Le 14 juillet 1935, une foule immense et enthousiaste emplissait le stade Buffalo à Paris pour fêter le 14 juillet avec le Front Populaire naissant. Ce rassemblement consacrait le triomphe du rassemblement populaire dont le Parti Communiste avait lancé l’idée dès octobre 1934, en réponse aux tentatives factieuses des Ligues fascistes.
Quarante-huit organisations, partis de gauche, CGT et CGTU, associations sportives et culturelles, y participaient, ainsi que des savants de premier plan, comme Jean PERRIN (*), qui prononça le Serment du Front populaire au nom de l’ensemble des participants.
Événement d’une importance capitale, jusqu’alors le 14 juillet c’était la parade des forces armées de la bourgeoisie ; avec le Front Populaire, c’était le peuple travailleur qui appelait à la République sociale, souveraine et démocratique contre le fascisme menaçant, et qui se proclamait l’avenir de la France.
A cette occasion, Jacques DUCLOS prononça au nom du Parti Communiste (Section Française de l’Internationale Communiste, S.F.I.C.) un discours dont voici quelques extraits :
« Nous communistes qui sommes des révolutionnaires, nous qui voulons mettre un terme à l’exploitation dont le peuple est victime en expropriant les expropriateurs capitalistes, nous qui voulons assurer la souveraineté du travail nous qui voulons faire triompher le socialisme à l’exemple de l’URSS, nous entendons poursuivre l’action commune avec tous ceux qui ne veulent pas qu’on ramène notre pays en arrière… Notre drapeau c’est le drapeau rouge, le drapeau qui déjà fut brandi par le peuple durant les années 1792,1793,1794,le drapeau qui connut la victoire avec les héros immortels de la Commune de Paris, le drapeau de combat et d’espoir des prolétaires du monde entier… Mais nous qui luttons sous les plis du drapeau rouge…nous voyons dans le drapeau tricolore le symbole des luttes du passé.
Et si l’immense foule rassemblée aujourd’hui chante non seulement notre hymne d’espérance et de lutte « l’Internationale », mais aussi la « Marseillaise », nous n’oublions pas que la « Marseillaise » est un chant révolutionnaire dont nous reprenons l’appel vibrant : Liberté, liberté chérie combats avec tes défenseurs »
Et dans ses Mémoires Jacques Duclos écrit :
« Trop longtemps la Marseillaise avait été abandonnée à la pire réaction. Il fallait en finir avec une telle situation. La classe ouvrière prenait ainsi dans ses mains l’héritage de la Révolution française dont elle ne perdait de vue ni la grandeur, ni les limites ».
DÉFILÉ DES 500.000 MANIFESTANTS A LA PORTE DE VINCENNES, 14 JUILLET 1935 (LE) – VERSION LONGUE Source : Ciné Archives Films du Front Populaire
C’est à partir de cette date historique que les communistes français ont combattu, jusqu’à la sinistre mutation, sous les plis mêlés du drapeau rouge orné de l’emblème ouvrier et paysan ET du drapeau tricolore, aux accents mêlés de l’Internationale ET de la Marseillaise. Ce fut le cas sous le Front populaire contre les « deux cents familles », puis sous la Résistance antifasciste dans les Maquis FTP et FTP-MOI contre Hitler et Pétain, à la Libération pour rétablir l’indépendance nationale, les libertés démocratiques et l’élan vers le progrès social, dans les années cinquante pour combattre la Communauté Européenne de Défense et la vassalisation atlantique de la France, sous le pouvoir personnel pour contrer le régime des monopoles capitalistes et proposer une alternative démocratique et socialiste, au moment du référendum sur Maastricht pour porter à la fois, contre la prétendue « construction » européenne le drapeau de la souveraineté nationale et celui de la souveraineté du peuple. Et si les communistes et le peuple français ont tant reculé à l’aune de l’ « eurocommunisme » des années 70, puis de la mutation antisoviétique, anti-léniniste et « euro-constructive » des années 90, cela s’est marqué à l’adoption du drapeau bleu marial frappé des étoiles (que Pierre Laurent, président du Parti de la Gauche Européenne subventionné par l’UE, arbore à sa boutonnière !), à la dé-communisation du drapeau rouge (privé des « outils »), à l’abandon de fait du drapeau tricolore (désormais largement absent des manifestations populaires politiques ou syndicales) et à l’adoption du mot d’ordre mensonger d’Europe sociale qui subordonne la classe ouvrière à l’acceptation de principe de la « construction » européenne.
Au moment où les forces du capital, rassemblées dans l’Union Européenne, sous la bannière de l’euro et de l’OTAN, et singulièrement dans notre pays ceux qui les servent, de la fausse gauche à l’extrême droite, ramènent la France un siècle en arrière au plan social et commencent à la démembrer au plan institutionnel, culturel et linguistique, combien le discours de Jacques DUCLOS demeure actuel !
80 ans ont passé et nous, communistes de PRCF, qui voulons, dans les conditions actuelles être les continuateurs du véritable Parti Communiste forgé par CACHIN, DUCLOS ET THOREZ, nous avons l’ambition au-delà de tout repli sectaire de contribuer de toutes nos forces au grand Rassemblement populaire majoritaire, au Front Antifasciste, Patriotique et Populaire qui pourra seul faire sortir notre pays du carcan européen, affronter le grand capital sur une base anticapitaliste et rouvrir à notre peuple la voie du socialisme.
C’est pourquoi nous appelons le peuple de notre pays à combattre avec nous pour les quatre sorties qui permettraient de reconstruire une France libre et forte et de faire enfin connaître à notre peuple « les jours heureux » : sortir de l’Euro, de l’UE, de l’Otan ET du capitalisme sous les plis de nos deux drapeaux : car abandonner à la réaction « bleu marine » et à Sarkozy le drapeau tricolore et la Marseillaise, comme y poussent les gauchistes et les trotskistes par faux radicalisme, ce serait faire un cadeau royal à l’ultra-droite et renoncer au rôle dirigeant de la classe ouvrière dans le rassemblement pour sauver et reconstruire la nation : c’est-à-dire au principal moyen permettant d’unir notre peuple contre le capitalisme et l’impérialisme, y compris contre l’impérialisme français, cet ennemi redoutable de la nation française et des peuples d’Afrique et du Proche-Orient.
Alors, contre l’Union Européenne atlantique, accrochée à son drapeau clérical et au « stars and stripes » états-unien, contre la réaction sarko-lepéniste qui oppose le drapeau national au drapeau rouge des ouvriers, contre les sous-ordres gauchistes qui valident l’opération en excluant sottement le drapeau tricolore au nom du drapeau rouge, unissons le patriotisme républicain à l’internationalisme prolétarien pour rouvrir une perspective révolutionnaire DE MASSE à notre peuple.
Le Secrétariat Politique du Pôle de Renaissance Communiste en France
Jean PERRIN (*), prix Nobel de physique, qui donna lecture de la déclaration unitaire.