Initiative communiste reproduit le texte d’un camarade du PRCF vivant aux États-Unis et spectateur au premier rang de l’assaut des partisans de Donald Trump au Capitole à Washington. Ce point de vue de l’auteur confirme que la fascisation frappe le monde, et notamment le soi-disant “modèle démocratique” qu’est la dictature impérialiste états-unienne.
Comme l’a rappelé le Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF) lors du résultat du mois de novembre, le salut des classes populaires ne peut venir ni du nationaliste et fascisant Trump, ni de Biden-Clinton, qui reprendra la politique de “mondialisation heureuse” et satisfera les desiderata du grand Capital et de l’impérialisme états-unien, y compris en poursuivant les offensives envers Cuba socialiste, le Venezuela bolivarien, le Nicaragua sandiniste, la Russie et la Chine – principal danger selon l’administration Biden.
A lire :
- Entretien exclusif avec John Catalinotto duWorkers World au sujet de la situation aux Etats-Unis.
- Trump, Biden : l’enjeu de la situation pour le peuple. Entretien avec Joe Kaye du mouvement social et progressiste aux États-Unis.
Comme l’avait si bien résumé Bertolt Brecht : “Le fascisme n’est pas le contraire de la démocratie [bourgeoise], mais son évolution en temps de crise”. Les États-Unis en offrent la plus spectaculaire démonstration de ces derniers temps, qui pourraient advenir en France avec le faux “duel” et vrai duo Macron-Le Pen, face auquel la seule alternative pour reconstruire une République une et indivisible, sociale et laïque, souveraine et démocratique, fraternelle et pacifique, réside dans l’alternative rouge-tricolore du Frexit progressiste !
Camarades,
Quelques milliers de prolos, de gens pas très éduqués mais très en colère se sont lancés contre le siège des institutions démo-crasseuses américaines. Trump et d’autres ont encouragé les foules à y aller, à reprendre le contrôle de leur Amérique. Quelque chose d’effrayant car j’anticipe la création d’un véritable mouvement d’extrême droite, d’un parti légitime fasciste à l’idéologie de suprématie blanche ; Hitler lui-même a été cité lors d’un discours à cette foule. Et le pauvres bougres suivent et vont probablement continuer de suivre vu les mesures d’austérité, les insécurités sociale et économique croissantes à la suite de cette crise économique et sanitaire. Trump l’a déjà indiqué : il ne va pas partir. Certes, il va quitter la Maison Blanche mais pas la scène politique, Si ces bougres avaient été noirs, ils n’auraient pas fait 100 mètres en direction du Capitole que des unités d’intervention paramilitaires de police leur seraient dégringolées sur le bout du nez.
Ce mouvement populiste d’extrême droite est bien propice aux capitalistes et autres néolibéraux. Ils suffit de voir qui sont ceux qui se sont précipités dans les médias pour exprimer leur outrage bien pensant : le Canada, le Royaume-Uni, l’UE, la France, l’Allemagne, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Japon, l’Inde, l’Organisation des États Américains (Amérique du Sud), l’OTAN, etc. En bref, tous les pays et organisations capitalistes se sont soudain unis et se sont jetés plein d’émoi au secours de la « democracy » en danger. D’autres, des individus, se sont joints au cortège hypocritico-bien pensant: l’Associations des Banquiers américains, les PDG de American Express, Apple, Blackrock, Blackstone, Bank of America, Chevron, Ford, CitiBank, General Motors, IBM, Google, etc. Le grand monde du capital a été « secoué » par ces prolos de droite et anticommunistes. Il est bien évident qu’au-delà de l’idéologie de ces petites gens, la plèbe semble bien avoir effrayé l’Oligarchie, ces oligarchies, outrées et offensées. Oh Mon Dieu! Ces gens, quel culot, et de plus Mossieur, il sont stupides et fascistes. Quelle Horreeeeur!
Car les jeux sont faits, la pseudo-dialectique d’une populace fasciste contre les élites du Capital se déroule sur tous les écrans pour tous les téléspectateurs.De quel côté êtes-vous ? C’est un peu comme le conflit entre Macron et Le Pen mais sur une plus grande échelle. Les élites amoureuses de la « liberté démocratique » contre les prolos racistes, ignares et laids (avec des tatouages et une tête de bison cornu en guise de chapeau, quel manque de goût !), des prolos en quête d’une impossible dignité qu’une Amérique mythique aurait quelque part, à quelqu’époque, accordé à sa population.
