Sarkozy peut, -provisoirement-, se réjouir bruyamment et coiffer les lauriers sanglants du « conquérant » et du « chef de guerre » : pris en tenailles entre d’une part, les bombardements sanglants de l’OTAN et des « Rafales », et d’autre part les groupes tribaux copieusement alimentés en armes lourdes et en argent par l’impérialisme anglo-franco-américain, le régime de Tripoli est dans une situation de plus en plus difficile après avoir vaillamment résisté durant des mois.
Plus que jamais il apparaît que le but des impérialistes franco-anglo-américains n’était pas de « soutenir la révolution arabe », comme l’a prétendu Mélenchon qui a fait preuve en la matière d’un grand cynisme ou d’une invraisemblable naïveté : il s’agissait au contraire, alors que Sarkozy et la caricaturale Alliot-Marie s’étaient discrédités dans tout le monde arabe suite à la révolution tunisienne, de récupérer politiquement et militairement la guerre civile libyenne pour éliminer le régime de Khadafi. Certes, ce régime affiche un bilan social et démocratique plus que contrasté, certes, il avait donné de multiples gages d’ « assagissement » auprès des impérialistes dans la dernière période. Mais ce que l’impérialisme ne pouvait lui pardonner, ce n’étaient pas ses fautes, c’était au contraire d’avoir nationalisé le pétrole libyen, d’avoir chassé le régime néo-colonial du roi Idriss, le valet des Anglais et de BP, d’avoir tenu les intégristes à distance et d’avoir utilisé pour une part l’argent du pétrole pour impulser un mouvement de solidarité économique entre les peuples africains.
Quant au fameux « mandat de l’ONU », sur lequel s’assoit quotidiennement l’Etat d’Israël qui piétine toutes les résolutions de l’Assemblée générale (deux poids, deux mesures), il n’a cessé d’être grossièrement violé par l’intervention impérialiste : combien de milliers de morts civils sous prétexte de « protéger les civils » ? Quand l’ONU, dont la charte fait toujours référence au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes sans ingérence des grands Etats, a-t-elle mandaté Sarkozy pour changer le régime d’un Etat qui n’a jamais attaqué la France et que Sarkozy lui-même a reçu en grandes pompes il y a peu ? La réalité est que Sarkozy, de plus en plus inféodé à l’impérialisme US et à l’OTAN, veut recoloniser la Libye avec l’aide de l’ancien colonisateur, l’impérialisme britannique. « TOTAL », qui saigne les automobilistes français à la pompe, aura tout à y gagner. Mais les travailleurs et les citoyens français paieront la facture (combien tout cela aura-t-il coûté au moment où, « pour sauver l’euro », Sarkozy ne cesse d’appeler les travailleurs à serrer la ceinture ?). ET dans la prochaine période, combien de morts, d’attentats, va coûter la consolidation du nouveau régime pro-impérialiste à Tripoli si cette ville tombe ?
Quant au PS qui, conformément à sa tradition social-impérialiste datant de 1914, a soutenu de bout en bout l’aventure impérialiste travestie en intervention humanitaire par le pseudo-« philosophe » BHL, il a gravement aidé Sarkozy, en perdition dans les sondages après la contre-réforme des retraites, à remonter dans l’opinion en plein lancement de la présidentielle. Drôle d’ « opposition » en vérité !
Plus que jamais, il faut aussi que les vrais communistes s’interrogent et se remettent en question. Comment se fait-il qu’en dehors de communiqués communs avec l’URCF et le RCC, nous n’ayons pas fait le nécessaire pour nous unir et intervenir ensemble contre cette guerre néo-coloniale caractérisée, menée par le régime le plus réactionnaire que notre pays ait connu depuis 1940 ? Plus que jamais, et sur tous les sujets, le PRCF appelle les communistes de base à exiger l’unité d’action des groupes franchement communistes, internes ou externes au PCF ! ne laissons plus passer passivement, camarades, les atermoiements, les prétextes, les faux procès et l’intérêt de boutique, ce qui se prépare sur tous les terrains est trop grave pour les peuples, à commencer par le nôtre !
Cela vaut aussi pour tous les mouvements franchement républicains et progressistes, car « un peuple qui en opprime un autre ne saurait être libre » (Marx). L’écrasement de pays plus faibles par l’impérialisme constitue une défaite pour le peuple de France, comme tout ce qui renforce le régime UMP : celui-ci étant occupé en permanence à démanteler la nation, la classe ouvrière industrielle et la république, tout succès militaire de l’impérialisme « national » à l’extérieur est en réalité un coup grave contre la nation populaire ! Plus que jamais, en France et à l’extérieur, défendons le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, c’est l’intérêt, non seulement des peuples agressés par « notre » impérialisme, mais du peuple et de la classe ouvrière de notre propre pays !