Crise sanitaire du COVID-19, crise systémique du capitalisme qui s’accélère… la situation nécessite une analyse profonde et très concrète sur le plan géopolitique et nationale pour non seulement comprendre ce qui est en jeu mais se saisir des propositions et des actions à même de faire progresser le camps des travailleurs. C’est l’objet du rapport de Georges Gastaud, secrétaire national du PRCF, présentée à la commission exécutive du 29 juin 2020. Ce rapport, après discussion, a été adopté à l’unanimité par la commission exécutive du PRCF. Compte tenu de l’importance d’offrir non sulement aux communistes mais à tous les travailleurs les outils d’analyses, de compréhension et d’action pour réagir et passer à l’action au plus vite, le secrétariat du PRCF a décidé d’en délivrer une version publiée ci-après.
Au sommaire du Rapport de Georges Gastaud à la commission exécutive du PRCF
I – LA CRISE SANITAIRE EN FRANCE ET SES PROLONGEMENTS POLITIQUES.
Critique de l’Etat sanitaire profond :
La réaction des couches sociales concernées par la crise a été politiquement très éclairante :
La bataille idéologique du PRCF durant la crise.
II – A PROPOS DE QUELQUES ÉVOLUTIONS GÉOPOLITIQUES.
Creusement de la crise capitaliste mondiale. La Covid 19 a bon dos……
Tendance mondiale à la fascisation et aux luttes antifascistes.
Dans quelle mesure pouvons-nous parler de mondialisation communiste à venir ?.
A l’occasion de la pandémie, l’UE a montré son visage inhumain et sa morgue glaciale.
Asymétrie du couple franco-allemand.
L’urgence de classe du « saut fédéral européen » pour les bourgeoisies allemande et française.
IV – DÉCOMPOSITION FRANÇAISE ET FORCES DE RÉSISTANCE.
Décomposition institutionnelle et territoriale.
le dispositif politique de l’ennemi de classe et notre riposte.
V – TÂCHES IMMEDIATES du P.R.C.F.
VI – TRANSITION GENERATIONNELLE au P.R.C.F.
Pôle de Renaissance Communiste en France – RAPPORT POLITIQUE présenté par Georges Gastaud au nom du secrétariat national.
Adopté à l’unanimité, avec la synthèse de la discussion générale, par la Commission Exécutive élargie du PRCF, 28 juin 2020.
Chers camarades,
La pandémie n’a pas seulement été ravageuse par les victimes qu’elle a frappées, y compris dans nos rangs. Elle a aussi révélé et accéléré les contradictions explosives du mode de production capitaliste, de l’euro-mondialisation néolibérale («l’économie de marché ouverte sur le monde où laconcurrence est libre et non faussée » gravée dans les traités européens) et de son corollaire,l’euro-décomposition de la France, que la crise sanitaire a rendue douloureusement palpable.
Face à cette retentissante faillite sanitaire, sociale et morale, « ceux d’en bas » voudront de moins en moins « être gouvernés comme avant » alors que « ceux d’en haut » sentent bien qu’ils ne pourront plus très longtemps « gouverner comme avant » (Lénine). D’où la problématique vague et fourre-tout du « jour d’après » et les fausses repentances cultivées par Macron. Du côté de la “République en marche”, il s’agit sans attendre d’exploiter la traumatisme provoqué par la pandémie pour accélérer l’euro-dissolution de la France, sa fascisation et l’arasement des conquêtes sociales. Du côté des forces euro-réformistes et de leurs satellites euro-gauchistes, il s’agit de continuer comme si de rien n’était à protéger la “construction” européenne, à « rosir » et à « verdir » à qui mieux mieux l’euro-mondialisation dont ils ne contestent pas le principe. Du côté des euro-nationalistes, tels que Le Pen, Orban, Salvini, etc., il s’agit de dévoyer les drapeaux respectifs de chaque pays européen pour cultiver la xénophobie et accélérer la fascisation… sans pour autant sortir de l’euro-mondialisation ! Pour les maîtres du grand capital qui supervisent tout ce petit monde politicien, il s’agit d’utiliser le choc produit par la crise sanitaire et par l’interminable confinement pour précipiter les politiques de dé-protection sociale, de privatisation, de baisse drastique des salaires, de fusions capitalistes et de délocalisation, de basculement au tout-anglais et l’américanisation culturelle, de marche forcée à l’Empire euro-atlantique centré sur Berlin et supervisé par Washington. Il s’agit aussi d’accélérer une course aux armements nord-américaine, européenne et japonaise qui cible ouvertement et dangereusement, “sanctions”, menace thermonucléaire ouverte et ingérences à l’appui, les « ennemis stratégiques » désignés par Trump : Chine populaire, Russie postsoviétique, Biélorussie résistant aux privatisations,Cuba socialiste et Venezuela bolivarien, nations du Proche-Orient au premier rang desquels figurent les peuples palestinien, iranien, yéménite et syrien ; sans parler des Kurdes, éternels sacrifiés des empoignades et des arrangements impérialistes…
Dans cette configuration politique et géopolitique à la fois inquiétante et instable, des fenêtres de tir s’ouvrent aussi aux militants franchement communistes, aux syndicalistes de lutte et aux vrais progressistes. Des millions de gens ont vu de leurs yeux que l’euro-mondialisation capitaliste sauvage mène à son contraire, le verrouillage brutal des frontières, le blocage des forces productives et le confinement angoissant des individus. En fait d’« ouverture sur les autres » et de modernisation des échanges », l’euro-mondialisation virale n’enfante que la planétisation ultra-rapide des épidémies, que l’implosion des systèmes de soins soumis à l’austérité, en un mot, que l’universalisation du pire : crises économiques de surproduction et de suraccumulation des capitaux, crises environnementales et climatiques de plus en plus fréquentes, avec en complément l’enrichissement continu, y compris durant les crises, des nababs de la mondialisation. Des millions de gens ont ainsi constaté par eux-mêmes que l’UE, sa casse des services publics, son austérité salariale, ses délocalisations sans fin, son agro-industrie irresponsable, son indifférence envers les pays frappés par la Covid 19 et sa sanctification du « marché unique », ne sont pas « la » solution mais une part centrale du problème : c’est d’ailleurs la zone euro qui sort la plus affaiblie de cette crise, sanitairement, financièrement et industriellement, la France étant l’un des pays les plus atteints alors que l’Allemagne, forte de ses excédents commerciaux énormes et de sa grande industrie intacte, a accru son différentiel économique avec notre pays. La rédaction d’I.C. a bien fait de mettre à sa Une récente un citoyen italien désabusé qui amène le drapeau bleu de l’« Europa bruta », la laide Europe, pour lui substituer le drapeau rouge étoilé de la Chine populaire. Et c’est très officiellement que les autorités italiennes viennent de remercier les médecins cubains pour leur aide internationaliste…
Dans ces conditions, nous, militants franchement communistes, avons une forte responsabilité pour, au sortir de cette pandémie qui peut encore faire boomerang du Brésil, de l’Asie ou des Etats-Unis, avancer une perspective révolutionnaire réaliste débouchant sur de nouveaux « Jours heureux » pour le pays et pour le monde du travail. Il faut tout faire pour briser le scénario-cauchemar d’un nouveau faux « duel » et vrai duo Macron-Le Pen lors de la présidentielle 2022. Il faut pour cela démasquer la prétendue « union des souverainistes des deux rives » qui occulte l’opposition droite/gauche et la lutte des classes, qui dédouane des individus fascisants, qui dessaisit la classe ouvrière de son rôle historique moteur et qui rabat objectivement vers Le Pen et Cie. Non, l’alternative ne peut sérieusement être portée par les euro-réformistes qui prétendent, comme leurs faire-valoir gauchisants Besancenot et Ruffin, mais hélas aussi comme Fabien Roussel (PCF) ou Manon Aubry (LFI), que l’on peut faire revivre les valeurs du CNR sans rompre avec l’UE: un mensonge euro-complaisant qui rabat objectivement les électeurs progressistes vers le PS maastrichtien, voire vers le vote Macron. Non, l’alternative ne peut se résumer à une énième version de l’union des euro-gauches qui, même flanquée des euro-trotskistes à la L.O., ne promet les « Etats-Unis socialistes d’Europe » pour demain que pour laisser faire ici et maintenant le démontage de la nation et de ses forces productives, le linguicide honteux du français et le déclassement massif des ouvriers, employés, ingénieurs, paysans et artisans de France.
Face à ces ersatz d’alternative, notre proposition est la seule qui amorce une contre-cohérence complète à la fascisante euro-fascisation de l’Europe, de la France, voire de zones entières de la planète : le Frexit progressiste, antifasciste et internationaliste. Etant donné la trahison nationale globale du MEDEF et du CAC-40, ce Frexit ne peut être centré que sur le monde du travail animant un rassemblement populaire majoritaire, porteur des deux drapeaux révolutionnaires historiques du peuple français (le tricolore et le rouge), dans une perspective associant indépendance(s) nationale(s), souveraineté(s) populaire(s), progrès social et coopération mondiale. Tout cela dans la visée d’un affrontement de classes géant avec l’oligarchie qui activera au maximum l’Europe des luttes tout en posant concrètement la question : Qui l’emportera du capitalisme ou du socialisme dans notre pays (et dans tout autre pays qui aurait la force de rompre avec ce capitalisme-impérialisme mortifère sur tous les terrains).
Le rapport qui suit examinera à grands traits :
- La manière dont l’oligarchie hexagonale a réagi à la crise sanitaire et la façon dont le PRCF a mené la bataille idéologique à ce sujet en prenant appui sur son site, sur IC, sur sa commission Santé, ses bulletins « conseils de classe » et Anticorps » et, bien sûr, sa commission Luttes.
- Les aspects géopolitiques de la pandémie et son effet accélérateur sur les fractures du monde actuel. Avec en conséquence la nécessité pour nous d’intensifier notre lutte idéologique pour la paix et pour la souveraineté de tous les peuples, pour la sortie française de l’UE/OTAN,contre l’armée européenne, sans oublier de combattre les prédations de l’impérialisme français en Afrique et ailleurs ;
- La manière dont l’UE sort affaiblie idéologiquement du Brexit et de la crise du Covid et dont néanmoins, elle réagit par une nouvelle fuite en avant vers le « saut fédéral européen » sous l’égide de Merkel et de Macron avec leur proposition de nouvel emprunt européen soi-disant solidaire. Il faudra aussi examiner comment de notre côté, nous pouvons accélérer notre campagne pour les “quatre sorties” (de l’euro, de l’UE, de l’OTAN et du capitalisme) en prenant notamment appel sur notre appel unitaire du 29 mai 2020.
- La manière dont mûrit en France une véritable crise de régime qui pousse à la fascisation, voire au fascisme pur et dur ; la manière dont les forces social-eurocrates et euro-gauchistes,qu’elles soient syndicales, politiques ou « culturelles », accompagnent objectivement ce processus et, conséquemment, la manière dont nous devons intensifier notre triple offensive contre l’UE, contre l’euro-réformisme, contre la criminalisation du socialisme passé, présent et futur, contre la fascisation des appareils d’Etat.
- Nos principales batailles de l’été et de la fin 2020
- Enfin, il faudra évoquer la nécessaire transition générationnelle dans la direction du PRCF selon l’inexorable principe cher à Alvaro Cunhal, « nous vieillissons tous, mais le Parti ne vieillit pas ».
I – LA CRISE SANITAIRE EN FRANCE ET SES PROLONGEMENTS POLITIQUES
Faillite du macronisme.
Souvenons-nous qu’au début de la crise, Macron hésitait entre ledéni de gravité et la criminelle théorie de l’« immunité collective », que la Suède et l’Angleterre de B. Johnson ont appliquée avec de macabres résultats. Rappelons que les gouvernements maastrichtiens français successifs, dont le macronisme est la quintessence, n’ont constitué aucune réserve renouvelable de masques, qu’ils ont détruit, y compris sous Buzyn, de nombreux hôpitaux et maternités de proximité, de services pneumologiques et cardiologiques, des dizaines de milliers de lits d’hôpital et de réanimation, qu’ils ont chanté les charmes fallacieux de l’ « ambulatoire », qu’ils ont détruit la psychiatrie « à la française », qu’ils ont laissé le pays régresser en-deçà d’un seuil de désindustrialisation tel que la France, 6ème puissance économique du monde, s’est révélée incapable de produire en urgence les matériels médicaux nécessaires. Voilà pour le quantitatif, résultat direct des injonctions austéritaires de l’UE (depuis 2010, plus de 42 sommations ont été adressées à la France par l’UE pour que notre pays réduise ses dépenses de santé!) et de l’arrimage du franc à la monnaie unique européenne, elle-même gagée sur le Deutsche Mark.
Quant à l’orientation stratégique de la soi-disant guerre faite à la COVID 19, si orientation stratégique il y eut, elle fut pire encore.
Mensonges d’Etat à répétition,notamment sur les masques et sur le dépistage, interdiction de fait de soigner lancée aux généralistes par le retrait pur et simple des pharmacies du plaquenil, qui y était encore, en décembre 2019, en vente libre, ou par la rareté organisée sur l’azythromycine (nous n’avons pas à porter jugement ici sur les traitements médicaux proposés, seulement sur la manière dont ont été traités patients à l’abandon et médecins de terrain). Ne parlons pas du total abandon des EHPAD, où l’on a condamné les personnes âgées dépendantes à mourir de suffocation sans pouvoir accéder à l’hôpital, voire à recevoir pour tout remède une dose mortelle d’hypnotique décidée par un seul médecin sans consultation de la famille. Du fait de l’état catastrophique des hôpitaux, du fait du mépris professé pour l’expérience médicale chinoise ou cubaine pourtant largement disponible, et malgré le dévouement des soignants risquant leur vie, des milliers de gens sont morts dans un isolement total, des dizaines de milliers de parents et d’amis n’ont pas pu faire le deuil de leurs défunts dans des conditions ordinaires, des millions de malades ont dû reporter leurs soins urgents et des millions d’isolés peu ou prou symptomatiques ont vécu dans l’angoisse sans pouvoir se faire tester… Combien de centaines de milliers de dépressions, combien d’infarctus et d’AVC non soignés à temps, combien de dépressions aggravées et de suicides à l’arrivée ?
