invité le 19 novembre 2020 de la chaine d’information internationale RT, notre camarade Aymeric Monville a pu y alerter contre la fascisation en marche en France.
1. Bonjour M. Monville. Faites-vous partie de ceux qui trouvent à redire à cette nouvelle loi sécuritaire censée renforcer la sécurité de la police en France?
Pour mieux vous expliquer, permettez-moi de prendre quelques exemples : un chauffeur que des policiers étouffent avec une clé d’étranglement, un CRS qui pointe son arme à bout portant sur une foule non armée. Un conseiller du président lui-même déguisé en agent de police et battant sans retenue un individu lors d’une manifestation, ou encore un membre des compagnies républicaines de sécurité faisant un croc en jambe à un manifestant.
Ce sont là des images que nous avons vues récemment en France.
Si vous les supprimez, c’est un chèque en blanc sans limite et sans contrôle.
Alors que le gouvernement français sous Macron s’est distingué par sa répression des Gilets jaunes, il demande maintenant l’anonymat et l’impunité pour ces forces de l’ordre qui se sont si mal comportées.
2. En même temps, la loi n’interdit pas vraiment de filmer, mais veut plutôt contrôler l’usage criminel qui pourrait en être fait.
Cela a sans doute l’air aussi simple vu de l’extérieur, mais pour vous faire comprendre la situation ici : au cours des deux dernières années, depuis le début des Gilets jaunes, deux cents journalistes, comme le rapporte le journal L’Humanité, ont été blessés, arrêtés, ont vu leur équipement brisé ou se sont retrouvés en garde à vue.
Avec cette loi, la pression et les menaces vont aller en s’intensifiant.
Geneviève Legay, une femme de soixante-dix ans, a été chargée par les CRS lors d’une manifestation et jetée à terre. Contredit par des vidéos, le procureur a dû se rétracter.
Avec cette nouvelle loi, on aurait pu s’attendre à voir les journalistes relayant l’affaire subir des poursuites.
3. Voyez-vous une solution viable pour équilibrer la liberté de la presse et la sécurité des forces de l’ordre ?
La violence peut être utilisée dans le cadre de la loi lorsqu’il y a légitime défense ou si l’utilisation est strictement nécessaire et proportionnée. En réalité, seule la possibilité de filmer librement, sans contraintes, donne ces garanties.
Il serait préférable d’interdire les flashballs comme c’est le cas dans tant d’autres pays, ou d’interdire les techniques d’immobilisation dangereuses que sont le pliage et le placage ventral.
Mais le rapporteur de cette loi n’aime pas l’expression « violence policière » car il pense qu’il y a une violence légitime et une violence illégitime.
Pour résumer les choses, la France connaît une dérive bonapartiste autoritaire comme elle en a malheureusement souvent fait l’expérience dans son histoire.