Depuis des années, le Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF) ne cesse d’alerter, bien seul, face à la fascisation frappant le continent européen – sous l’impulsion de la mortifère Union européenne –, et notamment la France. Ces dernières semaines, le vent mauvais de la répression fascisante s’abat de plus en plus à l’encontre de tous ceux qui, pour des raisons diverses et parfois très différentes, sont considérés comme des ennemis par le pouvoir en place. Et celle-ci vise tout autant politiques, syndicalistes de combat, responsables d’associations et citoyens et travailleurs en lutte (notamment les gilets jaunes).
C’est ainsi que le sinistre Darmanin attaque en justice Philippe Poutou, porte-parole du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), pour avoir tenue des propos « insultants » envers la police, dont voici le contenu rapporté par Le Monde : « «Il y a une volonté politique du gouvernement de frapper, de frapper les manifestants, de frapper les jeunes dans les quartiers, parce qu’il y a une volonté politique de dévier le problème » et éviter de parler « du chômage et de la misère » ; « le problème du gouvernement et le problème de Darmanin, c’est que lui donne le feu vert à la police pour frapper comme ils veulent ». » Et d’ajouter : « La police tue, évidemment la police tue » ; « Steve [Maia Caniço] à Nantes, à Marseille pendant une manif des “gilets jaunes” une dame qui fermait ses volets, Rémi Fraisse il y a quelques années ». Le PRCF a suffisamment de désaccords avec le NPA – y compris sur le sujet des gardiens de la paix – pour ne pas voir la grossière manœuvre de Darmanin dans cette affaire.
La répression frappe tout autant Georges Kuzmanovic. Le président de République souveraine vient en effet d’être licencié du groupe Ubisoft où il travaillait depuis des années. La raison ? Avoir envoyé des messages privés avec son adresse professionnelle relayant « des blagues de mauvais goût ». La dictature du Capital ne peut tolérer un opposant à la Macronie, candidat déclaré à l’élection présidentielle. Le PRCF ne peut, que comme pour Philippe Poutou, apporter son soutien à Georges Kuzmanovic, et ce en dépit de divergences politiques certaines.
Quant à Anasse Kazib, le dirigeant de Révolution permanente candidat à l’élection présidentielle, il reçoit de multiples menaces de morts et d’insultes racistes de la part d’une extrême droite déchaînée et surfant sur une vague brune véhiculée par des médias aux ordres. Autant d’attaques là encore inqualifiables et qui suscitent la condamnation la plus ferme, quand bien même les sujets de divergence ne manquent pas avec celui qui rejette viscéralement et dogmatiquement le drapeau tricolore, n’envisage pas une réelle sortie de l’UE, manifeste un anticommunisme drapé de l’anti-stalinisme ou encore sombre dans les délires ouïghouristes avec ses amis comme Taha Bouhafs.
Cette répression touche de plus en plus les travailleurs et les syndicalistes de combat. Ainsi, mardi 12 octobre 2021, un patron d’un chantier d’Ajaccio a violemment agressé un inspecteur du travail. La raison ? Ce dernier voulait arrêter le travail d’un salarié exposé sans protection à une chute de hauteur de plus de cinq mètres, comme la loi le permet. En guise de réponse de la part du patron du chantier, l’inspecteur du travail a reçu des menaces puis un violent coup de poing au visage, nécessitant son hospitalisation d’urgence. Ne croyons pas que cette inacceptable agression serait un fait isolé, la violence de classe du patronat s’exerçant sous diverses formes. Rappelons la répression à l’encontre de l’inspecteur du travail Anthony Smith, mis à pied en avril 2020 pour avoir exigé qu’une société d’aide à domicile fournisse des masques à des salariés au début de la pandémie de coronavirus, avant d’être finalement réintégré au printemps dernier devant l’absurdité de la décision initiale.
Récemment, deux syndicalistes de combat de l’Union départementale (UD) de la CGT de Vendée (85), Medhi Khechirem et Johann Jadaud, en ont eu pour leur compte lorsqu’ils ont reçu leur notification de licenciement en juin dernier de la part de la direction de la multinationale des transports STEF. La raison ? Ils osaient combattre les actes de racisme – en faits et en verbes – dans l’entreprise. Il est vrai que la lepéno-zemmourisation progresse, avec la complicité docile des médias aux ordres. Et pendant que les directions euro-confédérales de la CFDT, de la CGT, etc., continuent de chanter les louanges du « dialogue social » – mythe anesthésiant le véritable combat à mener, celui de classe et de masse, au profit de l’oligarchie capitaliste tout heureuse de compter sur la servitude volontaire et la collaboration de classe desdites directions –, le grand patronat s’en donne à cœur joie. Depuis plus d’un an, les syndicalistes de combat de la CGT Énergie de Paris, à commencer par Cédric Liechti, sont l’objet de poursuites judiciaires de la part de la direction d’Engie France (ex-EDF) pour leur opposition farouche à l’euro-démantèlement du service public (« service d’intérêt économique général » au regard du droit européiste, garantissant ainsi « l’ouverture à la concurrence » desdits services) de l’électricité en France.
