cette institution intrinsèquement inhumaine et mortifère du grand capital, au lieu de donner sens au dégoût de masse que suscite la virale mondialisation néolibérale, au lieu d’appeler à l’Europe des luttes CONTRE l’U.E., au lieu d’appeler à traduire en justice s’il le faut les euro-gouvernants français criminels qui sont restés de marbre devant l’épidémie, au lieu d’appeler à sortir, par la porte à gauche de l’UE et de l’euro (expropriation du grand capital, coopérations transcontinentales tous azimuts, nouvelle constitution démocratique, justice sociale, etc.), au lieu d’accuser l’OTAN dont l’intense campagne de surarmement nourrit l’austérité paneuropéenne, au lieu de mettre en cause radicalement le capitalisme – ce système qui conduit l’humanité à la mort -, la direction incurablement euro-réformiste du PCF-PGE appelle de nouveau à réformer du dedans les institutions maléfiques, à rêver les yeux ouverts d’une UE démocratique et d’un euro au service des peuples, et pourquoi pas bientôt[3], à s’éprendre d’une OTAN au service de la paix comme le faisait sans rire l’Italien Berlinguer, chef de file du suicidaire eurocommunisme des années 1970/80 ? Bref, F. Roussel reproduit dans d’autres conditions le geste typiquement réformiste qui fut celui de Buffet, au soir du 29 mai 2005, quand au lieu d’exiger la démission de Chirac (désavoué par les urnes, comme Jospin !) et à la rupture de la France avec la ruineuse UE, elle a supplié Chirac de « renégocier la constitution européenne »… ouvrant une porte à la mise en place ultérieure d’un traité de substitution au TCE refusé par le peuple !
Que F. Roussel soit néanmoins remercié : Mitterrand prétendait que « l’on ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment ». Le PCF n’est plus marxiste-léniniste depuis 1976, et il trouve le moyen de s’en vanter. Soit. Alors que les Russes sont 75% à regretter l’Union soviétique, ce parti ne parle de la première expérience socialiste de l’histoire qu’en termes d’ « échec ». Soit. Le PCF n’est plus pour les nationalisations et reste bras ballants devant la mort du produire en France, condition d’existence élémentaire d’une classe ouvrière française dynamique ; dont acte. Et chacun a vu lors des municipales, et notamment à Paris, que l’appareil du PCF est définitivement arrimé au PS social-libéral d’Hidalgo. Grâce au communiqué de Fabien Roussel, chaque communiste qui le veut, peut voir désormais qu’il est devenu systémiquement impossible au PCF, de par son affiliation au PGE euro-dépendant, de porter une politique d’indépendance nationale, de rupture révolutionnaire avec l’UE et de marche à la révolution socialiste telle qu’a pu la porter – dans les conditions de son époque – le grand PCF à la fois internationaliste et patriote de Thorez, Duclos, Frachon et Croizat.
Alors qu’approchent le 15ème anniversaire du Non à la constitution européenne et le 100ème anniversaire du Congrès de Tours où les communistes se séparèrent salutairement des naufrageurs réformistes de leur époque, l’heure est de plus en plus franchement à la reconstruction d’un parti communiste de combat appelant à sortir par la gauche de l’euro, de l’UE, de l’OTAN… ET DU CAPITALISME de plus en plus fascisant et mortifère ! Avis à tous les communistes, membres ou non du PCF et des JC, qui en ont marre d’accompagner de gauche le pourrissement de l’UE impérialiste, qui refusent de rêver d’un « nouveau pacte européen » entre dirigeants européens néo-thatchériens et/ou national-fascisants, et qui veulent au contraire se préparer aux situations révolutionnaires qui ne manqueront pas de surgir de la faillite actuelle de tout un système. Continuateur des combats frontaux de jadis contre l’Europe supranationale et atlantique, les militants franchement communistes et 100% anti-UE du PRCF sont disposés à tous les échanges nécessaires avec ces camarades.
Georges Gastaud, militant des JC puis du PCF de 1972 à 2004
[1] Le largage de la dictature du prolétariat et du marxisme-léninisme date déjà de 1976… Le ralliement du PCF à l’élection du parlement européen au suffrage universel – c’est-à-dire à la légitimation pseudo-démocratique de la « construction » européenne, date de 1978… Bon courage à ceux qui veulent redresser un arbre qui penche à droite depuis plus de quarante ans…
[2] sans la face sombre de Colbert, faut-il le dire !
