J.P. Väisänen, président du Parti communiste de Finlande (SKP), a accordé une interview à nos confrères de People Dispatch à propos de la politique du gouvernement de Sanna Marin pendant la pandémie et de sa politique étrangère, ainsi que des initiatives et les campagnes du parti communiste finlandais. Chacun pourra constater la grande convergence de vue entre le parti communiste de Finlande et le PRCF en France quant à la nécessité de sortir de l’Union Européenne et de l’OTAN.
Le 3 février 2021 — par Muhammed Shabeer
Légende photo : Manifestation du 1er mai en Finlance. (Photo: SKP)
traduction depuis l’anglais, commission internationale du PRCF
Peoples Dispatch : — Quel a été l’impact du COVID-19 en Finlande, en particulier sur la classe ouvrière ? Quelle a été l’efficacité de la réponse du gouvernement pour faire face à la crise sanitaire et sociale et commencer les vaccinations dans le pays ?
JP Väisänen (JP) : En Finlande, en Europe et dans la plus grande partie du monde capitaliste, nous vivons une crise 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. La lutte des classes est une lutte continue contre les coupes néolibérales dans les services de base et les droits des travailleurs. Le COVID-19 est une crise de plus à combattre. La machine capitaliste bourgeoise et monopoliste est bien préparée pour agir contre les besoins des gens en faveur des profits du grand capital.
Le COVID-19 a touché particulièrement les travailleurs précaires. De plus, les chômeurs de longue durée souffrent énormément. Les politiques de travail néolibérales actuelles fonctionnent avec l’idée d’opprimer les personnes ayant des emplois précaires et un esprit d’entreprise exacerbé.
Le gouvernement actuel dirigé par Sanna Marin a permis aux travailleurs indépendants de bénéficier d’une aide sociale et de 2 000 euros supplémentaires de subventions pour leurs entreprises. Dans le même temps, le gouvernement joue à des jeux déloyaux en soutenant les grandes entreprises. Par exemple, Business Finland (une organisation publique pour le financement de l’innovation et la promotion du commerce, des voyages et des investissements en Finlande, dirigée par le ministère finlandais de l’Emploi et de l’Économie) a distribué une aide financière de 179 millions aux grandes entreprises. Les centres pour le développement économique, les transports et l’environnement ont accordé des subventions aux grandes entreprises à hauteur d’environ 30 millions d’euros, et même aux entreprises qui ne respectaient pas la loi finlandaise sur les sociétés à responsabilité limitée, comme l’obligation de soumettre des états financiers au registre du commerce.
En raison de l’épidémie de coronavirus, le gouvernement a soutenu de grandes entreprises qui ne semblent pas avoir eu d’activité réelle ces dernières années. De plus, les difficultés financières de longue date n’ont pas empêché la distribution d’euros fiscaux, mais l’aide publique a effectivement permis de relancer les entreprises en faillite. En 2018, près de 2 000 entreprises soutenues par Business Finland n’ont pas payé d’impôt sur les sociétés parce qu’elles ont enregistré des pertes ou ont pu profiter de leurs anciennes pertes. Mais si vous étiez pauvre ou au chômage, vous ne bénéficiiez d’aucun traitement spécial pour cause de COVID-19.
Dès les premiers stades de la pandémie, le Parti communiste de Finlande a exigé que le gouvernement commence à verser 1 200 euros comme sécurité de base à tous ceux qui ne peuvent pas se la procurer par leur travail. La réponse du gouvernement de Sanna Marin pour faire face à la crise sanitaire et sociale a été d’aider les grandes entreprises en priorité pour qu’elles continuent à fonctionner. Le gouvernement a contracté des emprunts pour financer ces subventions aux entreprises et seuls quelques fonds sont allés aux municipalités pour qu’elles puissent assurer leurs services de base.
Selon l’opinion publique, le gouvernement n’a pas pris les mesures nécessaires pour traiter le COVID-19. L’Union finlandaise des aides-infirmières (SuPer) critique les autorités locales pour le manque de personnel et l’insuffisance des équipements de protection.
Selon le ministère de la Santé, concernant les dernières informations sur les vaccinations COVID-19, la population entière (5 millions) sera protégée. Le vaccin est volontaire et est offert gratuitement à tous ceux qui le souhaitent. Toutefois, selon l’agence National News (YLE), la Finlande a été, au début, l’un des pays de l’UE les plus lents à vacciner contre le COVID-19.
Peoples Dispatch : — Le gouvernement de coalition finlandais dirigé par la sociale-démocrate Sanna Marin a été salué dans le monde entier comme un exemple de responsabilisation des femmes et de politique progressiste. À votre avis, dans quelle mesure le gouvernement est-il progressiste, notamment en ce qui concerne ses politiques à l’égard des femmes, de la classe ouvrière, des jeunes et de la justice sociale ?
JP: Le gouvernement dirigé par Sanna Marin est certainement différent du gouvernement ouvertement axé sur l’austérité et dirigé par le millionnaire du parti du centre, Juha Sipilä (2015-2019). Le gouvernement de Sanna Marin donne de l’espoir à ses nombreux électeurs. Je suis tout à fait d’accord qu’il est important d’entendre et de voir les jeunes femmes dans les hautes sphères politiques. Mais, en fin de compte, son gouvernement n’a pas apporté de changement radical aux politiques mises en place depuis plusieurs décennies en Finlande.
