Ce 21 juin 2021, les scientifiques cubains de la CIGB (centre d’ingénierie génétique et biotechnologique) ont annoncé au terme de 13 mois de développement et d’essais thérapeutiques avoir réussi le développement d’un vaccin contre le covid-19. Un vaccin à protéine unitaire, Abdala, dont l’efficacité est de 92,3% au terme du schéma vaccinal de 3 doses,. Efficacité évaluée selon les standards internationaux de l’Organisation Mondiale de la Santé. Efficacité d’autant plus remarquable qu’elle concerne la souche première du covid-19 mais également les variants alpha (anglais), béta (brésilien) et Gamma. C’est évidemment un succès scientifique et symbolique pour Cuba socialiste, petit pays de seulement 11 millions d’habitants. Mais surtout un grand espoir pour la population cubaine qui va ainsi pouvoir être vaccinée d’ici le mois d’août, et plus largement pour de très nombreux pays d’Amérique latine, d’Afrique, et plus largement du Sud, qui sont privés d’accès aux vaccins en raison des prix pratiqués par les laboratoires capitalistes occidentaux. Abdala n’est pas le seul vaccin contre le covid-19 développé par Cuba qui travaille en parallèle sur 5 solutions vaccinales. Le vaccin Soberana – et notamment Soberana 02 – est en cours d’achever ses essais de phase 3. Avec déjà une efficacité démontrée de plus de 60% au termes de la deuxième des trois doses de son schéma vaccinal qui s’effectue en 28 jours, soit beaucoup plus rapidement que le schéma vaccinal pratiqué actuellement en France. Il est à noter que la technologie de vaccins cubain, en reposant sur la technique des protéines unitaires, est à la fois l’une des plus modernes, et l’une des plus sûres. En effet, elle n’emploie pas de technique de génétique comme le vaccins à ARN (Pfizzer, Moderna) ou les vaccins à virus modifié d’ADN (SputnikV, Astrazeneca, Johnson), ni de virus du covid-19 atténué ou inactivé (Sinovac).
À ce jour, 889 000 doses du vaccins Abdala ont déjà été injectées à Cuba, alors que le processus de vaccination a débuté le 10 mai dernier. Une campagne de vaccination qui a déjà bénéficié à 30 000 travailleurs du secteur de la santé publique.
Un résultat obtenu alors que Cuba subit un renforcement du blocus par les USA : Cuba sauve des vies
Cuba socialiste a réussi en 13 mois ce que la 6e économie mondiale qu’est la France avec ses multinationales bénéficiant de milliards d’euros de capitaux n’a pas réussi. Question de priorité politique, et d’efficacité économique et scientifique. Car Cuba socialiste place la santé, l’un des besoins humains fondamentaux en premier, là où l’unique priorité du système capitaliste est le profit de ses milliardaires. Un résultat d’autant plus remarquable que les États-Unis, poursuivant leur politique criminelle contre Cuba, on profité de la pandémie de covid-19 et de ses ravages sur l’économie mondiale pour durcir le blocus frappant Cuba. L’île est ainsi soumis à un terrible état de siège, malheureusement soutenu par les vassaux des USA, Union Européenne en tête et suivi par la France. Tout en envoyant des équipes médicales dans des dizaines de pays pour aider à combattre la pandémie, y compris pour ce qui concerne la France en Martinique, Cuba a partagé ses traitements, notamment son Interferon alpha. Et donc réussi à développer deux vaccins contre le covid très efficace.
Le président Cubain Miguel Diaz Canel Bermudez a souligné le travail des scientifiques cubains » on se sent fier d’être cubain et d’avoir des compatriotes commes vous ».
Nous sommes – a-t-il dit – sous l’émotion des résultats scientifiques que vous avez obtenus et de l’exploit que ce pays a réalisé, qui en moins de 48 heures a donné deux nouvelles consécutives qui sont des jalons scientifiques d’une petite île. Une petite île qui a subi un blocus, qui a été abattue, mais nous sommes en vie, entre autres, grâce à ces résultats.
Je vois ce résultat – a-t-il ajouté – « sous le sentiment d’admiration que nous éprouvons pour vous et de gratitude, parce qu’avec ces choses, notre peuple est sauvé, et avec ces choses, nous contribuons à rendre réelle cette conviction que Cuba sauve des vies au milieu de cette pandémie.
Les résultats sont vraiment impressionnants, a-t-il répété. Il s’est souvenu des premiers jours de la pandémie, lorsque « j’étais convaincu que les pays pauvres n’allaient pas pouvoir disposer en peu de temps des vaccins que le monde riche produisait afin de donner la priorité aux riches.
