Il y a 70 ans, le 10 juillet 1940 la bourgeoisie française et ses partis politiques (de l’extrême droite à la SFIO (PS)) profitaient de la défaite militaire qu’ils avaient organisée et souhaitée face à l’Allemagne nazi, pour se débarrasser de la forme républicaine parlementaire de sa domination de classe et instaurer un régime fasciste sous la direction de Pétain, Weygand et Laval sous la surveillance et la protection du régime hitlérien. C’était la mise en œuvre du « Plutôt Hitler que le Front Populaire », qu’avaient martelé les porte-paroles de l’oligarchie financière depuis 1936. C’était la suite logique de la politique d’abandon de la République Espagnole face à l’agression fasciste des franquistes soutenus par Berlin et Rome, du refus d’une alliance militaire avec l’URSS, du Traité de Munich, de la « drôle de guerre », de la revanche sur le Front Populaire et ses conquêtes sociales.
C’est dans ces conditions que le Parti communiste, interdit depuis la fin août 1939, dont les militants étaient pourchassés férocement depuis 1938 et menacés de la peine de mort pour une simple distribution de tract par le décret pris par le socialiste Sérol, lançait un Appel au Peuple de France, signé par Maurice Thorez et Jacques Duclos. Ce fut son appel à la résister, à refuser la situation, à ne pas perdre espoir. Il y était dénoncé les responsables de la catastrophe où se trouvait plongé le peuple et la classe ouvrière, leur trahison. Il rappelait le combat des communistes pour une paix véritable, c’est à dire antifasciste, dénonçant la « drôle de guerre » qui avait servi de prétexte à la répression contre la classe ouvrière et ses organisations. Il mettait ainsi en lumière le caractère de classe de la trahison de la nation par la bourgeoisie, dans la lignée de celle de l’aristocratie pendant la Révolution française, et de la bourgeoisie pendant la guerre de 1870-1871, qui lui avait permis d’écraser la Commune de Paris. Maurice Thorez et Jacques Duclos réaffirmait la confiance des communistes dans le peuple travailleur et leur certitude que c’était par sa lutte que le pays pourrait se relever, se débarrasser de l’occupation étrangère et du fascisme. C’est cela qu’exprimait le mot d’ordre « Jamais un grand peuple comme le nôtre ne sera un peuple d’esclave ». L’Appel demandait que se constitue autour de la classe ouvrière « le front de la liberté, de l’indépendance et de la renaissance de la France ». Un programme démocratique anti monopoliste était esquissé, qui devait se concrétiser en 1944 par le programme du Conseil National de la Résistance. Le Parti Communiste réaffirmait son internationalisme, et notamment son soutient à la politique de l’Union soviétique. L’Appel se terminait par la volonté de lutter pour le renversement du gouvernement de Vichy, pour la mise en place d’un gouvernement de la Renaissance Nationale, anticapitaliste.
Ce texte historique fait l’objet d’attaques anticommuniste frénétiques dans la logique des calomnies anticommunistes qui prétendent que les communistes ne seraient entrés dans la résistance qu’après le 21 juin 1941.
Il est du devoir des communistes de faire front et de faire connaître la vérité historique : c’est sur la base de l’Appel du 10 juillet que le PCF clandestin a reconstitué ses rangs ; que les militants ont ramassé les armes abandonnées par les capitulards ; qu’a été créée l’Organisation Spéciale, embryon des FTP, à l’automne 1941 ; que les militants communistes ont reconstitué la CGT clandestine ; que c’est crée le Front National ; que la grande grève des mineurs du Nord/Pas de Calais du printemps 1941 s’est déclenchée, dans un contexte de chasse aux communistes menés conjointement par l’occupant et la police de Vichy à son service. Il ne s’agit pas que de vérité historique au sens académique : derrière les campagnes anti-communistes et antisoviétiques sur cette période on veut délégitimer le mouvement communiste et le mouvement ouvrier révolutionnaire pour permettre de le criminaliser et réhabiliter le fascisme, cette forme monstrueuse de la domination du Capital sur la société. Lutter contre les campagnes anti-communistes c’est donc s’opposer au rapport Lindblatt, aux votes du Conseil de l’Europe réclamant un procès contre le communisme, aux politiques anti-communistes qui en Pologne et en Hongrie prétendent interdire les symboles communistes, réhabilitent les fascistes dans les Pays Baltes, en Roumanie, en Slovaquie, en Ukraine avant de pouvoir le faire chez nous et tentent d’interdire la Jeunesse Communiste en Tchécoslovaquie. Mais l’accentuation de la campagne anti-communiste sur les questions de la Seconde Guerre Mondiale répond aussi, pour l’oligarchie financière, au dessein de balayer l’ensemble des acquits sociaux obtenus de haute lutte par la classe ouvrière notamment à la suite de 1936 et de la Résistance. Comme l’écrivait l’ancien vice président du MEDEF Denis Kessler :
« Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance !…
Nier, dévaloriser, réduire la place des communistes dans la Résistance, le rôle majeur joué par l’Union Soviétique dans la Victoire, c’est nier tout bonnement la Résistance réelle et l’œuvre de la Libération :
– la sécurité sociale (retraites, santé, allocations familiales, allocations chômages, salaire minimum garanti), les nationalisations, une conception démocratique de l’accès à la culture, des mesures démocratiques générales (protection de la jeunesse, droit d’accueil pour les étrangers…) ;
– les notions d’indépendance nationale et de souveraineté populaire, qui ne purent se concrétiser après l’éviction des communistes du gouvernement, la même bourgeoisie qui avait choisi la collaboration avec l’Allemagne Nazi, se rangeant sous La domination de l’impérialisme des Etats-Unis ;
C’est à dire tout ce à quoi l’Union Européenne s’attaque pour le compte de l’oligarchie financière et que démolit le gouvernement Sarkozy dans notre pays.
