Trois graphiques. Trois petites courbes.
Ni plus, ni moins.
Mais ils suffisent à prouver la fin du monde. Je n’exagère pas : le monde tel que vous l’avez connu est en train de prendre fin. Les années de croissance économique… l’argent facile… la spéculation galopante… la consommation toute-puissante… mais aussi une certaine idée de l’Occident… tout cela est en train de disparaître. De se désagréger comme de la craie plongée dans du vinaigre.
Non seulement ça, mais comme le montrent les graphiques que vous découvrirez dans ce message, de nouveaux chocs nous attendent cette année… mais aussi en 2010 et en 2011.
Croyez-moi, vous pouvez dire adieu à la « reprise » tant vantée par les journaux.
Votre mode de vie — et celui de centaines de milliers de Français comme vous — en sera bouleversé. L’économie mondiale ne sera plus jamais la même (sans parler des marchés boursiers). Et votre épargne pourrait bien partir en fumée.
Voyons-le…
L’explosion du chômage US signe la fin de l’ère de la consommation toute-puissante
C’est impossible à ignorer : depuis le début du ralentissement, à l’automne dernier, le chômage a explosé. En France, on en est déjà à plus de 2 millions de chômeurs, avec un taux qui devrait dépasser les 10% d’ici la fin de l’année 2009. Mais aux États-Unis, la situation est pire encore. Déjà 4,4 millions d’emplois ont été supprimés.
Les médias annoncent un taux de chômage à 9,4%, ce qui est déjà assez effrayant. Mais comme le montre le tableau ci-dessus, les chiffres officiels sont bien au-dessous de la réalité. Parce qu’ils ne prennent pas en compte les travailleurs à temps partiel mais qui cherchent un emploi à plein temps… ni les travailleurs qui sont si découragés qu’ils ont cessé de chercher du travail, même s’ils sont encore au chômage.
Si l’on intègre ces données aux statistiques « officielles », le vrai taux de chômage américain est en fait plus près de 16% — un chiffre vertigineux.
Jusqu’où est-ce que cela pourrait aller ?
Eh bien, le krach actuel est déjà plus important, en termes de dollars, que tout ce que les États-Unis ont perdu en 1974. Et même à l’époque, 1% des emplois US avaient disparu. Appliquez la même recette aujourd’hui, et on parle d’un total de 13,2 millions d’Américains au chômage.
En fait, c’est quasiment le nombre d’emplois perdus durant la Grande Dépression des années 30.
Les emplois qui avaient disparu à l’époque ont été un « facteur multiplicateur » qui a transformé un krach boursier en dépression d’une décennie. Les pertes d’emploi record actuelles pourraient faire de même — dans une économie bien plus mondialisée. L’onde de choc se ressentira partout sur la planète.
Avec une moyenne de plus de 650 000 emplois disparus durant les premiers mois de l’année… les États-Unis pourraient supprimer jusqu’à 7,8 millions de postes rien qu’en 2009.
Des retraités forcés de se remettre au travail… des employés d’âge mûr se bousculant aux portes des salons de l’emploi étudiant… des étudiants qui prolongent leurs études pour ne pas avoir à entrer sur un marché du travail complètement bouché… Ce ne sont pas des gens qui vont se remettre à acheter de sitôt, croyez-moi.
En d’autres termes, ça fait 13 millions de personnes qui n’achètent pas de voitures ou de nouvelles maisons… 13 millions de personnes qui réduisent leurs courses au supermarché… 13 millions qui n’achètent pas de télévision à écran plat ou ne se rendent pas au centre commercial…
Les Américains ont même recommencé à épargner à des niveaux record.
Le taux d’épargne est passé de moins de 1% en 2001 à plus de 5% à l’heure où j’écris ces lignes. Rien que l’an dernier, ils ont mis de côté 45,5 milliards de dollars. Cette somme est la plus importante depuis qu’on a commencé à suivre les taux d’épargne américains… en 1959 ! Inquiétant ? Plutôt, oui.
