Les « primaires à gauche », progrès de la « démocratie participative » ou bien nouvelle aggravation du verrouillage américano-maastrichtien sur la vie nationale ?
Faute d’analyser les raisons de fond qui, depuis des décennies, portent les travailleurs et les jeunes à bouder la « gauche » établie, tous « présidentiables » du P.« S. » préfèrent sauter comme des cabris sur leurs chaises respectives en criant « primaires, primaires, primaires ! ». Après Peillon, -l’eurodéputé qui a co-signé avec Gollnisch (FN) une motion amalgamant l’URSS de Stalingrad au Troisième Reich-, après Lang et Valls (les caniches roses de Sarko qui appellent « courageusement » à dissoudre leur parti comme le méprisable Hue appelle à « dépasser » le PCF…), voilà Mme Aubry qui rallie le camp des « primaires » en appliquant le vieux mot d’ordre de tous les dirigeants sans caractère : « je suis leur chef, donc je les suis » !
le canard enchaîné du mercredi 2 septembre
1°) les causes profondes de la crise du PS et de la « gauche établie ».
En réalité, la désaffection du peuple français à l’égard de la social-démocratie n’est pas due au mode de désignation du candidat PS aux présidentielles : il est démocratique que les adhérents d’un parti, qui paient de leur personne et qui disposent en principe d’une réflexion collective, désignent eux-mêmes leurs candidats à l’issue de débats politiques portant sur des programmes ; étant entendu qu’ensuite, le peuple tranche souverainement. La cause profonde du rejet que subit le PS réside en fait dans sa politique anti-populaire. Le PS n’est arrivé au pouvoir en 81 qu’en donnant à la bourgeoisie des gages répétés d’anticommunisme et d’antisoviétisme. Mitterrand a déclaré dès 73 au congrès de l’Internationale socialiste, qu’il n’avait signé le programme commun que pour mieux « prendre 3 millions de voix au PC ». Au même moment, le MEDEF de l’époque déclarait : « on ne fait pas la même politique sociale avec un PC à 20% et avec un PC à 10% ». Après quelques mesures destinées à endormir le peuple et à attirer les communistes dans son gouvernement de gestion du capitalisme, ce fut dès 83 le « tournant européen de la rigueur » conduit par J. Delors, papa de Mme Aubry et relais de Bruxelles dans le gouvernement PS auquel participaient les « communistes » Fiterman, Le Pors, Rigout et Ralite. Dans le même temps, le PCF en pleine mue social-démocrate (abandon de la dictature du prolétariat : 76 ; abandon de l’ « internationalisme prolétarien » et adhésion à l’ « euro »-communisme : 79) s’avérait incapable de combattre un virage à droite du PS que la direction du parti entretenait elle-même par ses reniements, nourris par les « refondateurs ». En 92, le PCF de Marchais eut cependant un sursaut méritoire en combattant le Traité de Maastricht qui, parrainé par Mitterrand et Chirac, ouvrait la voie à la casse de la nation, des acquis sociaux, du « produire en France » et des services publics. Mais dès 96, le 29ème congrès du PCF, dit de « mutation » enterrait cette grande lutte anti-Maastricht (le non avait eu 49% des voix !) ainsi que les grèves anti-Maastricht de 95, et il renonçait à exiger l’abrogation du traité de Maastricht comme condition pour participer à un gouvernement PS. Pendant cinq ans, le gouvernement Jospin supervisé par Chirac et soutenu par Buffet et Gayssot, allait privatiser à tour de bras, installer l’euro, aider au dépeçage US de la Yougoslavie, dévaster l’Education nationale avec C. Allègre. Ainsi fut préparé le second tour désastreux de 2002 où Le Pen devança Jospin et mit la gauche en état de choc…
Et depuis lors, le PS a-t-il retrouvé des couleurs en faisant une « cure d’opposition » ? Nullement. Il a appelé à voter oui à la constitution européenne, quitte à heurter la majorité écrasante des ouvriers et des employés, qui ont voté non. Ses députés ont majoritairement voté avec l’UMP et Bayrou le Traité de Lisbonne, copie conforme de la constitution recalée par le peuple. Deux dirigeants du PS, Lamy (OMC) et Strauss-Kahn (FMI) pilotent la mondialisation capitaliste. Lors de sa campagne présidentielle, Royal n’a défini aucune perspective anti-libérale et elle a même désavoué toute augmentation significative du SMIG. A la sortie des présidentielles, les rats politiques Lang, Kouchner, Besson, etc. se sont précipités à la gamelle sarkozyste sans même être exclus du PS. C’est le « mitterrrandiste » Attali qui a cadré la rupture sarkozyste, y compris le tournant actuel de substitution du « tout-anglais » au français en violation de la constitution. En ce moment même, Judas Rocard, inspiré par Sarkohn-Bendit, est chargé par Sarko de mettre en musique la « taxe carbone », prélevée sur les salariés pour remplacer la taxe professionnelle qui pesait auparavant sur le patronat…
2°) On ne reconstruira pas le camp progressiste en s’alignant sur les « conseils » des sarko-médias.