L’offensive réactionnaire qui est menée nécessite une résistance d’ampleur sur le front social mais aussi politique et idéologique. Car aujourd’hui comme hier la bourgeoisie monopoliste, non seulement sacrifie les intérêts nationaux (qui sont ceux des travailleurs) pour ses propres intérêts égoïstes, mais pratique « la réaction sur toute la ligne » : c’est le projet de faire de la Commission de Bruxelles (et en réalité de la Banque de Francfort) le censeur à priori des budgets de chaque peuple au mépris des élus de chaque pays ; c’est Sarkozy qui propose d’inclure dans la Constitution la politique économique à mener ; c’est la compression drastique du pouvoir d’achat des travailleurs, des couches moyennes des villes et des campagnes, pour que les profits de l’oligarchie financières puissent s’envoler ; c’est une politique réactionnaire de recolonisation, d’agressivité contre les peuples du Tiers Monde ; c’est une politique d’intervention militaire au nom de « l’Europe » pour le compte de l’impérialisme américain. Et aujourd’hui comme hier la social-démocratie choisie son camp, celui de la bourgeoisie monopoliste : Socratés au Portugal, Papandréou en Grèce, Zapatero en Espagne pratique les mêmes politiques réactionnaires sur le fond que Sarkozy et Angela Merkel. Or aujourd’hui comme hier pour organiser la riposte, pour que puisse se constituer un front de résistance autour de la classe ouvrière, il faut que se reconstitue un mouvement syndical de lutte de classe et que se reconstruise un parti révolutionnaire, un parti communiste. L’exemple de la Grèce et du Portugal en témoigne, l’existence d’un Parti Communiste digne de ce nom permet que les luttes populaires se déploient. Même les médias bourgeois soulignent (mais pas l’Humanité) le rôle fondamental joué par le KKE (Parti Communiste de Grèce) dans l’organisation de la riposte à la politique imposée par le Capital monopoliste européen via la social-démocratie au peuple de Grèce.
C’est pourquoi les vrais communistes, unis, rejetant les fausses alternatives européistes de la social démocratie et de ses satellites, appellent clairement à développer le combat de classe anticapitaliste, à faire grandir le mouvement pour que se reconstitue en France un vrai Parti communiste, à mettre en place un large front antimonopoliste autour de la classe ouvrière. L’heure n’est pas à la « discussion » et au « dialogue social » avec un régime liberticide, largement discrédité par ses pratiques affairistes et son mépris du peuple travailleur.
L’heure est à appeler notre peuple :
– à SORTIR de l’Union européenne, cet élément clef de la dictature du Capital contemporain ;
– à faire exploser le CARCAN de l’EURO, qui permet de broyer les salaires, l’emploi industriel, les acquis sociaux et la fonction publique ;
– à affronter clairement « tous ensemble et en même temps » les monopoles capitalistes qui étranglent notre pays,
– à mettre en accusation le système capitaliste en crise, à remettre à l’ordre du jour le SOCIALISME pour la France, c’est à dire une société dans laquelle les moyens de production et le pouvoir politique seront aux mains du peuple travailleur et serviront à satisfaire les besoins de tous au lieu de permettre une accumulation sans fin des profits.
C’est là l’enjeu de la riposte unitaire qui est la notre contre l’anticommunisme et pour rétablir la vérité sur le premier appel à la Résistance populaire et active contre Vichy et l’occupant. C’est en cela que nous restons fidèles à l’esprit de l’Appel du 10 juillet.
Face à une classe provisoirement dominante et à ses larbins qui, à l’échelle d’un continent, veulent que les travailleurs travaillent plus, ne puissent plus se soigner, meurent à la tâche, gagnent moins, soient livrés pieds et poings liés aux desiderata du Capital, qui cassent les industries, l’agriculture, multiplient sciemment le chômage et l’assistanat, nous faisons nôtre l’appel du Parti Communiste de Grèce depuis l’Acropole » Peuple d’Europe soulevez-vous », car pour paraphraser Thorez et Duclos « Jamais nos peuples ne seront des peuples d’esclaves » !
PRCF, URCF & RCC