« C’est pourquoi j’ai demandé à nos scientifiques, avec la conviction, avec la certitude que nous pouvions le faire, qu’il était nécessaire d’avoir des vaccins cubains pour être souverain dans cette situation.
Nous, a-t-il ajouté, faisons partie des rares personnes qui, disposant des vaccins pour résoudre les problèmes de Cuba, réfléchissent à la manière dont, avec ces mêmes vaccins, nous pouvons résoudre les problèmes de millions de personnes dans le monde, et surtout des millions de personnes qui ont moins et vivent aujourd’hui dans une énorme incertitude causée par la maladie.
Vous avez donné une réponse en treize mois – a-t-il répété – dans un pays qui, en pleine pandémie, a été plus bloqué. La persécution financière s’est intensifiée, vous avez tout fait pour que pas une goutte de carburant n’arrive, vous avez tout fait pour que les médicaments n’arrivent pas.
Au milieu de tout cela, et sans les millions de dollars qu’un projet comme celui-ci nécessitait, nous avons ces résultats. Et cela « n’a été sauvé que par votre cœur, qui vaut des millions, et les millions de raisons que vous avez défendues, parce que vous avez pensé aux millions de Cubains et aux millions dans le monde qui pourraient en bénéficier.
Ici, a réfléchi plus tard le Premier Secrétaire du Parti, « il y a un fait d’énorme loyauté et fidélité à la pensée fondatrice de Fidel par rapport au développement de la biotechnologie, puis à l’idée d’amélioration de Raúl, passant d’un plan budgétisé à un plan d’affaires ; et cela a aussi à voir avec un hommage aux fondateurs, comme le Dr. Luis Herrera et d’autres qui sont ici aujourd’hui, aux générations qui sont passées, et où tous ont grandi avec ces résultats ».
Ce taux d’efficacité de 92,28 % », a répété le Président avec émotion, « nous place à un niveau avant-gardiste, à l’avant-garde ».
« Fidel, avec cette formidable confiance qu’il avait, a dit un jour que c’était un grand centre qui allait avoir de grands résultats scientifiques. Et c’est un grand résultat scientifique, avec lequel vous avez démontré la grandeur de ce centre et la fidélité à cette pensée. »
« Au nom de Cuba, félicitations », a finalement dit M. Díaz-Canel aux chercheurs du CIGB qui ont travaillé à la création de l’Abdala, qui est déjà un vaccin anti-COVID-19.
Près de 5 millions de doses de Abdala et Soberana 02 injectées.
Au 21 juin, les Cubains ont bénéficié de l’injection de 4 855 270 doses des vaccins cubains Soberana 02 et Abdala :
- 2 244 336 Cubains ont eu leur première dose de vaccins
- 1 70524 2 ont eu deux doses de vaccins
- 905 692 Cubains sont totalement vaccinés avec les trois doses
Alors que 22,6% des Cubains seront vaccinés ce mois de juin, ils seront 70% au cours du mois d’août permettant d’approcher une immunité globale, et ce en 4 mois. Rappelons que la France, pays riche, qui aurait pu démarrer dès le mois de novembre sa campagne de vaccination avec le vaccin Sputnik et qui dispose des vaccins Pfizer, Moderna et Astrazeneka depuis janvier – contrairement à Cuba qui en est privé en raison de leur prix et du blocus – n’a en 6 mois vacciné que 18 millions de personnes, soit 27% de la population, et au rythme de la campagne française de vaccination, une couverture vaccinale de 60% ne serait atteinte… qu’en octobre !
Rappelons que pour aider Cuba à vacciner, malgré les difficultés énormes causées par le blocus américain, chacun peut contribuer : cliquer ici
Des vaccins cubains pour les enfants
Au-delà des essais cliniques de phase III en cours d’achèvement pour Soberana 02, les médecins cubains conduisent également un essai clinique pour les vaccins Soberana 01 et 02 auprès des enfants et jeunes de 5 à 18 ans. Un essai qui débute sur les jeunes de 12 à 18 ans.
jbc pour www.initiative-communiste.fr
Onze questions et réponses courantes sur la stratégie d’immunisation à Cuba
L’intervention sanitaire dans les groupes et les territoires à risque, approuvée par le ministère de la Santé publique (minsap) – qui s’est déroulée dans plusieurs provinces depuis le mois de mai et accumule déjà près de 4 millions de doses appliquées – a suscité de nombreuses questions au sein de la population en raison de la complexité logistique et du nombre de personnes à vacciner.