[3] sachant qu’à l’heure actuelle, ces grands modèles européens que sont la Suède et les Pays-Bas n’ont toujours pas confiné leur population, que les Länder allemands n’ont pas tous la même politique à cet égard, et tout à l’avenant…
LE COMMUNIQUE DE FABIEN ROUSSEL
Dans son allocution de Mulhouse hier soir, le Président de la République a beaucoup parlé de « guerre ». Mais, bien qu’il se soit exprimé à l’une des frontières de notre pays, il n’a qu’à peine évoqué la solidarité européenne. Et pour cause : l’union européenne est aux abonnés absents !
La crise sanitaire, économique et sociale que précipite la pandémie de coronavirus met à nu la totale faillite de la construction capitaliste de l’UE. La passivité de la Commission européenne et des gouvernements européens face à une crise mondiale aussi grave est proprement scandaleuse.
Ceux-ci sont incapables d’impulser de la coopération ou de l’entraide entre les États, livrés à eux-mêmes. En quelques jours, les critères budgétaires de l’Union européenne appliqués aux États sont apparus ubuesques. Ils ont d’ailleurs été levés, preuve qu’ils sont un frein aux politiques d’investissement et de soutien aux économies nationales.
De plus, les mesures proposées telle que le rachat de dettes souveraines par la BCE sont loin d’être à la hauteur de la crise qui frappe les Etats membres.
La pandémie exige une grande solidarité et une totale coopération entre les peuples et les nations d’Europe. Elle requiert une mutualisation des moyens, notamment en matière de production de matériels sanitaires. Comment peut-on croire que les 27 pays de l’Union européenne seraient incapables de réunir des industriels, des ingénieurs, des outils de productions pour faire face aux besoins criants de tous les hôpitaux ? Nous disposons des forces suffisantes pour produire en urgence des respirateurs, des masques, des médicaments.
De même, la Banque centrale européenne doit répondre immédiatement aux besoins de tous les pays de l’Union européenne confrontés à l’arrêt de leur économie. La création de monnaie et les prêts à taux 0% sont des outils à mettre au service des Etats de manière exceptionnelle.
La crise de l’Union européenne démontre la nécessité d’en finir avec les dogmes de la « concurrence libre et non faussée », comme avec les politiques d’austérité européennes. Pour reconstruire une Europe de la coopération et de la solidarité entre les peuples, il faudra demain mettre en place un nouveau pacte européen pour sortir enfin des règles d’or budgétaires qui ont tant affaibli les services publics, dont ceux de la santé.
Le Président de la République aime à évoquer « le jour d’après ». Pour le PCF, le jour d’après se prépare maintenant, avec ses alliés et partenaires européens.
Fabien Roussel, secrétaire national du PCF,
Hommage à l’extrême droite, le dernier acte du « communisme new look »
30 mars 2020 – Par Fadi Kassem
Un hommage troublant et stupéfiant
« Tristesse d’apprendre la mort de Patrick Devedjian. Au delà des divergences politiques, un homme engagé, chaleureux et d’une grande intelligence. Mes pensées pour sa famille et ses proches. » Ainsi s’exprime sur son compte Twitter… Ian Brossat, membre de la direction nationale du PCF, ancienne tête de liste aux élections européennes et satellite accroché à Anne Hidalgo à Paris telle une moule sur son rocher. En ce 29 mars 2020, le tenant du « communisme new look » (comme le qualifiait élogieusement Le Parisien en mai 2019) franchit une nouvelle étape dans l’absurdité politique, témoignage d’un confusionnisme total et d’une euro-mutation – ou plutôt d’une euro-décomposition – frappant le PCF depuis plusieurs décennies.
Tristesse d’apprendre la mort de Patrick Devedjian.
— Ian Brossat (@IanBrossat) March 29, 2020
Au delà des divergences politiques, un homme engagé, chaleureux et d’une grande intelligence. Mes pensées pour sa famille et ses proches.
Que Ian Brossat puisse éprouver personnellement de la tristesse à la suite du décès d’une personne, cela est une chose – encore que la bourgeoisie capitaliste et ses alliés fascisants et réactionnaires, eux, font le tri lorsque surviennent des décès et ne se fendent pas de communiqués hypocrites pour pleurer la mort de syndicalistes de combat, de philosophes marxistes de haute volée comme Lucien Sève ou de communistes franchement marxistes-léninistes. Mais de là à exprimer publiquement, et de surcroît à l’encontre d’un anticommuniste, anti-syndicaliste et raciste avéré et notoire, sa « tristesse » compassionnelle, il y a un pas dans l’indécence que vient de franchir allègrement le prétendu « communiste » Ian Brossat. Ne manque plus que l’invitation aux obsèques avec une place d’honneur pour y assister…
Puisque Ian Brossat, qui est fâché avec l’histoire depuis un moment – qu’on se souvienne de ses déclarations sur France Culture fin avril 2019 où il expliquait que contrairement à Marx, lui s’engageait dans le combat pratique [1] : il est vrai que la fondation de la Première Internationale (pour ne prendre que cet exemple) en 1864, ce n’est pas de la pratique… –, éclairons-lui, ainsi qu’à ses affidés, un peu la lanterne fort rouillée.
