Israël face à Gaza et au Liban :
A qui le crime profite-t-il ?
Alors que le gouvernement israélien se trouvait acculé au mur, à cause des crimes que ses soldats commirent à Gaza, et tandis que l’Onu démentait la présence d’armes dans l’école où s’étaient réfugiés quelques centaines de civils, dont 43 furent fauchés par les tirs de l’aviation et des chars qui dressent un mur de feu autour de la région de Gaza, voilà que des roquettes partent du Liban pour éclater de l’autre côté de la frontière…
A partir de ce moment, et bien qu’Israël ait nié la responsabilité du Hezbollah dans ces tirs, la situation commence à tendre vers de nouveaux points. Les crimes contre l’humanité à Gaza sont oubliés par certains dirigeants internationaux qui ont décidé de tourner les yeux dans une autre direction tout indiquée : la résistance patriotique libanaise, que certains n’ont pas cessé de demander la liquidation, surtout depuis la défaite qu’elle avait infligée, en 2006, aux troupes d’élite de Tel Aviv. D’ailleurs, dès les premiers jours de l’agression militaire contre Gaza, les responsables israéliens avaient évoqué la possibilité d’une agression nouvelle contre le Liban et sa résistance. Ils pensaient, sans doute, que la victoire serait rapide à Gaza et que l’armée, auréolée par cette victoire, pourrait réaliser ce qu’elle n’a pu faire en 2006… Ce qui permettrait aux « faucons » israéliens (les Livni, Olmert et consort) d’améliorer leurs places dans la course au poste de Premier ministre…
A partir de cette analyse, on s’attendait, dans les pays arabes, à un nouveau bain de sang dont le timing serait lié à la fin du mandat de Georges W. Bush ; mais ce à quoi on ne s’attendait pas, c’était ce silence et cette complicité de la part de l’Union européenne et, bien entendu, du régime officiel arabe, de cette Ligue qui se contente de condamner ce que son secrétaire général appelle « l’agression israélienne », tandis que l’Egypte ferme (comme le fait Israël) les points de passage avec la région de gaza et que l’Arabie saoudite et d’autres représentants de « la tempérance étasunienne » dans la région ne trouvent pas nécessaire de prendre des mesures capables de stopper l’agression. Et l’on se demande : Pourquoi Hugo Chavez peut-il prendre la décision de mettre fin aux relations diplomatiques avec un gouvernement criminel, qui pratique sans vergogne et sans impunité, le terrorisme d’Etat, tandis que l’Egypte, la Jordanie, Qatar et le Maroc gardent précieusement les délégations israéliennes chez eux ? Pourquoi les Arabes continuent-ils à pourvoir Israël en pétrole et en gaz, tandis que les Palestiniens dans la région de Gaza en sont démunis et que beaucoup de blessés meurent, non seulement à cause du manque des médicaments, mais aussi de l’absence des sources d’énergie.
La situation au Moyen Orient devient de plus en plus claire. Ce que les Etats-Unis et les Israéliens veulent, c’est donner un nouvel élan au projet du « Nouveau Moyen Orient », dans lequel il n’y aurait pas de place aux Résistances armées ou aux gouvernements qui ne savent pas dire oui, ni, surtout à la renaissance d’un Etat palestinien.
John Bolton a confirmé, il y a deux jours, ce que nous avions dit concernant l’épuration de la partie palestinienne occupée en 1948 des Arabes qui restent là. Et les arrestations par centaines des Palestiniens de gauche dans ces régions est claire à ce sujet.
D’ailleurs, les responsables étasuniens ont également mis l’accent sur le Liban. Et, comme il faut un alibi solide à Israël pour attaquer ce pays, même si la présence de la FINUL au Sud Liban n’est pas très dérangeante à leur projet, vu que ces forces n’ont pas réagi comme il faut aux violations israéliennes du territoire libanais, des roquette lancées du territoire libanais viendraient à point pour justifier une agression ultérieure qui ne serait pas nécessairement une attaque terrestre, mais qui pourrait se produire sous forme de raids contre les villes libanaises et les points stratégiques de ce pays. Voilà pourquoi nous croyons que les roquettes lancées contre la Galilée ne peuvent être que le fait des amis d’Israël au Liban.
Il faut toujours partir de la question suivante : à qui le crime profite-t-il ?
Cependant, nous pensons aussi que le gouvernement de Tel Aviv doit bien réfléchir avant de commettre cette agression.
Marie NASSIF-DEBS( PCL)
Beyrouth, le 8 janvier 2009