Critique de l’État sanitaire profond :
au-delà de la politique gouvernementale guidée par un mélange de considérations politiciennes et de conflits d’intérêts, beaucoup de concitoyens ont découvert que ce qui règle la politique sanitaire du pays, c’est une demi-douzaines d’instances plus mandarinales et coupées du terrain les unes que les autres, avec souvent des attaches avérées avec Sanofi, ce prétendu « champion français » du médicament (qui déclare lui-même qu’il donnerait priorité au marché nord-américain s’il inventait un vaccin, et qui s’apprête à supprimer des milliers de postes en France après avoir reçu force argent public!), ou avec le laboratoire étasunien Gilead, dont le souci premier semble être d’exclure du marché les molécules génériquées et connues depuis des décennies qui ne rapportent plus de bénéfice. Rien n’illustre mieux la malfaisance en France et dans le monde du capitalisme monopoliste d’État derrière la façade du « libéralisme ». Etrange « libéralisme » qui a consisté à interdire toute initiative thérapeutique aux milliers de médecins et de pharmaciens libéraux qui auraient voulu contribuer aux soins, voire aux expérimentations urgentes, pour pouvoir dire autre chose aux Français symptomatiques que « prenez du doliprane et téléphonez immédiatement au 15 si vous suffoquez » sans que rien puisse être tenté contre la charge virale elle-même et contre les éventuelles complications bactériologiques…
On vérifie ici deux choses : d’abord, qu’il faut revendiquer haut et fort la nationalisation-relocalisation des labos pharmaceutiques et de tout moyen de production indispensable à la souveraineté sanitaire de la France. Ensuite qu’il ne suffira pas, pour accomplir la révolution socialiste, de changer le gouvernement et le cap politique du pays ; il faudra aussi – et pas seulement dans la police, la justice et l’armée ! – bouleverser de fond en comble l’appareil d’État, le purger des éléments oligarchiques, parasitaires et prédateurs et mettre en place des mécanismes démocratiques permettant aux travailleurs de peser, non seulement sur les orientations législatives du pays, mais aussi sur l’exécution des décisions prises, que toute une part de ce haut fonctionnariat plein de morgue et lié aux monopoles capitalistes (dont le nouveau premier Ministre Jean Castex est la personnification) ne ferait que saboter. Et il en va de même des nationalisations qui doivent être un moyen pour étendre décisivement le pouvoir des collectifs de travailleurs et d’usagers dans le cadre d’une planification d’État démocratiquement organisée visant à reconstruire un « produire en France » éco-compatible et innovant. Au demeurant, au plus fort de la crise, nombre de « grands patrons » honnêtes des services hospitaliers ont découvert avec ravissement que l’initiative, le savoir-faire et l’esprit d’équipe des « petites mains » de l’hôpital, d’ordinaire étroitement soumises la hiérarchie, étaient un très grand facteur d’efficacité thérapeutique… Belle anticipation pratique de l’exigence de Lénine insistant dans ses textes ultimes sur l’idée que « le socialisme est l’œuvre vivante des masses » …
La réaction des couches sociales concernées par la crise a été politiquement très éclairante :
À la différence de la Chine, qui a immédiatement stoppé la production de Wuhan et du Hubei, ou même de la Corée du Sud, l’oligarchie néolibérale euro-atlantique, Trump et Johnson en tête, a été immédiatement tentée par la théorie de l’immunité collective, en clair par la devise dite spencériste « mort aux faibles ! » ; ces privilégiés n’ont commencé à penser confinement que lorsque des membres du gouvernement ou de l’élite économique, qui se croyaient hors de portée du virus, ont été durement frappés. Les CSP + des grandes villes et autres bobos ont étalé leur irresponsabilité et leur incapacité à s’appliquer la discipline sanitaire en se confinant et en se privant de certains plaisirs urbains. Drôle d’« élite de la nation » en vérité ! En réalité, dans un état d’urgence vitale pour le pays, ce sont, d’une part les petits et moyens fonctionnaires (soignant(e)s, pompiers, enseignant(e)s, postier(e)s, mais aussi, et en l’occurrence, policier(e)s de base contrôlant le confinement à leurs risques et périls), mais aussi classe ouvrière de l’agroalimentaire, de l’énergie et du transport (EDF, SNCF, bus, métro, conserveries, paysans, employé(e)s des grandes surfaces, qui ont porté le pays à bout de bras à la confusion des prétendues « premiers de cordée », dont le premier réflexe aura été de spéculer en bourse à partir de leur résidence secondaire…).
La bataille idéologique du PRCF durant la crise
Dans ces conditions difficiles, le PRCF s’est tenu égale distance des postures anarchisantes et de l’esprit social-démocrate de soumission ; le pôle aura su faire montre de responsabilité sanitaire tout en refusant l’union sacrée derrière un pouvoir irresponsable et criminel. Constatant que, à la suite de l’incurie gouvernementale et à l’euro-austérité pluri-décennale, notre pays n’avait ni masques, ni tests, ni lits de réanimation en quantité suffisante, nous avons accepté le principe du confinement comme un moindre mal et nous avons pris position pour les syndicalistes de lutte qui réclamaient que ce confinement fût appliqué à toutes les activités industrielles et de service non directement vitales pour le pays, qu’il s’agisse des métallurgistes de Renault-Sandouville ou des usagers et personnels de l’enseignement. En même temps, nous nous sommes prononcés contre le confinement de classe de Pénicaud et du MEDEF, qui refusaient de distinguer entre activités vitales et non vitales. Nous avons réclamé la démission de l’incapable et arrogant Blanquer, qui mettait en péril la santé de millions de gens; de même nous condamnons la réouverture prématurée des frontières extérieures de l’UE alors que, mondialement, la pandémie continue de s’aggraver suite, principalement, à l’irresponsabilité de Trump et de Bolsonaro (Brésil).
Parallèlement, nous avons mobilisé I.C. et nos supports informatiques, notamment notre site (dont il faut féliciter les rédacteurs d’avoir publié un grand nombre d’articles originaux et d’études), pour mener la bataille d’idées sur le front politico-sanitaire sans oublier le reste de l’actu. Nous avons tenté de briser la loi du silence pratiquée par les confédérations syndicales et par la fausse gauche, PCF-PGE et direction de la CGT inclus, sur l’écrasante responsabilité de l’UE dans la casse du service public hospitalier, dénoncé la manière artificielle dont la nécessaire rigueur scientifique était opposée à l’urgence du soin, appelé à nationaliser Sanofi, rappelé qu’en régime capitaliste, la santé est un combat.
C’est encore plus nécessaire après les annonces de Macron en matière de déconfinement (14 juin) : cédant au MEDEF et ignorant la marée montante de la Covid au niveau mondial (USA, Brésil, Inde, nouveaux cas en Chine, etc.), engageant au petit bonheur des milliards d’argent public auprès d’un labo privé sur la production accélérée d’un hypothétique vaccin soustrait au principe de précaution, le pouvoir privilégie l’hypothèse d’une épidémie continuant à faire des centaines, voire des milliers de morts en France, mais à bas bruit, sur la durée et sans submersion politiquement insupportable des lits de réa. L’urgence politique pour nous, outre la nationalisation des labos pharmaceutiques, reste la sortie rapide de l’euro-UE et le refus de rembourser la « dette souveraine » pour que la France puisse à la fois se réindustrialiser, le faire dans des conditions éco-compatibles et reconstruire au plus tôt sa médecine de ville sinistrée, ses EHPAD et son système hospitalier public.
II – À PROPOS DE QUELQUES ÉVOLUTIONS GÉOPOLITIQUES
Creusement de la crise capitaliste mondiale. La Covid 19 a bon dos…
En un sens, la pandémie est arrivée à point nommé pour prêter une allure sanitaire à l’énorme crise financière et économique mondiale. Celle-ci couvait d’autant plus fortement qu’aucune des causes profondes du krach de 2008 n’a été traitée, bien au contraire. Ni la suraccumulation des capitaux ne trouvant plus à s’investir à des taux de profit suffisants dans une industrie mondiale de plus en plus automatisée où, qui plus est, la classe ouvrière chinoise et asiatique n’accepte plus de travailler pour des clopinettes, ni les crises de tous ordres générées sur tous les continents, notamment en Afrique, par l’incessant repartage du monde en zones d’influences impérialistes, ni le décalage insensé existant entre les cotations boursières et l’économie réelle, ni les rivalités croissantes entre blocs impérialistes, alliés pour accabler les peuples, mais concurrents brutaux dès qu’il s’agit de se répartir le butin impérialiste planétaire.
Creusement des antagonismes inter-impérialistes. USA et UE allemande. Distensions dans l’UE. Tensions aux USA même. Que l’impérialisme détruit aussi les USA…
Il faut notamment prêter attention à la sourde fracture qui déchire le premier cercle de l’impérialisme mondial, à savoir la rivalité de moins en moins euphémisée, entre les USA et l’Empire européen en formation sous la dominance de Berlin. Comme l’avait déjà signalé un rapport au CC évoquant le devenir de l’euro, le compromis germano-américain qui a accouché de la zone euromark sous l’aile hégémonique du dollar, a depuis longtemps du plomb dans l’aile. Il s’agissait initialement de mettre en place un euro fort aligné sur le mark qui livrait de facto l’Est et le Sud de l’Europe à la grande industrie allemande en empêchant les dévaluations compétitives des pays d’Europe du Sud, donc en détruisant l’industrie du Sud européen (dont fait de plus en plus partie la France en voie de déclassement géopolitique) tout en les forçant à un endettement colossal et à la privatisation de leurs monopoles d’Etat ; principalement concertée entre Washington et Berlin, cette combinaison monétaire de l’euromark fort et du dollar faible permettait à la fois de protéger le territoire américain du « made in Germany » vendu en euros forts (nous parlions d’un « accord monétaire crypto-protectionniste » germano-américain) et de perpétuer le maintien mondial du dollar faible, c’est-à-dire d’une monnaie inconvertible en or et très fragile du fait de l’endettement énorme des USA. Car si le dollar continue de jouer le rôle de « monnaie des monnaies », c’est en vertu de la puissance de l’US Army : pas étonnant, soit dit en passant, que les USA aient constamment besoin de guerres et de surarmement ; car alors qu’ils s’essoufflent industriellement, leur suprématie militaire écrasante (80% de l’armement militaire mondial sont étatsuniens) leur permet en effet de bénéficier en permanence du triple avantage compétitif que constituent la monnaie d’échange mondiale inconvertible (le dollar), le tout-globish (support de leur « soft power » mondial et de la mise en place d’un marché mondial de l’emploi terriblement menaçant pour les salaires) et la domination sur l’ordre numérique mondial (GAFAM). Or ce compromis monétaire hyper-impérialiste unissant l’euro au dollar n’a pas tenu longtemps ; comme l’a montré Lénine, les compromis inter-impérialistes sont toujours provisoires ; sur le long terme, la loi capitaliste de l’inégal développement économique pousse aux confrontations et au repartage du monde entre Empires rivaux. La monnaie unique européenne a ainsi permis, dans un premier temps, d’étouffer les « PIGS » (en anglais, Portugal, Italy, Greece, Spain ; mais il faudra bientôt écrire les « PFIGS » en incluant la France), que l’euro-austérité et l’écroulement de leurs industries respectives a empêchés d’acheter le « made in Germany », mettant l’économie allemande au bord de la récession. Ce fut la crise de l’euro, simplement révélée et accélérée par le cas grec, une crise dans laquelle le CAC 40 et les banques « françaises » (dont la majorité des activités sont délocalisées et qui ne paient presque plus d’impôts en France !) ont joué le rôle de prédateur en second derrière l’hégémon allemand ; cela s’est traduit par l’usage massif de la planche à billets par la BCE, donc par la dévaluation informelle de l’euro, et parallèlement, par le recentrage des exportations allemandes, notamment de l’industrie automobile, forcée d’envahir le marché solvable des USA en débordant le compromis initial. Là est la source profonde de la montée en puissance de Trump et de son néoprotectionnisme revanchard et antiallemand, Berlin étant accusée non sans raison de violer l’accord inter-impérialiste qui avait permis la naissance de l’euro, lequel eût été impossible sans le feu vert initial de l’Oncle Sam.
Cette méga-dispute n’est pas éteinte et on le voit à propos de toutes les affaires mondiales : de plus en plus les USA « unilatéralistes » (c’est-à-dire décidant seuls et mettant leurs alliés devant le fait accompli) se retirent des institutions internationales dont le contrôle leur échappe : O.N.U., O.M.S., Unesco en soutien à leur allié israélien, tribunaux internationaux, accords environnementaux ; ils ont soutenu le Brexit à grand bruit, ils somment leurs « alliés » européens – qu’ils espionnent ouvertement – de verser beaucoup plus d’argent à l’OTAN, la future armée européenne arrimée pouvant selon les aléas de l’histoire servir à attaquer de concert la Russie ou à « rééquilibrer » l’OTAN autour d’un pôle franco-allemand qui signerait la fin du siège français à l’ONU (Conseil de sécurité) et de l’idée même d’une défense nationale française, voire d’un territoire national français unifié. Toutes hypothèses également désastreuses pour notre pays, mais aussi pour la paix mondiale et pour les prolétaires russes et allemands. Nous reviendrons ci-dessous sur l’asymétrie profonde du ci-devant « couple franco-allemand », expression totalement inutilisée en Allemagne. Notons cependant que le triomphalisme militaire américain doit être fortement tempéré : les USA sont militairement capables d’écraser un pays sous les bombes, voire de raser l’humanité en se liquidant eux-mêmes dans un scénario du type « Docteur Folamour », mais nulle part ils ne réussissent à « tenir » et à occuper durablement les territoires prétendument « libérés », et la défaite qu’ils viennent de subir en Syrie devant l’alliance russo-syrienne est proprement historique.
