Prenant acte de la candidature à l’élection présidentielle de Jean-Luc Mélenchon, le patron du Parti communiste français (PCF), Fabien Roussel, a annoncé dans l’Humanité que le PCF songeait de plus en plus lui aussi à cette possibilité. Cette annonce n’a rien de surprenant quand on sait que le successeur de Pierre Laurent avait annoncé la couleur lors du 38e congrès et qu’il laisse entendre qu’une telle décision sera adoptée en 2022. Le PCF refuse désormais de servir de « porteur de valises » à Jean-Luc Mélenchon, qui aura tout de même réussi à obtenir le score de 19,6% lors de la dernière élection présidentielle. À l’époque, Jean-Luc Mélenchon formulait une dialectique claire – bien qu’incomplète pour le Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF) qui prône le Frexit progressiste afin d’engager la construction du socialisme – au sujet de l’UE : « on la change ou on la quitte ». En outre, le PCF lui-même s’était effacé en 2012 derrière la candidature Mélenchon et le défunt Front de gauche lors de l’élection présidentielle, avant qu’Hervé Poly, candidat déclaré à Hénin-Beaumont pour les élections législatives la même année, accepte de devenir le suppléant du même Jean-Luc Mélenchon.
Mais depuis, l’eau a coulé sous les ponts de la France Insoumise (FI), sous l’influence de Clémentine Autain qui appelait à un « big bang de la gauche radicale » après le camouflet des élections européennes de mai 2019 – la FI a obtenu 6,3%, alors que près d’un Français sur deux s’est abstenu –, un énième rassemblement d’« insoumis, communistes, anticapitalistes, socialistes et écologistes décidés à rompre avec le néolibéralisme », autrement dit autant de forces malheureusement euro-compatibles et eurobéates dont le positionnement va totalement à l’encontre et des intérêts et du positionnement politique de la grande majorité des classes populaires (à commencer par la classe ouvrière et par un nombre croissant de Gilets jaunes). La position euro-gauchiste est désormais portée par Manon Aubry, qui annonce clairement ne pas vouloir sortir de l’UE lors de son passage sur France Inter en mai dernier ; récemment, Éric Coquerel a ajouté à la confusion – et tant pis si Jean-Luc Mélenchon réclame de la clarté dans les débats à gauche : de toute évidence, il ne peut y en avoir au sujet de l’UE – en affirmant que la FI souhaitait sortir des traités européens mais pas de l’UE : comprenne qui pourra.
Vexé de n’avoir eu son propre candidat pour les deux dernières élections présidentielles, le PCF semble donc prêt à partir en campagne, ce qui n’augure rien de bon pour le moment. En effet, si le discours ressemble à celui de Ian Brossat, désireux de construire « l’Europe des gens et pas de l’argent » et qui refuse catégoriquement de sortir de l’UE – ce qui, selon lui, revient à être « nationaliste » –, alors le score déplorable de 2,5% (presque équivalent à celui obtenu par le Parti animaliste…) lors des élections européennes de 2019 (alors que certains militants du PCF affirmaient que le « communiste new-look » réalisait la meilleure campagne électorale d’un candidat communiste depuis… Georges Marchais en 1981) risque de se répéter, voire pire.
Car le véritable problème qui se pose pour 2022 n’est pas tant de savoir s’il faut une candidature communiste, mais s’il y aura un programme franchement communiste lors de l’élection présidentielle – au même titre d’ailleurs qu’un programme franchement insoumis à l’UE du capital. Or de ce point de vue, force est de constater que comme pour Jean-Luc Mélenchon – dont le plus fidèle lieutenant Adrien Quatennens évoque même la possibilité de s’entendre avec Arnaud Montebourg –, Fabien Roussel n’envisage pas plus actuellement de sortir de l’UE et de l’euro, conditions centrales pour tout projet de rupture (et non d’« abandon ») avec le capitalisme et de construction du socialisme. En effet, que valent les promesses d’une « fiscalité plus juste », de « planification écologique », de « sortie de l’OTAN » (dont l’UE est le partenaire stratégique !), etc., sans se donner les moyens d’accomplir souverainement ces projets, notamment à travers de vastes nationalisations – terme absent du texte adopté lors du 38e congrès du PCF – dans les secteurs-clés comme les transports, les énergies, les banques et assurances, les communications ou encore la sidérurgie, non pas temporairement mais structurellement afin d’engager la marche vers le socialisme.
