Comment Olivier BesancEurot liquide la révolution.
Ça y est ! après des mois de faux suspense alimenté par une presse sarkozyste fort complaisante envers le « facteur », Krivine et Besancenot lancent le Nouveau Parti Anticapitaliste en présence de tous les médias… du capital. Après la casse du PCF par Hue, Buffet et toute la procession des théoriciens « mutants » et « refondateurs », les travailleurs et les jeunes de France vont-ils de nouveau disposer d’un parti à eux leur permettant de tenir tête à la droite sans tomber dans les filets maastrichtiens des DSK, Royal et autres Aubry ?
La réponse, hélas, est non. Et tout le mouvement ouvrier et populaire gagnera du temps s’il apprend à voir clair dans la publicité mensongère des chefs de file du NPA.
D’abord, le changement de nom qui dissout la « Ligue Communiste Révolution-naire » dans le « Nouveau parti anticapitaliste » devrait éveiller la méfiance de tout révolutionnaire. Au moment où l’Europe de Bruxelles pose le premier jalon de la chasse aux sorcières en instaurant une journée annuelle de diabolisation du « communisme totalitaire » (ils hésitent entre le 23 août et le 9 novembre), il est indécent et lâche de la part de Krivine et Besancenot de « décommuniser » officiellement l’appellation de la LCR (c’est ce que signifie l’élimination du « C » de LCR) ; il n’est pas très honorable non plus pour eux de liquider la référence à Trotski (on s’en doute, nous n’encensons pas Trotski et ses penchants permanents au menchévisme, mais son principal « tort » aux yeux des petits-bourgeois reste d’avoir participé à la Révolution d’octobre et à la construction de l’Armée rouge sous la direction de Lénine[1]). De même Besancenot montre-t-il un « courage » bien suspect en zappant le R du sigle de la LCR… c’est-à-dire en sacrifiant l’épithète « révolutionnaire » ; ce délestage s’opère en effet au moment où l’UMP entreprend, non seulement de criminaliser la Révolution d’Octobre 17 (il y a actuellement une proposition de députés UMP pour faire chaque année du 9 novembre une journée européenne d’imprécations contre les « crimes communistes »), mais de salir la Révolution française pour réhabiliter… Marie-Antoinette (que d’indignes hiérarques de l’Education nationale conseillent aux professeurs d’histoire de réhabiliter en amenant leurs élèves voir un téléfilm qui présente « l’Autrichienne » comme une innocente victime de la « Terreur »).
Mais au-delà des mots, et quelle que soit la sincérité des jeunes révolutionnaires qui rallient cette organisation, il faut examiner l’idéologie et la politique du « NPA ».
D’abord, elle reste fondée sur un antisoviétisme obsédant : parlant à la télé il y a quelques jours dans l’émission de Mattéi, O. Besancenot qualifiait les pays socialistes de l’Est, dont les peuples regrettent amèrement les acquis sociaux actuellement[2], de « dictatures sanglantes »… Disant cela, Besancenot oublie que la contre-révolution anticommuniste à l’est a permis la re-mondialisation du capitalisme en donnant un avantage mondial au Capital sur le Travail dans la lutte des classes mondiale[3]. Mais même si Besancenot ne partage cette appréciation, est-il décent qu’il emploie de tels mots, dignes de Le Pen, devant des députés UMP qui rêvent d’instaurer une répression anticommuniste continentale qui frappera tôt ou tard tous les anti-capitalistes, y compris les membres de base du NPA, au prétexte que les régimes issus de 1917 ne furent que « des dictatures sanglantes » (sic) ? Cela s’appelle donner des gages à l’ennemi de classe en lui disant en substance : vous pourrez criminaliser autant que vous voudrez le communisme « historique » au niveau continental, et quand vous frapperez des marxistes-léninistes, le NPA tournera la tête ; car nous vous le jurons, le NPA n’emploie plus ce mot de « communiste » et d’ailleurs, il ne parle même plus du socialisme ; vous pouvez renvoyer dos-à-dos le pays de Stalingrad et le pays de Matthausen, pour nous Staline égale Hitler et Stalingrad n’a jamais existé ! C’est si vrai hélas, que la LCR n’a pas levé le petit doigt en 2007 pour s’opposer à l’interdiction de la Jeunesse communiste tchèque ou en 2005 pour condamner le rapport du fascisant Lindblad qui ouvrait la voie, au nom du Conseil de l’Europe, à l’interdiction continentale des symboles communistes ! Une telle attitude de Besancenot ne peut mener qu’au suicide politique et elle conduira tôt ou tard les militants du NPA, soit à la trahison ouverte du mouvement ouvrier, soit à devenir les victimes de répression… car lorsque la machine mac-carthyste est lancée, tout le monde y passe, communistes, trotskistes sincères, socialistes attachés à leurs idéaux, patriotes républicains…