Par ce que cela signe…
L’arrêt de mort de l’économie mondiale de consommation
Ces trois dernières décennies, les États-Unis sont passés du statut de plus grand producteur au monde… à celui de plus grand consommateur au monde.
Non pas des fabricants, mais des acheteurs.
Même aujourd’hui, alors que la crise lamine les ménages, 70% du PIB américain dépend des achats de consommation.
Sans acheteurs, pas de reprise.
Et contrairement à ce qui s’est passé durant les récentes baisses mineures — ou même les corrections majeures — les Américains sont en train de réapprendre une leçon vitale :
La loi de la responsabilité financière et personnelle est aussi irréversible que la loi de la gravité. Et aucun bureaucrate, aucun renflouage, aucun politicien d’aucun parti ne peut inverser ce principe.
C’est précisément ce qui rend une reprise « conventionnelle » et un retour à la normale absolument et entièrement impossible dans un futur proche. Certainement pas en 2009… pas en 2010… ni même en 2011.
C’est essentiel. Parce que le reste du monde — et je parle là du monde entier — compte sur les consommateurs américains pour relancer la machine économique. La France y compris. On a beau parler de la consommation interne et de l’Union européenne, le fait est que les États-Unis sont le cinquième client de la France… et le premier de l’Union européenne !
Sauf qu’il n’y a aucune chance de voir les États-Unis faire redémarrer l’économie mondiale… et à plus forte raison l’économie française. Mieux vaut ne pas miser tous vos investissements sur l’idée que ça arrivera… ou vous risquez des pertes encore plus considérables que celles qui ont déjà été encaissées.
Réfléchissez à cela : actuellement, la dette américaine privée frôle les 2 500 milliards de dollars.
Et on peut déjà voir le changement massif qui est en train de se produire lorsqu’on fait attention aux petits détails de la vie quotidienne…
Les panneaux « à vendre » ou « à louer » se multiplient dans les immeubles de bureaux et les magasins…
Le troc refait un retour en force ; les sites d’enchères et de bonnes affaires ne se sont jamais mieux portés. Les produits de luxe sont « out » (vous imaginez un peu ce que cela peut faire à l’économie française, qui dépend en grande partie de ses exportations de haute couture, parfum et autres produits raffinés…), l’économie et l’épargne sont de nouveau à la mode.
Pour la première fois de l’histoire, la Chine vend plus de voitures que les Etats-Unis. Les avions ont du mal à plus leurs places en première ou en classe business. Sans parler de la chute de 20% du fret aérien… tandis que les transporteurs par rail ou route sont en chute libre.
Les ventes au détail totales des États-Unis sont revenues à des niveaux qu’on n’avait pas vus depuis 2005. C’est un peu comme si toutes les boutiques ouvertes ces trois dernières années aux États-Unis étaient fermées du jour au lendemain.
Mais, intéressons-nous au deuxième raz-de-marée financier qui est sur le point d’arriver… et qui pourrait faire sombrer les dépenses de consommation — ainsi que les rêves d’une reprise basée sur la consommation — plus profondément encore.
Même si l’on n’en entend pas beaucoup parler par les politiciens ou les médias…
A côté de ce second raz-de-marée, la crise des subprimes n’est RIEN
Vous le savez : c’est une vague de défauts de paiement sur des prêts hypothécaires à risque, également appelés subprime, qui a déclenché l’effondrement économique entamé à l’automne 2008…
Ce que vous ne savez peut-être pas, c’est qu’une deuxième vague tout aussi toxique se prépare… avec une nouvelle salve de réajustements de taux… des sommes tout aussi importantes… et des conséquences potentielles tout aussi dévastatrices… voire plus. Vous pouvez le constater par vous-même, en fait, grâce au graphique ci-dessus.
Vous pouvez voir que le premier réajustement de taux de prêts subprime s’est produit pile au milieu de 2008. Et de nombreuses dépréciations bancaires… ainsi que des milliers de milliards de dollars de pertes boursières s’en sont suivi.
