Dans une vidéo explicative, le site « Osons causer » analyse les dangers du projet Hercule : ce projet consiste à exploser EDF pour finaliser sa privatisation et sa destruction, en application des directives européennes. Une vidéo qui appelle donc à raison à soutenir et rejoindre dans l’action les agents d’EDF, GDF, RTE, Enedis etc… qui luttent contre ce projet et pour un service public unifié de l’énergie.
Après une journée nationale d’action le 25 mars, un nouveau temps fort de mobilisation est organisé par la CGT FNME le 8 avril prochain.
À lire :
- le dossier spécial Energie d’Initiative Communiste
- Stopper le projet Hercule : l’entretien avec R. Henry, délégué CGT Énergie à Marseille.
Une vidéo qui toutefois amène un expérimenté syndicaliste de l’énergie, Yves Cimbolini [1], à faire de salutaires précisions et mises au point. Des explications qui démontrent que le saccage et la privatisation du service public unifié de l’énergie EDF-GDF est bien le résultat des directives européennes. Une Union Européenne qui ne protège que les capitalistes dans leur entreprise de s’approprier et privatiser les services publics pour les mettre au service non plus de nous, les usagers et notre pays, mais bien exclusivement de leurs profits privés.
Pour rétablir notre service public unifié de l’énergie, au service des usagers, du pays et de ses besoins énergétiques et enjeux écologiques, un impératif s’impose, le Frexit progressiste. C’est le sens de la campagne pour une alternative rouge tricolore lancée par le PRCF en vue de 2022, représenté par son porte-parole Fadi Kassem. Avec par exemple la 8e des 30 mesures d’urgences proposées par les militants communistes.
Le financement d’EDF
« Tout d’abord les entreprises EDF et GDF sont issues de la loi de nationalisation des IEG (Industries électriques et gazières) promulguée par le ministre communiste de la Production industrielle Marcel Paul, le 8 avril 1946.
Cette loi émane d’une disposition du programme du Conseil National de la Résistance dit ‘’les jours heureux’’, qui a été adopté le 15 mars 1944.
Sur la question du financement des installations d’EDF au fil du temps, j’ai quelques petites remarques à faire par rapport à ce qui est dit dans la vidéo, tout particulièrement en ce qui concerne certaines idées reçues, qu’il va falloir démentir à tout prix.
Petit rappel : L’ARENH* est une conséquence de la loi NOME (Nouvelle organisation du marché de l’électricité) impulsée par l’UE et adoptée le 7 décembre 2010, (sous Sarkozy).
Enfin et c’est très important, contrairement à ce qui est dit, l’État (le contribuable) a très peu financé les investissements, qui l’ont été en grande partie par EDF.
Les centrales, le réseau et les outils de productions : payés et financés par le travail des agents EDF
Il faut aussi noter qu’EDF n’avait pas la liberté des prix, ce qui limitait ses capacités d’investissement.
Noter enfin que pendant 50 ans (de 1946 à 1996), EDF a dû indemniser les actionnaires des anciennes sociétés (ndlr : les sociétés privées avant la nationalisation qui ont été nationalisées pour former EDF-GDF), ce qui a couté très cher. Par cette disposition, ceux-ci se partageaient 1% du chiffre d’affaire annuel de l’entreprise.
Je passe sur les détails de cette affaire qui mériterait chapitre, mais sachez qu’au cours des dernières années une dizaine d’actionnaires se partageaient le gigantesque gâteau. [NDLR : demandez-vous pourquoi les agents EDF qui par tous les temps, jours et nuits, pendant les fêtes et les épidémies font tourner les centrales et réparent le réseau sont eux stigmatisés en permanence pour leur comité d’entreprise, et jamais ces anciens propriétaires qui ne travaillent eux tout simplement pas !]
Pour en venir au financement :
Si au début, l’État a doté EDF de fonds propres, notamment pour l’hydraulique, dès 1948 le financement a été supporté en grande partie par le plan Marshall et le recours aux emprunts bancaires, qui ont énormément couté à l’entreprise.
Dans les années 60, l’autofinancement (63%) et le recours à l’emprunt (30%) finançaient à plus de 90% les investissements.
Plus tard, pour le financement du nucléaire, l’État se désengagera presque totalement et EDF devra avoir recours à l’autofinancement et l’emprunt en dollars.