Nous préférerions dire le contraire, mais force est de constater qu’à moins de 18 mois de l’élection présidentielle, ni Jean-Luc Mélenchon ni Fabien Roussel ne portent une candidature qui rompe franchement avec l’ordre capitaliste euro-atlantique, c’est-à-dire qui s’engage pour le Frexit progressiste. Ce n’est pas en effet en fricotant avec les pseudo « socialistes » (Hidalgo, Faure, même Montebourg) et « écologistes » (aussi bien Jadot que Piolle et Bayou), qui ont adopté, au même titre que la Macronie, les prétendus « Républicains » et le mensonger « Rassemblement national », la honteuse résolution assimilant le communisme au nazisme au sein du « Parlement européen » le 19 septembre 2019, que la FI et le PCF proposeront un grand rassemblement antifasciste, patriotique et populaire en mesure d’empêcher en 2022 un second tour cauchemardesque Macron/Biden-Le Pen/Trump. L’heure est pourtant aux tractations et à la resucée de la « gauche plurielle », en témoigne l’appel de Fabien Roussel à une candidature PS-EELV-PCF-FI dans les Hauts-de-France pour les élections régionales : drôle de façon d’incarner le « communisme du XXIe siècle » que de s’associer à des partis européistes, atlantistes, fédéralistes et contre-« réformistes », laquais au service des desiderata de la Commission européenne et du MEDEF dès qu’ils accèdent au pouvoir : la loi Chômage de Valls-El Khomri-Macron est-elle si loin que cela ?
Or une telle attitude n’a rien de local ni de circonstanciel : on a encore vu aux dernières élections municipales que partout où il le pouvait, y compris dans les circonscriptions où le PCF est dirigé par sa tendance dite « identitaire » comme dans le Pas-de-Calais), tout a été fait pour qu’il n’y ait pas de liste communiste indépendante dans les grandes villes. Ce fut notamment le cas emblématique à Lens où pour la première fois de son histoire, le PCF s’est fondu dès le 1er tour dans une liste dirigée par le maire sortant, le socialiste honteux qui cachait son étiquette et se référait vaguement à la gauche, Sylvain Robert, ou encore à Paris où Ian Brossat, toute honte bue, s’était allié à Anne Hidalgo – la nouvelle égérie des médias dits “progressistes” pour la présidentielle de 2022 – dès le premier tour à Paris. Et plus généralement, dans combien d’endroits le PCF actuel est-il matériellement et électoralement dépendant du PS, que ce soit aux municipales, aux régionales, aux sénatoriales ou aux législatives ?
Depuis des années, le PRCF ne cesse d’interpeller la FI et le PCF sur des sujets aussi centraux que la sortie de l’UE et de l’euro, l’indépendance nationale, la souveraineté populaire pleine et entière, les nationalisations démocratiquement planifiées, le combat contre toutes les manigances et les guerres de l’impérialisme états-unien et de ses alliés menaçant la paix dans le monde (Russie, Chine, Cuba, Venezuela, Syrie, Libye, Iran…), la défense ferme et implacable de la République une et indivisible, sociale et laïque, souveraine et démocratique, fraternelle et pacifique, francophone et internationaliste. Certes, quelques coups de menton et rodomontades sur la « souveraineté industrielle », « l’union des drapeaux rouge et tricolore » (comme ne cesse le marteler depuis des années le PRCF), la « sortie du capitalisme » ou encore le soutien à Cuba et – éventuellement – au Venezuela, existent ; mais ils ne sauraient constituer un solide socle en mesure de réaliser une Convergence nationale des résistances, aussi bien des syndicalistes de combat que des gilets jaunes, des patriotes sincèrement antifascistes et anti-européistes que des militants franchement communistes et franchement insoumis, des intellectuels progressistes que des artistes révolutionnaires, et plus généralement la convergence de tous les citoyens et les travailleurs qui veulent en finir avec l’euro, l’UE, l’OTAN et le capitalisme exterministe.
Autrement dit, une candidature “communiste” à la sauce PCF-PGE, sans un franc et entier contenu de classe, ne peut que déboucher sur des scores comparables à ceux de 2002 (3,37% pour l’euro-liquidateur Robert Hue, désormais fait chevalier de la Légion d’honneur par celui pour lequel il a voté dès le premier tour en 2017, Emmanuel Macron) et de 2007 quand Marie-George Buffet réalisa le misérable score de 1,93%, terminant derrière le Vendéen Philippe de Villiers. De même qu’une candidature insoumise se ralliant aux positions euro-gauchistes (donc euro-compatibles et, in fine, soumises à l’UE) et ne se débarrassant pas des éléments ambigus sur la question de la République une, indivisible et laïque, n’a aucune chance de réitérer le très bon score de 2017 ; à cette époque, la plus grande clarté (à défaut de la cohérence totale) du programme de la FI poussa le PRCF à soutenir de manière critique la candidature de Jean-Luc Mélenchon, certes de manière critique (notamment sur la question de l’UE) mais à la soutenir franchement et à contribuer à la dynamique militante de terrain.
