Le monde est plongé dans une crise systémique durable, celle du capitalisme financier dominé par l’oligarchie états-unienne. En Europe, la crise se traduit par une grave récession. Alors qu’on nous parle de sortie de crise, le taux de chômage devrait dépasser 11,5 % dans l’UE et 11% en France. La crise va donc durer. Or le principe de « l’économie de marché ouverte sur le monde » imposé par Maastricht, reprise par le Traité de Lisbonne et soutenu par tous les partis « euroconstructifs », de l’UMP au PS en passant par le MODEM et « Europe-Écologie », n’est pas un frein mais un puissant accélérateur du démontage des services publics, des protections sociales, de l’emploi industriel et agricole. En outre, l’Europe supranationale interdit aux peuples de disposer d’eux-mêmes pour explorer de nouvelles politiques économiques mettant l’efficacité économique au service de tous. En outre, totalement inféodé à l’Europe atlantique, Nicolas Sarkozy et les grands privilégiés qui le soutiennent, accélèrent leur « rupture » avec l’héritage progressiste de la France telle que l’ont façonnée les Lumières, la Révolution française et la vaste alliance constituée sous l’Occupation et à la Libération autour Conseil National de la Résistance.
Face au grave danger que l’Europe supranationale et le néolibéralisme mondialisé font planer sur la civilisation en général et sur la France en particulier, quelle alternative progressiste et républicaine dessiner pour notre peuple ?
Le 21 juin 2008, L’Arc Républicain de Progrès* s’est constitué par l’alliance de plusieurs organisations dont les objectifs convergent. C’est une avancée significative dans la construction de l’alternative républicaine, patriotique, laïque, sociale et anti-impérialiste dont le peuple français a un besoin vital. L’ARP invite à s’inspirer de l’esprit de la Résistance et du large rassemblement populaire qu’elle réalisa. L’ARP appelle les citoyens à œuvrer à la réactualisation du Programme du Conseil National de la Résistance dont les principes gardent toute leur valeur.
En effet, la destruction de la France républicaine en tant qu’État et que nation, est en marche. Cette entreprise de démolition nationale est inlassablement tramée depuis la seconde guerre mondiale par un grand capital financier, dominé, depuis plus de 60 ans, par l’impérialisme états-unien. Puissamment relayé en France par une caste de privilégiés qui renient leur pays, l’impérialisme états-unien applique méthodiquement contre tous les peuples de la planète sa stratégie d’hégémonie mondiale, porteuse de guerres barbares. En dehors des périodes durant lesquelles le Général De Gaulle fut au pouvoir, avec ou sans ministres communistes, et pendant lesquelles il défendit l’indépendance nationale, le Parti américain accapare le pouvoir depuis la Libération en s’appuyant sur la majeure partie du grand patronat, de la finance et de leurs relais politiques et médiatiques. La création de l’OTAN par Washington, en alliance stratégique avec la RFA de même que leur pesée permanente en faveur de l’intégration européenne, ont créé les conditions d’une vassalisation des peuples européens. */La mise en place imposée à marche forcée de l’Union Européenne néo-libérale et atlantique a conduit par étapes la France aux portes de la décomposition
nationale que notre peuple connaît aujourd’hui./*
Ainsi, dès les années cinquante, le nationalisme allemand renaissant, notamment à l’instigation de Jean Monnet, agent fédéraliste de Washington, soutint la politique des États-Unis et travailla à construire un condominium germano-américain sur l’Europe. Bien que dominée par les USA, cette alliance non exempte de contradictions a permis à Berlin d’imposer à la « construction européenne » le modèle politique de la RFA : l’Europe fédérale des Länder.
Pour accroître l’hégémonie US sur le monde, il s’agit maintenant pour les maîtres des USA et de l’UE de créer l’Union Transatlantique en fusionnant les USA et l’UE ; le prétexte en est le prétendu « choc des civilisations » qui justifie d’avance n’importe quelle guerre contre les peuples « non occidentaux ». Ce projet « occidentaliste » passe par l’unification économique de l’UE et des USA prévue autour de 2015. Au service de ce projet impérial, l’OTAN, totalement pilotée par Washington, a entrepris d’accroître son contrôle de l’ONU, voire de se substituer à elle.
Or les partis et les politiciens qui défendent l’Europe supranationale, néolibérale et atlantiste, s’inscrivent dans cette logique de vassalisation, de trahison nationale, de reniement de la République et de la souveraineté populaire, de démontage de l’emploi productif et des savoirs-faire, des services publics et des acquis sociaux. Ainsi trahie par une bonne partie de ses « élites », la nation se délite sous les coups de l’oligarchie financière, du pouvoir sarkozyste, et de ses pseudo-opposants du PS, du MODEM ou d’Europe-Écologie, tous inféodés à la politique d’intégration euro-libérale supranationale sous pilotage germano-américain. Ainsi, nos acquis sociaux et nos services publics sont saccagés par la « rupture » sarkozyste, que D. Kessler, conseiller du MEDEF, félicite ouvertement de « démanteler le programme du CNR » (Challenge, novembre 2007). Non seulement les acquis de 1945 sont peu à peu anéantis (retraites par répartition, remboursements maladies, indemnités chômage, statuts, nationalisations, logement social…), mais les services publics sont privatisés, asphyxiés ou liquidés (Éducation nationale et Université, Recherche, Hôpital public, Poste, EDF-GDF, France Télécom, Caisse d’épargne, SNCF…). Jusqu’à la création et au patrimoine culturels qui sont soumis à la loi du profit immédiat et de l’américanisation totalitaire des esprits !
