Fabien Roussel, candidat PCF à l’élection présidentielle, se signale depuis son arrivée à la tête du Parti et, plus encore, depuis son entrée en campagne, par ses déclarations et ses prises de position choc saluées par les médias aux ordres, mais déboussolantes pour les communistes. Quelques mois après une analyse bien détaillée du « camarade » Roussel (https://www.initiative-communiste.fr/articles/europe-capital/de-la-lutte-finale-a-la-chute-finale-fabien-roussel-ou-le-defi-des-jours-heureux-au-service-de-lintouchable-construction-europeenne-du-capital/), Initiative communiste propose deux nouvelles courtes mais saillantes analyses rédigées par Georges Gastaud au sujet de Fabien Roussel, plus enclin à verser dans l’autophobie permanente (dernières cibles : Staline, la cible privilégiée de tous les anticommunistes haineux, l’URSS et la Chine) qu’à proposer un véritable projet de rupture communiste avec l’UE du Capital et l’ordre euro-atlantique. Il est vrai que le roussellement, bien piloté par l’euro-mutant Ian Brossat, préfère verser dans le culte de la personnalité que le combat d’avant-arde, autrement plus exigeant et conforme au communisme que le « MOI, JE » permanent et crétinisant.
Reconnaissons à la campagne roussellienne un mérite : celui de montrer, face à la déliquescence d’un dernier ressassée de l’euro-mutation, l’urgence plus que jamais vitale de reconstruire un vrai parti communiste sur des bases marxistes-léninistes totalement assumées et revendiquées, portant un véritable projet de rupture communiste avec l’UE du Capital, l’OTAN et l’ordre euro-atlantique destructeurs du genre humain. Un projet que le PRCF, à travers ses militants enthousiastes et déterminés, porte à travers l’Alternative Rouge et Tricolore pour œuvrer à un indispensable Frexit progressiste.
ROUSSEL, « CAMARADE » ou « PAS CAMARADE »? (24 mars 2022)
Il fut un temps où les campagnes électorales des communistes étaient des temps forts de la lutte d’idées visant à faire progresser les conceptions révolutionnaires, à « élever le niveau idéologique des masses » comme on disait alors.
Ce temps est révolu si toutefois on classe Fabien Roussel parmi les communistes (mais c’était déjà pareil sous Hue, Buffet ou Laurent). Quand des enfants demandent à Roussel de classer Staline parmi les « camarades » ou les « pas camarades », il hésite puis, sous la pression des enfants (certainement « bien préparés » par l’« école républicaine » dans l’esprit de l’antisoviétisme), il classe Staline du côté des « non-camarades ». Tant pis pour les centaines de milliers de résistants français et étrangers qui sont morts en Europe en criant « vive Staline ! » car ils savaient très bien que, quelles que soient ses erreurs, voire ses fautes, Staline était alors le chef du camp antifasciste mondial et que la victoire ou la défaite du fascisme se jouait dans une ville du nom de STALINGRAD. Du reste, Roussel qui se réclame des « Jours heureux », devrait savoir que, sans cette victoire de l’Armée rouge, qu’il met au même niveau que les Américains (alors que les 3/4 des divisions nazies étaient à l’Est !), il n’y aurait pas eu le CNR, ni les avancées mémorables des ministres communistes français de 1945.
Pareil sur l’Ukraine où l’on voit le secrétaire national du PCF, non pas mettre en accusation l’UE et l’OTAN, qui ont créé les conditions de la guerre actuelle en tentant d’encercler la Russie, mais faire chorus avec l’opinion dominante pseudo-pacifique qui diabolise Poutine en interdisant de réfléchir aux causes réelles du conflit. Bref, là c’est moi qui me demande si Cachin ou Vaillant-Couturier auraient classé Roussel du côté des « camarades » en 1920, ou s’ils ne lui auraient pas poliment mais fermement demandé de quitter la salle du congrès de Tours avec Blum et Longuet !
