Aujourd’hui, nous célébrons le 64ième anniversaire de la Victoire sur le nazisme et le fascisme.
A cette occasion j’ai tenu à m’adresser à vous, au titre de Président de l’Amicale des Anciens FTP-MOI des bataillons Carmagnole et Liberté.
Je suis un des rares survivants de cette une unité de résistance à l’occupant, de laquelle Charles Tillon, Commandant militaire de tous les Francs-Tireurs et Partisans de notre pays a déclaré :
« Le bataillon FTP-MOI Carmagnole-Liberté est un des plus beaux fleurons, si ce n’est le plus beau fleuron de la résistance armée française».
Mesdames, Messieurs, chers amis, très chers camarades.
Du 21 au 28 mars dernier, a eu lieu dans notre pays, une semaine de lutte contre le racisme et l’antisémite.
Cette semaine de lutte, destinée à combattre ces fléaux m’a rappelé un temps que je croyais à jamais révolu.
En effet, alors que j’étais encore un enfant, j’ai connu une époque où le racisme ce conjuguait au présent.
En voici un exemple :
Dans un article d’Henri Beraud, paru dans le journal « GRINGOIRE » du 7 août 1936, voici comment ce sinistre personnage traitait les étrangers.
Je le cite :
« Sommes-nous le dépotoir du monde ? Par toutes nos routes d’accès, transformées en grands collecteurs, coule sur nos terres une tourbe de plus en plus grouillante, de plus en plus fétide.
C’est l’immense flot de la crasse napolitaine, de la guenille levantine, des tristes puanteurs slaves, de l’affreuse misère andalouse, de la semence d’Abraham et du bitume de Judée, doctrinaires crépus, conspirateurs furtifs, régicides au teint verdâtre, Pollack mités…
Ils accourent précédés de leur odeur, escortés de leurs punaises ».
Pourtant ces étrangers, si vilipendés, si salis, si insultés, ont souvent été parmi les premiers à prendre les armes contre l’occupant, pour défendre le pays qui les avait accueilli.
Cela a été confirmé par de nombreux spécialistes de l’histoire contemporaine et même par un Président de la République.
C’est le résistant et historien Henri Noguères qui écrit dans un de ces livres :
« Ils ont été pendant longtemps pratiquement les seuls à frapper l’occupant en multipliant les attentats …
L’ensemble de la résistance, en reconnaissant par la suite la nécessité de donner priorité à l’action immédiate, rendra hommage à la tactique de guérilla à outrance préconisée par les FTP.
François Marcot, professeur d’histoire et Conservateur du Musée de la Résistance de Besançon :
« Aucune des formes d’actions de la Résistance ne leur ont été inconnue
Quelle que soit la forme du combat des étrangers ce qui frappe c’est son extrême intensité ».
Morts sous la torture, fusillés ou décapités, les étrangers payèrent un lourd tribut ». … car ce sont des combattants en France avant d’être des étrangers ……
C’est François Mitterrand, alors Président de la République, qui à déclaré à Besançon, lors de l’inauguration d’un monument dédié aux étrangers :
« Ces étrangers, hommes ou femmes, étaient venus d’un peu partout : travailleurs immigrés fuyant les persécutions nazies et fascistes, Républicains Espagnols défaits par les franquistes, ressortissants des possessions françaises à travers le monde …
Mais tous, on peut le dire, étaient animés par la volonté de combattre pour la liberté des autres ….
Et il continue en disant :
Trop nombreux sont encore ceux qui veulent oublier ce que la France doit à des hommes et des femmes venus de partout, qui ont répliqué à une politique d’exclusion systématique en s’intégrant, parmi les premiers, aux mouvements de résistance ».
Pour la bonne compréhension des choses il me faut ajouter, que plus de 50 % de mes frères de combat, membres des bataillons Carmagnole et Liberté, sont tombés les armes à la main.
En ce qui concerne les FTP-MOI, beaucoup d’entre eux ont eu à souffrir dans leur propre pays, du nazisme, du fascisme et de l’antisémitisme.
De ce fait, ils étaient sans doute plus avertis que les autres, du danger que représentaient ces idéologies criminelles, mais ils n’étaient ni plus courageux, ni plus intelligents.
Ils considéraient simplement, que se battre pour la liberté était un devoir auquel ils n’avaient pas le droit de se soustraire.
Ils étaient animés par un idéal, un merveilleux idéal qui permettait à un homme ou à une femme de se sublimer et de se sublimer à son insu.
Se battre pour la France, c’était se battre pour la liberté, c’était se battre pour le pays de la Révolution, pour le pays de la Commune et des droits de l’homme.
Pour la seule Nation au monde dont les frontons des bâtiments publics portent ces trois mots : LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE.
Certes, au début, ils se sont engagés dans un tunnel tout noir sans aucune lumière au bout et ils savaient pertinemment, bien que vilipendés par de nombreux français, que la lutte serait longue, dure et dangereuse.
Pourtant, « En espérant contre toute espérance » comme l’a écrit François Bédarida, ils ont vaincus, et c’est précisément là que réside cette grande leçon de la Résistance, se battre même lorsque tout semble perdu.
D’autres avant moi ont dit :
Qu’il n’y a que les batailles que l’ont ne mène pas qui sont perdu d’avance !
Et cette affirmation demeure toujours valable.
La résistance à l’occupant, avaient comme chemin obligé, la libération de la France, mais le but fondamental de notre engagement comme le démontre « Le programme du Conseil National de la Résistance » c’était la création d’un monde meilleur.
D’un monde où il ferait bon vivre.
D’un monde où les mots liberté, égalité, fraternité et solidarité ne seraient plus de vains mots inscrits sur les frontons des bâtiments publics.