Or c’est l’État qui, malgré son désengagement, poussera EDF à emprunter en dollars sur le marché extérieur.
Une affaire qui s’est avérée très coûteuse pour l’entreprise.
Malgré ça, le prix de l’électricité était toujours maitrisé et parmi les plus bas du marché !
D’après Marcel Boiteux, ancien PDG d’EDF de 1967 à 1987 :
« …C’est plutôt l’État qui se nourrissait sur la bête en faisant assumer par l’établissement des charges qui, bien au-delà de ses obligations de service public, ne relevaient pas de sa mission… »
Marcel Boiteux – PDG d’EDF 1967 -1987
Il est important de comprendre cela, car les détracteurs et concurrents d’EDF, justifient la manne de l’ARENH *, par le fait que les installations auraient été payées par le contribuable (ce qui est totalement faux), et qu’ils ne font que réclamer leur dû. [NDLR : ce sont bien les électriciens gaziers en premier lieu par leur travail, les usagers en second lieu par leurs factures, qui ont financé la quasi totalité du patrimoine industriel et productif, du réseau d’EDF-GDF !]
Selon eux, EDF aurait été en quelque sorte avantagée par l’État.
Question : Est-ce que l’UE a prévu un autre 1%, cette fois-ci pour l’indemnisation d’EDF par les concurrents qui, grâce aux injonctions de Bruxelles, comptent récupérer les installations que l’entreprise a financées et entretenues par ses propres moyens ?
Je pense qu’on peut toujours espérer, mais faudra pas trop se bercer d’illusions.
De toute manière il n’est pas question de les leur concéder, aussi nous devrons mettre toute notre énergie en œuvre, contre ce qui mène à la privatisation de nos installations et notamment contre le plan Hercule.
L’Union Européenne attaque EDF au profit de ses concurrents privés
Le problème est que l’UE agit à l’avantage des concurrents du fournisseur historique et ce, au nom de sa sacro-sainte concurrence soi-disant libre et non faussée, que personnellement je qualifierais d’imposée et faussée.
Malgré tout, EDF a toujours pratiqué les tarifs les plus bas d’Europe et s’ils ont augmenté ces dernières années, c’est bien en grande partie à cause de la loi NOME voulue par l’UE, qui impose à EDF de rétrocéder un quart de sa production nucléaire en dessous du prix coutant à ses concurrents, mais aussi à cause de l’augmentation des tarifs régulés, imposée une fois de plus par l’UE, tout simplement pour permettre aux concurrents d’EDF d’être concurrentiels.
Sans oublier l’obligation d’achat faite à EDF concernant la production capricieuse issue des ENR, dont le prix dépasse largement celui de l’énergie produite par l’entreprise.
Tout ça encore au nom de la concurrence libre et non faussée, fameuse devise à géométrie variable de notre ‘’chère’’ UE.
Et c’est pas fini !
En effet, Bruxelles demande que la part de l’électricité nucléaire rétrocédée soit augmentée et que les tarifs régulés sautent, ce qui aura pour effet de déverrouiller les prix, pour une envolée qui ne sera pas à l’avantage des usagers.
Voici deux citations excellentes de l’ex-PDG d’EDF Marcel Boiteux qui datent de 2007 et résument bien la situation et que je ne me lasse pas de répéter.
«… À vrai dire Bruxelles a une autre raison de demander qu’on supprime les tarifs régulés, et autres tarifs de transition, c’est que, face à EDF, aucun concurrent ne peut survivre en pratiquant des prix aussi bas. S’il est producteur, il lui est impossible de prospérer sans la ‘’ rente nucléaire’’…»
Marcel Boiteux – PDG d’EDF 1967 -1987
« …Avec la suppression des tarifs régulés que demande Bruxelles, il ne s’agit donc plus, comme on pouvait le croire initialement, d’ouvrir la concurrence pour faire baisser les prix, mais d’élever les prix pour permettre la concurrence…».
Voila tout est dit, ou presque.
[1] Yves CIMBOLINI, ancien électrotechnicien du RTE-EDF
ARENH : Accès régulé à l’électricité nucléaire historique = tarif de vente obligatoire à prix préférentiels imposé à EDF pour ses concurrents, de façon à entretenir une concurrence artificielle, en application des directives européennes de libéralisation du marché de l’énergie.