Le rôle sanitaire exemplaire des pays socialistes ou de tradition socialiste : Cuba, Chine, Vietnam – Le débat Socialisme / Capitalisme redevient central
Bien entendu, nous avons eu droit à des attaques d’un anticommunisme, d’un racisme anti-jaune, d’un mépris anti-latino larvé et d’une mauvaise foi éhontée contre les médecins cubains, ces esclaves de Castro » selon Le Point, à des accusations d’un ridicule achevé contre la Chine populaire, au silence absolu des médias sur les succès médicaux remportés par le Vietnam ou par le Venezuela, voire par nombre de pays d’Afrique qui s’efforçaient de soigner la maladie en amont (Maroc) des terribles suffocations finales. Il n’empêche : nombre de gens, y compris de médecins de haut vol, ont constaté que les méthodes de dépistage et de soin précoce, d’obligation du masque porté sur la voie publique, de confinement ciblé, d’utilisation sous veille hospitalière de diverses sortes de pharmacopée existante, en un mot, de prévision, de prévention et de planification, l’emportaient globalement en termes de VIE sur la navigation court-termiste et sur les conflits de pouvoir indécents qui ont fait des pays les plus riches, principalement des USA et de la zone euro, France macronienne en tête, les épicentres de la pandémie ; quant à l’exception sanitaire allemande, elle provient surtout du fait que ce pays a préservé sa grande industrie, que Merkel a centralisé les décisions médicales en passant par-dessus la tête des Länder et que le système de soin allemand a moins subi l’austérité que ne l’a fait le système hospitalier des pays européens surendettés.
Bien qu’étranglée par un blocus renforcé, Cuba a porté les valeurs de l’humanisme socialiste grâce à ses médecins qui ont secouru des pays comme la France (notamment aux Antilles) ou l’Italie qui luisont pourtant hostiles. Bien que carté aux LR et dénoncé par la CGT de l’IHU pour son mépris du syndicat, le professeur Raoult n’a d’ailleurs pas cessé de présenter l’infectiologie chinoise comme la meilleure du monde. Il ne s’agit pas ici pour moi de relancer en trois lignes le débat sur la nature de classe de la Chine : nous avons pris position plusieurs fois à ce sujet lors des conférences nationales et, sur cette base, nous devrons approfondir la discussion dans un dossier « Chine » programmé par Étincelles en juin 2021. Il suffit pour l’heure de constater que, malgré l’énorme machine anticommuniste déployée depuis quarante années par les médias et par les « manuels » d’histoire-géo officiels, le débat revient à chaque crise systémique sur la grande question que la contre-révolution des années 1990 n’a pas réussi à fermer : quel mode de production est-il supérieur, du capitalisme-impérialisme ou du socialisme-communisme pour permettre à l’humanité de gagner les défis existentiels, sociaux, culturels, politiques, diplomatiques, techno- environnementaux, du XXIe siècle ? Et ainsi, chacun peut constater que les pays socialistes, comme Cuba, ou, pour le dire vite, de tradition socialiste, comme le Vietnam, la Biélorussie ou la Chine, ne sont pas révélés les plus mal placés pour organiser la vie sociale par gros temps, en un mot, pour saisir le gouvernail et barrer avec fermeté alors que l’humanité entrait dans un ouragan sanitaire.
Du reste, si le débat sur le communisme était derrière nous, pourquoi le parlement européen se donnerait-il la peine de criminaliser les emblèmes communistes trente ans après la fin de la RDA ? Pourquoi les ex-pays socialistes devenus des néo-colonies allemandes et/ou nord-américaines s’acharneraient-ils sur leurs partis communistes respectifs ? Pourquoi 64% des Russes répondraient-ils que, expérience faite des deux systèmes sociopolitiques, ils regrettent l’URSS (sans pour autant idéaliser la première expérience socialiste de l’histoire) ? Alors qu’à l’inverse, les dimensions fascisantes et exterministes du capitalisme en bout de course historique apparaissent peu ou prou à toute personne capable d’un peu de bonne foi et de réflexion…
À nous d’en tirer en pratique les conclusions nécessaires, dont la principale est l’urgence de reconstruire un Parti franchement communiste en France, un Mouvement communiste international marxiste-léniniste, voire une nouvelle Internationale communiste alliée d’un Front anti-impérialiste mondial reconstitué et, pourquoi pas, d’un Mouvement mondial pour les lumières et contre l’obscurantisme dont la relance du matérialisme dialectique doit redevenir un axe théorique structurant ?
Tendance mondiale à la fascisation et aux luttes antifascistes
La crise du consentement sociopolitique à l’exploitation n’a fait en réalité que s’accentuer, y compris dans les pays de la Triade hégémonique USA/UE/Japon. Dialectiquement, cela favorise à la fois l’insoumission chronique de s couches populaires et moyennes et, du côté de l’oligarchie, une contre-tendance à l’autoritarisme et à la fascisation, y compris dans ces démocraties de façade que sont de plus en plus les métropoles de la Triade.
Aux USA,
Une partie de la jeunesse, proche de Bernie Sanders, est attirée par le socialisme » ou par ce qu’on lui vend sous ce nom ; malgré Trump, un immense mouvement contre le racisme et la violence policière se déploie par ailleurs avec d’intéressants échos internationaux et hexagonaux combat( “pas de paix sans justice” autour de la mémoire d’A. Traoré). Par ailleurs, aux Etats-Unis même, l’affrontement entre « démocrates » – partisans du libre-échange mondial, notamment du TAFTA – et « républicains » (partisans d’un protectionnisme US à sens unique ) prend parfois des allures de pré-guerre de Sécession un( édito du Los Angeles Times vient même de se prononcer pour l’indépendance de la Côte Ouest !). Mais en riposte à ces mouvements tectoniques, l a tendance à la fascisation grandit dans une fraction de l’oligarchie incarnée, mais pas seulement, par Donald Trump : celui-ci n’a-t-il pas carrément envisagé d’envoyer l’armée mater les manifestants antiracistes ? N’a-t-il pas encouragé ses adeptes à manifester en armes dans les sénats des Etats nord-américains qui avaient osé confiner leur population au risque de stopper quelque temps l’exploitation capitaliste ? C’est-à-dire en clair, à former des milices potentiellement putschistes sous le slogan néo-hitlérien « laissez mourir les faibles ! » affiché aux carrefours par les super-beaufs partisans de Trump ? Sans blanchir en rien les intentions du parti démocrate, dont le bilan en matière de lutte antiraciste est plus que maigrelet, et dont le bellicisme n’est pas moindre que celui de Trump, que fera Trump s’il est battu lors de la prochaine présidentielle ?
En Grande-Bretagne,
La droite conservatrice de Johnson a su dévoyer le mouvement populaire pro-Brexit faute de clarté des travaillistes sur la question, existentielle pour les ouvriers, de l’indépendance nationale.
En Allemagne,
Le tandem historique CDU/SPD est fragilisé par l’érosion continue de l’« économie sociale de marché » et c’est l’extrême droite nostalgique du Reich qui monte en puissance, comme en d’autres pays européens, faute de clarté de die Linke sur la question européenne et sur l’héritage de la RDA.
Nous reviendrons ci-dessous sur le cas de la France, à bien des égards, l’« homme malade de l’UE », tant la « construction » euro-atlantique se heurte à l’ « exception française » héritée du jacobinisme, du combat laïque, du CNR et de l’empreinte socio-politique laissée par le PCF et par la CGT sur l’histoire du pays. Lourds facteurs d’explosion sociale d’une part, mais aussi, énorme facteur de fascisation du pays, voire de fascisme tout court, si l’alternative populaire, le renouveau syndical de classe et la reconstruction communiste ne mûrissent pas à temps…
À l’arrière-plan de ces crises nationales, toutes différentes par leur forme, on trouve l’ obsolescence d’un système capitaliste incapable d’offrir un avenir souriant à l’humanité, de gérer sagement les rapports entre production et environnement et de donner un cap humaniste à la révolution techno-scientifique. Il y a aussi la crise de l’hégémonie étatsunienne érodée par la montée de Chine,la par l’impact politico-militaire retrouvé de la Russie et par l’essor des BRICS, auxquels il faudrait sans doute ajouter la Turquie, à la fois conquérante, despotique et instable, sans oublier l’Iran et la Corée du sud…
Dimensions écologique du communisme et communiste de l’écologie bien comprise. Importance politique de la bataille d’idées pour la dialectique de la nature et pour le matérialisme dialectique
Bizarrement, le PRCF et les écrits théoriques de se dirigeants sont très attaqués par des individus qui se disent marxistes et qui, sous prétexte de contrer les euro-écologistes « bobos » (objectif que nous avons poursuivi bien avant eux !), en viennent à considérer sommairement l’engagement environnemental et le souci écologique comme de pures diversions. Les mêmes personnes rejettent la Dialectique de la nature d’Engels et chemin faisant, sous couvert de communisme pur et dur, ils répudient ce socle philosophique du marxisme et du communisme scientifique qu’est le matérialisme dialectique. C’est pourtant Engels qui, dès son premier écrit de 1843, dénonçait à la fois l’exploitation du prolétariat anglo-irlandais et la pollution du cadre naturel par les industriels de Manchester. C’est Marx qui écrit dans Le Capital que « le capitalisme n’engendre la richesse qu’en épuisant ses deux sources, la Terre et le travailleur ». C’est historiquement le PCF et la CGTU, puis le SNEP animé par les professeurs communistes d’EPS, sans parler de la FSGT, qui portèrent l’aspiration de la classe ouvrière aux vacances, aux activités physiques et sportives, à l’EPS à l’école, aux activités de plein air. C’est le député communiste niçois Virgile Barel qui fut à l’origine du Parc du Mercantour. C’est le mouvement ouvrier révolutionnaire du XIXème siècle qui, par la bouche de J.-B. Clément,a chanté le Temps des cerises et le Merle moqueur, et c’est le chansonnier prolétaire Pierre Dupont qui a exigé que l’ouvrier d’usine et le mineur puissent jouir à leur tour du « grand soleil » et des « rameaux verts des chênes ». Plus près de notre époque, le PRCF et ses fondateurs ont les premiers, non seulement en France mais au monde, souligné le caractère exterministe du capitalisme-impérialisme moderne, ennemi à la fois de la paix, de l’environnement et de l’humanité laborieuse. Et ce souci pionnier de défendre le cadre naturel n’a pas empêché le PRCF, seul contre tous dans les années 1990-2000 où le PCF mutant larguait son vieil ancrage ouvrier (rupture des liens organiques avec la CGT, fin des cellules d’entreprise ) d’afficher vingt mille autocollants en France pour défendre le « produire en France » et les nationalisations à la fois contre le social-européisme délocalisateur et contre l’euro-écologisme ennemi de l’industrie sottement assimilée au « productivisme » …
Le fond des choses, qu’il faut saisir pleinement au niveau historique et philosophique, c’est que l’humanité arrive au bout d’un cycle historique millénaire : il lui faut désormais, sous peine de disparaître, mettre fin aux sociétés de classes devenues globalement mortifères et renouer sur de nouvelles bases, modernes et scientifiques, avec le communisme que pratiquaient les sociétés antérieures à l’esclavage ; mais cela ne suffirait pas : notre espèce, produit de l’évolution, donc de la nature en mouvement, s’est distinguée des autres animaux « en produisant elle-même ses moyens d’existence », c’est-à-dire en forgeant des outils de plus en plus complexes qui, associés aux savoir-faire appris qui se transmettaient de génération en génération, formaient la base mouvante de la culture, donc de l’héritage matériel et spirituel qui est la base concrète de l’histoire humaine. Pour cela, durant des millénaires, l’humanité laborieuse a dû combattre durement la nature en tentant de domestiquer les éléments, la pierre et les métaux, les végétaux et les animaux : agriculture, élevage, forge, bâtiment, industrie… Mais cette lente, astucieuse et toujours très partielle conquête de la nature, par ex. la conquête du feu que symbolise le nom de Prométhée, a été politiquement conduite l’aveugle, et même sous le capitalisme qui est historiquement récent, la mainmise de l’homme sur son environnement direct s’est faite, sans plan défini, d’une manière sauvage : sauf en URSS, et dans un temps historiquement trop court, ce n’est pas un plan concerté mettant en phase les besoins vitaux humains, les ressources naturelles et les techniques existantes qui a orienté l’industrialisation, c’est la concurrence brutale, l’exploitation féroce d’autrui, l’esclavage et la loi de la jungle, c’est-à-dire les vestiges de l’animalité au sein même de la vie sociale qui ont propulsé l’histoire sans que la raison humaine accède aux manettes, en un mot, sans que l’homme se fasse le sujet collectif de son histoire. Cette époque est révolue : sous peine de disparition de l’espèce, il faut à la fois que l’humanité, par la révolution communiste, en finisse avec la bestialité capitaliste des relations entre hommes et entre peuples (esclavage, concurrence débridée, guerres, superstitions sanglantes, etc.) et qu’elle dépasse l’idée que le travail ne peut être qu’un combat, forcément perdu d’avance d’ailleurs, tant les forces sont inégales, contre la nature à laquelle nous ne cessons jamais d’appartenir.
