Initiative Communiste – Bonjour, pouvez-vous vous présenter s’il vous plait ?
Frédérique Fournier : Je m’appelle Frédérique Fournier, je suis aide-soignante dans une clinique de Vaugneray qui fait de la gériatrie et de la psychiatrie. Je suis déléguée syndicale CGT de la clinique depuis 2013.
Initiative Communiste – Pourriez-vous nous expliquer ce qu’il se passe dans votre clinique ?
Frédérique Fournier : C’est particulier pour nous, notre direction a changé en avril dernier. Nous avons eu une injonction de l’ARS depuis 2015, pour fermer 25 lits en psychiatrie, pour des patients qui doivent rester longtemps. À préciser que la clinique a environ 250 lits répartis entre gériatrie et psychiatrie, 25 lits de longue évolution en psy doivent être fermés d’ici la fin de l’année. La psychiatrie est différente des autres prises en charge: il faut du temps pour soigner les patients en psychiatrie. C’est donc une très mauvaise chose cette fermeture programmée au profit de l’ambulatoire qui nous est imposé par les politiques de santé.
Il y a donc une grosse restructuration de l’établissement qui va être mise en place. En ce moment il y a des « groupes » qui travaillent sur ces futurs changements. Il est déjà prévu qu’un service ferme, on réfléchit donc au sort des soignants.
Initiative Communiste – Depuis 30 ans, l’hôpital français est en train d’être désintégré au profit du privé. Comment vous le ressentez personnellement ?
Frédérique Fournier : Au niveau de la psychiatrie, pas vraiment pour le moment, mais au niveau du syndicat, oui, bien sûr. Au niveau du public, on le voit avec les EHPAD qui sont maintenant majoritairement tombés dans le domaine privé lucratif, avec des groupes comme KORIAN ou DOMUSVI entre autres.
Au niveau de la psychiatrie, on voit des cliniques privées assez spécialisées qui sont maintenant bien implantées et ça se développe. Les politiques de santé successives ont mis en place des systèmes de santé qui font dysfonctionner les établissements, et du coup les groupes privés à but lucratif s’implantent de plus en plus pour remplacer le service public.
Initiative Communiste – Pour parler de la pandémie du Coronavirus, comment la situation a été gérée dans votre établissement ?
Frédérique Fournier : Pour le personnel ça a été très difficile, au-delà de l’angoisse que pouvait générer cette maladie inconnue, et les risques pour celles et ceux ayant des pathologies à risque, il a fallu s’adapter et les personnes travaillant habituellement en psychiatrie ont dû aller en gériatrie , ce qui n’est pas si simple. Le personnel n’était pas forcément prêt pour ça.
Après cela, entre les ordres et les contre ordres de l’ARS, on ne savait plus où donner de la tête, c’était un vrai problème : mettre un masque, puis non, gel obligatoire, puis plus rien. C’était blanc ou noir, tout le temps au début. C’était très pénible pour tous les collègues.
Initiative Communiste – Et pour les vaccins ? Comment ça s’est passé dans votre clinique ?
Frédérique Fournier : Nous sommes approximativement 300 salariés, nous avons eu une proposition de vaccination pour les salariés de plus de 50 ans dans un premier temps. Actuellement, il y a environ 50 personnels soignants qui ont été vaccinés et les résidents de l’EHPAD qui le souhaitaient. En psychiatrie, peu de quelques résidents de plus de 50 ans ont été vaccinés également. Sinon les autres personnes de la clinique qui l’auraient souhaité n’ont pas eu accès au vaccin. Donc ce qu’on entend dans les médias « tout le monde est vacciné dans la santé », c’est complètement faux.
Initiative Communiste – Avez-vous eu du personnel embauché pour venir en aide dans cette période de crise ?
Frédérique Fournier : Absolument pas. On a travaillé en surégime, malgré la fermeture de services le personnel a été dispatché entre toutes les unités, pour renforcer tous les secteurs. Mais aucune embauche extérieure pour aider.
Initiative Communiste – Au PRCF, nous sommes pour une nationalisation de la santé pour une meilleure qualité, comme avant en somme ! Qu’en pensez-vous ?
Frédérique Fournier : Je suis complètement d’accord. Je travaille dans une clinique privée associative, pas une clinique privée à but lucratif. Je suis pour une santé 100% gratuite, avec une sécurité sociale qui prend en charge 100% des soins, du début jusqu’à la fin de la vie. L’hôpital public devrait pouvoir accueillir tout le monde ! C’est de plus en plus compliqué d’y avoir un rendez-vous.
La santé devrait être totalement publique, et non dévolue au secteur marchand !