Dans les conditions actuelles, une candidature “communiste”, outre le fait qu’elle se traduirait par un désastre électoral au premier tour, déboucherait sur un ralliement immédiat à Macron – comme ce fut le cas le 23 avril 2017 lorsque Pierre Laurent s’empressa d’appeler à “faire barrage” au FN à 20h10 -, à Hidalgo, voire même à Xavier Bertrand sous prétexte d’antifascisme ; un calcul dont nous pouvons “apprécier” le résultat aujourd’hui après plus de trois ans et demi de macronisme au pouvoir, Macron se révélant le principal carburant du prétendu “Rassemblement national” (au point de permettre l’arrivée au pouvoir de ce dernier ?).
Une candidature “communiste” émanant d’un PCF refusant de quitter le PGE, fournisseur généreux de subsides mais pas de militants ni de travailleurs, n’aurait aucun sens car elle rendrait caduque le principe même de la sortie de l’euro et de l’UE, pourtant indispensable pour engager la marche vers le socialisme, ce qui doit constituer l’horizon fondamental de toute candidature franchement communiste. Or en continuant de se soumettre à la “prison des peuples” européiste, il est tout simplement impossible d’envisager la moindre nationalisation, considérée comme une “entrave” à la “totale liberté de circulation” et à “l’économie de marché ouverte où la concurrence est libre et non faussée” promues par l’UE. Les nationalisations stratégiques, au même titre que la planification démocratique, sont pourtant vitales pour reconstituer le produire en France agricole et industriel, sauver les services publics et engager la construction du socialisme en faveur des travailleurs et des citoyens de France.
Aujourd’hui, force est de constater qu’il n’y a ni de candidature franchement insoumise, ni de candidature franchement communiste, autrement dit une candidature apte à porter une gauche antifasciste et anti-européiste, patriotique et internationaliste, populaire et républicaine ; autrement dit une gauche proposant un Frexit progressiste comme seule et unique alternative possible à l’ordre capitaliste euro-atlantique de Macron et de ses satellites, mais aussi de Le Pen et de ses clones (Dupont-Aignan en tête) qui ne veulent sortir ni de l’euro ni de l’UE, et encore moins du capitalisme – tout en soutenant mordicus le suprémaciste fascisant et anticommuniste Donald Trump. Seul un projet franchement communiste et franchement insoumis tel que celui porté par le PRCF, en faveur d’un véritable souverainisme émancipateur – car « la souveraineté nationale est le socle de l’émancipation sociale », comme le proclamait justement Jaurès –, est en mesure de faire échec au pronostic martelé par des médias aux ordres, tout heureux de faire monter la fausse « antisystème » Le Pen – qui bénéficie en outre du déversement quotidien de haine de la part des éditocrates et « experts » tels qu’Éric Zemmour, Pascal Praud, Gilles-William Goldnadel, Élisabeth Lévy, Charlotte d’Ornellas, les « Grandes Gueules » de RMC…
Voilà pourquoi, sur proposition du secrétariat national, le Comité central du PRCF a désigné Fadi Kassem, co-secrétaire national du PRCF, pour porter, avec l’aide de toutes les organisations locales du PRCF, de toutes les commissions nationales de travail et de tous les camarades du PRCF, l’indispensable pré-campagne politique pour que l’exigence naisse, du mouvement populaire lui-même, d’une candidature et d’un contenu franchement communistes et franchement insoumis à l’UE, totalement antifascistes et anticapitalistes, patriotiques et internationalistes, populaires et républicains. Ce n’est qu’en plaçant le monde du travail au centre de ce projet qu’il sera possible de construire les « nouveaux Jours heureux » dont les travailleurs et les citoyens de France ont urgemment besoin !
bonjour .je viens de finir l article et ne comprends pas bien la fin.le PRCF veut il lui aussi proposer un candidat ou peser sur les candidatures fi et pc???
Le PRCF propose un programme et une stratégie. Et il propose également un candidat à la candidature pour le porter. Sans exclure ni le dialogue ni le débat.
Mélenchon a -t-il lancé une OPA financière sur le PRCF.
Mélenchon qui a fait campagne pour le Oui à Maastricht, qui est resté 30 ans à la t^te du Ps pour privatiser tout, M2lenchon qui est contre le nucléaire civil mais pour la bombe atomique française, qui a soutenu l’intervention de l’Otan en Lybie, etc…..pauvre PRCF vous me décevez beaucoup.