Car l’exterminisme capitaliste, produit dérivé de la course insensée au profit maximal, conduit à la fois à détruire la société et à saccager les conditions naturelles de notre existence en gaspillant l’énergie tout en polluant le sol, la mer et l’air. Pour parler en termes dialectiques, l’évolution et la sélection multimillénaire des espèces animales se sont « affirmées » jusqu’à produire un être naturel, l’homo sapiens, qui a d’abord dû nier la nature au moyen de l’artifice, de l’outil et de la technique.L’heure est à ce que la logique dialectique appelle la « négation de la négation » : sous peine de mort, la culture humaine moderne, c’est-à-dire le communisme, devra « nier la négation », c’est-à-dire réaffirmer d’une autre façon cette nature dont nous provenons. Non plus d’une manière primitive, comme c’est le cas dans les religions animistes (adoration des forces naturelles non encore comprises scientifiquement) ou dans les cultes nostalgiques de Gaïa ou de la Pachamama, mais de manière collectivement organisée, scientifique et planifiée, par l’extension des « lumières communes ». Cela ne signifie pas régresser, comme le pensent certains « décroissants », « animalistes » et autres « écologistes profonds », et encore moins maudire la science, la technique et l’industrie, mais franchir un nouveau cap : la dégradation de l’environnement humain qu’a produit le mode de production capitaliste est devenue telle qu’il nous revient désormais, sous peine de mort collective, de reproduire consciemment, collectivement, les conditions environnementales du développement humain. Et cela ne signifie pas un recul de la science, des forces productives utiles à l’homme, du rôle moteur de la classe ouvrière, mais un bond qualitatif de la science, notamment de la recherche fondamentale (maths, physique et cosmologie, planétologie, biologie et sciences humaines), un recentrage des technologies sur les forces productives utiles à l’homme (le contraire de la « start-up nation », c’est-à-dire de la gadgétisation de la production destinée au gaspillage « ludique » des couches privilégiées), tout cela sous l’autorité des travailleurs construisant ce que Lénine appelait « la société des coopérateurs civilisés » (en somme, le communisme). Par exemple, il ne faut pas moins mais plus et mieux de maîtrise du nombre, de la matière-énergie, de l’univers et du vivant pour relever les défis économiques et environnementaux du XXIe siècle.
On mesure au passage combien la maîtrise du matérialisme dialectique et de la dialectique de la nature, qui montrent combien le sens de l’histoire est ancré dans les évolutions naturelles, est indispensable pour comprendre le sens profond de notre époque et pour mettre les communistes à l’avant-garde, et non pas à la traîne, du combat environnemental : dans ces domaines comme en tout autre, il s’agit de donner à la classe ouvrière les moyens culturels de son rôle dirigeant, de contester aux CSP+ et autres « bobos » leur monopole actuel sur les batailles écologiques qu’ils dévoient vers le « capitalisme vert », quand ce n’est pas vers une forme d’exterminisme misanthropique (certains « écolos profonds » liés à l’oligarchie veulent réduire à 300 000 le nombre d’humains sur terre!).
Du reste, nous n’avons pas le choix et si nous renonçons à affronter les questions environnementales d’un point de vue communiste, marxiste et prolétarien, non seulement nous nous couperons d’une préoccupation légitime de la « jeunesse du monde », celle qu’incarne pathétiquement la jeune Suédoise Greta Thunberg, mais nous serons forcés d’accompagner en maugréant le « New Green Deal », ce nouveau marché vert qui est le projet stratégique central de l’UE, d’Angela Merkel et d’Ursula von der Leyen… Bref, verdir les profits à défaut de verdir la planète et de rougir l’humanité !
La Françafrique
En voie de déclassement rapide à l’échelle géopolitque, élément faible et déclinant du prétendu « couple » germanofrançais- (expression peu employée outre-Rhin), l’impérialisme français n’en est que plus accroché à ses prédations en Afrique et au Proche-Orient. Les troupes françaises continuent de faire la loi, avec de plus en plus de difficultés, dans les pays de l’ex-empire colonial, mais « notre » impérialisme a subi une défaite indirecte réjouissante en Syrie, donc a de plus en plus de mal à contrôler le Liban en crise politique aigu ë. Au Mali, l’armée française avait été initialement bien accueillie parce qu’elle paraissait garantir l’unité territoriale de l’État malien déstabilisé par l’avancée des islamistes radicaux, par les exactions des milices expulsées de Libye et par l’irrédentisme d’une partie des Touareg. Nous avions condamné cette intervention, à l’instar des camarades du SADI, le parti des communistes maliens, parce que nous ne connaissons que trop la nature de classe prédatrice de l’impérialisme français et parce que nous ne savons que trop que ceux qui détruisent chez nous la nation, la langue française et le produire en France ne sauraient que nuire à l’intérêt national véritable quand ils interviennent à l’étranger (du moins si l’on veut bien se souvenir du fait que « la nation, c’est le peuple », comme disait Politzer, et non pas ses classes dominantes faillies). Des progressistes et des syndicalistes français et africains de bonne foi avaient cependant pu appuyer l’intervention française au Mali en considérant qu’il s’agissait en somme d’une forme de compensation, de « service après-vente » dû par la France aux Africains pour la déstabilisation irresponsable de la Libye, donc du Sahel, décidée par Sarkozy sur les conseils de BHL et avec les applaudissements du PS. Mais l’intervention française s’enlise et est de plus en plus ressentie sur place comme une ingérence court-circuitant les Maliens dans la défense de leur unité territoriale ; en outre, Macron tente de plus en plus d’« européaniser » Barkane en essayant d’y compromettre l’Allemagne. Enfin, on comprend de plus en plus que la paix ne reviendra pas au Sahel sans que soit restauré en Libye un authentique pouvoir patriotique et anti-impérialiste. Notre ligne de principe reste donc inchangée : troupes françaises hors d’Afrique et défaite des impérialismes occidentaux en Libye, le rôle d’une véritable défense nationale reposant sur une « armée française nouvelle » et citoyenne étant de défendre le territoire et la souveraineté de notre pays .
Toutefois, nous ne sommes pas des irresponsables indifférents aux aspects géopolitiques de la situation du Nord-Mali. Une victoire au Sahel d’AQMI et d’autres islamistes radicaux rescapés de Daesh, et derrière eux, de l’Arabie saoudite alliée aux USA, sur les décombres de l’ex-empire français, serait une nouvelle tragédie pour tous les peuples : il ne s’agit pas, hélas, d’une vue de l’esprit quand on mesure la décomposition de l’Etat malien archi-corrompu et de son armée, aussi détestée que les Français au Nord-Mali. Cette métastase d’AQMI et Consorts, sur un territoire immense serait aussi catastrophique pour l’Ouest africain que pour la Libye et pour la sécurité des citoyens de l’autre côté de la Méditerranée, y compris pour notre pays. C’est pourquoi nous avons demandé à nos camarades du SADI, qui jouent un rôle d’avant-garde dans la contestation populaire du “président” malien actuel, de nous informer pleinement sur les perspectives patriotiques dans leur pays. En attendant que s’accomplisse cette mission d’étude, notre position ne varie pas, c’est le retrait des troupes impérialistes et la défense de l’intégrité et de la souveraineté par les forces authentiquement patriotiques du Mali.
Ajoutons cependant que nous ne saurions rallier ceux qui prennent prétexte de la juste lutte contre la Françafrique pour alimenter la haine de la France considérée comme intrinsèquement colonialiste et raciste au mépris de toute approche dialectique et classiste de notre histoire. A l’encontre de tout « indigénisme » comme du faux universalisme de la bourgeoisie, nous sommes les héritiers d’Engels qui disait que « tout peuple qui en opprime un autre ne saurait être libre » ; c’est donc, non seulement au nom de la liberté des peuples africains frères, mais au nom de la souveraineté du peuple français, détruite par ses propres élites à la fois néocoloniales et « dé-nationales », que nous militons à la fois contre la Françafrique et contre la Franceurope qui forment les deux faces de la même politique destructive. Avec en outre le projet de repenser radicalement, en termes d’égalité et de cocréation linguistique, la Francophonie internationale, et plus globalement, de repenser fraternellement les rapports avec l’Afrique et le monde arabe. Il s’agirait à la fois de desserrer l’étreinte de Paris sur la politique africaine et de desserrer l’étau germano-américain sur notre propre pays…
Bref, il n’y a pas lieu de « compenser » notre patriotisme par une forme d’adhésion à l’idéologie de l’indigénisme : il faut concevoir notre opposition radicale au néocolonialisme français comme la continuation de notre patriotisme républicain par d’autres moyens et réciproquement, il faut concevoir notre patriotisme comme le support d’une lutte internationaliste pour un nouvel ordre continental, pluricontinental et mondial fondé sur la souveraineté des peuples, sur leur égalité et sur leur coopération dégagée de toute « concurrence libre et non faussée » néolibérale.
Dans quelle mesure pouvons-nous parler de mondialisation communiste à venir ?
Pendant que les trotskistes et autres gauchistes nous traitent de chauvins parce quenous combattons l’euro-casse de notre pays, certains pseudo-léninistes, les mêmes qui fraient avec le climato-scepticisme et qui rejettent la dialectique de la nature, nous reprochent d’évoquer la perspective d’une mondialisation communiste, qu’ils opposent à l’idée d’internationalisme prolétarien. En réalité, la mondialisation des échanges est intrinsèquement liée à la socialisation des forces productives qui est inhérente au capitalisme et qu’accentuera encore le passage au communisme sous la forme d’une coopération accrue entre les peuples : c’est la doctrine constante de Marx. Nous ne rejetons donc pas la mondialisation capitaliste au nom du repli national et de l’autarcie, intenables à notre époque, mais parce qu’elle est conçue de A à Z comme une guerre de tous contre tous à l’avantage des dominants et des États riches. Ayons en tête les principes fondateurs de l’ALBA Alternative( bolivarienne des Amériques), aujourd’hui malmenée par la pression contre-révolutionnaire des USA, où le Venezuela livrait à bas prix son pétrole nationalisé à Cuba socialiste qui, en retour, lui envoyait ses médecins et ses instituteurs : on est alors dans le cadre d’un échange gagnant-gagnant où chaque peuple offre aux autres ce qu’il a de plus précieux sans renoncer à ses spécificités et en recevant des autres ce que lui-même produirait mal et à grands frais s’il devait produire tout seul. Ce q ui est négatif dans la mondialisation actuelle, ce n’est pas l’échange accrû mais l’échange inégal, l’exploitation, la guerre commerciale, le service exclusif de la part solvable de l’humanité et l’abandon des peuples “insolvables”, l’endettement forcé et tout ce qui s’ensuit d’instabilité, de guerres, de gaspillage des ressources, de pollution par les transports, de privatisation de la science, de perversion des technologies, etc. Si de nouveau, un ou plusieurs grands pays passaient au socialisme, il y aurait renaissance du camp socialiste, donc d’un « marché commun » socialiste, plus exactement, d’une division socialiste internationale du travail ; et si le socialisme-communisme de nouvelle génération,allié aux États anti-impérialistes émergents, finissait par prendre le dessus sur le monde capitaliste subsistant et qu’il parvînt à con tenir les tendances à la guerre mondiale dont l’impérialisme est porteur (donc à imposer par la lutte la coexistence pacifique que souhaitait Lénine), il y aurait alors place à la fois pour le développement original de chaque pays, voire de chaque forme nationale de socialisme (« que cent écoles rivalisent », disait Mao !), pour des échanges équilibrés entre pays souverains, mais aussi pour le traitement librement consenti et collectivement géré de grandes causes mondiales,continentales ou pluricontinentales ; ce serait notamment le cas du maintien de la paix mondiale et du désarmement, de l’éradication de la faim et de l’illettrisme, de la recherche scientifique (notamment fondamentale), mais aussi de la reconstruction internationalement planifiée du cadre de vie humain(régulation du climat, dépollution des océans, reforestation, biodiversité, voire colonisation pacifique du système solaire…).
Encore une fois, cela ne signifierait pas une régression généralisée, une forme d’obscurantisme vert », mais tout au contraire l’accélération du progrès des forces productives sans lequel le communisme moderne, ce « développement de chacun (de chaque individu et de chaque peuple) comme clé du développement de tous » ne pourra pas être réalisé. De même que le camp socialiste n’était pas la négation de l’internationalisme prolétarien mais son expression à l’échelle des relations entre États socialistes, de même une telle mondialisation communiste, rendue possible comme jamais par la révolution numérique, permettrait à l’internationalisme prolétarien, expression de la solidarité internationale des travailleurs, de bannir la guerre et d’engager pacifiquement le dépassement des étroitesses nationales : le contraire de l’étouffement des nations auquel nous assistons aujourd’hui en même temps que, très « compensatoirement », s’exacerbent le nationalisme et la xénophobie. Même s’il s’agit là d’une perspective encore peu tangible, il nous faut la maîtriser pour montrer à la jeunesse que nous voyons loin et que notre souci des souverainetés nationales s’inscrit bien à long terme dans le mot d’ordre d’Eugène Pottier : « L’Internationale sera le genre humain ».
III – DEVENIR de l’UE
À l’occasion de la pandémie, l’UE a montré son visage inhumain et sa morgue glaciale.