Les batailles internes au PS sont donc un symptôme, et nullement la cause de la crise du PS. La réalité c’est que, malgré la souffrance de la minorité de militants socialistes demeurée fidèle aux idéaux de Jaurès, le PS a cessé depuis longtemps d’être un endroit décent pour un militant progressiste. Qu’a donc de socialiste, qu’a de simplement républicain un parti qui se laisse imposer du dehors, par la pression des médias bourgeois, voire de la presse américaine (qui a lancé la candidature Royal fin 2006), ses candidats et leur mode de sélection ? Demain, si les « primaires » sont décidées, les sarko-sondages désigneront aux « sympathisants » le candidat « socialiste » ou sarkohn-benditien prétendument « le mieux placé pour battre Sarkozy »… en évitant tout débat de contenu et en sélectionnant si possible une personnalité incapable de bousculer « Sarko l’Américain ». C’est ainsi qu’a hélas fonctionné, vingt ans avant le PS et sous la pression impitoyable de Mitterrand, la direction du PCF quand, par électoralisme, elle a renoncé à sa mission traditionnelle d’avant-garde marxiste pour s’aligner sur les « attentes des gens », c’est-à-dire sur les idées pseudo-« novatrices » que les médias mettent dans la tête des citoyens les moins politisés… (et qui n’ont jamais voté PCF pour autant !). Souvenons-nous de G. Marchais : malgré ses qualités de tribun ouvrier, ce dirigeant rejeta la référence à la dictature du prolétariat lors d’une émission de grande écoute en 76 en court-circuitant le débat interne au PCF ; plus tard, il crut « moderne », d’annoncer de… New-York son hostilité au principe communiste du centralisme démocratique ; ne parlons pas du désolant R. Hue qui dirigeait le PCF l’œil rivé sur les sondages et qui, en 1997, cautionna l’émission de Cavada qui lança le fascisant « livre noir du communisme »… L’adhésion totale du PCF mutant à l’anti-léninisme l’a conduit par la suite aux scores les plus bas de l’histoire du PCF !
3°) Des « primaires de toute la gauche » pour liquider l’opposition populaire anti-Maastricht et détruire l’espace de la renaissance communiste !
L’autre piège, c’est celui des prétendues « primaires de toute la gauche » qui officialiseraient en réalité l’officialisation l’hégémonie du PS ou du mouvement super-maastrichtien et anti-national de Sarkohn-Bendit, avec l’effacement quasi-institutionnel des communistes (c’est bien parti avec le « front de gauche » !) et de toute autre force à la gauche du PS qui serait ainsi traitée de « diviseuse » si elle osait « violer le choix démocratique des électeurs de gauche » (question : à quoi reconnaît-on d’ailleurs un « électeur de gauche » d’un sous-marin bleu ?). Bref, les primaires de toute la gauche » ne sont pas conçues pour « rénover » la gauche française délabrée par des décennies de reniements, mais pour la liquider, pour mettre en place un « parti démocrate » à l’américaine et pour balayer l’héritage du mouvement ouvrier français, pour détruire l’espace d’une vraie renaissance communiste et empêcher l’émergence d’une force d’alternative populaire, républicaine, unitaire et anti-Maastricht : ce schéma a déjà fonctionné en Italie, où avec l’aide des liquidateurs du PCI, la gauche, y compris social-démocrate, est marginalisée. De la sorte, le Parti Maastrichtien Unique (PMU) serait institutionnalisé pour longtemps… et le fascisant régime UMP pourrait dormir sur ses deux oreilles tout en accélérant la casse de la nation.
Plus que jamais l’alternative est ailleurs que dans ces manips politicardes. Plus que jamais le PRCF, qui a écrit à l’ensemble des organisations franchement communistes pour proposer l’action commune, travaille à reconstruire un outil franchement communiste dans notre pays. Si l’UMP peut aujourd’hui s’aligner sans honte sur l’extrême droite, si le PS n’est même plus rose pâle, c’est fondamentalement parce que le PC mutant a rompu avec son héritage marxiste, et cela au moment où notre classe ouvrière a le plus grand besoin d’un parti à elle pour affronter la tempête capitaliste ! Pour stopper la fascisante dérive à droite de la vie politique nationale, pour jeter l’ancre à gauche, il faut reconstruire la force communiste et promouvoir une alternative républicaine fondée sur la rupture de la France avec l’UE du capital et sur la reprise actualisée des principes du CNR. C’est dans cet esprit que le PRCF appelle les vrais forces progressistes à assurer le succès du Colloque prévu le 10 octobre prochain à Paris sur ces thèmes qui n’ont rien de « primaire ».