Billet rouge – Pôle position
Reniant le combat de Duclos et de Marchais, le PC-PGE tombe le masque:
En 1992, le PCF a mené un juste combat, suivi par des millions d’ouvriers et d’employés (49% de « non » officiellement !) contre le traité de Maastricht qui instituait la supranationalité, interdisait de fait le socialisme (« économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée ») et prévoyait la mise en place d’une monnaie unique extrêmement dangereuse pour le progrès social et pour la souveraineté des peuples.
Et le PCF de l’époque a eu raison: à l’expérience, l’euro s’est révélé synonyme d’envol des prix, de recul des salaires, des acquis sociaux, des services publics et du « produire en France » (l’euro fort plombe nos exportations), de destruction de notre souveraineté budgétaire. Au nom du plan « euro + », la Grèce, le Portugal et l’Espagne sont traités de « pigs » et A. Merkel a obtenu le droit, par Banque européenne interposée, de valider les budgets nationaux avant que les parlements nationaux n’en aient discuté ; au nom de la sauvegarde de l’euro, la constitution française pourrait prochainement interdire que le budget d’un pays puisse comporter un déficit : si cela avait été le cas en mai 68, un tel dispositif eût par ex. rendu inconstitutionnelle l’augmentation importante des salaires qui résulta de la plus grande grève de l’histoire !
Eh bien Wurtz, l’homme qui pour être élu sans discontinuer au « parlement » européen a suscité en 92 le « tournant euroconstructif du PCF » monte au créneau dans un article-fleuve de l’Huma-Dimanche où il répond « à un lecteur » (en réalité, à des milliers de communistes qui supportent de moins en moins l’UE et l’euro !). Wurtz ne sort pas de sa tour d’ivoire européenne pour défendre les retraites ou la Sécu, qui y passeront entièrement, si l’euro est maintenu ; il ne s’agite pas pour combattre les lois anticommunistes qui pleuvent sur les pays de l’est annexés à l’UE avec l’accord du PCF. Non, Wurtz défend la « monnaie unique ».
Dame, s’opposer à l’euro désormais, ce serait fâcher Mélenchon, le PS, et surtout, le « Parti de la Gauche Européenne » dont le secrétaire national du PCF, le sieur Pierre Laurent, est devenu le président en titre ! Ce PGE que le PC de Grèce, fer de lance de la résistance communiste en Europe, dénonce pour ses dérives anticommunistes !
En fait, le seul argument réellement politique de Wurtz et Cie, est que refuser l’euro serait se jeter dans les bras de Marine Le Pen et alimenter le « populisme » et le « repli national ».
C’est strictement l’inverse qui est vrai: ce sont les dirigeants euroconstructifs du PCF qui jettent des millions d’ouvriers dans les bras des fascistes en reniant la tradition patriotique du grand PCF qui, depuis le Front populaire, a toujours associé le combat anticapitaliste à la défense de la nation, le drapeau tricolore au drapeau rouge frappé des « outils ». C’est d’ailleurs quand il a su associer le drapeau tricolore au drapeau rouge que le PCF est devenu le premier parti de France et que la classe ouvrière est devenue une très grande force politique dans la nation : à preuve les grands acquis de 1945 attachés aux noms de ces internationalistes et patriotes qu’étaient Thorez, Duclos, Croizat, Paul, Manouchian, Danielle Casanova, etc. Et c’est depuis que le PCF a abandonné les « outils » ouvrier et paysan, depuis qu’il a répudié le noble titre de « parti de la classe ouvrière » et qu’il a adopté le drapeau bleu de l’Empire européen en construction, qu’il recule dans la classe ouvrière pendant que le FN monte en puissance dans le pays !
Dire que sortir de l’euro ruinerait la France est un mensonge. C’est au contraire s’il reste dans l’euro, dans l’UE du capital, que notre pays mourra, que sa production industrielle, son agriculture paysanne, sa pêche, ses services publics, sa laïcité, ses libertés communales, et jusqu’à sa langue sacrifiée au « tout-anglais » patronal, « plongeront » en entraînant la population travailleuse de France, française et immigrée, dans le gouffre de la précarité. C’est « pour sauver l’euro » que notre classe ouvrière est massivement précarisée, que notre jeunesse est déclassée, que les travailleurs du service public vivent un véritable cauchemar depuis l’adoption de Maastricht ! C’est pour ne pas y rester que la France et sa classe ouvrière doivent sortir de l’UE supranationale et son arme de destruction massive : l’ « euro fort », aligné sur le deutsche-mark !