Le réflexe initial d’Ursula Von DenLeyen, la nouvelle patronne de la Commission de Bruxelles, celle qui a tenté d’établir l’anglais comme seule langue officielle de l’UE, n’a pas été de suspendre les critères de Maastricht (ils ont implosé tout seuls tant ils sont intenables en période critique), ni d’organiser l’aide au peuple italien, mais de rappeler le primat absolu du « marché unique européen ». D’emblée les pays du nord européen (Pays bas, pays scandinaves), arrière-cour de Berlin, ont cultivé la théorie médico-criminelle de l’« immunité de troupeau » ; à l’unisson de Berlin, ils ont refusé la moindre mutualisation des dettes et le partage des énormes excédents commerciaux que la zone euromark a permis d’engranger au Nord de l’Europe tandis que l’Est et le Sud du sous-continent sont à bout de souffle. La « solution » proposée par Macron et acceptée par Angela, celle d’un emprunt continental auprès non pas de la BCE ou des banques nationales, mais des marchés financiers, ne fera qu’accroître notre dépendance à l’égard de Berlin, qu’aggraver la dette dite souveraine et l’austérité qui en résulte, que casser davantage l’État-nation français puisque c’est Bruxelles qui répartira aux « régions européennes » sinistrées les sommes empruntées sans transiter par les États-nations garants des prêts. Quant aux Français riches qui devraient logiquement être mis à contribution par leur pays en période de crise économique aiguë, ils continueront d’exporter leurs capitaux et de devenir les usuriers de leur propre pays en transitant par les marchés financiers internationaux prêteurs. Ajoutons que cette Europe austéritaire a accepté la sommation de Trump de verser 2% de plus par an pour les dépenses de l’OTAN et que l’Allemagne, que certains « marxistes » retardataires ou l’UPR en perdition regardent encore comme un nain politico-militaire, a décidé d’augmenter ses propres dépenses nationales militaires de… 20% par an !
Plus que jamais dénonçons dans toutes les luttes sociales le bloc euro/OTAN/UE, ce carcan passé au cou des peuples européens que surplombe en permanence le couperet d’une guerre de revanche contre le peuple russe, impardonnable vainqueur de Stalingrad !
Asymétrie du couple franco-allemand.
Macron, et à sa suite, Joffrin, le maître à penser de Libération, se réjouissent du retour en force du couple franco-allemand » et de l’acceptation par Merkel de l’idée macronienne d’un emprunt commun des Etats européens sur les marchés. Nous avons vu que les peuples, y compris le peuple français déjà surendetté, paieraient cher cet emprunt dont les conditions sont très asymétriques selon que l’État emprunteur est excédentaire comme l’Allemagne, ou surendetté comme l’est l’ensemble de l’Europe du Sud, France incluse. Mais surtout, il faut voir que la crise sanitaire a encore accru le décrochage de la France par rapport à l’Allemagne : hôpitaux en état de marche ou en loques de part et d’autre du Rhin, industrie COVID-réactive en RFA ou K.O. debout dans une France que Hitler vouait déjà dans Mein Kampf à devenir un « pays de grooms et de jardiniers » …
Du reste, Macron ne réagit même plus quand la n°2 de la CDU réclame pour l’UE, pseudonyme de Berlin, le siège français au Conseil de Sécurité, et il feint d’être à l’initiative quand il propose que la force de frappe française « couvre » l’ensemble du territoire européen, c’est-à-dire qu’elle soit cogérée par Berlin. Le Traité d’Aix la Chapelle le 22 janvier 2019, cosigné par le « Prix Charlemagne » qu’est officiellement Macron, jette en réalité les bases d’une nouvelle Carolingie dont le centre ne sera certainement pas Paris, comme l’a démontré Yvonne Bollmann sur notre site… L’Alsace et la Moselle, officiellement inscrites dans l’« espace rhénan », sont désormais habilitées à quémander des subsides à Bruxelles sans passer par Paris. Bref le « couple » franco-allemand, sans ressembler encore aux rapports d’une colonie et de son colonisateur, n’est déjà pas sans évoquer une étoile double où la plus petite gravite autour de la plus grosse en lui cédant peu à peu de la matière. La seule différence étant que, dans la nature, cette perte de matière est contrainte par la loi d’attraction universelle, alors que dans le cas du couple franco-allemand, le processus relève, côté français, de la servitude volontaire et de ce qu’Annie Lacroix-Riz nomme le « choix de la défaite » (on pourrait dire aujourd’hui : de la défaisance). Cela signifie que « notre » oligarchie n’est pas moins coupable de cette défaisance nationale, dont elle a une longue tradition (de La Fayette à Pétain en passant par Adolphe Thiers), que ne l’est l’impérialisme allemand, principal bénéficiaire en Europe de l’implosion du camp socialiste.
Berlin est d’ailleurs de plus en plus tenté par un retour en force sur la scène mondiale, y compris s’il le faut en sortant de l’euro et de l’UE unilatéralement. C’est ce qu’a vertement rappelé la Courconstitutionnelle de Karlsruhe à la BCE présidée par Lagarde : les « lois » européennes ne s’imposent Berlin que si elle est d’accord ; alors que « notre » conseil constitutionnel vassalisé prétend le contraire pour la France : les « lois européennes » sont transposées à tire-larigot en droit français par le Parlement français sans que le Conseil constitutionnel les ait examinées. Nous avons donc raison de parler d’Europe allemande, comme le faisait jadis Duclos, et cela n’amoindrit pas plus notre dénonciation de l’oligarchie « française » que la dénonciation de l’Europe hitlérienne n’affaiblissait jadis la détestation par les Résistants de « nos » élites patronales collaboratrices et servilement germanisées. La conclusion pratique n’a rien de chauvin : avec Eva Ruppert et les autres camarades allemands, il faut approfondir les rapports d’interaction communistes franco-allemands comme ce fut le cas lorsque le KPD et le PCF combattaient ensemble la montée paneuropéenne du fascisme et pour cela, il faut revitaliser le CISC, dont les instances se réunissent à nouveau régulièrement.
L’urgence de classe du « saut fédéral européen » pour les bourgeoisies allemande et française
La crise de consentement, l’hostilité marquée des USA, la montée en puissance de la Chine, l’extrême fragilité sociale révélée en France par le Non à la constitution européenne, les Gilets jaunes, les luttes sur les retraites, le discrédit énorme de tout l’ARC politique traditionnel, ne rendent que plus urgent le « saut fédéral » européen, c’est-à-dire le dépassement officiel des États-nations souverains, l’Europe fédérale des euro-régions et des métropoles et tout ce qui les accompagne en France :
pacte girondin », propagande anti-jacobine de chaque instant, arrogance des euro-régions, basculement linguistique même plus insidieux au tout-anglais, armée européenne intégrée à l’OTAN, etc. Très certainement, à la faveur du babillage bourgeois, écolo, réformiste et euro-trotskiste sur le jour d’après », le pouvoir va faire tout son possible pour accélérer ce processus de déconstruction nationale. Pour la bourgeoisie hexagonale, c’est une nécessité stratégique car si se met en place un Etat impérial européen centré sur Berlin, c’est-à-dire sur le pays européen le plus riche et le plus « consensuel », celui aussi où la classe ouvrière est la plus domestiquée par les syndicats sociaux-démocrates, certes notre bourgeoisie deviendra sous-traitante sur son propre sol, mais en contrepartie elle règnera plus fortement sur les pays européens du sud et de l’est en sa qualité de brillant second » de l’Allemagne ; et surtout, la classe dominante ex-française protégée par l’armée européenne et par la gendarmerie européenne commanditées par le « parlement » européen sera décisivement à couvert face aux deux issues politiques qu’elle redoute le plus :
- Soit le Frexit progressiste pouvant conduire à la révolution socialiste
- Soit, ce qui serait moindre mal pour la bourgeoisie mais qui n’est jamais sans risque grave pour elle, la solution fasciste nationale dont l’issue peut être la guerre civile et le chaos, voire le risque de renversement du pouvoir bourgeois comme on l’a vu au Portugal en 1974 ou en Grèce en 1945 ;
Raison de plus pour nous de dénoncer le saut fédéral européen qui est antinomique de ce que nous voulons : reprendre et actualiser la construction républicaine et sociale interrompue du CNR, lui adjoindre les dimensions anticolonialistes, écologistes et féministes qui lui faisaient défaut, susciter autour d’elle le rassemblement majoritaire du peuple travailleur, isoler les monopoles capitalistes et créer les conditions subjectives de la révolution socialiste en fusionnant l’Europe des luttes et la lutte de masse pour l’indépendance nationale.
Pour cela, il ne nous faut pas seulement combattre l’eurocratie proprement dite, en particulier diffuser les directives européennes d’austérité que les directions réformistes et gauchistes politico-syndicales cachent à leurs adhérents ; il faut aussi dénoncer les euro-nationalistes à la Le Pen : ils nesont pas seulement des fascistes rampants, ce sont aussi des flancs-gardes de cet UE et de cet euro que les sponsors capitalistes du RN ne veulent même pas égratigner. Il convient aussi de dénoncer le PS français, avec lequel la « nouvelle » direction du PCF ne cesse de s’allier des municipales à la présidentielle, et dont les euro-gauchistes sont en réalité les rabatteurs pseudo-révolutionnaires. Il faut dénoncer le PGE, cette courroie de transmission de la commission de Bruxelles à l’intérieur de ce qui reste de l’eurocommunisme déchu, et surtout, il faut cibler idéologiquement Berger et la C.E.S., cette plateforme continentale de la collaboration des classes dont le rôle est de pourrir le syndicalisme CGT « par la tête » et de combattre la FSM tout en préparant avec le syndicat patronal européen Businesseurope la future organisation néo-corporatiste du fascisant Empire européen en gestation.
IV – DÉCOMPOSITION FRANÇAISE ET FORCES DE RÉSISTANCE
Décomposition généralisée.
Accentuée par la crise sanitaire, la décomposition sociale que provoque l’euro-dissolution de notre pays (désormais ouvertement appelée “plan d’ajustement structurel”) est économique, sociale, institutionnelle, culturelle, territoriale et morale.
Décomposition sociale,
Quand tous les acquis, non seulement du CNR et du Front populaire,mais de 1905 (interdiction du travail dominical) sont méthodiquement démontés ; quand, même pendant la crise sanitaire, les projets de suppression de lits d’hôpital et d’hôpitaux tout court ne sont même pas suspendus, quand les salariés paient trois fois la crise sanitaire, par les subventions d’État issues des impôts distribués sans contrepartie au patronat, par les licenciements et/ou les baisses de salaires, par les atteintes portées à la législation sur les congés payés et sur la durée hebdomadaire du travail. Sans parler de Renault, qui fusionne avec Nissan et délocalise (décisions antérieures au coronavirus), qui licencie ses intérimaires français, qui touche 5 milliards de subventions d’État, et qui fait tourner l’une de ces usines délocalisables en engageant des Polonais sous contrat de détachement !
Décomposition économique
Puisque la crise sanitaire accélère, et non pas ralentit, la désindustrialisation consécutive aux fusions industrielles transnationales avec le départ progressif programmé de PSA (qui va changer de nom, sûrement pas pour une appellation francophone !) et de Renault, la fin programmée d’Alsthom-Belfort, c’est-à-dire la maîtrise par la France du ferroviaire et du secteur des turbines, sans oublier la mise en faillite délibérée d’EDF et de la SNCF ou la liquidation en vue d’Alcatel par Nokia: ce qui reste du produire en France et des savoir-faire ouvriers, techniciens et ingéniériaux associés, fond comme beurre en broche. Et pendant que tout un discours bobo sur France-Inter, Libé ou Télérama vante le retour à la terre de certains citadins friqués en mal d’oxygène, on assiste, dans la réalité, à l’exécution pure et simple du monde paysan (combien de suicides à la ferme chaque année?) et de la pêche artisanale cotière. Or la richesse d’un pays vient en dernière analyse de sa production. Un pays qui ne produit plus doit importer, donc s’endetter sans fin, et pour finir, si la production ne renaît pas sous l’égide d’un grand secteur industriel public menant le train de la reconstruction, la « solution »-miracle des altermondialistes (ne plus rembourser la dette) est intenable à long terme. Qui refuse de rembourser ne peut plus emprunter et qui ne peut plus emprunter mais ne sait plus rien produire, meurt de faim ou se tiers-mondise !
Il est donc essentiel que nous, militants marxistes, menions campagne pour les nationalisations industrielles et bancaires, pour la relance soutenue par l’Etat de l’agriculture paysanne, que nous fassions davantage le lien entre défense des services publics, sauvegarde des conquis sociaux et reconstitution du secteur public industriel : re-nationalisation à 100% de Renault, transformation des subventions accordées à PSA en actions, renationalisation de toute la filière ferroviaire d’Alstom la SNCF réunifiée, reconstitution d’EDF/GDF (et non pas d’un vague et utopique “pôle public européen de l’énergie”), etc. Les services publics et les acquis sociaux ne peuvent pas marcher tout seuls; pour les alimenter en permanence, il faut produire en France et réindustrialiser notre pays en sortant du carcan européen. Et naturellement il faut le faire avec le souci de l’avenir, des technologies permettant de réduire les pollution, de la transition écologique et de la réduction du temps de travail qu’elles permettent sans diminution des salaires et des effectifs salariés.
Décomposition culturelle.
Le linguicide du français continue de manière honteusement antidémocratique puisqu’il est impossible d’en débattre sur quelque antenne publique ou privée que ce soit, sans parler du Parlement, totalement indifférent à la question tous groupes politiques confondus. Dernière mesure linguistique gravissime, sans le moindre débat parlementaire, par un simple arrêté, la secrétaire d’Etat aux universités Vidal vient d’imposer la détention d’un diplôme d’anglais, délivrable par le privé, pour s’inscrire en licence : ce qui, de manière inconstitutionnelle et dans l’indifférence absolue du PCF et de LFI, tire un trait sur l’Article II-a de la Constitution : « La langue de la République est le français » et discrimine les étudiants parlant d’autres langues étrangères que l’anglais. Cette disposition accroîtra considérablement la sélection sociale, voire “ethnique” à l’Université en privilégiant les anglophones de naissance, les milieux français favorisés et déjà anglicisants ; elle défavorisera les étudiants d’origine modeste et plus encore ceux qui viennent de l’Afrique francophone et dont souvent le français n’était pas la langue maternelle; ces derniers sont souvent sidérés de la manière dont la France officielle traite ce bien commun à toute la Francophonie mondiale, la langue française, dont l’Afrique francophone est désormais le principal dépositaire. Nous avons sonné l’alarme par l’intermédiaire de l’association CO.U.R.R.I.E.L., dont le site informatique redémarre, en grande partie grâce à Damien et à Stéphane, et que je vous demande de renforcer car cette association linguistique de gauche n’a aucun équivalent en France et en Europe. D’autant que, si nous, internationalistes, ne prenons pas la tête d’un Conseil National de la Résistance Francophone, la droite nationaliste, voire monarchiste, le fera tôt ou tard en dévoyant ce combat existentiel pour l’avenir de la nation et pour la diversité culturelle gravement menacée de l’humanité future.
