« Un bicot comme ça, ça ne nage pas ». Ce sont les propos choquant d’un policier lors d’une intervention le 26 avril 2020 dans une vidéo diffusée sur Twitter.[1] Au sein de la même vidéo, on voit aussi des violences envers l’interpellé. Ces propos ont tellement choqué que même Castaner l’éborgneur et le sinistre Lallement ont dû réagir, se fendre d’une communication dénonçant un tel agissement et saisir l’IGPN[2].
Au demeurant, il ne s’agit pas des seuls cas de violences policières de ces dernières années, qu’on pense simplement aux affaires d’Amine Bentounsi et d’Adama Traore dans les plus connus, même si ce triste bilan est loin d’être exhaustif, touchant depuis longtemps les quartiers populaires et notamment beaucoup les jeunes. Au début du confinement, Sofiane, un jeune habitant des Ulis (91) a été frappé par des policiers. Résultat : trois jours d’ITT et une impossibilité de reprendre son travail chez Amazon[3]. Des violences nombreuses qui interviennent depuis le début du confinement dans les zones de France où la pauvreté est la plus sombre. A contrario, certains endroits et certaines personnes semblent bénéficier de plus de clémence :
- Geoffroy Roux de Bezieux, le président du MEDEF, en guerre contre les conquis sociaux même en période de crise sanitaire, n’a pas respecté les règles de confinement : venu se nicher avec sa famille dans son manoir du Croisic, il est revenu régulièrement à Paris pour « travailler », au mépris du principe énoncé par le gouvernement, sans prendre d’amendes[4].
- À Paris, dans la nuit du 11 au 12 avril, s’est tenue une messe pascale dans l’église traditionaliste Saint-Nicolas-du-Chardonnet en toute illégalité[5]. Le prêtre à l’origine de cet office a été verbalisé, mais rien de la grande violence que subisse certains de nos concitoyens des quartiers populaires.
La jeunesse française subit une grande précarité du fait de la crise sanitaire (et même auparavant[6]), que l’on pense aux livreurs et caissiers souvent jeunes et qui furent obligés de travailler pendant cette période[7], ou aux étudiants vivant dans 9 m2 et qui auraient peine à manger sans la solidarité[8]. Certains départements bouillonnaient (et vu la situation, ce n’est sans doute pas terminé), à tel point que le préfet de Seine-Saint-Denis craignait de voir arriver des émeutes de la faim[9].
Malgré cette situation alarmante, la solidarité de la jeunesse persiste. En démontre sur internet le nombre de jeunes contributeurs aux dons en ligne en augmentation (53% des personnes de moins de 35 ans)[10], la création d’associations de solidarité avec les étudiants confinés pour leur permettre de manger[11], ou la hausse d’activité de certaines associations constituées de jeunes travailleurs[12]. Même la création de Brigades de solidarité populaires, nettement plus marqué par le militantisme à gauche type autogestionnaire, entre dans ce cadre et apporte une aide concrète à la population[13]. Les jeunes sont loin d’être purement individualistes comme on l’entend souvent. La vie de la cité les intéresse au plus haut point et de plus en plus.
Ces quelques exemples montrent que même face à la précarité et à une anesthésie générale de la jeunesse française par des contenus abrutissants (émissions à la con, vidéos à la con, séries télé et films en illimité par les plateformes du même acabit), une propagande anticommuniste s’insinuant aussi bien dans les manuels scolaires que dans les émissions à visée historique comme Apocalypse, et par l’atteinte à ses droits dont celui d’étudier par l’intermédiaire de la loi ORE (Parcoursup), cette jeunesse sait porter l’élan national et se montrer protectrice des plus démunis, avec une volonté plus farouche d’en finir avec un système (le « changement de mode de production » n’est pas encore arrivé dans toute les bouches) créant et maintenant les inégalités, fragilisant la santé et l’avenir de tous. Nous pourrions certes critiquer l’aspect dépolitisant de la lutte associative, cependant elle montre dans cette période l’inanité de Macron et de l’Union européenne[14]. C’est cette jeunesse qui peut aider à porter avec les travailleurs la sortie de l’UE, de l’euro, de l’OTAN et du capitalisme pour sauver les prolétaires et la Nation.
Ambroise-JRCF.
http://jrcf.over-blog.org/2020/05/une-jeunesse-solidaire-malgre-la-repression-et-le-covid-19.html
[1] « Un bicot comme ça, ça ne nage pas » : racisme et violences policières en Seine-Saint-Denis », Les Inrocks, 27/04/2020.
[2] Notons que le Collectif Urgence notre police assassine, qui depuis longtemps dénonce ce genre de fait, vient de lancer une application pour filmer ces interventions policières. Principalement pour les récolter sur un serveur permettant de les stocker, empêchant les policiers de supprimer la vidéo en cas d’utilisation du téléphone portable du témoin.
[3] « Coronavirus : des habitants dénoncent des violences policières pendant le confinement », 20minutes, 10/04/2020.
[4] « Coronavirus. Le patron du Medef ne respecte pas le confinement », Ouest France, 25/03/2020.
[5] « A Paris, la police intervient après une messe « clandestine » en plein confinement », Le Parisien, 12/04/2020.
[6] Pour ne citer que quelques articles du blog des JRCF : « De la précarité des Antilles à l’Hexagone » (24/03/2020), « La vie étudiante sera encore plus chère en 2019 » (25/08/2019) et « La précarité étudiante menace l’Enseignement supérieur » (14/08/2017).
[7] « Livreurs, caissiers, les précaires en premières lignes. », Ambroise-JRCF, 23/03/2020.
[8] « Revue de presse : la précarité étudiante à l’heure du confinement », JRCF, 14/04/2020.
[9] « Le préfet de Seine-Saint-Denis redoute des ‘’émeutes de la faim’’ », La Dépêche, 23/04/2020.
[10] « L’épidémie de Covid-19 stipule la générosité des jeunes », La Croix, 29/04/2020.
[11] « Coronavirus à Bordeaux : Des étudiants isolés et en « détresse psychologique » dans un campus déserté », 20minutes, 10/04/2020.
[12] « Solidarité en Seine-et-Marne : les jeunes de la Plaine du Lys livrent des colis alimentaires », Le Parisien, 29/04/2020.
[13] « Distribution de masques et de nourriture, aide aux devoirs : qui sont les brigades de solidarité populaire ? » Le Monde, 03/05/2020.
[14] Une mauvaise interprétation de cette solidarité serait de justifier par elle le désengagement de l’Etat, sous le prétexte qu’elle prendrait le relai des manquements du gouvernement (finissant in fine par nuire à l’efficacité de cette solidarité), menant à une privatisation à outrance de la solidarité.