Pôle Position du 18 Décembre 2010
Un certain nombre de dirigeants du PCF ont lancé un Appel pour une candidature communiste en 2012. Si on ne peut que souscrire à un tel souhait, il faut s’interroger sur le cadre, les moyens, les forces, les objectifs qu’un tel mot d’ordre implique. Bref, comme disait Mao, parfois bien inspiré, « ne pas prendre ses désirs, si louables soient ils, pour la réalité ».
Si nous comprenons bien l’Appel, celui-ci s’adresse exclusivement aux membres du PCF (avec une référence aux statuts de ce parti).
C’est déjà engager bien mal l’objectif annoncé. Qui ignore parmi les signataires de l’Appel que le PCF porte des positions politiques qui sont l’antithèse des orientations évoquées par l’Appel : rupture avec le capitalisme, avec l’UE, reconquête de la souveraineté populaire (on peut supposer que les rédacteurs de l’Appel ont simplement oublié la souveraineté nationale), défense du travail et de l’industrie, nationalisations….le PCF à notre connaissance ne porte pas ces revendications.
Il paraît donc étrange d’attendre d’un parti politique dont on condamne la ligne qu’il adopte une position et présente un candidat qui dirait le contraire de ce que proclame depuis des décennies ce même parti ….
De plus exclure de ce projet les communistes organisés hors du PCF est pour le moins incohérent. Pourquoi se priver de l’apport de ceux qui partagent certaines de vos analyses ? Au nom de quoi ? Pourquoi se priver de l’apport de ceux qui ont depuis des années permis à une politique franchement communiste de s’exprimer et de s’affirmer dans notre pays et même au-delà : le PRCF entretient des liens avec des dizaines de Partis Communistes dans le monde dont le Parti Communiste de Cuba et le KKE (de Grèce) ?
Pourquoi ajouter un clivage alors que nous avons besoin de passerelles ? Pourquoi mépriser ceux qui furent exclus ou ceux qui eurent la lucidité et le courage de rompre avec un parti et une politique réformistes ? Ne serait il pas plus judicieux d’unir les vrais communistes encore à l’intérieur du PCF et ceux qui sont hors du PCF, mais organisés et agissants ? Est- il si étrange de croire que les vrais communistes doivent agir ensemble, sans des sottises du genre « hors du parti point de salut » ?
Ni tactiquement, ni stratégiquement une telle attitude n’est défendable: comment ne pas constater de Congrès en Conférences Nationales l’impuissance de ceux qui veulent remettre le PCF sur « les rails de la lutte des classes » alors qu’il n’y a plus de locomotive, plus de conducteur ni de mécanicien ni même de rails ! Combien faudra t il de tentatives toutes aussi vaines et – plus grave – démobilisatrices pour que la leçon du Congrès de Tours soit enfin prise en compte ?
A savoir que la rupture entre le parti vermoulu du réformisme le plus désolant (il n’y a qu’à voir l’écho populaire de cette ligne : baisse constante d’influence avec 1,9% aux dernières présidentielles, alors que le vrai PC de Grèce arrive à 11%, en progrès à chaque élection) et les communistes est un impératif pour mener une action communiste et révolutionnaire.
A savoir que, comme le disait Clara Zetkin en 1920 à Tours, entre le réformisme et la révolution, « il faut choisir ».
A savoir que servir d’alibi et de faire valoir de « gauche » à une direction mutée qui verrouille l’appareil ne peut être une perspective politique responsable.
A savoir que, comme le disait Lénine, « une femme est enceinte ou ne l’est pas, elle ne peut être à moitié enceinte ! » et que les communistes sont communistes ou ne le sont pas et que réclamer d’un parti qui n’est plus, qui n’est pas communiste, qu’il organise une énième Conférence extraordinaire pour désigner un candidat communiste tient de la pensée magique ou, à l’approche des fêtes, de la naïveté des tout-petits qui croient au Père-Noël.
Et cette illusion est grave parce qu’elle retarde et l’union des vrais communistes et le renaissance d’un vrai Parti Communiste de France.