Il faudrait aussi évoquer la décomposition scandaleuse que subissent l’Éducation nationale, le CNRS et l’Université, sans parler d’autres institutions emblématiques de notre pays comme l’Opéra, le Palais de la Découverte, ainsi que de l’audiovisuel public où les militants CGT ont mené des luttes dures et répétées…
Dans l’Éducation nationale où les professeurs ont dû se démener pour affronter les injonctions contradictoires et dangereuses du ministre Blanquer aux abois, sans cesse désavoué par les déclarations surréalistes de Macron appelant à la reprise des cours le plus tôt possible pour renvoyer tout le monde au travail. Les professeurs ont assuré un travail hors du commun à distance… et ils ont reçu en retour le feu nourri du haineux Blanquer, des LR et de la Macronie dénonçant les profs « décrocheurs » et remettant, puis supprimant le protocole sanitaire. Ainsi les collégiens et les écoliers ont-ils été exposés à une nouvelle vague de l’épidémie. Parallèlement, la destruction de l’Education de moins en moins « nationale » se poursuit avec le projet de loi visant à faire de l’enseignement distanciel une « alternative » au présentiel, renforçant ainsi les inégalités – accrues par la crise du coronavirus qui a révélé l’ampleur de la fracture numérique et des fortes inégalités sociales et territoriales – et le démantèlement de l’Education nationale du fait de l’autonomie croissante accordée aux proviseurs quasiment érigés en “patrons” de leur établissement. Il en va de même de la mise à mort du bac et du brevet, autrement dit des diplôme s nationaux assurant la même qualification pour tous les collégiens et lycéens ed France : nul doute que le ministère prendra prétexte du précédent de 2020 pour promouvoir le contrôle continu et ainsi détruire le service public de l’Éducation nationale – tendance qui concerne également les concours de l’Éducation nationale avec la contractualisation croissante et la disparition programmée du CAPES et de l’agrégation. Face à cela, les syndicats, SNES-FUS (en particulier la FSU du Tarn dirigée par notre camarade Benoît) et CGT en tête, n’ont cessé de dénoncer et combattre le projet réactionnaire et mortifère de Blanquer qui profite de l’épidémie pour poursuivre son « œuvre de destruction », tandis qu’un Conseil de classe a été publié au printemps pour mener la contre-offensive qui s’impose.
À l’Université et dans la Recherche, avec le projet de « Loi de Programmation pluriannuelle de la recherche » (LPPR) qui généralise davantage le financement sur projets, détruit la liberté de recherche, impose le diktat du court terme et constitue souvent une privatisation (lorsque les fonds viennent d’entreprises privées) ou une régionalisation (de nombreux fonds viennent des régions) de fait ; qui généralise la précarité et l’inégalité dans les rémunérations (à travers la systématisation des primes) et des carrières ; qui met de fait en extinction le statut de la fonction publique et réduit encore plus le rôle structurant des grands organismes publics de recherche (CNRS, INSERM…) ; qui renforce le Crédit Impôt Recherche (CIR) et la subordination des projets de recherche fondamentale à la recherche industrielle, dont la faiblesse n’est pas attribuée à la désindustrialisation du pays, ni aux stratégies parasitaires du patronat français, mais bien sûr aux coopérations insuffisantes des chercheurs du public avec le privé !
Casse organisée d’institutions emblématiques.C’est le cas de l’Opéra National de Paris, 350 ans en 2019 et « à genoux » selon Stéphane Lissner (directeur de l’ONP jusqu’à la fin de 2020), un établissement public qui, à ce titre, devrait être financé au moins majoritairement par l’Etat. Or celui-ci ne participe à son budget qu’à hauteur de 40% (contre 59% en 2005 et 48% en 2015), les 60% restants étant couverts par les recettes propres de l’Opéra dont le mécénat qui occupe une part croissante. Et Georges-François Hirsch, ancien co-directeur de l’Opéra et administrateur lors de l’ouverture de Bastille, redoute que Monsieur Neef, qui succèdera à Monsieur Lissner à la fin de l’année 2020, se trouve contraint de financer l’ONP jusqu’à 95% sur ses recettes propres, au regard des injonctions du Ministère de la Culture lui demandant de proposer, dès l’automne 2020, des orientations pour « maintenir l’excellence et le rayonnement de l’Opéra », tout en revisitant son modèle économique, social et organisationnel…
Le service public de la presse se trouve dans un état financier très inquiétant –malgré les subventions de l’État pour des quotidiens et hebdomadaires nationaux passant leur temps à cracher sur… l’intervention de l’État et l’aide aux « assistés »; ce secteur voit se multiplier les suppressions d’emplois, à l’instar de BFM où un salarié sur trois va être licencié ; parallèlement, la société Presstalis, chargée d’assurer la distribution de la presse en province, est en cessation de paiement, ce qui débouche sur des centaines de licenciements. La menace s’accroît sur une prétendue « liberté de la presse » confisquée par les puissances d’argent et une macronie qui, sous couvert de lutte contre les « fake news » (désinformation), mettent plus que jamais au pas une presse promouvant l’européisme, l’anticommunisme et piétinant même son outil de travail principal: la langue française sacrifiée au franglish.
Décomposition institutionnelle et territoriale.
Nous avons déjà évoqué l’ensemble cohérent que constituent le Traité franco-allemand d’Aix-la-Chapelle (la « capitale » de Charlemagne, alias Karl der Grosse), la sécession à bas bruit de l’Alsace-Moselle (devenue “collectivité européenne” par la suppression des départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin et par la création de l’euro-département de Moselle) et le séparatisme flamboyant (et largement mafieux) de la Région corse, les tentations euro-régionalistes de Bretagne, de la « Catalogne-Nord » (Perpignan et région), du « pays basque nord », d’une fraction de la Savoie ( le groupe de localités auto-baptiséIn Annecy Mountains se rattachant au Grand Genève où le français recule devant l’anglais); tout cela s’opère sur fond de « Pacte girondin », de concurrence entre euro-régions, d’engloutissement des communes ouvrières et rurales par les euro-métropoles, de liquidation des départements malgré la volonté des populations (collectivité Unique de Corse, Collectivité unique ’Alsaced …) attachées au triptyque républicain “communes/département/Etat-nation).
Il faut aussi parler du travail de sape mené par Macron, principalement à l’appui de l’épiscopat, contre la loi laïque de 1905 pour la défense de laquelle la Fédération Nationale de la Libre Pensée appellera à manifester le 9 décembre 2020. Bien entendu, nous devons éviter, en défendant cette loi de liberté, qu’elle ne soit récupérée par de pseudo-laïques de droite et de la « gauche » de tendance vallsiste comme le soi-disant « Printemps républicain » pour attaquer et stigmatiser une fois de plus les compatriotes musulmans. Rappelons que légalement, l’obligation de laïcité s’impose à l’État, aux fonctionnaires en service et aux services publics, pas à l’habillement des citoyens et des citoyennes se déplaçant dans l’espace public. De même, l’État n’a pas à « organiser le culte musulman » ni à financer indirectement le culte catholique, le culte protestant ou le culte juif par différents canaux directs (Alsace-Moselle) ou indirects (impôts). C’est en finançant correctement l’Éducation nationale qu’il faut mettre fin au “séparatisme” des couches sociales supérieures qui mettent leurs enfants dans le confessionnel privé ; de même que l’on combattrait mieux les communautarismes religieux et les intégrismes si l’État combattait vraiment le séparatisme le plus dangereux pour le lien social : celui des super-riches. Car si l’État confisquait systématiquement l’argent de l’expatriation fiscale dessuper-riches, s’il interdisait enfin les contrebandiers légaux que sont les cabinets d’ « optimisation fiscale », c’est entre 80 et 100 milliards d’euros par an volés au peuple français qui retourneraient vers les quartiers populaires, les communes rurales et l’emploi public ; et cela changerait du tout au tout le cadre de vie dégradé de nos cités, de nos villages-dortoirs et de nos « périphéries» en coupant l’herbe sous les pieds à la fois des mafias de la drogue, des démagogues du RN et du terrorisme pseudo-religieux.
Fascisation galopante.
L’énorme colère sociale révélée par les Gilets jaunes et par les luttes inachevées pour les retraites n’est pas retombée et le discrédit de Macron est à son comble : depuis Chirac, les présidents maastrichtiens successifs s’usent de plus en plus vite puisque chacun constate qu’ils appliquent tous la politique unique des milieux financiers, que la France se liquéfie, que la perspective historique offerte est de vivre moins bien que les générations antérieures, etc. Mais comme le faux parti communiste, désormais inféodé au PGE, au PS et à UE,l’ comme le PS arrimé à Bruxelles, comme la direction confédérale de la CGT inséparable de Berger et comme, hélas, certains milieux bobos dominants de LFI (de Autain à Ruffin) n’offrent aucun débouché révolutionnaire associant république sociale, solidarité internationale et indépendance nationale, comme en outre l’ « extrême gauche » trotskiste ou anarchiste est perçue, non sans raison, par le peuple comme ir responsable et antinationale, les deux sources de la fascisation, l’extrême droite classique – qu’il ne faut jamais banaliser – et le pouvoir maastrichtien faisant passer en force ses orientations impopulaires, continuent de déverser leur venin. Avec, de plus en plus, une pénétration inquiétante des idées fascistes
- dans l’appareil répressif d’État, police, armée et justice, où des comportements cyniquement violents voire assassins, des propos clairement racistes, des déclarations grossièrement antirépublicaines voire séditieuses(« nous ne sommes pas dans le même camp », dixit le préfet Lallement à une manifestante), des brutalités systématiques contre les syndicalistes et contre tout manifestant progressiste, voire des comportements pré-putschistes s’étalent de plus en plus ouvertement (par exemple quand les BAC manifestent illégalement en armes et toutes sirènes hurlantes devant l’Arc de Triomphe).
- Dans la tête de nombre de citoyens de base dont un nombre grandissant déclare « ne plus croire en la démocratie » ou à « la République», confondues avec leurs caricatures actuelles, et réclament un « homme fort» ou « une femme forte », voire la direction du pays par l’armée…
Attention, prévenait déjà Marx, « la France est le pays classique des luttes de classes menées jusqu’au bout »: soit jusqu’à la révolution bourgeoise démocratique, comme en 1793, voire jusqu’à la Commune prolétarienne de 1871, mais aussi, si ces tentatives révolutionnaires ne sont pas conduites à la victoire par une avant-garde déterminée et reconnue par le peuple, vers les coups d’État militaires (les deux coups d’État bonapartistes de 1799 et de 1851, la tentative d’insurrection boulangiste et l’agitation antidreyfusarde de la fin du XIXème siècle, le 13 mai 1958 qui donna naissance à la Vème République ») ou carrément fascistes (le coup du 6 juin 1934, l’avènement de Pétain en 1940, les tentatives putschistes de l’O.A.S…). Tout cela peut s’opérer le jour venu sous la direction de Le Pen ou même de Macron, voire contre lui s’il continue de décevoir ses mandataires du grand capital qui ne peuvent voir sans inquiétude se déliter l’autorité des élus, y compris désormais de la plupart des maires, sur les populations.
Face à cela, nous dénonçons les violences policières et le racisme structurel dans la police. Nous ne tombons pas pour autant dans l’outrance anarchiste ou « indigéniste » du genre « tout le monde déteste la police » ou « la France est structurellement raciste » : car tactiquement, ces postures aident les fascistes à progresser dans les milieux policiers et à accaparer le patriotisme populaire tout en le dévoyant. Sans nous illusionner sur leur poids réel, nous devons dialoguer avec les milieux démocratiques de la police et de la justice, fussent-ils aujourd’hui très minoritaires. Nous devons aussi cultiver les liens ténus et d’autant plus précieux avec les officiers gaullistes hostiles à l’UE et à l’OTAN, pourvu qu’ils ne flirtent pas avec l’extrême droite raciste.
Nous devons aussi, sur un autre plan, tendre la main à l’instar de Maurice Thorez aux travailleurs catholiques et aux autres travailleurs croyants, qu’il ne faut confondre ni avec la hiérarchie catholique réactionnaire, ni avec le CRIF, ni avec les islamistes fondamentalistes.
Surtout, souvenons-nous que pour le moment, dans une démocratie bourgeoise en voie de fascisation, les notions de “république” (ou, plus naïvement encore, de “notre république”), de police républicaine » et de « défense nationale » sont des références idéales et non des réalités vécues : ces principes ne pourront vivre pleinement qu’avec le socialisme, quand les appareils d’Etat démocratisés et contrôlés par le pouvoir populaire ne serviront plus qu’à défendre la sécurité publique, l’ordre socialiste et l’intégrité du territoire national.
Pour le moment, nous devons participer à toute action antiraciste et antifasciste revendiquant des avancées démocratiques précises et exigeant la punition exemplaire des exactions policières ; mais nous ne devons pas oublier pour autant que dans le cadre d’une révolution socialiste établissant le pouvoir majoritaire du peuple travailleur, les appareils d’État devront être purgés des éléments fascistes et reconstruits de fond en comble; il ne faut pas que le nouveau pouvoir cultive l’illusion suicidaire que, spontanément, la « police républicaine » et l’armée de métier accepteront bien gentiment de se mettre au service du nouveau régime. Il faudra pour cela des réformes structurelles prenant appui sur l’esprit républicain et sur les sentiments patriotiques des policiers et des soldats sincèrement républicains. Sans remonter à l’Espagne de Franco, à l’Indonésie de Soeharto ou au Chili de Pinochet, il n’est que de réfléchir à l’exemple récent du Venezuela bolivarien; celui-ci tient toujours parce que Chavez avait su armer le peuple et l’unir aux forces armées. Au contraire, la Bolivie de Morales est désormais par terre parce que l’armée fidèle à l’oligarchie a renversé le président élu. Toutes choses qui vérifient l’actualité de la conception marxiste de l’Etat qu’ont explicitée Marx dans La guerre civile en France, Engels dans L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’Etat, et Lénine dans L’État et la révolution.
