Alors que la rentrée sociale et politique est lancée, le PRCF et ses militants se proposent, avec des analyses et propositions franchement communistes, de contribuer à une dynamique consciente et gagnante pour les travailleurs.
Extrait du rapport politique adopté par le comité central du PRCF en juin 2020.
Faillite du macronisme.
Souvenons-nous qu’au début de la crise, Macron hésitait entre ledéni de gravité et la criminelle théorie de l’« immunité collective », que la Suède et l’Angleterre de B. Johnson ont appliquée avec de macabres résultats. Rappelons que les gouvernements maastrichtiens français successifs, dont le macronisme est la quintessence, n’ont constitué aucune réserve renouvelable de masques, qu’ils ont détruit, y compris sous Buzyn, de nombreux hôpitaux et maternités de proximité, de services pneumologiques et cardiologiques, des dizaines de milliers de lits d’hôpital et de réanimation, qu’ils ont chanté les charmes fallacieux de l’ « ambulatoire », qu’ils ont détruit la psychiatrie « à la française », qu’ils ont laissé le pays régresser en-deçà d’un seuil de désindustrialisation tel que la France, 6ème puissance économique du monde, s’est révélée incapable de produire en urgence les matériels médicaux nécessaires. Voilà pour le quantitatif, résultat direct des injonctions austéritaires de l’UE (depuis 2010, plus de 42 sommations ont été adressées à la France par l’UE pour que notre pays réduise ses dépenses de santé!) et de l’arrimage du franc à la monnaie unique européenne, elle-même gagée sur le Deutsche Mark.
Quant à l’orientation stratégique de la soi-disant guerre faite à la COVID 19, si orientation stratégique il y eut, elle fut pire encore.
Mensonges d’État à répétition, notamment sur les masques et sur le dépistage, interdiction de fait de soigner lancée aux généralistes par le retrait pur et simple des pharmacies du plaquenil, qui y était encore, en décembre 2019, en vente libre, ou par la rareté organisée sur l’azythromycine (nous n’avons pas à porter jugement ici sur les traitements médicaux proposés, seulement sur la manière dont ont été traités patients à l’abandon et médecins de terrain). Ne parlons pas du total abandon des EHPAD, où l’on a condamné les personnes âgées dépendantes à mourir de suffocation sans pouvoir accéder à l’hôpital, voire à recevoir pour tout remède une dose mortelle d’hypnotique décidée par un seul médecin sans consultation de la famille. Du fait de l’état catastrophique des hôpitaux, du fait du mépris professé pour l’expérience médicale chinoise ou cubaine pourtant largement disponible, et malgré le dévouement des soignants risquant leur vie, des milliers de gens sont morts dans un isolement total, des dizaines de milliers de parents et d’amis n’ont pas pu faire le deuil de leurs défunts dans des conditions ordinaires, des millions de malades ont dû reporter leurs soins urgents et des millions d’isolés peu ou prou symptomatiques ont vécu dans l’angoisse sans pouvoir se faire tester… Combien de centaines de milliers de dépressions, combien d’infarctus et d’AVC non soignés à temps, combien de dépressions aggravées et de suicides à l’arrivée ?
Critique de l’État sanitaire profond :
Au-delà de la politique gouvernementale guidée par un mélange de considérations politiciennes et de conflits d’intérêts, beaucoup de concitoyens ont découvert que ce qui règle la politique sanitaire du pays, c’est une demi-douzaines d’instances plus mandarinales et coupées du terrain les unes que les autres, avec souvent des attaches avérées avec Sanofi, ce prétendu « champion français » du médicament (qui déclare lui-même qu’il donnerait priorité au marché nord-américain s’il inventait un vaccin, et qui s’apprête à supprimer des milliers de postes en France après avoir reçu force argent public!), ou avec le laboratoire étasunien Gilead, dont le souci premier semble être d’exclure du marché les molécules génériquées et connues depuis des décennies qui ne rapportent plus de bénéfice. Rien n’illustre mieux la malfaisance en France et dans le monde du capitalisme monopoliste d’État derrière la façade du « libéralisme ». Étrange « libéralisme » qui a consisté à interdire toute initiative thérapeutique aux milliers de médecins et de pharmaciens libéraux qui auraient voulu contribuer aux soins, voire aux expérimentations urgentes, pour pouvoir dire autre chose aux Français symptomatiques que « prenez du doliprane et téléphonez immédiatement au 15 si vous suffoquez » sans que rien puisse être tenté contre la charge virale elle-même et contre les éventuelles complications bactériologiques…
On vérifie ici deux choses : d’abord, qu’il faut revendiquer haut et fort la nationalisation-relocalisation des labos pharmaceutiques et de tout moyen de production indispensable à la souveraineté sanitaire de la France. Ensuite qu’il ne suffira pas, pour accomplir la révolution socialiste, de changer le gouvernement et le cap politique du pays ; il faudra aussi – et pas seulement dans la police, la justice et l’armée ! – bouleverser de fond en comble l’appareil d’État, le purger des éléments oligarchiques, parasitaires et prédateurs et mettre en place des mécanismes démocratiques permettant aux travailleurs de peser, non seulement sur les orientations législatives du pays, mais aussi sur l’exécution des décisions prises, que toute une part de ce haut fonctionnariat plein de morgue et lié aux monopoles capitalistes (dont