Pour sauver le « produire en France », soyons prêts à bloquer leurs profits!
Pour bloquer la fermeture de site à Dunkerque, mettre fin à la délocalisation des activités de raffinage, au « monopoly » des « majors sur les sites et aux incessants dégraissage de personnels, les salariés des raffineries françaises cessent le travail et bloquent les sites de production.
La CGT a annoncé avec raison la rupture de négociations en trompe-l’oeil qui n’ont d’autre but que de permettre à Eskrozy et à ses amis de la direction de Total de lanterner les ouvriers jusqu’aux régionales. Le PRCF est totalement solidaire de cette action et ses militants du Nord-Pas-de-Calais ont d’ailleurs défilé avec les grévistes dunkerquois il y a quelques jours. Notre journal « Initiative communiste » a d’ailleurs été très bien reçu par les manifestants.
La légitimité de l’action ne fait pas de doute.
Non seulement la fermeture du site Total de Dunkerque est un nouveau coup dur pour cette région nord qui souffre du chômage et de la précarité à des niveaux record (rappelons que lors de la fermeture des mines, les sociétés pétrolières qui faisaient pression pour l’abandon de la filière charbon, laissaient miroiter le maintien de l’emploi régional grâce à l’implantation sur Dunkerque), mais cela fait des années que dans toute la filière pétrochimique, les grandes sociétés transnationales de l’or noir, de Total à Shell en passant par BP et Exxon, ne cessent de tailler dans les effectifs, de « redéployer », de concentrer les capacités de production, d’aggraver la précarité sur les sites, en un mot, d’alourdir l’exploitation capitaliste. Le moins qu’on puisse dire, c’est que les consommateurs n’ont pas vu la différence en termes de prix à la pompe, au contraire les profits de Total sont monstrueux, sans parler des taxes prélevées par l’Etat qui compense ainsi en partie les énormes cadeaux fiscaux aux contribuables les plus riches! Chacun le sait, une fois passées les régionales et les boniments d’ESKROZY (qu’on se souvienne des promesses sur Grandrange!), la raffinerie sera fermée avec de sinistres conséquences pour le dunkerquois, et la promesse de « maintien de l’activité industrielle » sera vite oubliée si les travailleurs n’interviennent pas très fort MAINTENANT.
On ne peut pas croire Sarkozy,
l’homme du MEDEF, de Bruxelles et de Washington, ne comptons que sur nos luttes! Concernant Dunkerque, rappelons aussi que le maire et ancien ministre « socialiste » Delebarre, qui fait mine aujourd’hui d’être à l’écoute des travailleurs, a scandaleusement participé à la casse du statut des dockers et de leur syndicat CGT dans les années 90, avec l’aide du « syndicalisme » jaune.
En réalité, bien au-delà du cas dunkerquois, la lutte des travailleurs du pétrole met en lumière les points suivants:
1°) OUI IL FAUT DEFENDRE sans complexes le « PRODUIRE EN FRANCE »: un pays qui ne produit plus rien (la France ne fait plus que 12% de son PIB dans l’industrie!!!), qui importe tout par milliers de camions, est un pays surendetté qui SE MEURT. Les travailleurs du service public, eux aussi matraqués sans relâche par le pouvoir sarkozyste et par les politiques d’austérité de l’Union européenne, doivent soutenir les ouvriers de la production car là où le « produire en France » meurt, les services publics ne sont jamais longs à fermer, et bien entendu la réciproque vaut: un pays où les services publics disfonctionnent ne peut longtemps rester productif. Le combat des salariés du pétrole est donc un combat national au meilleur sens du mot;
2°) Ce n’est pas le mouvement ouvrier qui bloque la France, c’est le capitalisme, sa course effrénée au profit, son Union européenne de malheur. et son gouvernement au service du MEDEF, avec leur politique anti-ouvrière sans précédent depuis 70 ans. A ce blocage du pays PAR LE CAPITAL, qui conduit à la décomposition sociale et qui place la France sur la même trajectoire de déclin et de mise sous tutelle de l’Allemagne et des Banques que la Grèce, l’Italie ou le Portugal, il ne faut pas répondre piteusement comme le fit Thibault en 2003, au coeur des luttes pour les retraites, que « la CGT n’a pas pour vocation de bloquer le pays » (déclaration que le pouvoir capitaliste traduit par « allons-y et tapons fort »): tout au contraire, il faut répondre par le « tous ensemble et en même temps » comme en 36 ou 68, où furent obtenues les plus grandes avancées sociales de l’histoire française si l’on excepte celles de la Libération: c’est nous les travailleurs qui produisons les richesses, rien ne sort si nous croisons les bras; ils ont besoin de nous, tandis que nous pourrions nous passer d’eux! Quant à la grève et au blocage démocratiquement décidés, ils signifient « on ne passe pas », les briseurs de grève hors de l’usine. Comme le proclame l’affichette que le PRCF a placardé par milliers en France au plus fort des luttes de 2009, « pour sauver le pays, bloquons leurs profits »! C’est d’ailleurs par le blocage des facs et des lycées, piquets de grève démocratiquement décidés à l’appui, que les lycéens et les étudiants, désormais issus majoritairement du monde du travail, ont obtenu le retrait du CPE en 2006!