Nos résistances :
Question sociale et syndicale en France : où va la CGT ? Perspectives pour un syndicalisme rouge, de classe et de masse.
La crise sanitaire et le confinement ont comme suspendu la colère sociale, qu’avait encore accrue l’usage du 49/3 décidé par Macron à propos des retraites; mais cette suspension – qui a aussi forcé Macron à ajourner les contre-réformes pour tenter d’obtenir l’union sacrée… – n’a jamais signifié que l’affrontement de classes était terminé, ni même qu’il était sérieusement émoussé. La lutte des classes ne cesse jamais et en plein confinement, on a vu comment le patronat, aidé par la CFDT, servi par le gouvernement, de Pénicaud à Blanquer, et combattu « en bas » par de courageuses sections CGT, FSU, FO et Sud, a obtenu de nombreuses entorses au code du travail et à sa durée légale tout en forçant des ouvriers de chantiers ou d’usine à travailler sans protections sanitaires sérieuses à toutes sortes de chantiers non vitaux.
Où va la confédération CGT ?
On a vu aussi comment la direction confédérale de la CGT, avec en tête un P. Martinez qui a trahi la confiance qu’il avait suscitée en 2016 (quand il luttait contre la loi El Khomri), accompagnée par FO (Verrier) et par l’UNSA, a pu signer de honteux protocoles communs avec le MEDEF, puis avec la CFDT jaune, puis, battant tous les records de collaboration de classe, avec la Deutsche Gewerkschaftsbund (DGB), le tout sous la houlette d’un Berger qui venait juste de traîner dans la boue la CGT-Renault quand celle-ci a osé défendre en justice la santé menacée des ouvriers de Sandouville.
Dans le même temps, les bases combatives de la CGT n’attendaient pas la levée de l’interdiction de manifester (prononcée par le Conseil d’Etat le 13 juin) pour appeler à défendre l’hôpital le 16 juin. On a vu aussi des manifs syndicales – à laquelle a contribué le PRCF 13 par ex. – autour de la CGT provençale, laquelle a désavoué sa confédération, de même que de nombreuses autres structures de la CGT que la confédé a, à demi-mots, menacées d’exclusion ; cette même confédé euro-formatée, Berger-compatible et largement coupée des travailleurs avait déjà menacé d’expulser des cortèges syndicaux les partisans du Frexit progressiste, c’est-à-dire nous, en nous assimilant frauduleusement l’extrême droite. Outre les justes prises de positions du Front syndical de classe sur ces sujets, on a vu dernièrement des camarades cégétistes membres du PRCF s’exprimer dans les colonnes d’I.C. pour appeler les secteurs rouges de la CGT visés par une euro-chasse aux sorcières se rencontrer, se coordonner à l’inter-pro, tendre la main au FSC et appeler ensemble à mener la lutte tous ensemble et en même temps sans se laisser isoler, sans ménager l’U.E. et la C.E.S., sans oublier de combattre les guerres impérialistes et l’OTAN et en se rapprochant de la FSM. Il est évident que pour liquider ce qui reste des conquis sociaux en France, pour en finir « en douce » avec la France indépendante, la grande bourgeoisie et les sociaux-libéraux du PS et d’En Marche ont besoin d’un « syndicalisme rassemblé » derrière Berger, désormais président à la fois de la CFDT et de la CES. Ils ont même besoin d’une union sacrée dans laquelle est déjà entré de fait Martinez puisque le communiqué commun CFDT-DGB (= syndicats réformistes allemands)-CGT applaudit à l’initiative Macron-Merkel appelant à un nouvel emprunt européen sur les marchés financiers; or cela revient à applaudir Macron quand il va à Berlin tout en feignant de le combattre quand il reste à Paris… et à fermer les yeux sur le fait que les régions françaises demanderesses ne recevront d’argent européen qu’en échange de « nouvelles réformes structurelles » à base de moins-disant social et de division accrue du territoire national en capilotade.
L’euro-syndicalisme « rassemblé » mène à la division de la CGT !
Il est non moins évident qu’unetelle opération d’euro-consensus patronat /gouvernements /syndicats, de plus en plus cautionnée par la tête de la CGT confédérale (et insidieusement, par le PCF, qui ne cesse d’encenser la C.E.S. !), est de nature à diviser, voire à scissionner la CGT à l’initiative de ses forces euro-réformistes. Souvenons-nous que, historiquement, ce n’est pas la CGTU révolutionnaire qui avait quitté la CGT réformiste de Belin et Jouhaux dans les années vingt; ce furent ces derniers qui exclurent et persécutèrent nos camarades marxistes et anarcho-syndicalistes (le plus connu étant Gaston Monmousseau, que rencontrera Lénine et qui deviendra l’un des dirigeants du jeune PCF), en les forçant à créer la CGTU; laquelle, par la suite, à la faveur du climat éruptif du Front populaire, devint majoritaire dans la classe ouvrière et opéra la réunification de la CGT sur des bases rouges. Tant pour construire le tous ensemble des travailleurs que pour faire face à la répression qui frappe les syndicalistes combatifs (sans qu’ils soient soutenus par leur confédé…), il faut que se rassemblent les syndicalistes d’action et qu’ensemble, ils portent dans les A.G. de lutte un plan de mobilisation et une plate-forme revendicative susceptibles d’unir notre classe. Le PRCF ne s’est jamais ingéré dans les actions de quelque autre organisation que ce soit ; mais en l’occurrence, il y va de l’avenir de tout le monde du travail, dont les communistes (et notamment les militants du PRCF) font partie, il y va de la France, il y va du syndicalisme rouge international qui connaîtrait une défaite majeure si la CGT devenait l’appendice moribond de la CFDT, mais qui, à l’inverse, vivrait un rebond historique si le syndicalisme rouge de France repartait à l’offensive d’une seule voix. Le PRCF continuera comme il l’a toujours fait de publier les communiqués du FSC et d’encourager ses membres à y adhérer mais, comme le PCF d’avant la mutation, le Pôle n’aliènera jamais son droit imprescriptible d’avoir sa propre parole libre et franche sur la lutte de plus en plus ouverte et explosive qui se livre désormais à ciel ouvert entre l’euro-syndicalisme contre-réformiste d’accompagnement, qui peut même à l’avenir virer au corporatisme fascisant (souvenons-nous de l’évolution pétainiste de Belin, d’abord traître à sa classe, puis, logiquement, traître à son pays…), et le syndicalisme de classe et de masse. Il y va de l’alternative progressiste et de l’avenir du progrès social en France, en Europe et dans le monde.
Le dispositif politique de l’ennemi de classe et notre riposte
La question communiste en France
On ne surestimera jamais assez la nocivité qu’ont eue les campagnes anti-soviétiques et anticommunistes des années 1970-1990 en France, ni la débandade idéologique honteuse qu’a constituée la « mutation » social-démocrate des années 1990 précédée par la dérive eurocommuniste et anti-léniniste des années 1970, pour ne pas remonter plus haut. Tant qu’il y avait en France un parti combatif, marxiste-léniniste, ancré dans la classe ouvrière et doté d’un grand prestige intellectuel et moral, un parti patriote et internationaliste, proche de la CGT et des tendances combatives du syndicalisme enseignant et étudiant, le grand patronat craignait pour son pouvoir de classe et il lui arrivait de devoir “lâcher de la pression” sous la forme de concessions sociales ; les dérives atlantiques étaient contenues, l’extrême droite était marginalisée, l’indépendance nationale était défendue, les travailleurs immigrés étaient intégrés politiquement, dans le respect de leur culture d’origine (voir le mélange extraordinaire de cultures, de musiques et de… cuisines qu’était jadis la fête de l’Huma), par le biais des luttes, du syndicalisme CGT et des municipalités communistes. Il y avait aussi d’énormes effets positifs dans le domaine culturel avec une philosophie, une science, une chanson, un cinéma et un théâtre francophones de renommée mondiale. Nous ne disons pas cela par nostalgie mais parce qu’il faut mesurer le bilan terriblement négatif de l’anticommunisme, y compris de l’anticommunisme « de gauche » cultivé par les Mitterrand, Cohn-Bendit, Guy Bedos et Consorts, et plus encore de la « mutazione genetica » qu’ont initiée Enrico Berlinguer (PC italien) et Santiago Carrillo (PC d’Espagne) dans les années 1960-1970; un eurocommunisme qu’aura, avec retard, rallié le PCF de G. Marchais, à la différence des PC grec et portugais qui ont maintenu la flamme du marxisme-léninisme en Europe occidentale. Nous continuons de vivre les effets à retardement de l’autodestruction sous influence d’un ex-parti communiste dont les conquêtes sont dynamitées jour après jour alors que l’organisation de combat qui les a produites, non seulement a perdu sa force et son prestige, mais a changé de cap et de camp idéologiquement et politiquement, sinon socialement. Car cette mutation n’est pas seulement une dérive idéologique » remédiable, comme le croient certains membres du PCF qui s’imaginent qu’il suffirait à F. Roussel d’épingler Mélenchon (et de faire alliance avec Hidalgo par l’entremise de Brossat !) pour redorer l’« identité communiste ». Comme son nom l’indique, une « mutation » est une rupture d’ADN, une brisure d’identité. Et en l’occurrence, le fait pour le PCF d’avoir répudié le léninisme, la dictature du prolétariat et le socialisme réel, de s’être enchaîné électoralement au PS (voir les dernières municipales où les soi-disant « communistes identitaires » du PCF-62 ont courtisé le PS local, pourtant particulièrement « gratiné »), puis de s’être arrimé au Parti de la Gauche Européenne (PGE), d’avoir distendu les liens fraternels avec la CGT, d’avoir accepté sur le principe, depuis 1992 (rapport renégat de Francis Wurtz sur l’euro-constructivisme en 1992), la « construction » européenne, tout cela équivaut à un changement de camp dans la lutte des classes, même si nombre de militants du PCF et des JC qui sont du bon côté dans les luttes partielles ne se rendent pas compte du rôle national et international que joue objectivement le PCF-PGE actuel : protéger le principe même de la « construction » européenne, bloquer l’anticapitalisme à un niveau « tribunicien » en empêchant que soient posées la question des nationalisations et du socialisme, ré-intégrer systématiquement le PS discrédité à la “gauche”, torpiller la renaissance léniniste du MC européen, faire chorus avec les campagnes antisoviétiques, abuser du drapeau rouge dépouillé des “outils” pour occuper et stériliser l’espace politique de la Renaissance communiste…
La Coordination communiste première manière (1991-1999) avait tenté de fédérer toute l’opposition de gauche au sein du PCF en vue de regrouper les léninistes, de les séparer des réformistes et, le moment venu, de reconstruire un PCF digne de son grand passé. Ce projet qui débouchait déjà sur l’idée d’un « nouveau congrès de Tours » a été fracturé, d’une part par un groupe sectaire qui n’a rien construit de sérieux depuis, d’autre part par de multiples forces centrifuges qui, pour certaines, flirtaient avec le trotskisme et un “luxemburgisme” de parade (Gauche communiste), pour d’autres refusaient le centralisme démocratique et l’idée d’un parti d’avant-garde (se contentant d’un “point de vue communiste” peu compromettant), pour d’autres encore se contentaient de vivre en tendance officielle du PCF muté ; d’autres encore contournaient la lutte patriotique et, tout en cultivant un stalinisme ostentatoire, pratiquaient le suivisme tantôt envers le PCF, tantôt avec les prétendus « comités antilibéraux » dominés par le NPA, quand ils ne s’inscrivaient pas institutionnellement, en tant que groupe communiste constitué, dans le Front de gauche ou dans les structures politiques officielles de la France insoumise. Nous avons néanmoins fait notre possible pour travailler avec ces groupes et nous avons bien fait, car nous ne cultivons pas l’esprit de boutique et l’isolationnisme politique à la manière de ceux qui, méprisant souverainement les réalités, se sont auto-proclamés « le parti » en obtenant régulièrement moins de 0,1% aux européennes… ; mais force est de constater la stérilité persistante de ces prétendus espaces unitaires, le principal obstacle stratégique étant actuellement,
- du côté des camarades du réseau Faire vivre et développer le PCF qui, malgré leur attachement formel au marxisme ou à la Chine populaire, privilégient désormais leurs relations avec la “nouvelle” direction du PCF (pourtant tout aussi euro-formatée et socialo-vassalisée que la précédente, dirigée par Laurent)
- du côté d’un groupe dogmatique qui, d’une part, refuse tout texte comportant les mots « fascisation » ou « indépendance nationale », à la manière des trotskistes, et qui, d’autre part, refuse tout engagement concret pour le Frexit progressiste puisque pour eux, la sortie de l’UE sera une retombée automatique de la révolution socialiste : ce qui revient à subordonner le Frexit à la révolution socialiste, à accepter de fait, en attendant, le démantèlement de la France et du produire en France (donc de la classe ouvrière), à minimiser les luttes patriotiques, par ex. sur la langue française, à flirter avec l’utopie d’une insurrection pan-européenne (avec 26 gouvernements plus thatchériens, anticommunistes et/ou proto-fascistes les uns que les autres !), à refuser de créer autrement qu’en paroles un front anti-monopoliste et anti-Maastricht centré sur la classe laborieuse: donc à travailler aux conditions pratiques et politiques de la révolution ; ce groupe très anti-PRCF s’aligne de fait sur les forces petite-bourgeoises qui ménagent l’UE ou qui, du moins, reportent aux calendes le combat contre elle en abandonnant, en pleine fascisation, le drapeau tricolore et la Marseillaise au souverainisme bourgeois.
