Source: http://www.filoche.net/2010/09/29/cinq-suicides-de-plus-chez-orange-france-telecoms/
On vient de l’apprendre, il y a eu 5 suicides de plus en 15 jours chez France Télécoms/orange. Silence de la presse alors que Sarkozy jure qu’il fait des concessions sur la « pénibilité au travail ». Après 37 suicides en 2009, il y a eu 9 suicides début 2010. Et 5 encore. Rien n’a changé dans l’ex-plus belle entreprise publique de France ratiboisée pour le compte de ses actionnaires.
Le PDG Lombard est à l’écart, bien payé, ni jugé, ni sanctionné. Le nouveau PDG Richard fait du bla-bla. Comme si on ne savait pas que tout le mal vient de la privatisation, de la suppression de 60 000 postes, de la destruction des filières et carrières professionnelles garanties et négociées.
Une étude du cabinet « Technologia » avait décrit la situation l’an passé. Atmosphère d’enfer. « Les orientations, elles changent tout le temps, donc on attend avant de faire les choses. » « Je n’ai pas vu mon N +1 durant un an. Il était en attente de réorganisation ». « Plus rien n’est piloté, tout le monde le sent et le sait ». « Les gens gardent jalousement et avec agressivité leur travail : « Cela ne te regarde pas »… et d’autres sans travail essaient de s’approprier le travail des autres ».
« Les applications, c’est l’enfer : déjà il faut savoir laquelle il faut utiliser, ensuite, il faut comprendre comment l’utiliser.» « Cette application, ils l’ont améliorée… c’est encore pire qu’avant ». « Les outils informatiques ne sont pas validés par des ergonomes. Les interfaces homme/machine sont médiocres, de construction obsolète » « S’il se passe une semaine sans panne informatique, c’est le paradis ! » « Pour les promotions, c’est tout du convenu, c’est incroyable, c’est à celui qui fera de la lèche ». « La vente forcée on n’est pas censée la faire…» « Mais dans les faits on nous incite tout le temps à en faire : placements, placements, placements… »
Le rapport de l’inspection du travail a été envoyé au Parquet, en raison de « la mise en danger délibérée » de la vie d’autrui, pour « homicide involontaire par imprudence ». Mais placardisations, harcèlements, mobilités forcées, notations arbitraires ont continué. Il faut virer toute la direction responsable de ce désastre pour que ça s’arrête et rétablir des conventions collectives qui garantissent l’emploi et la carrière.
Mais ce n’est pas le genre du patronat ni du gouvernement qui viennent de supprimer la médecine du travail plutôt que de pousser à négocier des conventions collectives qui freinent la pénibilité mentale et physique au travail.
Dans la loi UMP contre la retraite à 60 ans, ils ont introduit en première lecture, à l’Assemblée nationale, un « cavalier parlementaire », l’amendement 730, qui abroge les alinéas 2 et 4 de l’article 4622 du Code du travail. Ainsi l’appellation « médecins du travail » et l’allusion (fragile) à leur « indépendance » ont été supprimées : il y aura bientôt des « intervenants en santé » moins qualifiés et non protégés, soumis aux employeurs pour « trier » comme des bestiaux, au « cas par cas », les salariés qui pourront être « réformés » à 60 ans sans aller directement du boulot au tombeau. Travailler jusqu’à 62 et 67 ans à France Télécoms/Orange dans ces conditions ?