Les résistants, étaient convaincus que les hommes et les femmes de notre pays pourraient désormais bénéficier d’une vie, telle que l’avait défini le Général de Gaulle lorsqu’il déclara qu’il fallait :
« Que les biens de la France profitent à tous les français, que sur ces terres, pourvues de tout ce qu’il faut pour procurer à chacun de ses fils un niveau de vie digne et sûr.
Il ne doit plus se trouver un homme ni une femme de bonne volonté qui ne soient assurés de vivre et de travailler dans des conditions honorables de salaire, d’alimentation, d’habitation, de loisirs, d’hygiène, qui ne puisse faire instruire ses enfants ».
Aujourd’hui, c’est avec stupéfaction que nous apprenons que la police de notre pays, sous les injonctions du ministre Brice Hortefeux, mène une chasse effrénée contre des étrangers, allant, jusque et y compris, à les poursuivre dans les cours de nos écoles.
Pourtant, les immenses nécropoles, situées devant Verdun, Rome ou Monté-Cassino, démontrent le très lourd tribut payé par nos coloniaux dans la défense d’un pays qui n’était pas leur
Alors comment est-il possible qu’aujourd’hui de jeunes étrangers, descendants de ces « morts pour notre Patrie » soient traités avec si peu d’humanité, si peu d’égards et si peu de respect ?
Nous les survivants des FTP-MOI, étrangers ou fils d’étrangers, ayant eu à subir le racisme sommes les témoins et les acteurs d’une époque qui était faite de lutte, d’enthousiasme et de foi.
Oui ! Nous avons le droit et le devoir de nous mettre en colère et de nous insurger contre la destruction de tous les acquis du programme du Conseil National de la Résistance.
Destruction, effectuée au nom d’une l’Europe que 55% des français avaient rejeté en mai 2005.
C’est au nom de cette Europe, qui devait nous apporter, la paix, le travail, le bien être pour tous et malheureusement aussi « La concurrence libre et non faussée » qu’aujourd’hui on nous impose la disparition de la quasi totalité de nos services publics.
Cette Europe, dont le seul but est d’enrichir les plus riches, ne peut en aucun cas devenir sociale, comme certains le prétendent.
Nous pouvons le constater avec la crise qui frappe l’écrasante majorité du peuple de notre pays, peuple auquel ont veut faire payer cette crise en allant jusqu’à vouloir rétablir la vignette sur les automobiles.
Toujours au sujet de cette crise, permettez-moi de vous rappeler, qu’il y a moins d’un an, le premier ministre nous annonçait que notre pays était à la veille d’un dépôt de bilan.
Information que le président de la république confirmait en déclarant qu’il ne pourrait pas, comme il l’avait promis pendant la campagne électorale, augmenter le pouvoir d’achat, car les caisses de l’état étaient vides.
Mais voici subitement, que comme par la vertu du saint esprit, des centaines de milliards sortent de leur cachette et sont distribués aux banques et aux grandes entreprises.
Ces mêmes Banques et entreprises, qui après avoir bénéficié de cette manne et afin d’augmenter les dividendes de leurs actionnaires, s’empressent de licencier des centaines de milliers de travailleurs, les plongeant dans la misère et dans la désespérance.
Nous trouvons scandaleux d’apprendre qu’au même moment, ces mêmes banques et entreprises allouent des dizaines de millions d’euros de primes exceptionnelles et de stocks options à leurs dirigeants, alors que c’est eux qui portent en fait une lourde responsabilité dans cette crise.
Les médias nous informaient il y a quelques jours, que 600 000 jeunes de moins de 25 ans étaient au chômage, soit 23 % de la jeunesse de notre pays qui se trouve à la dérive et on nous dit que ce n’est pas fini.
Alors ! Devons-nous continuer à baisser la tête et à laisser faire ? Ou devons-nous à l’exemple des Résistants qui « donnèrent leurs vies avant le temps » remettre sur pieds un nouveau programme de résistance qui rendra à notre peuple, la possibilité de décider par lui-même, quel devra être son avenir.
Je conclurais par cette phrase du Général de Gaulle, phrase qui nous indiquait quel devait être le chemin que les Français devaient suivre :
« La France … veut faire en sorte que, demain la souveraineté nationale puisse s’exercer entièrement sans les pressions corruptrices d’aucune coalition d’intérêts privés ! ».
C’est précisément pour défendre cette souveraineté nationale et chasser de notre horizon ces coalitions d’intérêts privés, qu’il convient d’agir tous ensemble et en même temps.
Pour défendre notre indépendance nationale, pour défendre notre République une et indivisible, pour défendre notre laïcité et pour défendre même y compris notre langue, mise à mal par les tenants du tout anglais.
Pour défendre tout cela, entrons en Résistance.
Hommage et respect à tous ceux et toutes celles qui ont tout sacrifié pour que les survivants soient heureux.
Vive la Résistance d’hier et celle d’aujourd’hui !
Vive le 64ième anniversaire de la victoire sur le fascisme et le nazisme !
Vive la France ! Libre, forte et indépendante !
Léon LANDINI
Officier de la Légion d’honneur
Médaille de la Résistance
Grand Mutilé de Guerre
Officier FTP-MOI
Décoré par l’Union Soviétique
Cette intervention a soulevé quelques réflexions de la part de l’ex candidat UMP disant que mon intervention était « hors sujet » je lui est répondu que tous les problèmes soulevés par les anciens résistants peuvent apparaître hors sujet pour les ennemis de la résistance, mais que les résistants s’était battus pour un monde différent et qu’aujourd’hui ne pas remettre en cause la société dans laquelle on nous fait vivre ce serait trahir tous ceux et celles qui ont donné leur vie pour que leurs descendants puissent vivre dans des conditions autres que celles qu’ils avaient connues. LANDINI.