Tous les partis de l’actuel gouvernement de coalition acceptent la logique de l’économie de marché néolibérale et du capitalisme. La gauche parlementaire en Finlande, le parti social-démocrate et l’alliance de gauche, considère le socialisme comme une question philosophique intéressante mais ne visent pas à construire le socialisme dans la pratique. L’impérialisme ne fait pas partie du vocabulaire de la gauche parlementaire finlandaise, qui ne veut pas lutter contre l’impérialisme.
Peoples Dispatch : — Qu’entendez-vous par des heures « KIKY » et quelles en sont les implications pour la classe ouvrière en Finlande ? Où en est la campagne du Parti communiste finlandais pour la réduction du nombre total d’heures de travail par jour ?
JP: Les heures « KIKY », c’est une vitrine brillante du néolibéralisme finlandais. Cela correspond aux heures que les travailleurs doivent fournir gratuitement pour des raisons de compétitivité. Jusqu’à un certain point, même les syndicats finlandais ont suivi cette folie, en exigeant que les travailleurs travaillent plus longtemps au nom de la compétitivité. Grâce aux récentes négociations sur les contrats de travail et aux résultats des élections législatives, les heures gratuites au nom de la compétitivité ont été supprimées.
Peoples Dispatch : — Pourquoi un gouvernement « progressiste » insiste-t-il pour augmenter les dépenses militaires en Finlande ? Que pense l’opinion publique à ce sujet ?
JP: La situation politique actuelle nous met au défi de renforcer le travail en faveur de paix. Le Parlement vient d’accorder au gouvernement de Sanna Marin le pouvoir d’acheter de nouveaux chasseurs HX pour remplacer les anciens avions de chasse. Une autorisation de commande de 9,4 milliards d’euros a été approuvée le 17 décembre 2020 dans le budget. Ce montant peut encore être dépassé en fonction de l’évolution des coûts et en raison d’autres contrats tels que l’achat d’armes et de pièces détachées. Les estimations des coûts du cycle de vie du projet d’avion de chasse se situent entre 20 et 30 milliards d’euros.
L’achat de nouveaux avions de chasse rapproche la Finlande de l’OTAN et provoque une crise économique. Nous devrions voler encore 20 ans avec les mêmes avions et remplacer les chasseurs aériens par des technologies plus modernes.
En Finlande, nous n’avons pas besoin d’une alliance de défense avec une quelconque puissance étrangère. Il faut dénoncer les accords militaires actuels, tels que l’accord avec le pays hôte, l’accord JEFF (Angleterre), l’accord d’intervention (France), les projets d’amitié et de partenariat de l’OTAN et le Fonds européen de défense, au nom de la consolidation de la paix, et adopter une politique de défense indépendante et crédible.
Je dirais que l’élite politique finlandaise va bientôt se réveiller de la crise de liquidités causée par l’accord sur les avions de chasse HX, à moins que le projet ne soit annulé. Tous les partis au Parlement s’étaient mis d’accord il y a des années sur un accord concernant l’achat de nouveaux avions de chasse. Le mouvement pacifiste finlandais s’oppose aux nouveaux contrats d’armement et à l’achat de tels avions. Le Parti communiste de Finlande est le seul parti à soutenir la revendication du mouvement pour la paix.
La Finlande doit se détacher de l’agitation de l’OTAN et de ses choix. Nous devons développer une politique de défense et de sécurité indépendante et crédible, basée sur la construction de la paix, garder nos voisins comme des voisins et non créer intentionnellement de nouveaux ennemis.
Peoples Dispatch : — Que pensez-vous de l’adhésion de la Finlande à l’Union européenne et de la coopération accrue avec l’OTAN ?
JP: Le Parti communiste de Finlande vise à sortir de l’UE et de ses structures capitalistes. Nous luttons également contre toutes les initiatives racistes, fascistes et nationalistes pour une Finlande plus fermée. Il est clair pour nous que nous n’envisageons pas une Finlande plus fermée, nationaliste et capitaliste comme une alternative à l’UE. C’est pourquoi nous considérons que la coopération avec les peuples européens et les sociétés civiles comme un effort nécessaire pour construire l’avenir. Cela implique une collaboration entre les sociétés civiles finlandaise et européenne, ainsi qu’entre les acteurs politiques des partis communistes et ouvriers et des partis de la gauche européenne.
La sortie de la Finlande de l’UE pourrait commencer par la sortie de l’Union économique et monétaire de l’UE. De même, nous devons rompre avec la politique de sécurité et de défense commune de l’UE et du Fonds européen de défense, qui fait de l’UE une union militaire.
Dans l’Humanité de ce vendredi est offert à l’anticommuniste Benjamin Coriat, économiste très atterrés et non moins anticommuniste, 2 pages d’interview pour faire la claque au concept vide de communs repris par EELV, le PS, LFI, Macron La droite même le Pen comme le Medef, concept qui permet de ne plus parler de renationalisation des services publics en monopole public des télécoms, de l’Energie en relançant le nucléaire civil, qui est l’énergie la plus propre contrairement à ce que raconte Coriat d’ELLV/LFI, la Poste, l’eau, les transports publics, la santé, la Pharmacie, la retraite, et même la banque et l’assurance. CE même Coriat tape à bras raccourcis sur la Chone communiste à la fin de son interview comme ses maître Trump et Biden comme Macron, Sarkozy et Hollande, alors que tous ces services publics sont nationalisés et en monopole public en Chine communiste avec une politique industrielle puissante et une planification à 5, 10, 2à et même 50 ans, ce qui fait et explique sa puissance et sa réussite face au COVID 19.
Coriat comme l’Humanité sont anticommunistes opposés aux renationalisations et à la planification à long terme et une politique industrielle forte comme en Chine communiste. CQFD