D’un point de vue de la politique domestique américaine, pour gérer la crise présente et catastrophique (une crise pré-pandémique sur laquelle se plaquent les conséquences de la pandémie), les élites ont deux choix principaux : soit inventer une autre guerre à l’étranger, ce qui n’est pas facile dans la présente situation économique et nécessiterait de « vendre » un autre conflit international à une population en totale insécurité ; les guerres (non-secrètes) ne sont pas de l’apanage démocrate, mais permettrait toujours de relancer l’économie de guerre (l’armée est le plus grand employeur fédéral dans ce pays et est une source importante de contrats civils en sous-traitance) ; soit inventer une « révolution de couleur » (tels ces événements à Washington) amenant au conflit entre le populisme de droite et l’élite capitaliste et financière. C’est tout a fait remarquable d’ingénuité politique, une pierre, deux coups : les populations non blanches et noires en particulier (majoritairement ouvrières de très bas salaires, sans spécialisation et les plus touchées par la crise économique et sanitaire) ainsi que tous les mouvements de gauche radicaux vont se retrouver face a un double conflit : un conflit racial et politique contre ces prolos blancs fascistes (aux revenus plus ou moins stables dans leurs localités souvent rurales mais pauvres dans un contexte urbain ou national), et d’un conflit contre l’oligarchie capitaliste et financière qui n’a absolument rien à faire des pauvres et des plus pauvres (Noirs) pour la bonne raison que rien ne peut être fait puisqu’il n’y a plus de travail (délocalisation, surexploitation et automation). De fait, les populations non-blanches se retrouveront acculées dans une austérité sans solution, et tout comme les mouvements de gauche se retrouveront coincés dans un étau politique : d’un côté, les prolos fascistes, nationalistes et anticommunistes et de l’autre l’oligarchie capitaliste transnationale libéral-libertaire et anti-communiste (divisée entre républicains, proto-fascistes, libertaires, petits et grands propriétaires, tous pour une taxation réduite à son minimum et démocrates, grands propriétaires, protection des actionnaires, néolibéraux et “libéraux” pseudo-progressistes).
Je ne peux faire de prédiction quant aux futures de ces communautés populaires sauf dire qu’elles seront encore plus surveillées, fichées, réprimées, divisées et aliénées. Mais le capitalisme monopoliste financier, lui, continuera de tourner comme sur des roulettes.
La stratégie, j’imagine, est d’occulter, de neutraliser, d’éradiquer, d’annuler absolument mais indirectement néanmoins efficacement les mouvements de gauche qui, inévitablement, se devraient d’apparaître en force au regard de la crise économique, la confusion sanitaire criminelle, les injustice socio-économiques et raciales, la répression violente des populations pauvres, etc. Macron et Le Pen vont bien s’empresser de racialiser la lutte des classes : c’est le mot d’ordre de Le Pen, et Macron, déjà, a anticipé les couleurs si je puis dire, en affirmant avec paternalisme « l’existence du privilège blanc », se posant ainsi comme défenseur de l’égalité raciale ce contre quoi Le Pen s’élèvera, etc. Les débats de demain sont en train d’être dessinés sans grande subtilité. La droite néolibérale va s’empresser de venir à représenter la démocratie, la tolérance, le multiculturalisme, le droit individuel, etc., en bref les États-Unis et leur “modèle démocratique”. Quant à Le Pen, elle fera comme d’habitude et prêchera son racisme nationaliste, l’identité franchouillarde, l’autoritarisme et l’ordre, les yeux larmoyant aux souvenirs de la France de Vichy. A quand le retour du service de police anticommuniste ou du service de police aux questions jui… pardon, musulmanes?
Il n’est plus question d’une dérive vers la droite : la politique de ces pays capitalistes ne sera plus qu’une politique de droite et d’extrême droite. Ces événements américains, je pense, ne sont que l’annonce à venir de la création d’un parti fasciste américain légitime en quête de pouvoir au nom du peuple, de la race, pour rendre sa grandeur à l’Amérique. L’alternative aux démocrates et républicains ne sera pas de gauche mais d’extrême droite, et ceci est une politique intentionnelle du Capital.
Il faut redoubler d’énergie contre le fascisme, l’anticommunisme et les capitalistes. La colère populaire est présente ici aux États-Unis, mais aussi en France : c’est à nous, communistes, d’engager une propagande de classe, c’est-à-dire de coopter ces mouvements populaires. Il en va de l’urgence ou le fascisme vaincra. En état de super-crise, le capitalisme ne peut être que ce qu’il est et ne peut plus maintenir son image “sociale-démocrate” : le voile est tombé, nous savons comment et pourquoi, il en revient à tous les communistes de combattre le fascisme. Le Parti Communiste a besoin de redevenir un parti de pouvoir.
No Pasaran !!!! Cette fois vraiment !