On parle beaucoup de conflits d’intérêts dans la vie politique ces derniers temps. Des amitiés de Nicolas Sarkozy avec le milieu de la finance et des médias, de l’affaire Woerth-Bettencourt aux récentes révélations du livre de Martin Hirsch, mais les journalistes oublient aussi d’autres évidences. Alors que le déficit prévisionnel de la Sécurité Sociale a été annoncé cette semaine et qu’une diminution des remboursements est d’ores et déjà au programme, il est temps de sepencher sur le secteur de la santé, de comprendre son fonctionnement, et surtout d’en connaître les acteurs.
Le Pôle Emploi, né de la fusion de l’ANPE et de l’ASSEDIC sur une idée de Nicolas Sarkozy, compte 50.000 employés. La Sécurité Sociale, comprenant l’Assurance Maladie, l’Assurance Vieillesse et les URSSAF compte 120.000 employés. Ces deux organismes ont été concernés par une réforme récente concernant lescomplémentaires santé.
Ainsi, depuis le 1er janvier 2009, 170.000 employés ont été contraints de résilier leurs contrats avec leurs mutuelles pour adhérer à une « mutuelle employeur obligatoire ». Ceux qui ont des enfants ont également été obligés d’inscrire ces derniers sur le nouveau contrat (sauf s’ils étaient déjà ayant-droits sur le compte du conjoint via une mutuelle employeur obligatoire). On peut appeler ça du passage en force. C’est une conséquence de la loi Fillon de 2003.
Ce qui est encore plus étonnant, c’est de constater que c’est le même organisme qui a remporté les deux marchés. On ne connais pas les modalités des appels dfoffre mais on constate que cfest le groupe Malakoff-Médéric qui a raflé la mise, obtenant dfun coup, dfun seul, 170.000 adhérents supplémentaires, sans compter les ayant-droits.
Ajoutez à cela les 800.000 salariés CHR (café-hôtellerie-restauration) qui rentreront dans le dispositif en janvier 2011c cfest encore Malakoff Médéric qui a emporté le marché. Revenons donc sur lfhistoire de cette compagnie dfassurance et de prévoyance pour comprendre un peu mieux les enjeux.
MALAKOFF-MEDERIC SUR LE MARCHE FRANÇAIS,’EST LE N°1 DES GROUPE S PARITAIRES DE PROTECTION SOCIALE, N°2 DE LA RETRAITE COMPLÉMENTAI RE ET N°3 EN SANTÉ COLLECTIVE (CLASSEMENT ARGUS DE L’ASSURANCE).
Le groupe est né de la fusion de Malakoff et Médéric (d’où son nom) le 30 juin 2008, soit 6 mois avant la mise en place du dispositif « mutuelle obligatoire employeur » pour la Sécurité Sociale et le Pôle Emploi.
Dès le 1er Juillet, le président de Médéric cède sa place pour laisser seul au commande du groupe, le président de Malakoff : un certain Guillaume Sarkozy. Ce dernier est loin d’être un inconnu : il fut un des vice présidents du MEDEF de 2000 à 2006, il a aussi été le vice-président de la CNAM de 2004 à 2005. Guillaume Sarkozy, comme son nom l’indique, est le frère de Nicolas.
Intéressons-nous maintenant au troisième frère François Sarkozy.
Pédiatre de formation, François a abandonné la pratique de la médecine pour se consacrer à lfindustrie pharmaceutique (principalement orientée vers la gériatrie) depuis 2001. Ainsi, il siège au conseil de surveillance de Bio Alliance Pharma et est devenu le président dfAEC Partners dont une des missions est le conseil aux fonds dfinvestissement.
Par ailleurs, François Sarkozy a également lancé une chaîne de télévision spécialisée dans la santé sur internetc financée par le laboratoire Sanofi. Ajoutons à cela ses relations avec le groupe Paris Biotech Santé, lfun des protagoniste de lfaffaire de lfArche de Zoë (trafic d’enfants au Tchad,) et on lfaura compris, lfhomme a tissé sa toile : il fait partie aujourdfhui des puissants lobbyistes de lfindustrie pharmaceutique. Dfailleurs le grand plan Alzheimer lancé par le gouvernement est unjoli cadeau de quelques centaines de millions dfeuros, une aubaine pour le secteur dont il défend les intérêts.
Trois frères : lfun en charge de lfexécutif de la « République » , lfun à la tête dfun des plus gros groupe dfassurance santé et le dernier dans le capital des laboratoires chimio-pharmaceutique . Si ça ne s’appelle pas un conflit d’intérêt,…. Mais pour les médias aux ordres n’en parlent pas.
Pourtant on peut avoir de vives inquiétudes sur l’avenir de notre système de santé. Les réformes engagées depuis 2004 ont pour but sa détérioration au profit du grand capital financier et l’on peut prédire son démantèlement d’ici quelques années. Pour le plus grand profit des requins de la santé ! Mais nous ne les laisserons pas faire !
Plus que jamais notre union, notre action, nos luttes sont indispensables pour empêcher de nuire et chasser ces parasites ! Et sans attendre 2012.