Et tout à l’avenant. On m’a montré hier un tract de Roussel sur les salaires où ne figure même pas le mot « Europe », alors que c’est sur la sommation de l’UE que depuis 2008 les salaires des fonctionnaires sont bloqués au nom des « critères de Maastricht ». Pire, le tract ne comporte même pas le mot « Parti communiste français » : c’est JE, MOI, JE continuellement!
Que ceux qui veulent voter Roussel le fassent, je ne les en dissuaderai pas. Mais qu’au moins personne ne vienne nous chanter qu’il porte un renouveau de l’« identité communiste ». L’identité communiste, ce n’est pas la danse du ventre pour plaire aux médias. L’identité communiste, c’est l’esprit de résistance, c’est l’avant-garde, c’est assumer son passé et son CAMP, fût-ce de manière critique. Et surtout, c’est montrer le chemin du socialisme aux travailleurs ; ce que ne fait jamais Roussel.
RETOUR A L’« IDENTITE COMMUNISTE » OU RENIEMENTS SANS FIN NI HONTE ? (27 mars 2022)
On ne sait ce qui l’emporte de l’ignorance crasse ou du reniement sans limites chez Fabien Roussel, l’homme que certains « marxistes » présentent encore sans rire comme le relanceur de l’« identité communiste » en France. Voici les réponses, ô combien courageuses et averties, que Roussel vient de faire à la Voix du Nord à propos de la Chine populaire et de la Russie soviétique. Il venait par ailleurs de répondre à des enfants que Staline ne devait pas être classé parmi les « camarades ». Et tout à l’avenant.
Rappelons donc à Roussel si mal prénommé que le PCF est né de l’adhésion majoritaire du PS-SFIO à l’Internationale communiste créée par Lénine à la suite de la Révolution d’Octobre ; or, Lénine n’était pas auvergnat. Rappelons encore à Roussel que Deng Xiaoping et d’autres fondateurs du PC chinois ont appris le marxisme EN FRANCE et sous l’égide du PC français : Deng travaillait d’ailleurs comme ouvrier chez Renault…
Rappelons encore à l’ignorant satisfait qui dirige le PCF qu’en 1945, si les ministres communistes – alors tous reconnaissants à l’Armée rouge et fièrement marxistes-léninistes (Thorez, Croizat, Paul, Billoux, Casanova, Wallon…) – ont porté les grandes réformes du CNR, c’est à la fois en raison des sacrifices des communistes français fusillés de la Résistance (dont beaucoup moururent en criant « vive Staline, vive la France ! ») et en raison des sacrifices inouïs des communistes et des Komsomols soviétiques. Ceux-ci perdirent neuf millions des leurs (sur les 27 millions de Soviétiques exterminés par les nazis) pour débarrasser le monde, France incluse, de la peste brune. Une question, M. Roussel : écririez-vous aussi que « notre histoire n’a rien à voir avec le nom de Stalingrad » (comme tendent à le faire les négationnistes de tout poil, de pitoyables manuels scolaires au Parlement européen) ? HONTEUX !
Plus patriote que Roussel (car aimant moins que lui la sacro-sainte « construction européenne » chère au Parti de la Gauche Européenne), le Lillois Charles de Gaulle était néanmoins plus loyal et moins ingrat que l’actuel chef du PCF. En visite d’État à Moscou en 1944, le chef de la France libre déclara en effet ceci en présence du Maréchal Staline : « les Français savent que la Russie soviétique a joué le rôle principal dans leur libération ».
Au fait, si vraiment le PCF n’a rien de commun avec l’URSS et la Chine populaire, pourquoi la Fédération du Pas-de-Calais du PCF continue-t-elle d’orner subrepticement les affiches de Roussel (où le mot « PCF » figure en caractères microscopiques) avec l’emblème ouvrier et paysan de la faucille et du marteau qu’utilisent encore, sans usurpation, eux, les communistes de Moscou à Pékin et de Lisbonne au Laos? Serait-ce pour capter les voix des électeurs communistes qui se leurrent encore sur l’identité communiste de ce Parti ? On n’ose le penser.
Georges Gastaud, membre du PCF de 1972 à 2004, secrétaire du PRCF-62.