Un parcours « exemplaire » … dans la lutte anticommuniste
Car le pedigree de Patrick Devedjian vaut le détour : avec ses copains de jeunesse (et toujours en lien par la suite) Claude Goasguen, Hervé Novelli, Gérard Longuet ou encore Alain Madelin, tous recyclés par le RPR-UMP-« Républicains » (ou ayant franchi le Rubicon comme), il rejoint le groupe Occident (dont le nom est déjà fort significatif…) fondé par le fasciste Pierre Sidos et participe joyeusement aux ratonnades de l’ultra-droite fasciste de la fin des années 1960.
S’il s’éloigne d’Occident au début des années 1970 en plaidant « l’erreur de jeunesse », son rapprochement avec le néolibéralisme, qu’il défend becs et ongles, ne met pas à un terme à ses premiers amours au cœur de son engagement politique : son anticommunisme viscéral, fil brun de son parcours le poussant à s’emparer de la mairie d’Antony (alors détenue par le PCF) en 1983, à s’affirmer comme le chantre de la « révolution néolibérale » thatchéro-reaganienne au sein du RPR puis de l’UMP, à cracher son venin sur le « modèle social français » et la « République une et indivisible ».
Pour preuve : le 9 juin 2005, lors de la convention de l’UMP sur l’immigration – tout un programme –, Devedjian se lance dans une violente diatribe contre, pêle-mêle, le code du travail, le « modèle social français » (comprenez : le programme « Les Jours heureux » appliqué à la Libération par le Conseil national de la Résistance (CNR), les grèves, la CGT, le PCF… et le stalinisme. Comme il le déclare si bien (en se référant à son « maître à penser » Raymond Aron, dont l’anticommunisme primaire n’est plus à démontrer) :
« Je résumerai, pour ma part que le modèle social français :
Devedjian
– n’est pas un modèle puisque personne ne veut l’imiter,
– n’est pas social puisqu’il provoque des records de chômage,
– n’est pas français puisque fondé sur la lutte des classes et le refus du réformisme.
Demandez-vous pourquoi la CGT, le Parti communiste, les mouvements révolutionnaires ne veulent pas en changer ? Parce que c’est le leur ! Ce sont eux, en grande partie, les auteurs des compromis passés en force sous menace de grèves générales à l’époque du stalinisme triomphant. Regardez les différentes couches sédimentaires de notre code du travail, croyez-vous qu’un seul des travailleurs qu’il prétend défendre puisse le comprendre ? C’est devenu le monopole des agrégés en droit du travail. »
Capitaliste, européiste, atlantiste, raciste…
Patrick Devedjian n’a jamais digéré le fait que les travailleurs aient arraché, à une époque où la CGT était de classe et de masse et où le PCF était franchement marxiste-léniniste, des conquêtes sociales et démocratiques qui ne s’obtenaient pas par un « dialogue social » bidon ou par une prétendue « Europe sociale » : rien de plus naturel pour un héritier de l’extrême droite racialiste et fasciste.
D’ailleurs, « l’anticonformiste » « libéral, européen et décentralisateur » (traduisez : capitaliste, européiste et antijacobin primaire) – selon L’Opinion – s’engage toute sa vie dans les combats qui détruisent les conquêtes sociales et démocratiques, les services publics, la France et la République (y compris la politique d’indépendance nationale), le tout en participant au révisionnisme anticommuniste (disciple d’Aron, Devedjian est également un amateur du terme de « totalitarisme »). Evoquons pêle-mêle : la défense du traité scélérat de Maastricht en 1992, du Traité établissant une Constitution pour l’Europe en 2005 et du traité dit « simplifié » de Lisbonne en 2008 ; l’approbation de la guerre en Irak en 2003 ; comme ministre délégué aux Libertés locales puis à l’industrie entre 2002 et 2005, la mise en œuvre de la politique qui ouvre la voie au « pacte girondin » macronien et accélère la désindustrialisation de la France ; comme ministre chargé de la mise en œuvre du Plan de relance entre 2008 et 2010, la satisfaction des intérêts des industriels, financiers et banquiers heureux de compter sur l’Etat (qu’honnit tant Devedjian) pour renflouer leurs caisses. En somme, un bilan conforme à la droite capitaliste, européiste, atlantiste et fascisante, auquel Ian Brossat rend indirectement hommage en signalant « l’engagement » (physique compris) de ce « briseur de rouges ».