Cette deuxième vague de prêts immobiliers toxiques — une inondation qu’on appelle « prêts à taux variable (ARM) » ou prêts « Alt-A » — ne verra pas le sommet de ses réajustements avant 2011.
Quel est cette autre sorte de prêts toxiques ? Il s’agit cette fois-ci des prêts sophistiqués dont ont profité les Américains moyens… pour acheter des maisons dont personne n’imaginait que, deux ans plus tard, elles ne vaudraient plus qu’une fraction de leur prix de vente.
Et tout comme les prêts subprime de sinistre réputation, ces contrats comportent eux aussi un risque de réajustement de taux : les remboursements mensuels déjà élevés pourraient alors doubler — alors même que l’économie s’enfonce dans la plus grande récession depuis la Grande Dépression.
Des millions de consommateurs se retrouveront paralysés alors que leurs finances couleront comme du plomb… de nouvelles pertes bancaires lamineront l’épargne de millions de personnes… et l’impact du krach de la consommation sera une fois de plus « multiplié ». Le krach de l’automne 2008 pourrait se reproduire… et une nouvelle fois, dans le monde entier, des milliers de millions de personnes pourraient tout perdre.
L’effondrement total du billet vert américain
Toutes les bulles ont leur point de rupture.
C’est ce qui s’est déjà produit pour l’immobilier. C’est ce qui est arrivé avec le krach boursier. Et c’est ce qui est sur le point d’arriver au dollar US.
Le dollar a été la devise de référence du monde entier depuis des décennies, en s’appuyant sur la confiance dans l’économie US. Mais pendant combien est-ce que cela peut encore durer ?
La dette américaine frôle déjà les 11 000 milliards de dollars… 8 500 milliards ont déjà été mobilisés pour les renflouements… et 3 600 milliards de dollars de nouvelles dépenses sont déjà engagés. En tout et pour tout, il y en a pour plus de 150% de l’intégralité du PIB annuel des États-Unis !
Devant ce flot insensé, je vous conseille de vous protéger, vous et votre argent, pendant que c’est encore possible. Parce que la question principale, dans cette situation, c’est…
D’où provient cet argent ?
La vérité, c’est que chaque dollar englouti dans les plans de sauvetage doit être EMPRUNTE à d’autres… ou créé « à partir de rien », simplement en faisant marcher la planche à billets. Et la Fed ne se prive pas de le faire.
C’est mathématique : plus il y a de monnaie en circulation, plus la valeur individuelle de chaque billet et de chaque pièce diminue. Vous savez ce que cela signifie : de l’inflation. Et au rythme où la masse monétaire mondiale augmente en ce moment, ce ne sera pas les 2% qu’on veut nous faire gober actuellement… pas 5%… pas même les 14% connus dans les années 70… mais des taux insensés — pensez à l’Argentine en 2002… au Zimbabwe en 2008… à la République de Weimar dans les années 30.
Rappelez-vous que le moteur de ce phénomène est aux États-Unis… et qu’il a une raison claire et évidente de créer de l’inflation : c’est un moyen d’échapper à ses dettes. Pour les États-Unis, ce système de financement est une véritable « arnaque en pyramide », comme je l’ai décrit en 2006 dans mon livre L’Empire des Dettes. Et cet empire est en train de s’effondrer…
Les investisseurs du monde entier perdraient aussitôt toute confiance dans le système financier, et dans toutes les formes de richesse papier (ou électronique). Aucune autre devise n’est vraiment prête à prendre la place du dollar en tant que devise de réserve mondiale.
Durant un sérieux effondrement du billet vert, selon toutes probabilités, toutes les devises perdraient leur valeur. Il en résulterait une hausse fulgurante des prix mondiaux des actifs tangibles. L’hyperinflation se répandrait au reste de la planète comme une traînée de poudre.
Bill Bonner, analyste économique.