Sur le site du Minsap, la Dre Sonia Resik Aguirre, chercheuse principale dans le cadre de l’intervention sanitaire avec le candidat-vaccin Abdala et responsable du Département de virologie de l’Institut de médecine tropicale Pedro Kouri (ipk), et la Dre Belkis Galindo Santana, épidémiologiste de l’ipk, responsable de la surveillance des effets indésirables dans le cadre du Programme national d’immunisation, ont apporté quelques réponses.
— Quand sera-t-il possible de vacciner l’ensemble de la population cubaine ?
La vaccination pourra devenir une vaccination de masse une fois que les candidats-vaccins auront obtenu l’autorisation d’utilisation d’urgence ou seront enregistrés par l’autorité réglementaire cubaine, à savoir le Centre de contrôle étatique des médicaments, des équipements et des dispositifs médicaux. À partir de ce moment-là, le vaccin sera appliqué à l’ensemble de la population cubaine sur la base du volontariat.
L’autorisation de l’utilisation d’urgence est sollicitée après l’obtention des résultats du premier rapport intermédiaire sur les essais cliniques de Phase III. Si des preuves satisfaisantes sont obtenues après le troisième rapport, les candidats peuvent être enregistrés en tant que vaccin. La différence entre chaque rapport est déterminée par le nombre de personnes et l’apparition de cas positifs au sars-cov-2.
Actuellement, ce qui se déroule dans le pays est une intervention sanitaire sur des groupes et dans des territoires à risque, laquelle a été autorisée par le ministre de la Santé publique sur la base de la situation épidémiologique et de la technologie disponible, c’est-à-dire les candidats-vaccins dont l’innocuité et l’immunogénicité ont été démontrées dans des essais cliniques de phase I et II.
— Que se passe-t-il dans le cas de personnes allergiques au Thiomersal ?
Les personnes allergiques au Thiomersal pourront être vaccinées lorsque des lots sans ce composant auront été produits. Il est possible que quelqu’un soit allergique et ne le sache pas, car ce processus se produit à tout moment de la vie. Si une personne est allergique, elle ne doit pas être vaccinée maintenant et si l’allergie se manifeste pendant l’intervention sanitaire, elle recevra le traitement établi et ne pourra pas recevoir les autres doses.
Le Thiomersal est un composant qui était utilisé auparavant pour soigner les blessures et qui est présent dans de nombreux vaccins cubains. Le fait qu’une personne n’ait pas été allergique auparavant ne signifie pas qu’elle ne le sera pas plus tard, d’où l’importance de rester vigilant dans l’heure qui suit la vaccination et de consulter un médecin en cas de symptômes.
— Que se passera-t-il pour les personnes exclues de l’intervention sanitaire ?
Cela dépend de la cause de l’exclusion. S’il s’agit d’une maladie temporaire, elles pourront recevoir l’immunogène plus tard, lorsqu’il sera enregistré comme vaccin. En revanche, s’il s’agit de personnes atteintes de maladies chroniques décompensées, d’immunodéficiences ou sous traitement cytostatique, elles ne pourront pas être vaccinées. Toutefois, ce groupe de population sera protégé du fait de la couverture vaccinale élevée et de l’immunité de la population.
— Quels types d’événements indésirables ont-ils été identifiés avec l’application de Soberana 02 et Abdala ?
Les effets indésirables peuvent être locaux ou systémiques, liés ou non à la vaccination, car tout ce qui se produit après l’application du médicament est considéré comme un effet indésirable.
Chez les deux candidats, les effets indésirables légers et locaux sont plus fréquents : douleur et rougeur au point d’injection, durcissement de la zone où la dose a été administrée, tandis que parmi les effets systémiques, on signale la somnolence, la fatigue, la fébrilité (fièvre modérée) et les céphalées. Des manifestations attendues après l’administration de tout vaccin.
On a également enregistré une élévation de la pression artérielle (hypertension), un événement indésirable inattendu, mais qui n’est pas directement lié aux candidats-vaccins, puisque chez les personnes ayant reçu le placebo, l’augmentation de la pression artérielle a été plus importante que chez celles vaccinées avec Soberana 02, SoberanaPlus, et Abdala.
— Les trois doses d’Abdala sont administrées à 14 jours d’intervalle et celles de Soberana 02 et Soberana Plus à 28 jours d’intervalle. Pourquoi appliquer des calendriers différents ? Est-ce qu’ils produisent une immunité similaire ?
Les schémas courts et longs ont été utilisés depuis toujours. On a fait valoir que les schémas longs ont l’avantage de mieux préparer le système immunitaire pour obtenir une bonne réponse. Dans le cas d’Abdala, les schémas court et long ont été évalués et la réponse immunitaire a été similaire. Il a donc été décidé d’adopter le premier schéma compte tenu de la situation épidémiologique complexe du pays, où il convient d’obtenir l’immunité de manière plus rapide.