Mais le message de Ian Brossat est symptomatique de l’euro-mutation qui s’est emparée du PCF : il n’y a plus de lutte des classes mais des « divergences politiques »(et pas qu’un peu !) ; et il faut bien reconnaître la « grande intelligence » de cet homme qui sut admirablement manœuvrer pour porter la croisade anticommuniste sous différents masques, du GUD aux faux « Républicains » en passant par le RPR. Quant à l’aspect « chaleureux » du personnage Devedjian, ce ne sont pas les Arabes qui entendront cet argument quand on se souvient que l’ancien occidentiste se fendit d’une « boutade humoristique » en 2015 en déclarant : « Les Allemands nous ont pris nos Juifs, ils nous rendent des Arabes » (en référence aux réfugiés syriens arrivés en Allemagne). On sourit d’entendre se justifier celui qui, par européisme béat, expliquait lors des élections européennes qu’il était hors de question de sortir de l’UE car cela équivaudrait au « nationalisme » (et pas certainement à la reconquête de la souveraineté nationale ET populaire !), tandis que sa colistière affirmait que les partisans d’une sortie de l’UE (partisan que n’était pas Devedjian et que n’est pas le prétendu « Rassemblement national ») sont « profondément racistes » : on attend d’en savoir plus dans le cas de figure évoqué ici…
L’hommage de Brossat, symbole d’un parti en euro-décomposition
L’histoire retiendra donc que le premier ancien ministre décédé du coronavirus était l’un des chantres du démantèlement des services publics, qui coûte tant de vies ces derniers jours du fait de l’état désastreux des structures sanitaires. L’histoire retiendra également que Ian Brossat se précipita pour rendre hommage à cet homme « chaleureux » et « engagé » ; comme si la mort pouvait effacer une vie passée à détruire les services publics et le « modèle social français » – sans même parler du PCF et de la CGT qui, par leur euro-mutation, contribuent à leur propre affaiblissement – ; comme si toutes les morts se valaient. Naturellement, la presse aux ordres saluera de nouveau l’« hommage » de Ian Brossat, tellement plus « sage » et « républicain » qu’un Jean-Luc Mélenchon qui, lui, n’hésita pas à déclarer – à raison – à la suite du décès de la « dame de fer » en 2013 : « Margaret Thatcher va découvrir en enfer ce qu’elle a fait aux mineurs ».
On aurait préféré voir Ian Brossat rendre hommage à ce responsable de la sécurité au centre commercial O’Parinor, à Aulnay-sous-Bois et élu CGT, mort à 45 ans du coronavirus ; on aurait préféré que Ian Brossat se contente de ne rendre hommage qu’à Lucien Sève, décédé de la même maladie à 93 ans, ou à l’ancien résistant grec Manolis Glezos, décédé à 97 ans le même jour que Devedjian et qui, lui, en dépit de son combat contre le KKE, sut se trouver du bon côté de la barricade en dérobant le drapeau nazi au sommet de l’Acropole d’Athènes le 30 mai 1941 et en s’opposant à la dictature des colonels entre 1967 et 1974. Voici comment dérive un parti dont des dirigeants nationaux sont plus enclins à réclamer l’aide de la BCE pour mener la lutte contre le coronavirus plutôt que de sortir de l’euro et de l’UE, plus enclins à pleurer sur le décès d’un représentant de l’extrême droite – et la prochaine fois, ce seront les obsèques de Jean-Marie Le Pen ? – qu’à combattre l’infâme résolution anticommuniste adoptée par le Parlement européen le 19 septembre 2019, plus enclins à défendre une utopique « Europe sociale » qu’à mener frontalement le combat de classe et de masse, plus enclins à s’acoquiner avec des « écologistes » et « socialistes » qu’à reconstruire un parti communiste sur des bases marxistes-léninistes, etc. En somme, à lutter pour la sortie de l’euro, de l’UE, de l’OTAN ET du capitalisme.
[1] « -Qu’en est il de Marx comme référence ? :
Marx bien sûr (…) et la lutte des classes est une réalité.
– Si vous acceptez les prémices, pourquoi ne pas aller jusqu’au bout, puisqu’il y a chez Marx des décisions qui sont sensiblement plus radicales que des seuls aménagements fiscaux et pourquoi ne pas dire, si c’est le cas, que le Parti Communiste souhaite en finir avec le Capitalisme ?
Moi je suis favorable au déplacement du capitalisme, simplement je veux me confronter à la réalité, je ne veux pas faire de la politique de manière théorique. Si je me suis engagé au parti communiste ce n’est pas parceque je veux changer le monde en mots, je veux le changer en fait. Et être élu local et être élu au parlement européen c’est contribuer au fait que les choses changent. » Interview France Culture 29 avril 2019