Le 11 septembre 2021, Georges Hage, que ses électeurs ouvriers du Douaisis appelaient affectueusement « Geo », ou « Geo le Bolcho », aurait eu cent ans.
Politiquement, il fut le seul député communiste à résister franchement à la « mutation » social-démocrate qui a dénaturé et sapé de l’intérieur le PCF, le seul à s’opposer clairement à l’entrée de ministres « communistes » dans le gouvernement social-impérialiste (deux guerres impérialistes, dont celle de Yougoslavie), social-maastrichtien (mise en place de l’euro) et social-privatiseur (France Télécom, Air France, SNECMA, etc.) de Lionel Jospin. Le seul à refuser le prétendu « élargissement à l’Est » de l’UE atlantique et contre-révolutionnaire.Vers la fin des années 1990, il contacta Georges Gastaud, alors secrétaire de la section de Lens du PCF et opposant marxiste-léniniste à la direction du PCF, et présida le meeting historique de 1990 (70ème anniversaire du Congrès de Tours) qui réunit près de mille personnes à la Mutualité sous le drapeau tricolore de la République et le drapeau rouge frappé de l’emblème ouvrier et paysan. Il devient le président du CNUC, qui tenta d’unifier les diverses « sensibilités » de l’opposition de gauche à la mutation, puis présida en 2004 le congrès fondateur du PRCF. Ce qui ne l’empêchait pas d’être réélu à chaque fois, souvent au premier tour, dans sa circonscription prolétarienne du Douaisis, siège de batailles mémorable des mineurs, des verriers, des artisans bateliers, des ouvriers de Renault.
Dans sa jeunesse, cet ancien international universitaire de handball avait été, aux côtés de Monique et d’Odile, sa future épouse et notre camarade, l’un des artisans du basculement du SNEP, le syndicat majoritaire de l’EPS, à la tendance Unité et Action animée par des communistes. Par la suite, au Parlement, il était la voix permanente des milieux sportifs et des profs d’EPS sur toutes les questions sociétales et scolaires relatives à l’EPS.Geo c’était aussi le patriotisme ardent – notamment la défense de la langue française (il pouvait réciter par coeur des centaines de vers de Ronsard, du Bellay, etc.), que continua son successeur au Parlement, le camarade Jean-Jacques Candelier – et l’internationalisme indéfectible, notamment dans la défense des communistes russes persécutés sous Eltsine, des camarades allemands défendus par le Comité Honecker de solidarité internationaliste, et surtout de Cuba dont il disait: « tout progressiste a deux patries, la sienne et CUBA ».
En novembre 2005, en plein état d’urgence, il présida le grand meeting unitaire « solidarité avec Cuba socialiste » dont le PRCF avait été l’aile marchante et qui fut un grand succès alors même que l’Humanité mutante avait indignement refusé de passer la pub pour le meeting que Geo proposait de payer sur ses deniers…Geo, c’était aussi un homme enjoué, bienveillant, plein d’humour, toujours accueillant aux camarades ouvriers, enseignants, chômeurs, respecté par tous ses collègues de l’Assemblée nationale, y compris les adversaires, et plus encore par le personnel de l’Assemblée. Un bon vivant aussi qui mordait à la vie à pleines dents.
Un mot peut le résumer à gros trait: la fraternité.
Il nous laisse avant tout un poing levé pour le combat, une main largement tendue à tous les amis de l’émancipation populaire et par dessus tout, un large et malicieux sourire solaire qui aide à tenir bon face aux vacheries de l’existence.Que les militants de la Renaissance communiste qui prennent actuellement la relève de l’ancienne génération de militants franchement communistes connaissent son nom et son souvenir toujours inspirant.
Georges Gastaud (PRCF), Vincent Flament (CISC)
auquel s’associent les amis de Geo que furent, entre autres, Léon Landini, Hermine Pulvermacher, Pierre Pranchère,ainsi queFadi Kassem, secrétaire national du PRCF et Gilliatt de Staërck, secrétaire de la commission nationale JRCF