Quant à Soberana 02, seul le schéma long a été évalué lors des essais et il a très bien fonctionné.
Les résultats en matière d’immunogénicité et de sécurité dans les essais cliniques ont été très bons pour les deux candidats vaccins.
— Combien de temps faut-il à l’organisme pour développer une immunité contre le virus ?
Pour tous les vaccins appliqués dans le monde contre n’importe quelle maladie, l’organisme met entre 14 et 21 jours après l’administration de la dernière dose pour développer les meilleures valeurs d’immunité.
Toutes les personnes vaccinées
– quelle que soit la maladie – n’obtiennent pas l’immunité souhaitée, car celle-ci dépend de deux facteurs : l’immunogène et la génétique de l’individu, et il n’existe pas de vaccin efficace à 100 %.
Plus le nombre de personnes qui reçoivent ces médicaments est important, plus la couverture vaccinale est élevée et plus l’immunité effective sera grande, passant de l’individu à la population ou immunité collective. De même, la probabilité de contracter la maladie diminuera lorsqu’un grand nombre de personnes auront été vaccinées dans le pays.
Jusqu’à ce moment-là, il est nécessaire de continuer à utiliser le masque sanitaire et de maintenir des mesures d’hygiène et de distanciation.
— Si une personne tombe malade, est-ce parce que le candidat vaccin n’a pas été efficace ?
Les candidats-vaccins anti-covid-19 ont été conçus pour que les personnes qui tombent malades aient des symptômes légers et ne progressent pas vers une maladie grave. Ils n’ont pas été créés pour interrompre la circulation du virus, mais c’est la vaccination de la population qui va couper la transmission.
Ce n’est qu’à l’issue des essais cliniques de Phase III qu’il sera possible de parler d’efficacité, ensuite viendront les études post-licence, où sera déterminée l’efficacité en général et dans des groupes spécifiques, les effets indésirables à long terme, rares et inattendus, et où l’on déterminera si la réponse immunitaire se maintient dans le temps.
— Comment l’intervention sanitaire contribue-t-elle à l’approbation de l’utilisation d’urgence des candidats-vaccins?
L’intervention sanitaire et les études d’interventions ont des valeurs ajoutées aux essais cliniques, car elles augmentent les données dont les candidats-vaccins ont besoin pour leur enregistrement. Cela consolide également les résultats d’efficacité, en tenant compte du fait qu’ils sont moins contrôlés que la Phase III, et que de cette façon la population est protégée.
— Les variants génétiques du sars-cov-2 peuvent-ils influencer l’efficacité de ces immunogènes ?
Le sars-cov-2 est un virus à ARN et, comme le reste de ces virus, il est courant qu’il mute, comme cela s’est produit avec le VIH et la grippe H1N1. Lorsque l’on dit qu’il s’agit de nouveaux variants, c’est parce qu’ils présentent des changements dans les acides aminés et qu’ils ont montré jusqu’à présent une plus grande transmissibilité et pathogénicité.
Actuellement, des études sont en cours pour savoir si les vaccins approuvés dans le monde conservent leur efficacité face à ces modifications et dans le cas des candidats-vaccins cubains, des recherches et des travaux sont également menés sur la production d’antigènes contre ces variants. Le potentiel de nos plateformes technologiques nous permet d’améliorer rapidement la protéine recombinante pour la rendre plus efficace contre les mutations.
Cependant, si les personnes vaccinées diminuent les titres d’anticorps – qui n’atteindront jamais zéro – à cause des variants génétiques, l’individu sera toujours plus protégé contre les transformations du virus que celui qui n’est pas vacciné.
— Quel traitement administré aux volontaires dont le test de dépistage du virus se révèle positif ensuite ?
Toutes les personnes sont suivies, principalement celles qui participent à l’essai clinique de Phase III, afin de déterminer si le candidat-vaccin a entraîné une diminution des symptômes et leur gravité.
Les établissements hospitaliers, qu’ils accueillent les volontaires de la Phase III ou le reste des personnes vaccinées, ont mis en place des protocoles pour prendre en charge chaque patient atteint de la covid-19.
— Les personnes qui n’ont pas achevé le cycle de vaccination et dont le test se révèle positif seront-elles vaccinées par la suite ? Avec quel candidat-vaccin ?
Si elles n’ont pas développé suffisamment de titres d’anticorps, elles seront immunisées ultérieurement avec l’un des candidats-vaccins prévus pour les convalescents.