Et quand la résistance dure, les ministres s’en mêlent directement. Le réactionnaire Blanquer, qui goûte peu aux (de plus en plus molles) contestations des syndicats enseignants, s’est ainsi acharné sur quatre professeurs du lycée de Melle, hostiles à la destruction (et non « l’affaiblissement » comme le proclame la direction nationale du SNES-FUS) du baccalauréat au profit des « épreuves communes de contrôle continu » (E3C). Si ces professeurs ont remporté une victoire avec le soutien des syndicats, de collègues et de parents d’élèves – et malgré des sanctions moins fortes que celles pressenties – Blanquer a profité de la rentrée 2021 pour reconnaître l’échec des E3C… et ainsi les remplacer par le contrôle continu tout court, réduisant de plus en plus les épreuves finales pour un baccalauréat condamné à mort par la Macronie. Et pour continuer de sanctionner les syndicalistes récalcitrants : Edouard Descottes, professeur d’histoire-géographie au lycée Jean Macé de Rennes, a été muté de force en zone de remplacement à la rentrée 2021 pour des prétextes fallacieux (dont celui de trop jalonner son cours de « disgressions historiques »), après qu’un parent délateur l’a accusé sans preuve, en février 2020, d’avoir poussé ses élèves à participer aux grèves contre la destruction des retraites.
Toutes ces attaques surviennent dans un climat où l’extrême droite réactionnaire et fascisante s’exprime de manière décomplexée, bien aidée par toutes les forces politiques qui, des faux LR aux pseudo « socialistes » et « écologistes », assimilent le communisme au nazisme comme lors de l’adoption de l’infâme résolution par le Parlement européen le 19 septembre 2019. Bien aidée également par les pseudo représentants de la « gauche » comme Jadot, Hidalgo, et même Roussel qui véhicule à son tour les accusations grossières d’« islamo-gauchisme » à l’encontre de la France de moins en moins « insoumise », manifeste auprès de « syndicats » policiers factieux et estime que les migrants non régularisés doivent être renvoyés chez eux. On est bien loin de l’état d’esprit prôné par Georges Politzer dans les années 1930 : « L’indépendance intellectuelle, l’esprit critique ne consiste pas à céder à la réaction, mais au contraire à ne pas lui céder ».
Car la Réaction et la fascisation, elles, ne cèdent pas. Il n’y qu’à voir les attaques contre le Parti communiste français (PCF), comme à l’automne 2020 lorsque la fédération du Rhône du PCF reçut des menaces de mort ou en juin 2021 lorsque, en pleine élection départementale, Marie-Chantal Guzman, camarade militante de la fédération des Alpes maritimes du PCF, a été victime d’une agression physique dans la nuit du vendredi 18 juin 2021 de la part du candidat du prétendu « Rassemblement national », Jean-Claude Geay. L’extrême droit se sent tellement pousser des ailes qu’elle a même osé, par l’intermédiaire de l’Action française, écrire au sinistre Darmanin fin octobre 2020 pour exiger la dissolution du PCF, accusé d’être le « Parti des 75.000 collaborateurs ». Quand le révisionnisme et le négationnisme progressent sans limite au point d’entendre Zemmour expliquer que Hitler et Mussolini étaient « socialistes » et que Pétain avait « résisté » tout en sauvant les juifs de France…
Cette déferlante brune, bien aidée par l’arc bleu-rose-vert-faux « rouge », produit aussi des dégâts en Europe. Samedi 9 octobre 2021, à 17h30 à Rome, les locaux de la CGIL (principal syndicat italien) ont été attaqués lors d’une manifestation contre le passe sanitaire. Des violents ont pénétré l’enceinte du bâtiment et ont saccagé les environs. Derrières les manifestants confus qui sont les acteurs de cette attaque, se cachent en réalité des militants d’extrême droite de l’organisation Forza Nuova, arrêtés le dimanche qui a suivi. Un petit groupe dont le fondateur, Roberto Fiore, a été terroriste dans le passé au sein d’une organisation appelée Terza Posizione (troisième position).
L’euro-fascisation de plus en plus décomplexée, associant extrême droite royaliste, réactionnaire et fasciste, médias aux ordres (notamment le groupe Bolloré), patrons inquiets de la « tempête sociale et politique » (Édouard Philippe) qui se profile et, de plus en plus, des faux représentants de « gauche », progresse de façon exponentielle. Et si les manifestations comme celle de Lyon le samedi 23 octobre 2021 sont une réponse nécessaire, elles ne sauraient faire l’économie de l’indispensable affirmation d’une alternative politique défendant pleinement et totalement la souveraineté nationale et populaire, dont l’extrême droite n’a que faire elle qui ne veut sortir ni de l’euro, ni de l’UE, ni même complètement de l’OTAN, et encore moins du capitalisme. Comme malheureusement, nombre de candidats dits de « gauche ».
Frexit progressiste ou répression fasciste : il faut choisir, et vite !