LE PRCF COMMENTE LA REFORME
BALLADUR /MAUROY
Commandée par Sarkozy et inspirée par le projet d’Europe des régions, la (contre-) réforme Balladur-Mauroy se traduit par une série de recommandations d’une extrême gravité pour l’organisation républicaine de la nation.
En effet, depuis la Révolution jacobine, la France était organisée à trois niveaux: l’Etat-nation, « un et indivisible », avec la même loi sur tout le territoire (principe d’égalité), le département, structure locale de proximité avec l’élection cantonale des conseillers généraux, et les 36000 communes qui permettaient aux Français de peser sur les décisions prises au niveau local.
Or, avec l’inscription de la France dans l’Union européenne de Maastricht, cette structure a été doublée et « chapeautée » à différents niveaux:
Europe supranationale, dont les directives dictatoriales s’imposent à la souveraineté nationale mise sous tutelle;
Régions, qui dominent de la tête et des épaules les départements ;
Communautés d’agglomération, qui privent déjà très largement les communes de leur capacité de décision.
On constate ainsi que la « décentralisation » est une pure tromperie puisqu’en réalité les activités des nations sont transférées à l’Europe, les activités départementales sont coiffées par les régions et les décisions communales sont cadrées par les communautés urbaines, en reportant systématiquement les décisions à un échelon plus éloigné du citoyen de base. Le but est en réalité de transformer les structures territoriales républicaines en centres d’impulsion économique au service du grand capital en vue de mettre le maximum d’argent public, dont les collectivités territoriales deviennent les principales collectrices (l’Etat central se défausse de plus en plus) pour financer le profit privé à l’échelon jugé le plus pertinent pour l’accumulation capitaliste: l’euro-région; le but est aussi de casser au maximum les services publics nationaux d’Etat (EDF, SNCF, Education nationale, universités, hôpitaux, sécu…).
Le rapport Balladur/Mauroy ne fait qu’aggraver lourdement cette dérive antirépublicaine, anti communale et antisociale. D’abord les départements sont pratiquement vidés de leur substance par la suppression de fait des conseillers généraux et des cantons, dont l’élection était la plus accessible pour les forces populaires, les partis non « installés » et les candidats indépendants; ensuite, -et Balladur l’avoue crûment-, les communes vont perdre l’essentiel de leurs prérogatives. Sans le dire il s’agit de faire disparaître les communes, notamment les communes rurales et ouvrières qui étaient souvent des lieux de résistance citoyenne et qui permettaient à la population de retenir ses services publics, ses commerces de proximité et une certaine vie conviviale et associative qui échappait à l’emprise des monopoles capitalistes.
Enfin il s’agit de démailler les régions existantes, notamment la Picardie ouvrière pour :
a) constituer un « Grand Paris » qui va rendre encore plus invivable et tentaculaire, la Région parisienne, effacer au maximum les municipalités et élus de gauche (bravo au « socialiste Mauroy » et à son compère Vallini) en les mettant sous la pression directe des monopoles et de Sarkozy; avec ce type de structure, il sera encore plus facile de poursuivre la désindustrialisation de la France, de casser les services publics de proximité et de donner plus de poids aux monopoles capitalistes aux dépens du marché local et des petits entrepreneurs indépendants.
b) ethniciser certaines régions comme la Bretagne, au risque de renforcer les mouvements séparatistes cléricaux, européistes et patronaux (le conseil régional socialiste de Bretagne a lancé une campagne ethniciste sur le thème « BZH need you » qui affiche à la fois son mépris pour la langue française, son soutien au séparatisme et son ralliement au tout-anglais sous couvert de promotion de la langue bretonne);
c) accroître la taille des régions pour organiser la France sur le modèle des « Länder » allemands, au risque de détricoter encore plus l’unité territoriale de notre pays et d’éloigner encore plus les décisions du citoyen de base. Déjà dans certaines régions frontalières comme le Nord-Pas-de-Calais, le patronat et des « syndicats » comme la CFDT réclament le dépassement du cadre national et la mise en place d’ « euro-régions » intégrant les Flandres françaises et (ex-) belge et le sud de l’Angleterre: inutile de se demander en quelle langue travailleront de telles « régions »!
Cette contre-réforme ne permettra aucune économie, contrairement à ce que prétend Sarkozy. En réalité, il faudra bien compenser les cadeaux fiscaux au grand patronat faits par l’UMP au niveau national et local (la TP (taxe professionnelle) ressource essentielle des communes est supprimée) par une augmentation des impôts locaux, qu’ils soient régionaux, départementaux ou communaux, sans parler de l’énorme contribution de 18 milliards d’euros versés à l’Europe chaque année par la France. Que les impôts soient collectés à tel ou tel niveau, cela ne changera rien pour la poche du contribuable, sauf si des économies d’échelle sont systématiquement faites par suppressions d’emplois de fonctionnaires territoriaux: ce qui signifie une baisse des services rendus à la population qui devra chercher de plus en plus loin le service qu’elle a aujourd’hui sur place.
Mais surtout, la contre-réforme Balladur, l’homme qui a cassé les retraites du privé en 1993, est un nouveau mauvais coup pour la France, systématiquement démantelée (acquis sociaux, libertés démocratiques, souveraineté nationale, langue française, recherche scientifique, Education nationale, EDF, SNCF, poste…) par les conjurés de l’UMP, de l’UE et du MEDEF.
Dans ces conditions, le PRCF invite les travailleurs à faire clairement le lien entre le démontage euro-capitaliste de la nation, la casse des communes populaires, et les régressions sociales dont ils sont victimes: pouvoir d’achat, chômage massif, etc.
Une fois de plus éclate la collusion entre les maastrichtiens de droite et de gauche, du très patronal Balladur au pseudo-socialiste Mauroy, tous à genoux devant l’Union européenne!
Le 19 mars prochain, date de la grève inter pro, refusons par un immense mouvement populaire la casse sociale ET la destruction Sarko-européenne de la nation. Plus que jamais, résistance républicaine et contre-attaque populaire face à un pouvoir fragilisé et de plus en plus détesté par le peuple français !