Car il est parfaitement possible de sortir de l’euro, ce maillon faible de la construction européenne, et tant mieux si cela nous aide à faire sauter l’euro-dictature qui broie la France et tous les pays d’Europe. De plus en plus de mouvements progressistes, Arc Républicain de Progrès, M’PEP, POI sont d’accord, sous des modalités diverses qui doivent être débattues, pour sortir de l’euro, voire pour sortir de l’UE comme le réclame le PRCF depuis des années, avec un nombre grandissant d’organisations communistes intérieures et extérieures au PCF.
L’argument de l’augmentation de la dette française qui résulterait d’une sortie de l’euro est significatif du ralliement de la fausse gauche et des pseudo-communistes au système capitaliste. Comme si un véritable gouvernement progressiste abolissant l’euro devait avoir pour priorité de rembourser les financiers et les banquiers, -que les Etats, donc les contribuables, ont sauvés de la faillite en 2008-, et non de satisfaire les besoins de la population qui élit et paye les hommes politiques, eurodéputés du PS, du PG et du PCF inclus. Le peuple islandais, qui n’a pas pour le conseiller de brillants « marxistes » comme le distingué eurodéputé Francis Wurtz, a trouvé une réponse qui est appelée à faire école à l’échelle planétaire : il a dit aux financiers internationaux et islandais qui voulaient l’étrangler et le mettre sous tutelle : « allez vous faire voir, je nationalise les banques et je ne reconnais pas la dette des capitalistes ». Ce qui fait sans doute frissonner F. Wurtz !
C’est aussi pour combattre le FN qui dévoie le refus populaire de l’UE vers le piège mortel du racisme que le PRCF appelle à signer une pétition pour la sortie de l’euro, accompagnée d’un tract dénonçant la construction européenne de A à Z. Abandonner la lutte anti-euro aux fachos, c’est leur ouvrir un boulevard vers l’Elysée, d’autant plus que le FN n’est pas réellement pour l’indépendance nationale (il a voté l’Acte unique européen en 86), la défense de la nation lui sert de prétexte pour liquider le mouvement ouvrier.
Les internationalistes que nous sommes ne veulent pas isoler la France, mais mettre en place de nouveaux traités internationaux non-limités à l’Europe et analogues à l’ALBA latino-américaine ; dans ce traité d’un type nouveau, les peuples d’Amérique latine opposés à l’Oncle Sam (Cuba, Venezuela, Bolivie…) échangent entre eux d’Etat à Etat tout en respectant la souveraineté de chacun et les acquis populaires, et en contournant la tutelle du dollar.
Il est vrai que s’engager dans cette voie, celle de la rupture progressiste avec l’UE du capital, ce serait renouer avec une démarche révolutionnaire, remettre la classe ouvrière au centre de la nation, impulser comme jamais l’Europe des luttes, revenir au combat de classe pour le socialisme, bref, tout ce que refuse désormais Wurtz, inspirateur de la funeste « mutation » du PCF et relais idéologique décomplexé de la social-eurocratie.
Les ouvriers, les paysans, les artisans, les fonctionnaires, les marins-pêcheurs, qui sont de plus en plus spoliés et appauvris par cette monnaie unique, pourront toujours se consoler : Wurtz se verra sûrement proposer une place à la mesure de ses mérites « européens » si Hollande ou DSK accède à l’Elysée pour installer « l’eurogouvernance » destinée à renflouer l’euro en perdition…
Voilà à quelle énorme trahison de classe l’ « eurocommunisme » des années 70/90 aboutit aujourd’hui : 100% de reniement du communisme, 100% de ralliement à l’Empire européen du capital, 100% de trahison de la classe ouvrière, censée accepter la casse complète des salaires et des acquis pour « sauver l’euro » !
Et tout cela, bien entendu, au nom de l’introuvable « Europe sociale » chère à DSK, à Aubry, à Mélenchon, à P. Laurent et à Wurtz. Plus que jamais, combattons le mensonge social-impérialiste de l’ « Europe sociale » dont le seul but est d’enchaîner les ouvriers à la maudite « construction européenne » du capital, tout en les faisant rêver d’un avenir radieux toujours repoussé aux calendes !
Alors plus que jamais, à bas l’euro et l’UE, non au « Parti de la Gauche Européenne », vive l’indépendance nationale, l’esprit du CNR et agissons tous ensemble pour que renaisse au plus tôt un vrai parti communiste dans notre pays !