Par G. Gastaud, directeur politique d’Initiative Communiste
Censée redynamiser le PCF et lui rendre un semblant d’identité communiste, la campagne euro-compatible et beauf-complaisante de Roussel, dernièrement agrémentée de contorsions au sujet d’une éventuelle participation « communiste » à un gouvernement Macron d’union nationale (pourvu qu’il soit « high level » a précisé Sir Fabian Russell…) et corsée par une attitude social-atlantiste d’une absolue lâcheté sur l’Ukraine, n’aura fait qu’aggraver la dérive droitière de ce parti dénaturé par quarante années de « mutation ».
Alors que la tendance ultra-reformiste du sénateur socialo-dependant Pierre Laurent espère reprendre les rênes du PCF et que la députée « communiste » Elsa Focillon, qui a soutenu Mélenchon contre Roussel lors de la présidentielle, représentera le PCF dans l’intergroupe parlementaire de la NUPES (au PCF la félonie est récompensée), on comprend mal pourquoi certains militants communistes très minoritaires qui restent cartés au PCF quoi qu’il dise et quoi qu’il fasse, continuent de nourrir l’illusion d’un redressement possible de ce parti et pourquoi ils refusent obstinément tout contact avec leurs camarades marxistes-leninistes du PRCF. Plus proches de Pierre Laurent que de Léon Landini?
Alors que le « saut fédéral européen », c’est-à-dire la mise à mort irrévocable de l’indépendance française, est imminent, alors que le RN campe aux portes de l’Élysée, que l’UE-OTAN pousse à la guerre globale avec l’axe Moscou-Pékin, ce sectarisme totalement insensible aux démentis répétés de l’expérience, est devenu un luxe que le mouvement ouvrier ne peut plus se payer.
Revue de quelques déclarations récentes du PCF PGE
Alors qu’il vient d’être réélu d’un courte tête, le 21 juin, Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste (PCF), souhaite afficher sa différence à gauche et tacler Mélenchon. Par la droite : Interviewé au micro de LCI, l’ancien candidat à la présidentielle où il n’a recueilli qu’un piteux 2,28 % des suffrages exprimés au premier tour se félicite de son entretien avec Emmanuel Macron après le second tour des législatives. Pour adouber l’idée d’un gouvernement d’union nationale avec ce même Macron et prendre en contre-pied un Mélenchon appelant à l’opposition ferme.
« On a déjà participé à un gouvernement d’union nationale en 1945 avec le général de Gaulle. Ce n’est pas quelque chose qui nous choque. Mais tout dépend du projet, il faut un projet high level. Si c’est un haut niveau, on est prêts à y participer, mais il faut y travailler », déclare ainsi Roussel.
Face au tsunami de condamnation à gauche et dans les rangs des communistes, Fabien Roussel reste bien à droite dans ses botes, affirmant en même temps qu’une entrée au gouvernement n’est « pas d’actualité », mais que le PCF serait « prêts à participer si c’est pour investir fortement dans le travail, avec un projet de très haut niveau ». Le président du groupe GDR à l’assemblée comprenant le PCF (qui n’a pas eu suffisamment d’élus pour composer un groupe communiste au parlement) est obligé de se démarquer d’un timide. « Pour les communistes, il n’est pas question d’une participation gouvernementale. »
Mais dans le même temps, l’ancien porte-parole de Fabien Roussel, Guillaume Roubaud-Quashie, n’hésite pas à insulter le Conseil National de la Résistance pour accréditer l’idée que Macron pourrait être à la tête d’un gouvernement d’union nationale avec le soutien du PCF de Roussel : « Fabien est très sensible au Conseil national de la résistance et il est du Nord, comme Maurice Thorez, il ne voulait donc pas dire “non” tout court à propos d’un gouvernement d’union nationale, car il aurait eu l’impression de désavouer les réflexions stratégiques du PCF, qui ont permis d’avoir le statut de la fonction publique. Mais il aurait fallu une révolution copernicienne de Macron pour qu’une participation au gouvernement soit possible. ». Alain Pagano, membre du conseil national du PCF confirme:
« La barque reste chargée à droite. Mais ce n’était pas impossible que, compte tenu du rapport des forces politiques à l’Assemblée, les choses évoluent ». Roussel et le PCF vont il bientôt soutenir le « bilan globalement positif » du régime Macron, comme ils soutiennent déjà « ‘l’euro et l’UE qui protègent »… le Capital ?