Par Georges Gastaud et Aymeric Monville (*) – Lecteurs et visiteurs d’Initiative Communiste, la situation devient incandescente en Ukraine où Washington et ses marionnettes de Kiev, installées avec l’aide des néonazis ukrainiens et suite aux ingérences occidentales massives et grossières, sont d’ores et déjà passées à l’attaque, sur pression US, contre les russophones du Donbass. Le but de l’armée de Kiev armée et conseillée par les USA (que font-ils à des dizaines de milliers de km de chez eux? Que dirait la Maison Blanche si l’armée russe installait ses hommes et ses missiles à Ottawa, à La Havane ou à la frontière mexicaine) est de forcer Moscou à défendre les russophones de l’Est ukrainien et, dans la foulée, à subir les sanctions « sans précédent » et le « conflit de haute intensité » annoncé depuis des mois par les hiérarques occidentaux, y compris par leurs relais hexagonaux. Indirectement, la Chine est aussi visée. Qui ne voit que tout cela peut mener rapidement à une troisième Guerre mondiale potentiellement exterministe?
Est ainsi piétinée non seulement l’aspiration à la paix des populations européennes, Ukrainiens, Biélorusses et Russes en tête, non seulement l’indépendance diplomatique et militaire, voire la simple dignité de la France – dont la politique est totalement antinomique de celle qui fut suivie par le Général de Gaulle dans les années 1960 -, mais le droit à la vie de l’humanité. Ne parlons pas de l’Europe qui, par suite de sa servilité à l’égard de Washington, deviendrait le champ de bataille de la guerre fomentée outre-atlantique et subirait par surcroît une terrible crise économique.
Les « commentateurs » de service qui diffusent et relaient sans cesse sans le moindre esprit critique les « nouvelles » made in Washington formatées pour attiser l’incendie, portent une responsabilité écrasante.
Car un « conflit de haute intensité » (ainsi parlait récemment le nouveau chef d’état-major de l’armée nommé par Macron) entre puissances nucléaires peut conduite à une guerre continentale puis mondiale potentiellement sans remède pour l’avenir de la planète, pour celui de la France, de l’Europe, voire de l’espèce humaine.
Dans les jours et semaines qui viennent, amis, concitoyens et camarades, la propagande de guerre des médias euro-atlantiques ne va cesser de s’enflammer et il y aura même du souci à se faire pour la liberté d’expression, comme ce fut le cas en 1914 et en 1939. Déjà certains milieux ultra-atlantiques de France et d’Europe tiennent des propos menaçants contre les esprits libres et courageux qui affrontent les média-mensonges guerriers et qui répètent, faits patents à l’appui, que ce ne sont pas les troupes russo-chinoises qui encerclent les USA, mais à l’inverse, les troupes américano-otaniennes qui assiègent la Russie en pénétrant loin en avant dans ce qui fut l’Union soviétique, et cela au mépris des engagements pris par l’Ouest lors des accords dits 4+2 de « réunification » de l’Allemagne. Rappelons qu’alors, le Traité de Varsovie, créé d’ailleurs bien après l’Alliance atlantique (comme la RFA fut créée bien avant la RDA) avait été dissout unilatéralement par les pays de l’Est et que la prétendue « alliance défensive » de l’OTAN, non seulement s’est maintenue, non seulement est devenue le « partenaire stratégique de l’UE », mais s’est considérablement élargie à l’Est (Hongrie, Pologne, Tchéquie/Slovaquie, ex-RDA, Roumanie, Bulgarie, Estonie, Lituanie, Lettonie) sous les applaudissements suicidaires des députés qui ont voté ou accompagné sans combattre l’élargissement de l’UE à l’Est sous couvert de réconciliation des « deux Europe ». Cela n’a évidemment pas suffi à Washington, ni à Berlin et à leurs petits suiveurs hexagonaux, qui ont fomenté une « révolution de couleur » en Ukraine, en Géorgie, et qui ont tenté d’en faire autant récemment en Biélorussie.
Plus personne ne peut continuer à prétendre que la « construction européenne » centrée sur la marche vers l’Est de l’UE/OTAN, « c’est la paix ». En réalité, l’UE/OTAN, c’est la guerre impérialiste continentale et la ruée vers l’Est, une forme de revanche sur Stalingrad et un nouveau « Drang nach Osten » pour l’espace vital* ; quand à ceux qui, à gauche, continuent de prétendre que l’on peut « réformer du dedans » un tel système belliciste et fascisant, ils mentent et savent qu’ils mentent.
Quant aux hommes de la fausse gauche et du faux communisme qui ont applaudi à la chute de l’URSS, au phagocytage de la RDA par l’impérialisme allemand résurgent, ainsi qu’à l’annexion de l’Europe de l’Est par l’UE/OTAN expansionnistes, ils ne sont pas moins coupables du crime énorme qui se trame que ne le furent les dirigeants sociaux-démocrates de 1914 qui, à la différence de Lénine, de Karl Liebknecht, de Clara Zetkin et de Jean Jaurès, refusèrent le « conflit de haute intensité » de l’été 1914.
Plus que jamais, pour enrayer la course à la guerre, à l’euro-fascisation, à l’euro-dislocation de la France et à l’euro-néant, militons pour sortir la France de l’euro, de l’UE-OTAN et du mortifère système capitaliste.