* La laïcité républicaine définie par la loi organique de 1905 est dévitalisée par un pouvoir qui d’une part, valide les diplômes religieux et s’acharne contre l’école publique et ses personnels et d’autre part, assure la promotion du communautarisme ethnico-religieux.
* Les libertés démocratiques sont étouffées par un État policier au service des puissants. Pour courtiser l’extrême droite et faire diversion à la désintégration euro-libérale de la nation, le pouvoir s’acharne sur les ouvriers immigrés au lieu d’humaniser leur accueil, d’œuvrer au développement équilibré et autocentré des ex-colonies françaises et à la gestion humaine et rationnelle des flux migratoires.
* Le droit du peuple français à disposer de lui-même, est vidé de sa substance par le traité de Lisbonne qui officialise sans le dire la constitution européenne rejetée par le peuple souverain en mai 2005.
* Le français, Langue officielle de la République, bien commun des citoyens, langue internationale de culture, ciment de la francophonie, est refoulé sur notre propre sol par la politique du « tout-anglais ».
* Au droit de notre pays de disposer d’une défense nationale et d’une politique étrangère indépendantes se substitue l’alignement systématique sur les ambitions impériales des États-Unis. Nicolas Sarkozy a obligé l’armée française, dont les régiments garde-frontière sont démantelés, à se soumettre la suzeraineté des dirigeants étasuniens en rejoignant le commandement intégré de l’OTAN sous leur tutelle.
* Notre emploi productif est saccagé: l’industrie est dépecée par les délocalisations, par la mise à mort du secteur public industriel ; nos savoirs-faire tendent à disparaître ; nos agriculteurs, vignerons, producteurs laitiers et autres marins-pêcheurs sont soumis par les grandes surfaces à une concurrence déloyale ; au nom du libre-échange européen et mondial, les salariés de l’industrie, le monde agricole, les agents publics, les chercheurs, les créateurs, les artisans, petits commerçants et dirigeants de PME sont voués à la précarité dans un pays de plus en plus voué à la finance, au tout-tourisme et au camionnage de produits faits ailleurs !
Si les choses continuent ainsi, non seulement notre pays deviendra invivable pour la majorité de ses habitants, non seulement il se transformera en Eldorado pour une minorité d’oligarques, mais il ne sera bientôt plus qu’une expression géographique. Car que serait la France sans son indépendance politique, sans sa langue, sans ses services publics, sans son industrie et son agriculture, sans sa voix originale dans le monde pour faire pièce aux Empires qui mènent l’humanité aux aventures militaires, au saccage écologique et aux crises à répétition, au nom d’une quête sans limite de la rentabilité financière ?
Or face à ce danger mortel, plus insidieux mais pas moins grave que celui qui menaçait la France voici soixante-dix ans, l' »opposition » officielle étale son incurie. Car la plupart des « opposants » à Sarkozy partagent le fond de sa politique : il n’est que de voir que des « socialistes français » dirigent le FMI et l’OMC ! En effet, les états-majors qui disent combattre Sarkozy, servent comme lui l’inhumaine « intégration européenne » ; pour protéger cette construction antisociale, antidémocratique, atlantique et totalitaire, ces faux opposants promeuvent le mensonge de l' »Europe sociale » (sic). Comme si la « construction européenne » n’était pas tournée de A à Z contre les peuples, et spécialement, contre le monde du travail de chacun de nos pays. Comme si l’UE, structurellement intégrée à l’OTAN, n’était pas un dangereux Empire tenté par une expansion sans fin et menaçant les peuples de l’Est et du Sud.
* Le rétablissement de la souveraineté populaire, la nécessaire construction d’une alternative progressiste, impliquent au contraire d’affranchir la France de l’UE, de l’OTAN et du processus d’Union Transatlantique ; pour cela il faudra prendre appui de manière actualisée sur le programme du CNR pour renouer avec la démocratie, la souveraineté populaire et l’indépendance nationale qui seules permettront à nouveau le progrès social. Cette vision patriotique et républicaine d’une France à nouveau libérée, implique la dénonciation de tous les traités européens supranationaux. De vraies coopérations mutuellement avantageuses deviendront alors possibles entre peuples égaux et souverains comme le montre /l’Alternative Bolivarienne des Amériques/ qui fédère de nombreux pays latino-américains sur des bases progressistes.*
Notre peuple saisit de mieux en mieux le sens mortifère de la construction européenne néo-libérale. Non seulement, le monde du travail et la jeunesse de France résistent de mille manières sur les terrains social et civique, mais ils ont refusé la constitution européenne en 2005, étape majeure vers le fédéralisme européen. Par son abstention massive aux élections européennes, le peuple de France a manifesté son rejet de la « construction européenne » des traités supranationaux. Il aspire en réalité à une alternative politique radicalement neuve qui, balayant ces dirigeants naufrageurs qui sabordent notre pays, imposerait un tournant vers une République sociale, souveraine, laïque, une et indivisible, fraternelle envers tous les peuples du monde.
