Cela fait des années que le domaine de Grignon, cœur historique et scientifique de la recherche agronomique française, est menacé. En 2016, nous relayions déjà une menace de vente à l’émir du Qatar pour en faire un centre d’entrainement pour les footballers du PSG [ lire ici : Quand le gouvernement brade en catimini le domaine de Grignon, joyaux de la recherche agronomique, à l’émir du Qatar]. Mais le projet de liquidation n’est pas arrêté, bien au contraire, le régime Macron s’active pour détruire le site, cette fois-ci ce serait au profit de promoteurs immobiliers. Face à ce saccage d’un bien public historique et scientifique, les élèves ingénieurs des eaux et forêt – issus du prestigieux et sélectif concours agroparistech – ont lancé une action de blocage du site.
Rappelons que l’on ne parle pas ici que de quelques hectares anodins. Mais d’un domaine majeur s’agissant de l’agronomie et de la biologie, avec son musée du vivant, une collection d’arbres exceptionnelle (200 espèces) et une bibliothèque unique. Le site de près de 300 ha qui comporte également un château du XVIIe siècle, est classé. D’abord Institution royale agronomique de Grignon, cette école d’agriculture de Grignon changera plusieurs fois d’appellation : elle devient l’École impériale d’agriculture en 1852, l’École nationale d’agriculture en 1870, l’École nationale supérieure d’agronomie de Grignon en 1960 puis l’Institut national agronomique Paris-Grignon en 1971. C’est aujourd’hui AgroParisTech, ce qui en fait la plus ancienne des écoles d’agriculture et d’agronomie française. Il s’agit d’un des joyaux du patrimoine culturel et scientifique français qui est menacé.
Les militants du PRCF, à travers leur commission Écologie, appellent à soutenir cette juste mobilisation.
Retrouvez ci-dessous la vidéo et la tribune d’alerte diffusées par les étudiants en lutte, ainsi qu’une revue de presse concernant cette action.
Revue de presse :
- Reporterre (https://beta.reporterre.net/Les-etudiants-d-AgroParisTech-occupent-leur-ecole-pour-la-sauver-des-promoteurs),
- Bastamag (https://www.bastamag.net/Des-etudiants-en-agronomie-bloquent-le-domaine-de-Grignon-de-300-hectares-menace-de-destruction-artificialisation-terres-agricoles),
- Médiapart (https://www.mediapart.fr/journal/france/160321/grignon-les-etudiants-bloquent-le-site-pour-empecher-sa-privatisation?onglet=full)
Tribune – Stop Privatisation Grignon
signer la pétition en ligne : https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSeuwonvywbZopayRTiDAfWxeZZYFbxDjWsgD0_djv7q_SpU0Q/viewform?fbclid=IwAR0bjuxZyGwYJr0YOu_vzW2iRDQrOUQgZGtNtH2ZAbJOOXqLBBveMQ_tLbY
Stop à la privatisation, ne mettons pas notre patrimoine en danger, ne renonçons pas à la transition
Le site de Grignon, au cœur des Yvelines, est un atout précieux de notre patrimoine. Le château construit au XVIIème siècle, le parc de 290 ha, la forêt et son arboretum sont aujourd’hui mis en danger par la privatisation du site. Le 26 mars prochain, une phase importante du processus se termine : plus de nouvelles propositions, plus de modification du cahier des charges et plus de droit d’interruption de la vente de la part du ministre. Quatre propositions seront examinées. Dans la balance : intérêts financiers d’un côté, valorisation de la biodiversité, de la formation et du patrimoine de l’autre.
Sur le site de Grignon est implanté le campus des premières années d’AgroParisTech, école d’ingénieurs dans les sciences et industries du vivant et de l’environnement. Un centre de formation agronome occupe ce site depuis bientôt 200 ans. Dans le cadre du déménagement de l’école sur le plateau de Saclay, le directeur d’AgroParisTech a fait valider la vente de Grignon à 22 votes pour, 20 contre et 2 abstentions au cours du conseil d’administration de mars 2015. Depuis, les conditions de la vente et les projets des acheteurs sont restés obscurs, et une forte détérioration de la valeur patrimoniale et naturelle du site est à craindre.
Un groupe d’acteurs décisionnaires plus que restreint
L’État-Ministère de l’Agriculture et Ministère des Finances, et un jury de 4 personnes, voilà sur qui repose le choix de l’acheteur. Parmi les offres, il s’agit principalement de sociétés de construction et promoteurs privés, dont Altarea Cogedim, Novaxia, Grand Paris Aménagement. L’unique acheteur voulant conserver la visée écologique et éducative du site est Grignon 2000, une association composée d’habitants de la commune Thiverval-Grignon et d’anciens d’AgroParisTech. Ils projettent entre autres d’ouvrir l’accès du parc au public, de proposer l’accueil de colloques résidentiels grâce au château, et l’hébergement d’un centre de ressources sur les thèmes agriculture, alimentation, agro-industrie environnement et santé. L’absence de consultation des étudiants, des chercheurs et professeurs, du personnel AgroParisTech et des habitants de Thiverval-Grignon quant au rachat du site est à déplorer. Nous sommes pourtant impliqués, et désirons pouvoir peser en faveur de projets protégeant et valorisant le site exceptionnel de Grignon.
Un blocus du site, seul moyen d’action
Avec la ferme intention de protéger la valeur du site, un blocage étudiant a été voté lundi 15 mars lors d’une assemblée générale réunissant 264 des 336 étudiants de première année. Le « oui » l’a emporté avec 212 voix (environ 80% des présents). Il ne s’agit plus alors d’exprimer l’indignation d’une dizaine d’étudiants, mais bien d’empêcher l’État de décider à notre place, et à celles de toutes les autres personnes concernées par la préservation de cet espace d’exception. Nous sommes aujourd’hui 300 étudiants de l’école réunis au travers de ce mouvement pacifique, censé établir un dialogue qui aurait dû être instauré depuis longtemps.
Faisons entendre nos revendications
Nos objectifs sont multiples et doivent être entendus. D’une part interrompre le processus de vente avant la date butoir du 26 mars. D’autre part ouvrir un dialogue avec le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, lui-même ancien élève de Grignon, afin qu’une réévaluation des critères de choix concernant la vente soit co-construite avec les enseignants-chercheurs, les étudiants et le personnel d’AgroParisTech. De plus, nous réclamons, à nouveau, que des informations sur le jury du choix de l’acheteur soient rendues publiques, notamment sur leurs compétences à évaluer la richesse non économique de Grignon. Nous demandons que des informations sur les candidats et leurs projets concernant Grignon soient rendues publiques dans la mesure du possible. Nous réaffirmons par ce mouvement notre attachement au domaine de Grignon et à ses atouts historiques, scientifiques et écologiques. L’intérêt de ce site porte bien au-delà de l’enceinte d’AgroParisTech. Les enjeux mis en cause concernent toutes celles et ceux qui souhaitent voir se développer des projets d’avenir en termes d’écologie, d’éducation et de culture.