Dans ces conditions, nous continuons les discussions avec ces groupes, mais nous ne subordonnerons pas à une prétendue « union des communistes » à la clarté politique sur des questions aussi capitales que la fascisation, la reconstruction d’un PC indépendant du PC/PGE et la dialectique indépendance nationale / révolution socialiste.
C’est pourquoi il faut renforcer prioritairement notre PRCF et nos JRCF, les discipliner davantage, les rajeunir et les rapprocher des travailleurs, et pour cela, préparer un grand meeting du 100ème anniversaire de Tours qui fera du PRCF le pôle de regroupement de tous ceux qui veulent un congrèsde Tours d’aujourd’hui pour préparer demain ; et bien sûr, développer avec discipline la vente d’I.C., intervenir idéologiquement sur tous les terrains, promouvoir nos Associations départementales pour la renaissance communiste et en créer de nouvelles sur nos bases statutaires, multiplier les adhésions, dynamiser et aider notre commission JRCF, promouvoir Étincelles et toutes nos commissions nationales de travail. Concernant le 100ème anniversaire de Tours, alors que le PCFmutant vient de perdre la municipalité tourangelle historique de St-Pierre-des-Corps, nous y revenons dans la partie suivante de ce rapport.
Des initiatives concrètes pour construire le Front antifasciste, patriotique, populaire et écologiste (FR.A.P.P.E.).
Nous avons expliqué vingt fois que le dispositif politique de la grande bourgeoisie consiste à enserrer le peuple français et l’alternative politique dans un étau, qui est aussi un duel/duo de second tour lors des présidentielles, entre Macron – le représentant liberticide de l’euro-mondialisation néolibérale, et Le Pen, la représentante hexagonale du national-populisme européen. Le rôle du RN et de ses satellites (notamment “Debout la France”) est d’être l’aile marchante de la fascisation, en attendant si les circonstances l’exigent, de devenir carrément la pointe émergée d’une aventure proprement fasciste (notamment si Macron est réélu et qu’il semble manquer de fermeté face à une possible insurrection populaire : grèves de masse, retour des gilets jaunes, levée en masse de la jeunesse, éruption des quartiers ghettoïsés…). Pour briser cette tenaille mortelle, il faut refuser construire une alternative véritable à cette pseudo-alternative empoisonnée. C’est ce que ne font précisément pas,
d’une part, les partisans – dont certains viennent de la gauche – d’un souverainisme sans rivage » type UPR, qui effacent le clivage droite/gauche hérité de notre histoire, relèguent la lutte des classes au second plan, occultent ou combattent la perspective du socialisme, minimisent la fascisation et, le plus souvent, banalisent le RN en ignorant son anticommunisme violent, le racisme débridé de sa base, ses liens historiques avec Vichy et l’OAS, l’arrimage de sa b ranche « marioniste » avec l’intégrisme catholico-monarchiste, sans parler de ses réseaux potentiellement séditieux dans certains milieux dirigeants réactionaires de l’armée et de la police ; c’est pourquoi nous boycottons les initiatives qui se réclament de la prétendue union des souverainistes des deux rives ». Un confusionnisme qui, dans le Pas-de-Calais avec José Evrard, ou avec le blogue de Jean Lévy(qui a appelé à voter Le Pen au second tour de la présidentielle 2017), a même conduit à une doriotisation, certes encore marginale, de certains milieux ex-communistes ! Nous regrettons que D. Kuzmanovic, qui portait initialement dans la FI un projet souverainiste de gauche intéressant, ait préféré dériver vers ce souverainisme sans rivage en acceptant de cautionner par sa présence la soirée Brexit organisé par l’UPR aux côtés de Jean-Frédéric Poisson, de Philippot et de Dupont-Aignan, puis de prendre part au mensonger « Front populaire » de l’anti-jacobin et anticommuniste maladif Onfray – lequel estime que le sinistre E. Zemmour symbolise le « génie français » d’avant-1789 ! –. Quant à l’UPR en voie d’implosion, certains de ses éléments en vue envisagent déjà de soutenir Le Pen. Nous devons d’autant plus débattre avec ses éléments sincèrement progressistes, patriotes et républicains;
d’autre part, les partisans divers et variés, concurrents entre eux jusqu’à un certain point, de l’union des euro-gauches qui font l’impasse sur la questionstratégique du Frexit, et a fortiori, sur les questions des nationalisations et du socialisme pour la France. Nous avons en vue bien entendu le PCF-PGE, qui fait tout ce qu’il peut pour créditer la “construction” europ éenne en quémandant l’introuvable “Europe sociale” auprès des institutions européennes, en dialoguant avec le PS maastrichtien au risque de remettre en selle ce parti discrédité, en fermant les yeux sur le fait que les euro-écologistes et les eurodéputés« socialistes » ont voté un texte de chasse aux sorcières typiquement fascisant au Parlement européen. En dehors du fait que le PCF présentera sans doute un candidat à la présidentielle sur un programme euro-compatible au risque d’interdire définitivement à un candidat LFI ou assimilé d’accéder au second tour, puis d’appeler à re-voter Macron “pour battre Le Pen”, que reste-t-il de l’identité communiste du parti qui était encore capable en 1992 d’entraîner des millions d’ouvriers à désavouer Mitterrand pour voter non à Maastricht ?
On peut aussi parler de l’initiative de MM. Ruffin et Besancenot qui, lamentablement, ont en vain tenté d’exploiter le nom de notre président Léon Landini pour mettre en place un prétendu « CNNR » qui réussit le double exploit d’écarter tout communiste de sa composition et de promettre un amoncellement d’acquis sociaux sans poser la question de sortir de l’UE. Léon a eu raison de déclarer, lors de l’émission-guet-apens consacrée au lancement de cette opération politicienne, destinée sans doute à mettre Ruffin en orbite pour la présidentielle (?), que « le programme du CNR est antinomique de la construction européenne » et que ses camarades qui sont morts pour une France indépendante et souveraine auraient eu honte de cautionner une telle usurpation du mot « CNR », qui fait totalement l’impasse sur l’idée du Frexit progressiste.
C’est pourquoi, si modestes que soient encore nos forces, nous sommes fiers de porter la seule perspective qui soit réellement alternative en associant le drapeau rouge de la classe ouvrière, cœur du futur FRAPPE, et le drapeau tricolore, symbole de l’indépendance nationale, pour sortir la France de l’UE-OTAN et de l’euro, pour isoler le grand capital et créer les conditions de l’affrontement de classes et de masse qui permettra de battre décisivement l’oligarchie tout en dynamisant l’Europe des luttes et en ouvrant la voie du pouvoir populaire dans notre pays.
C’est dans cet esprit que nous avons lancé l’Appel du 29 mai dernier pour une Convergence Nationale des Résistances qui va se prolonger par une initiative politique unitaire le 14 juillet, 85ème anniversaire du meeting fondateur du Front populaire. Il s’agit du rassemblement du stade Buffalooù, symboliquement, Jacques Duclos entonna successivement la Marseillaise et l’Internationale pour fonder ce qui était à la fois un front social, un front démocratique et un front antihitlérien centré sur le monde ouvrier. Nous rebondirons après les vacances sur une initiative aux alentours du 20 septembre, dates anniversaires de Valmy et du Non ouvrier majoritaire à Maastricht. Cet appel, qui va de gaullistes anti-lepénistes comme Olivier Delorme, Jean-Luc Pujo ou Geneviève Blache aux camarades de Jolie Môme en passant par des syndicalistes rouges comme Cédric Liechti (EDF) ou Eric Caudron (SNCF), ou encore par les « Citoyens souverains » de Ramzi Kebaïli et Gwenaëlla Caprani, doit encore s’ouvrir (discussions en cours avec François Cocq) et s’ancrer en bas dans chaque département. Il ne s’agit pas d’une alliance électorale et la présenter ainsi serait la livrer par avance aux déchirements boutiquiers des périodes pré-électorales. Il s’agit d’un front idéologique et culturel qui aurait encore plus de forces si malheureusement, nos camarades du Rassemblement communiste n’avaient pas préféré célébrer le 29 mai 2005 en publiant un texte aussitôt oublié avec le PCRF plutôt que de nous aider à accentuer la présence communiste dans un front pluraliste qui fait du PRCF l’aile marchante, unitaire et fraternellement ouverte au dialogue, du seul rassemblement pour le Frexit progressiste existant dans le pays. A nous tous de le faire vivre en faisant signer l’appel largementaux syndicalistes, aux citoyens engagés, aux antifascistes et aux antiracistes, aux intellectuels de progrès, et bien entendu, aux militants communistes à la recherche d’une issue à la fois rassembleuse et potentiellement révolutionnaire.
Cela ne préjuge en rien de notre future attitude lors de la présidentielle 2022. Nous notons que J.-L.Mélenchon n’a pas répondu aux lettres ouvertes que nous lui avons adressées par deux fois (même attitude de F. Roussel), même si nous avons noté d’assez bonnes prises de position de sa part dans la dernière période, notamment sur les violences policières. Notre camarade Vincent Flament est toujours mandaté pour rencontrer les deux jeunes députés LFI du Nord, MM. Quatennens et Bernalicis, qui jusqu’ici montrent une attitude ouverte envers les militants du PRCF nordiste dans les manifs. Pour autant, chacun constate que l’entourage de Mélenchon est particulièrement euro-complaisant et coupé du monde ouvrier, en particulier Manon Aubry ; l’ex-présidente d’Oxfam choisit d’intervenir en anglais au Parlement européen et ne manque jamais de défendre dans les médiasla chimère d’une réorientation progressiste de l’Europe . Comme toujours, le PRCF dira en toute indépendance ce qu’il aura à dire le moment venu et en attendant il promouvra son programme-candidat en ciblant spécialement les entreprises et les manifs ; s’il le faut, le PRCF présentera la pré-candidature, ou la candidature à la candidature de Fadi Kassem à la présidentielle comme en a décidé le dernier CC, tout en militant pour une candidature fédératrice dela Gauche patriotique, antifasciste, populaire et… nettement eurocritique !
Enfin sur le plan international, notre commission internationale a été très active ces temps derniers. Après avoir rencontré le KKE de manière franche et amicale à la fois, nous sommes heureux de constater que le PC portugais a accepté lui aussi de nous rencontrer officiellement. Par ailleurs, grâce l’activité de la commission Internationale, le PRCF s’est montré dynamique sur ce terrain à travers :
- la signature de la pétition pour Cuba qui nous a valu les félicitations de l’ambassade ;
- un entretien croisé réalisé avec les ambassadeurs de Cuba et du Venezuela ;
- un courrier adressé à l’ambassade de Chine dans le cadre de la crise du coronavirus – et, signalons-le, des remerciements transmis par l’ambassade du Vietnam en Algérie à la suite de la publication de l’article rendant hommage à Hô Chi Minh ;
- le succès des rencontres de l’Initiative des partis communistes et ouvriers au sujet du Covid-19, débouchant sur des textes signés par le PRCF (notamment pour les 150 ans de la naissance de Lénine en avril 2020) ;
- l’invitation, pour la première fois, du KPRF de Ziouganov à Moscou (reportée en novembre) et, parallèlement, un texte envoyé par Pierre Pranchère à l’ambassade de Russie pour rappeler le rôle fondamental de l’URSS dans la victoire contre l’Allemagne nazie dans le cadre du 75 e anniversaire de la capitulation du IIIe Reich ;
- la participation à la manifestation en faveur des droits des Palestiniens le 27 juin 2020 ;
- le soutien et la réaffirmation des liens avec le parti Sadi du Mali ;
- l’important travail de relai et de publication des communiqués des partis-frères par Daniel Antonini, renforçant ainsi les liens interna- tionaux du PRCF ;
- des avancées dans le dossier Assange, les articles de notre camarade Aymeric Monville étant actuellement relayés et diffusés enSuisse, qui se présente comme le pays pouvant lui accorder un visa humanitaire ;
- la réorganisation progressivement mise en place du travail par régions, permettant ainsi une meilleure répartition des articles dans IC, site et papier.
V – TÂCHES IMMEDIATES du P.R.C.F.
- Tracts de l’été – Initiative Communiste – Aux luttes, aux entreprises ! Affiches de l’été
- Devenir de l’appel du 29 mai
- Le travail d’actualisation de notre programme doit suivre le rythme adopté par le C.C.
- Meeting du 100ème anniversaire
VI – TRANSITION GÉNÉRATIONNELLE au P.R.C.F.
Ce rapport se termine par une évocation de la nécessaire transition générationnelle dans le PRCF.
Pour finir, je dédie ce rapport aux camarades récemment disparus, tout particulièrement à Jean-Michel Favier, facteur à Auby, un modèle de communiste non seulement par ses idées, mais par savie tout entière que résumeraient les mots jovialité et « fraternité ».
Une pensée pour la camarade Frédérique Frémont, morte du coronavirus et pour les camarades, jeunes ou âgés, qui, sans en décéder, ont été frappés par cette saloperie et qui quelquefois, peinent à retrouver leur respiration.
Et une ultime pensée pour mon ami et frère Désiré Marle, métallo, délégué CGT historique des lamineurs lensois, président-fondateur du Comité Honecker de Solidarité Internationaliste : son généreux geste posthume envers le PRCF montre aux chrétiens qui seraient choqués de cette légation « peu catholique » que pour eux, comme l’eût dit Brassens, « Sans vergogne, / Évangile c’est de l’hébreu »…
Georges Gastaud – secrétaire national du PRCF
Version publique