le nouveau premier Ministre Jean Castex est la personnification) ne ferait que saboter. Et il en va de même des nationalisations qui doivent être un moyen pour étendre décisivement le pouvoir des collectifs de travailleurs et d’usagers dans le cadre d’une planification d’État démocratiquement organisée visant à reconstruire un « produire en France » éco-compatible et innovant. Au demeurant, au plus fort de la crise, nombre de « grands patrons » honnêtes des services hospitaliers ont découvert avec ravissement que l’initiative, le savoir-faire et l’esprit d’équipe des « petites mains » de l’hôpital, d’ordinaire étroitement soumises la hiérarchie, étaient un très grand facteur d’efficacité thérapeutique… Belle anticipation pratique de l’exigence de Lénine insistant dans ses textes ultimes sur l’idée que « le socialisme est l’œuvre vivante des masses » …
La réaction des couches sociales concernées par la crise a été politiquement très éclairante :
À la différence de la Chine, qui a immédiatement stoppé la production de Wuhan et du Hubei, ou même de la Corée du Sud, l’oligarchie néolibérale euro-atlantique, Trump et Johnson en tête, a été immédiatement tentée par la théorie de l’immunité collective, en clair par la devise dite spencériste « mort aux faibles ! » ; ces privilégiés n’ont commencé à penser confinement que lorsque des membres du gouvernement ou de l’élite économique, qui se croyaient hors de portée du virus, ont été durement frappés. Les CSP + des grandes villes et autres bobos ont étalé leur irresponsabilité et leur incapacité à s’appliquer la discipline sanitaire en se confinant et en se privant de certains plaisirs urbains. Drôle d’« élite de la nation » en vérité ! En réalité, dans un état d’urgence vitale pour le pays, ce sont, d’une part les petits et moyens fonctionnaires (soignant(e)s, pompiers, enseignant(e)s, postier(e)s, mais aussi, et en l’occurrence, policier(e)s de base contrôlant le confinement à leurs risques et périls), mais aussi classe ouvrière de l’agroalimentaire, de l’énergie et du transport (EDF, SNCF, bus, métro, conserveries, paysans, employé(e)s des grandes surfaces, qui ont porté le pays à bout de bras à la confusion des prétendues « premiers de cordée », dont le premier réflexe aura été de spéculer en bourse à partir de leur résidence secondaire…).
La bataille idéologique du PRCF durant la crise
Dans ces conditions difficiles, le PRCF s’est tenu à égale distance des postures anarchisantes et de l’esprit social-démocrate de soumission ; le pôle aura su faire montre de responsabilité sanitaire tout en refusant l’union sacrée derrière un pouvoir irresponsable et criminel. Constatant que, à la suite de l’incurie gouvernementale et à l’euro-austérité pluri-décennale, notre pays n’avait ni masques, ni tests, ni lits de réanimation en quantité suffisante, nous avons accepté le principe du confinement comme un moindre mal et nous avons pris position pour les syndicalistes de lutte qui réclamaient que ce confinement fût appliqué à toutes les activités industrielles et de service non directement vitales pour le pays, qu’il s’agisse des métallurgistes de Renault-Sandouville ou des usagers et personnels de l’enseignement. En même temps, nous nous sommes prononcés contre le confinement de classe de Pénicaud et du MEDEF, qui refusaient de distinguer entre activités vitales et non vitales. Nous avons réclamé la démission de l’incapable et arrogant Blanquer, qui mettait en péril la santé de millions de gens; de même nous condamnons la réouverture prématurée des frontières extérieures de l’UE alors que, mondialement, la pandémie continue de s’aggraver suite, principalement, à l’irresponsabilité de Trump et de Bolsonaro (Brésil).
Parallèlement, nous avons mobilisé I.C. et nos supports informatiques, notamment notre site (dont il faut féliciter les rédacteurs d’avoir publié un grand nombre d’articles originaux et d’études), pour mener la bataille d’idées sur le front politico-sanitaire sans oublier le reste de l’actu. Nous avons tenté de briser la loi du silence pratiquée par les confédérations syndicales et par la fausse gauche, PCF-PGE et direction de la CGT inclus, sur l’écrasante responsabilité de l’UE dans la casse du service public hospitalier, dénoncé la manière artificielle dont la nécessaire rigueur scientifique était opposée à l’urgence du soin, appelé à nationaliser Sanofi, rappelé qu’en régime capitaliste, la santé est un combat.
C’est encore plus nécessaire après les annonces de Macron en matière de déconfinement (14 juin) : cédant au MEDEF et ignorant la marée montante de la Covid au niveau mondial (USA, Brésil, Inde, nouveaux cas en Chine, etc.), engageant au petit bonheur des milliards d’argent public auprès d’un labo privé sur la production accélérée d’un hypothétique vaccin soustrait au principe de précaution, le pouvoir privilégie l’hypothèse d’une épidémie continuant à faire des centaines, voire des milliers de morts en France, mais à bas bruit, sur la durée et sans submersion politiquement insupportable des lits de réa. L’urgence politique pour nous, outre la nationalisation des labos pharmaceutiques, reste la sortie rapide de l’euro-UE et le refus de rembourser la « dette souveraine » pour que la France puisse à la fois se réindustrialiser, le faire dans des conditions éco-compatibles et reconstruire au plus tôt sa médecine de ville sinistrée, ses EHPAD et son système hospitalier public.