initiative-communiste.fr s’est penché sur les résultats catastrophiques obtenus par les petits Français en mathématiques. Voici le second volet de l’enquête qui en compte trois au total. L’intégralité de l’article est à retrouver dans la revue Étincelles.
L’épisode précédent déjà paru expliquait 25 années de déconstruction maastrichienne de l’enseignement des mathématiques. Ce second épisode revient sur:
Une stratégie systémique s’appuyant sur un agenda politique de long terme.
Cette stratégie systémique s’appuie sur un agenda politique de long terme. Depuis les grandes grèves de 1968 et le voyage de De Gaulle à Baden-Baden, le choix de la désindustrialisation du Pays a été fait par des élites dirigeantes ayant définitivement peur du Peuple des usines. Dans le cadre de la désintégration de la République française dans l’espace marchand européen, l’industrie a été sacrifiée, et avec elle toutes les entreprises industrielles grosses et moyennes qui faisaient battre le cœur de l’innovation scientifique du Pays, mais aussi, et c’était inacceptable pour les Pompidou, les VGE et les Mitterrand le cœur de la lutte des classes. Ainsi, le pays qui avaient vu naître la science moderne et avec elle des industriels puissants et innovants (et réactionnaires) d’Eiffel à Citroën (premier constructeur automobile et ingénieur de talent tout comme Louis Renault !) se retirait sur la banque, le tourisme et pour seul secteur réellement productif, l’agro-industrie.
L’élite intellectuelle qui se formait à l’École Normale Supérieure, l’École Polytechnique, à l’École Centrale des Arts et Manufactures, à l’École des Arts et Métiers, dans les Écoles des Mines ou des Ponts, se dirige maintenant massivement vers les Écoles de Communication ou de Commerce. Sciences-Po et HEC sont maintenant le creuset d’une élite qui vomit le Creusot autant qu’elle méprise le peuple et l’ignore… Il n’est que de voir le CV de nos gouvernants et de constater que le Bac Blanquer est dépourvu de mathématiques pour 40% des élèves, tandis que son épreuve majeure est un grand oral directement inspiré de Sciences-Po et de son directeur Pierre Mathiot.
De plus, la désintégration de la République Française dans l’UE ne peut se faire qu’au prix de l’extermination des grands corps républicains qui la structurent. Une politique de terre brûlée à l’encontre des fonctionnaires d’État et des services publics nationaux a donc été menée. L’éducation nationale n’y a pas échappé, elle est le premier employeur de fonctionnaires d’État. Elle n’a pas été la seule, les agents de l’Équipement, grand corps scientifique et technique ont subi dans le même temps une quasi-extinction oblitérant toute planification effective pour faire face aux enjeux majeurs du changement climatique.
Pour ce qui concerne spécifiquement la discipline scolaire mathématique, l’élan émancipateur issu de la Libération avait permis, sous l’influence de différents scientifiques et mathématiciens progressistes, la mise en place d’un enseignement des mathématiques efficace et surtout suffisamment démocratique pour permettre à un nombre non négligeable d’enfants de la classe ouvrière d’accéder aux grandes écoles scientifiques, à l’enseignement et à la recherche. Cette atteinte à l’entre-soi des Élites gouvernantes était insupportable, elle voulait absolument y mettre fin : nuire à l’efficience de l’enseignement mathématique à la française était indispensable pour y parvenir. À la suite de différents coups portés d’abord par Jospin, puis Allègre et Lang en 2001, le très réactionnaire Fillon mit en place une école à deux vitesses via la loi portant son nom et mettant en place l’École du Socle de Compétence.
Ce coup fatal sera complété par le Socle de Compétence et de Culture de Peillon, puis par la réforme du Collège de Vallaud Belkacem, chaque réforme diminuant le nombre d’heures d’enseignement des mathématiques, vidant les programmes de leur contenu et arasant les dispositifs d’aide aux élèves sous couvert de mettre l’élève au centre de son parcours. Blanquer n’avait plus qu’à finir d’achever un lycée bien abîmé par Darcos en rendant les mathématiques optionnelles en Première.
En France, l’avenir est à la spéculation no border et à la communication made in fake news. La discipline à la mode pour se distinguer de la plèbe est devenue l’enseignement du globish (Wall Street English of course !), et la maitrise du PowerPoint passeports indispensables des anywhere…
Plus prosaïquement cela se paye aussi dans nos chairs : en pleine pandémie, aucune ligne de production de masques n’a pu être mise en œuvre par un industriel français sur le territoire national, tandis que la médecine et la pharmacie françaises montraient d’immenses lacunes tant scientifiques que matérielles, les plaçant de fait à la remorque du monde anglo-saxon !
Le naufrage de l’enseignement des mathématiques, c’est d’abord celui de l’émancipation intellectuelle et productive.
Le choix de la spéculation et de la dissolution dans l’UE, c’est celui du boniment et de l’obscurantisme.
À suivre …