Pôle position, 1er mai 2010
le PRCF commente l’actualité sur l’internet.
On peut rire irresponsablement des rebondissements de la crise politique récurrente qui opposent les partis bourgeois belges, de la droite à la social-démocratie en passant par les écolos, profondément divisés entre « Flamands » et « Wallons ». Comme si ce n’était pas une richesse pour un pays de posséder deux langues et deux cultures… à condition que chacun étudie la langue de l’autre et que les deux langues, le néerlandais et le français, ne se laissent pas rapidement phagocyter par le Raminagrobis de l’anglo-américain, qui aura tôt fait, en les avalant toutes deux, de « mettre d’accord » Dame Belette néerlandophone et le Jeannot Lapin wallon…
Mais en réalité, ces querelles ont un autre but, dénoncé par le Parti du travail de Belgique: celui de diviser profondément la classe ouvrière belge en proie à de lourdes régressions sociales et aux suppressions d’emploi à répétition (par ex. Opel/Anvers après Renault/Vilvoorde), de désosser la Sécu belge au profit du grand patronat. Et cela alors qu’une majorité de Belges reste très attachée à la Belgique.
Mais au-delà du Barnum politicien, l’ingouvernabilité belge est lourde de menaces pour la Belgique, pour la France et pour l’Europe:
Pour la Belgique d’abord: si le patronat flamand, qui est derrière les partis indépendantistes et semi-indépendantistes, finit par l’emporter en transformant l’Etat fédéral belge en coquille vide, la situation deviendra explosive à Bruxelles (francophone, mais dont la périphérie est néerlandophone).
Dans le pire des cas, si la Belgique éclate, si la Flandre « indépendante » devient un nouveau confetti d’Empire de la RFA, qui plus est dominée par des partis franchement xénophobes (rappelons que depuis que l’Allemagne s’est réunifiée sur des bases contre-révolutionnaires en absorbant la RDA, ses voisins proches ou moins proches ont bizarrement été presque tous démantelés: Tchécoslovaquie, Yougoslavie, ex-République soviétiques de la Baltique; et la Ligue du nord italienne regarde plus vers les grands voisins nordiques que vers le « pouilleux » (sic) Mezzogiorno…), resterait-il alors d’autres ressources à la Wallonie francophone que d’être satellisée par la France ou rattachée à son voisin francophone? Paradoxalement, une telle annexion pourrait accélérer le démembrement de notre pays. Il est évident que la Wallonie négocierait son entrée dans la République en obtenant un statut spécial de type Alsace-Moselle. Mais plus gravement encore, ce rattachement « linguistique » de la Wallonie activerait les revendications séparatistes ou ulra-régionalistes dans les régions françaises dont la langue d’origine n’était pas le français : Corse, Bretagne, Catalogne, certaines parties de l’aire occitane, partie basque des Pyrénées-atlantiques. Et comme la pression de l’Europe des régions, relayée par l’UMPS est très forte, la République « une et indivisible » déjà très affaiblie par les « décentralisations » successives (Mauroy 81, Raffarin 2003, prochaine contre-réforme Balladur-Mauroy…), n’y résisterait sans doute pas. Certes, l’organisation territoriale de la République héritée de la Révolution jacobine serait sans doute profondément transformée dans le cadre d’une future France socialiste où la défense de la langue française contre le tout-anglais serait d’autant plus ferme que les langues régionales, longtemps niées par la bourgeoisie, seraient reconnues tout autant que les mouvements euro-séparatistes seraient politiquement combattus.
Ajoutons que la France aurait immédiatement des problèmes avec Strasbourg, l’autre « capitale » européenne, car une partie de la bourgeoisie alsacienne affiche sans pudeur sa volonté de transformer cette ville, jadis « ville libre » du Saint-Empire romain germanique, en capital européenne « bis » découplée du territoire français. Bref, c’est l’Europe issue de la Révolution française qui se détricote, pendant que réapparaît l’Europe impériale et vaticane d’avant 1789… au nom de la « modernité »!
Quant à Bruxelles, que deviendrait-elle? Un territoire « indépendant » où la guerre entre francophones et néerlandophones serait de moins en moins larvée? Et, cerise sur cet explosif gâteau maastrichien, le territoire bruxellois ne serait-il pas « idéal » pour devenir la capitale… anglophone (c’est bien parti !) du nouvel Etat fédéral et supranational maastrichien, sur le modèle du district fédéral de Mexico ou de Washington DC?
Bref, les peuples auraient tout à perdre, en Flandre, en Wallonie, en France et en Europe, à un éclatement belge, car la mise en place d’un ETAT européen serait une avancée majeure pour l’impérialisme, y compris pour l’impérialisme US qui, avec son acolyte allemand, domine le port d’Anvers, ce débouché essentiel du « couloir rhénan ».
Certes ce scénario reste aujourd’hui de l’ordre des hypothèses, car la crise de l’UE et de l’euro est éclatante.. et que le patronat flamand, y compris belge, sait très bien qu’il n’y a pas que des avantages, pour ses affaires et ses profits, à « exploser » la Belgique. Mais ces gens ont l’habitude de régler leurs problèmes par la fuite en avant… et la devise de Gramsci doit nous préoccuper: « pessimisme de l’intelligence, optimisme de la volonté ».
C’est pourquoi nous sommes solidaires de ceux qui, sur des bases de classe, par ex. en demandant une circonscription électorale unique pour la Belgique (pour casser le monopole des partis pseudo-« linguistiques »), veulent sauver l’unité belge et nous invitons les Français frontaliers qui travaillent en Belgique, parmi lesquels des militants franchement communistes, à soutenir nos camarades belges, tout en prenant très au sérieux le danger euro-séparatiste, car il se pourrait qu’un jour la « blague belge » finisse par tourner très mal!
La commission internationale du PRCF