ASSEZ DE COMPLAISANCES SYNDICALES POUR CEUX QUI DÉTRUISENT L’ECOLE DE LA RÉPUBLIQUE ET LES DROITS DES TRAVAILLEURS À VIVRE DE LUR TRAVAIL DANS LA PAIX
par la commission Education du PRCF – 13 mars 2022
Blanquer est fortement fragilisé après le succès massif de la grève enseignante de janvier, les multiples initiatives qui l’ont suivie, l’affaire d’Ibiza… et la montée des luttes dans le pays sur la question des salaires, du recrutement, des démissions de l’Education nationale, de l’évolution du métier et de l’épuisement professionnel. Blanquer, monument de morgue et d’arrogance, est désormais devenu, et c’est heureux, un « maillon faible » du dispositif macroniste.
Pourtant, les états-majors syndicaux continuent à ménager ce dangereux personnage: non seulement il s’est signalé par sa gestion erratique, voire viro-négationniste de l’épidémie, n’ayant en tête que de permettre à l’école-garderie de permettre aux entreprises de tourner, mais il a démoli le bac national, il a institué le désastreux « Parcours sup », et il a saboté le lycée à la française en détruisant les filières, les groupes-classes et les disciplines scolaires, maths et philosophie en tête.
Or, à l’issue d’une journée de grève massive où les enseignants se sont retrouvés sur le slogan « Blanquer démission! », les directions syndicales sont allées bien gentiment « dialoguer » avec Blanquer le soir même de la journée de lutte, en laissant à la porte de cette non-négociation les syndicats lycéens et les associations de parents. En agissant ainsi, ils ont objectivement relégitimé la présence de Blanquer rue de Grenelle. Le soir même, fort de cette re-légitimation irresponsable, Blanquer paradait sur tous les écrans et tentait de reprendre l’initiative politique au prix de quelques concessions inconsistantes !
Derrière ce personnage agressif et dangereux c’est tout l’édifice éducatif de la Macronie qui est atteint par l’affaire Laurent Bigorgne, ce proche parmi les proches de Macron (avec son affidé Olivier Duhamel) est en effet mis en cause dans une sordide affaire qui montre le peu de respect que ce genre de personnage a pour les personnes, traitées comme des outils ou des objets dont on se sert, et les femmes en particulier. Rappelons que Laurent Bigorgne dirige l’Institut Montaigne, « Think tank » ultra libéral qui a inspiré et inspire encore toute la politique éducative de Macron et Blanquer.
Encore plus récemment, on apprend dans l’édition électronique du Figaro du 16 mars que Teach for France, émanation française (comme son nom ne l’indique pas) du groupe de pression américain Teach for All et dirigé par la veuve de Richard Descoing, est mise en cause pour des faits présumés de harcèlement.
Il y a vraiment quelque chose de pourri en Macronie et il est incompréhensible que toute cette clique ait pu mener sans jamais être mise en cause par les centrales syndicales de l’éducation leur entreprise de destruction réactionnaire. Certes il faut combattre les politiques, et pas seulement ceux qui les portent, mais comment combattre durement les politiques si l’on ne met pas en cause aussi ceux qui, personnellement, les conçoivent et les mettent en cause avec acharnement? Nos anciens des années Jospin ont-ils eu tort d’exiger – et d’obtenir – la démission de Claude Allègre, le ministre PS qui ne cessait d’insulter les enseignants et qui a imposé au lycée une grave contre-réforme d’inspiration européiste?
Le fait que la présidentielle approche et que donc, « il suffit d’attendre », comme le disent les états-majors syndicaux pour se dérober jusqu’au bout au slogan combatif « Blanquer démission! » révèle la veulerie d’une certaine réflexion syndicale entièrement coupée des fondamentaux du syndicalisme de classe et de lutte. Ce n’est évidemment pas la même chose que Blanquer quitte son ministère parce qu’on aura changé administrativement de quinquennat ou qu’il en parte en ayant pris un grand coup de pied au derrière plombant sa carrière politique ultérieure, qui vraisemblablement le conduira toujours plus à droite.
D’autant que, déjà, les milieux macronistes laissent filtrer l’idée que le prochain quinquennat sera, pour les profs, celui de la fin du statut, du CAPES, de « l’emploi à vie » (donc de l’insertion de l’Education nationale dans la Fonction publique d’Etat?). Leur dernière provocation en date, raser le collège pour rétablir les classes de fin d’études primaires (Tandis que le petit roquet omni-belliciste Jadot veut diminuer les vacances et augmenter le temps de travail des professeurs: avis aux collègues masos qui le soutiennent !). Or la laïcité scolaire n’est qu’un vain laïus en l’absence d’un statut, résultant d’un concours national anonyme et lié à un emploi qui garantissent l’indépendance professionnelle et politique des professeurs. Il y a donc là un grand débat de société à avoir et on attend des syndicats qu’ils le mettent sur la place publique fortement au lieu d’être aux abonnés absents de la campagne présidentielle. Si l’on ne pose pas les grandes questions sociales et sociétales lors des élections, quitte à perturber le ronron des élites politiques euro-consensuelles, quand donc les posera-t-on fortement?
En ce jour de grève et de mobilisation pour les salaires et les pensions, rappelons que seule la lutte permet de défendre les droits des salariés.
Alors que le pays tout entier est plongé dans un climat de guerre impérialiste hystérique qui confisque toute possibilité de débat démocratique, il importe que tous les citoyens qui ont chevillé à leur conscience l’émancipation des travailleurs et la défense de la Paix prennent leurs responsabilités et leur part du travail.