(*) Georges Gastaud, fils de Résistant – directeur politique d’Initiative Communiste
Aymeric Monville- éditeur, militant anti-impérialiste
[1] « Drang nach Osten » « ruée vers l’Est » en allemand, « Lebensraum »: expression de Hitler signifiant « espace vital » que, déjà à l’époque, l’impérialisme allemand voulait conquérir à l’Est en écrasant la Russie soviétique et en ravageant la Biélorussie. Déjà à l’époque les hordes nazies envahissant l’Ukraine avait reçu un accueil empressé des nazis ukrainiens de Bandera. En langage patronal moderne, on est prié d’appeler cela « Besoin d’aire ».
Dans le Donbass la mèche est allumée
Manlio Dinucci – L‘Art de la guerre – Tandis que la situation dans le Donbass est de plus en plus incandescente, Biden, à la veille du colloque avec Poutine, a convoqué (en visioconférence) le 11 février ce qui de fait est le conseil de guerre de l’OTAN et de l’Union Européenne : le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg, le premier ministre britannique Boris Johnson, le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Olaf Scholz, le premier ministre italien Mario Draghi, le président polonais Andrzej Duda, le président roumain Klaus Iohannis, le premier ministre canadien Justin Trudeau, flanqués du président du Conseil Européen Charles Michel et de la présidente de la Commission Européenne Ursula von der Leyen. Le conseil de guerre OTAN-Ue a déclaré que “si la Russie effectue une ultérieure invasion de l’Ukraine, les États-Unis, avec leurs Alliés et partenaires, répondront de façon décisive et imposeront un coût immédiat et lourd.“ C’est ce qu’a dit le lendemain Biden à Poutine, non seulement au nom des États-Unis mais de l’OTAN et de l’Union Européenne. Refus total de toute tractation, de fait une déclaration de guerre, souscrite pour l’Italie par Mario Draghi sous les yeux d’un Parlement silencieux et consentant.
Chaque jour les signaux de guerre imminente vont s’intensifiant. Le Département d’État est en train d’évacuer l’Ambassade à Kiev, et prévient les citoyens étasuniens de quitter l’Ukraine car “il ne serait pas en mesure de les protéger de l’attaque russe”. Même chose à la Farnesina (ministère des affaires étrangères italien). Le Pentagone retire d’Ukraine 160 instructeurs militaires, qui ont entraîné les forces de Kiev. Restent cependant des conseillers et instructeurs militaires appartenant aux Forces spéciales USA et OTAN, qui ont de fait la direction de l’Armée et de la Garde Nationale de Kiev. Au premier rang le bataillon néo-nazi Azov, qui s’est déjà distingué par sa férocité contre les populations russes du Donbass, promu par ses mérites au rang de régiment mécanisé de forces spéciales, armé et entraîné par l’OTAN. Sous le même insigne que la Division Panzer SS Das Reich, une des 200 divisions hitlériennes qui en 1941 envahirent l’Union Soviétique. Elles furent battues, mais le prix payé par l’Union Soviétique fut très élevé : environ 27 millions de morts, pour plus de la moitié civils, correspondants à 15% de la population (en regard de 0,3% des USA pour toute la Seconde guerre mondiale) ; environ 5 millions de déportés en Allemagne ; plus de 1.700 villes et bourgs, 70 mille petits villages, 30 mille usines détruits.
Tout cela se trouve dangereusement oublié, tandis que la Russie continue à répéter, parlant à un mur, qu’elle n’entend pas attaquer l’Ukraine et dénonce la concentration croissante de troupes de Kiev en face du Donbass habité par les populations russes. Ici Kiev a déployé plus de 150 mille soldats. Ils sont dotés de véhicules lance-roquettes Grad, chacun pouvant lancer jusqu’à 40 km, dans une salve de 20 secondes, 40 roquettes de 122 mm avec des têtes munies d’explosif qui, dans la déflagration, investissent une vaste zone avec des milliers de fragments métalliques coupants ou des petites bombes à retardement. Une attaque à grande échelle avec ce type d’armes, contre les habitants russes des régions de Donetsk et Lugansk, provoquerait un massacre et ne pourrait pas être arrêtée par les forces locales constituées d’environ 35 mille soldats.
La guerre pourrait exploser avec une opération sous faux drapeau. Moscou dénonce la présence au Donbass de mercenaires USA avec des armes chimiques. La mèche pourrait être une provocation, comme une attaque contre un village ukrainien, attribuée aux russes du Donbass qui seraient attaqués par les forces écrasantes de Kiev. La Fédération russe a prévenu : dans une telle situation elle ne resterait pas sans rien faire, mais interviendrait en défense des russes du Donbass, en détruisant les forces attaquantes.
Ainsi exploserait, au cœur de l’Europe, une guerre tout à l’avantage des États-Unis qui, à travers l’OTAN dont font partie 21 des 27 pays de l’Ue, et à travers la collaboration de l’Union européenne même, ramènent l’Europe à une situation semblable, mais plus périlleuse encore, à celle de la guerre froide, en renforçant l’influence et la présence étasunienne dans la région.
Edition de mardi 15 février 2022 d’il manifesto
https://ilmanifesto.it/nel-donbass-la-miccia-e-accesa/
Traduit de l’italien par M-A P