3°) Il faut féliciter les travailleurs de tous les sites qui n’ont pas réagi égoïstement en disant « ça tombe sur Dunkerque, pas sur nous! », mais en disant: UN POUR TOUS, TOUS POUR UN! C’est en y allant tous ensemble et en même temps, chacun dans sa branche mais en visant un large mouvement interpro qu’on pourra stopper l’offensive CONJOINTE du MEDEF, des transnationales, de Sarkozy, de l’U.E., du FMI de Strauss-Kahn et de l’OMC du « socialiste » P. Lamy, contre l’emploi, les salaires, les acquis (retraites, sécu, indemnités chômage), les services publics et arrêter la démolition de notre pays et des pays voisins; alors qu’après la trahison des luttes de 2009 par Chérèque et ses suiveurs des états-majors syndicaux euro-formatés, le climat est à nouveau à la lutte (enseignement, retraites, Philips-Dreux, Ikéa…), il faut surtout éviter de s’enfermer dans son entreprise et chercher les convergences d’action, car la seule question posée est bien « être battus séparément et successivement » ou vaincre ensemble ». Souvenons-nous du mot du grand écrivain antifasciste Bertolt BRECHT, « si tu ne participes pas au combat, tu participeras à la défaite! ».
4°) L’heure est venue de réclamer la NATIONALISATION DEMOCRATIQUE DE TOTAL sans indemnités pour les gros actionnaires qui n’ont cessé de bénéficier de cadeaux fiscaux et de subventions sans contrôle de la part de l’Etat. Nationaliser Total à 100%, c’est nécessaire pour rendre à la nation la maîtrise d’une part majeure de ses approvisionnements, pour développer l’emploi, contrôler les prix des produits pétroliers, faire entrer l’argent de l’essence dans les caisses de la nation et pas dans celle des actionnaires, sauver les services publics en cours de dépeçage par l’UMP, combattre les pollutions. C’est si peu « nationaliste » que cela permettrait au contraire de porter un premier coup à la « Françafrique » néocoloniale où les capitalistes de Total, après ceux d’Elf, font régner la loi sauvage de l’impérialisme. Et il faut une nationalisation DEMOCRATIQUE donnant aux travailleurs de larges pouvoirs de contrôle et de gestion à côté de l’Etat et des consommateurs.
5°) Bien entendu une telle revendication ne peut que se heurter au veto de Bruxelles et à l’opposition acharnée de Sarkozy et de la fausse gauche, qui n’a pas moins privatisé que la droite à l’époque où sévissait le gouvernement maastrichtien Jospin. Mais la question, pour un mouvement ouvrier et syndical réellement indépendant n’est pas de plier devant les veto et les tabous de Maastricht et de Sarko, il n’est pas de se demander si les revendications sont « euro-compatibles » avec ce que permet Bruxelles et ses toutous de la Confédération Européenne des Syndicats, mais d’exiger ce qui peut, sur le fond, améliorer sur le long terme la situation des salariés et du pays.
C’est pourquoi le PRCF met également en débat deux propositions
A/ discuter dans les ateliers et les manifs de la nécessité de claquer la porte de leur Union européenne de malheur (60% des électeurs et 72% des ouvriers ont boycotté les élections européennes) et de leur MAUDIT EURO (72% des Français sondés disent avoir « la nostalgie du franc »!) si les technocrates bruxellois s’opposent à ce que notre pays remette en place un large secteur public démocratisé avec un plan national pour ré-industrialiser les territoires et remette en question le désastreux libre-échangisme de l’OMC qui conduit à l’extinction totale du « produire en France », des services publics et des acquis sociaux.
B/ envisager une grande manifestation nationale unitaire contre Sarkozy et l’ensemble de sa politique réactionnaire car même si les luttes partielles sont indispensables, l’attaque des conjurés du capital, Sarko et UE en tête, est menée « tous azimuts ». Alors nous aussi, NATIONALISONS NOS LUTTES! A condition d’ignorer les criailleries de la Confédération Européenne des Syndicats, cette courroie de transmission de la Commission de Bruxelles, cela n’interdira nullement, bien au contraire, d’aller à une internationalisation des résistances en tendant la main au peuple grec en lutte: au contraire, ce sera un premier pas dans ce sens!
En attendant, partout aidons et soutenons les travailleurs du pétrole, y compris financièrement s’ils en font la demande, car ils se battent pour toute la classe ouvrière et pour l’intérêt national!