C’est pourquoi L’Arc Républicain de Progrès appelle à:
* Lutter pour que la France s’affranchisse totalement de l’Union européenne dictatoriale et de la tutelle de l’OTAN sur la politique extérieure et militaire de notre pays ;
* Prendre appui sur les grands principes du programme du CNR pour mettre en place un programme alternatif de reconstruction nationale et sociale.* Quitte à affronter les grands intérêts privés dominants, il
est possible, en les actualisant, de remettre au centre de notre projet national les orientations cardinales suivantes qui structuraient le programme du CNR ou s’en inspirent :
* Indépendance et souveraineté nationales en tous domaines : international, militaire, économique et social, financier et monétaire, juridique, linguistique, etc. ;
* Remise en place d’un large secteur public et nationalisé qui sera géré démocratiquement dans les domaines industriel, bancaire et de services ; ce secteur public permettra à la nation de maîtriser son développement, de relancer l’emploi, de réduire les inégalités, de soutenir les PME et le « produire en France » pour échanger avec le monde entier, d’aider au développement des pays du Sud ;
* Politique nationale de développement industriel dans le respect des équilibres écologiques, de souveraineté alimentaire et agricole, de planification du développement territorial pour réduire l’écart entre
les régions au rebours de la politique d’euro-régionalisation qui casse les communes et les départements ;
* Liberté de la presse et son indépendance à l’égard de l’État, des puissances de l’argent et des influences étrangères. Pleine liberté de pensée, de conscience et d’expression ;
* Développement des libertés démocratiques, de la laïcité institutionnelle et scolaire, lutte contre le racisme et le communautarisme, égalité entre les deux sexes, élargissement des libertés syndicales, remise à l’honneur des valeurs antifascistes et républicaines de la Résistance ; Inviolabilité du domicile et de la correspondance y compris électronique) ;
* Développement des services publics (école, recherche, santé, équipement, transport, poste et télécommunications, énergie, services à l’enfance et à la vieillesse, etc.) ;
* Élargissement des droits des travailleurs et des libertés syndicales ; extension de la démocratie citoyenne à tous les niveaux, y compris à l’entreprise ; participation des travailleurs à la direction de l’économie ;
* Priorité à la santé, à la recherche scientifique, reconstruction de l’Éducation nationale et de l’Université pour une éducation laïque, publique et de qualité pour tous ; renaissance du CNRS sur les bases de principe de sa fondation ;
* Politique étrangère et de défense indépendante rejetant tous les impérialismes ; Politique active en faveur d’un monde multipolaire exclusif de toute hégémonie, rejet du prétendu « Droit d’ingérence » des États impérialistes ;
* Refus de la mainmise de l’OTAN et des USA sur l’ONU qui devra être réformée, la France préservera sa qualité de membre permanent du Conseil de sécurité en refusant de la céder à l’UE ;
* Rétablissement du lien armée-nation en particulier par le rétablissement d’un service militaire de conscription à fort contenu civique et républicain, non séparé de l’armée de métier et comportant un fort potentiel technologique, instauration d’un service civil alternatif ;
* Protection prioritaire de la vieillesse, de la petite enfance, droit au logement décent pour tous ;
* Coopération avec tous les pays du monde, et notamment, sur une base de respect mutuel, avec les pays de la francophonie et plus particulièrement avec les ex-colonies de la France en excluant tout relent de néo-colonialisme ;
* Politique culturelle dynamique, mettant au premier plan la défense et la promotion de langue française en France et dans le monde, sans négliger le patrimoine national que constituent les langues régionales, dont la sauvegarde légitime ne doit pas servir de prétexte à la promotion de « l’Europe des régions » et du fédéralisme au détriment du cadre national républicain.
En pratiquant cette politique, non seulement notre pays ne s’isolerait pas, mais il obtiendrait de nouveau la sympathie de tous les peuples qui refusent la domination mondiale d’un modèle de société étouffant et délétère. Comme ce fut le cas lorsque la France des Lumières portait les espoirs du monde, il ne s’agit pas seulement de défendre l’existence et les droits du peuple français, il s’agit d’agir pour que l’humanité toute entière ne sombre pas dans un totalitarisme global d’autant plus insidieux qu’il prétend abusivement se parer des couleurs de la démocratie et des droits de l’Homme.
Paris le 10 octobre 2009.
L’ARC RÉPUBLICAIN DE PROGRÈS rassemble aujourd’hui:
* Le Comité Valmy,
* le Pôle de Renaissance Communiste en France,
* le Collectif Républicain des Gaullistes de Gauche, Résistance et Renouveau Gaulliste,
* Le Rassemblement des Citoyens pour la République.