En effet, le conflit militaire et économique, jusque-là larvé, que livre l’OTAN à la Russie (ainsi qu’à Cuba socialiste, à la République populaire de Chine, au Vénézuela Bolivarien et à tant d’autres pays qui refusent le joug américain), s’est transformé en conflit militaire ouvert en Ukraine à la suite de l’offensive généralisée de l’armée russe (que le secrétariat national du PRCF a jugée « inconsidérée » et « disproportionnée ») précipitant encore davantage la dissolution des Etats d’Europe occidentale, dont la France et de l’Europe centrale dans l’empire européen arrimé à l’OTAN au prix de l’accélération exponentielle du délitement démocratique et social. Voir par exemple la proposition sortie du néant, sans le moindre débat parlementaire, de Darmanin de basculer la Corse vers l’autonomie, sachant que très vraisemblablement ce basculement statutaire qui s’inscrit dans la marche à l’Europe fédérale des régions, et qui porte en germe la mort des statuts et des services publics d’Etat, serait aussitôt suivis de surenchères analogues en Alsace, Bretagne, « Catalogne-Nord » et ailleurs.
Ainsi chaque jour qui passe voit l’Union européenne et l’OTAN s’arroger davantage de prérogatives. Dans notre Pays, contournant et écrasant la campagne électorale en cours, Macron et son gouvernement décident en dehors de tout cadre démocratique de l’accélération de la désintégration de la République dans l’empire européen lui même vassal de l’OTAN entièrement dirigée par les USA, avec un poids régional déterminant de Berlin.
Qui peut croire que d’un prétendu soutien au gouvernement pro-OTAN et pronazi de Kiev (cf le honteux silence de nos médias sur les sympathies de Zielinsky pour le « héros national » Bandera, un méga-criminel de guerre antisémite et anticommuniste allié de Hitler contre l’Armée rouge), comme affiché sans aucune espèce d’esprit critique par la presse de la FSU, mais véritable soumission à l’OTAN américaine et l’UE dominée par la RFA puissent sortir des progrès sociaux ? Et qui ne voit, à condition de s’abstraire deux minutes de l’assourdissant tapage médiatique appelant à l’ « intervention » en Ukraine, peut tout bonnement nous conduire aux portes de la guerre nucléaire mondiale qui, en fait de « droits de l’homme » et de « souveraineté des peuples », n’apporterait rien d’autre que le grand cimetière universel de l’espèce humaine?
Confisquant tout débat, Macron annonce déjà la couleur et veut détruire les retraites (car la retraite à 65 ans additionné du système mortifère des décotes signifiera le refus final assuré des jeunes générations de cotiser, donc la mort des retraites par répartition créées par Croizat), et achever le « saut fédéral européen », ce qui nécessite de mettre fin aux services publics non marchands et aux Statuts des fonctionnaires qui les font vivre, tout cela en vue de satisfaire à la « la concurrence libre et non faussée » du Traité de Maëstricht. Le saut fédéral européen serait le dernier clou dans le cercueil du modèle social français issu du CNR, héritage des sacrifices de nos grands résistants et syndicalistes majoritairement communistes et rendrait extrêmement difficile les luttes futures pour établir une République sociale, souveraine, démocratique, une et indivisible fondée sur la souveraineté nationale.
Qui peut croire que l’on puisse défendre la Paix et la concorde entre les Peuples en détournant les richesses produites en France pour armer tant et plus des forces alliées de Kiev qui arborent très officiellement des emblèmes nazis comme le sinistre Soleil noir? Dans le même temps l’affrontement OTAN/Russie augmente la dépendance européenne à la très chère énergie américaine, diminue d’autant nos capacités d’exportation, donc ce qui subsiste du produire en France et de la classe ouvrière industrielle. Tout cela conduira à une explosion des dépenses militaires quand les investissements dans l’éducation sont déjà si faibles
Alors, frappons politiquement sur Macron et Blanquer, Frappons sur leurs contre-réformes et cessons de ménager cette Union européenne appendice de l’OTAN qui peut d’autant moins défendre la paix à l’étranger qu’elle mène ICI et MAINTENANT la guerre sociale permanente contre notre propre peuple. La complaisance syndicale envers Macron, présenté en 2017 comme un rempart contre l’extrême droite (faute funeste s’il en fût), et son ministre Blanquer, n’a que trop duré, car on ne combat pas l’extrême droite en nourrissant la politique maastrichtienne dont Macron, mais aussi Pécresse, Hidalgo et Jadot sont la personnification.
Plus que jamais chaque citoyen sincèrement humaniste, chaque organisation politique ou syndicale progressiste sincèrement attachée aux droits des travailleurs à vivre dignement dans la Paix doit prendre sa part de responsabilité pour faire effectivement barrage, non seulement à l’extrême droite officielle, mais à son pourvoyeur de l’Elysée et tout autant, à cette Union européenne mortifère que, malheureusement, aucun candidat de gauche n’a plus désormais le courage de mettre franchement en cause sur son principe même.
N’hésitons pas par là-même à mettre en cause l’ensemble de la politique macroniste et de toutes les politiques qui lui ressemblent comme deux gouttes d’eau en matière d’atteintes euro-libérales aux conquêtes du monde du travail et au caractère laïque et public de l’Education de moins en moins nationale et maintenant à la Paix elle-même.
Commission Education du PRCF