Dans la même émission de télé, le poupon rose de l’ex-LCR a amalgamé avec virulence les « souverainistes », « nationalistes » et autres « chauvins » qui veulent sortir la France de l’UE. Il s’est affirmé, comme Buffet, Wurtz, Aubry, Thibault et tous les euro-réformistes de la gauche bien-pensante, pour une « autre Europe ». « BesancEuro » ignorerait-il donc que défendre le « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » (comme l’ont fait hier Lénine, Ho Chi Minh, le Che, etc.) n’a rien à voir avec le nationalisme, lequel consiste à privilégier une nationalité par rapport à une autre (comme Le Pen par ex.), comme l’ont fait les colonialistes et autres impérialistes, si bien qu’identifier le patriotisme populaire au nationalisme réactionnaire est aussi pertinent que confondre un homme en état de légitime défense avec un assassin. Il va de soi que les communistes ont toujours combattu ce nationalisme tout en défendant leur pays quand il était en bute à l’oppression et à la destruction par la faute de sa classe dominante. C’est même en associant libération nationale et révolution sociale que les communistes chinois, vietnamiens, cubains, ont abattu le capitalisme dans leur pays : alors que les amis de la LCR, qui ont refusé de suivre le conseil de Marx et de faire de la classe ouvrière une « classe nationale » (Manifeste communiste), capable de s’allier aux autres couches populaires pour renverser le capitalisme, n’ont fait la révolution nulle part depuis 80 ans, bien qu’ils n’aient cessé de gloser à perte de vue sur la « révolution mondiale » !
On se demande en outre comment, s’il dirige un jour à Paris un gouvernement « anticapitaliste », le grand révolutionnaire Besanc-euro pourra appliquer UNE SEULE mesure de son « programme anticapitaliste » sans sortir de l’U.E. et sans commencer par rendre au peuple de France la liberté de décider CHEZ LUI de SA politique sans avoir besoin d’en référer à l’OMC, au FMI, à la Banque européenne et à la Commission de Bruxelles. Si bien que la conclusion est simple et logiquement inévitable : ou bien Besancenot est souverainiste[4] sans le savoir, et il claquera la porte au nez des euro-dictateurs pour appliquer au programme ; ou bien… il n’a pas l’intention d’appliquer son programme parce qu’il s’est juré de rester à tout prix dans sa chère Union européenne ! Nous le mettons donc au défi de nous dire comment il sort de cette alternative (la pirouette consistant à dire « je sors des traités, mais pas de l’UE » est évidemment dérisoire et elle ne peut tromper que des gens très naïfs : on est dans l’UE en étant dans les traités, si on en sort des traités, on quitte l’UE et la France redevient indépendante, même si c’est pour appeler comme nous le proposons au PRCF, à construire de nouveaux traités internationaux préservant les acquis sociaux ET LA SOUVERAINETE DES PEUPLES !).
Mais le fond des choses c’est que, tout en jurant qu’il est sorti du trotskisme, le NPA rompt seulement avec ce qui dans la référence à Trotski rend un son encore trop « bolchevik » aux oreilles petites-bourgeoises : en fait, BesancEurot garde le pire du trotskisme : son rejet irraisonné du patriotisme populaire, son refus de considérer dialecti-quement la nation, de la saisir dans ses contradictions de classes pour comprendre qu’à côté du nationalisme raciste, colonialiste, communautariste, qui suit comme son ombre l’euro-mondialisation capitaliste[5], il existe un patriotisme républicain et populaire, qui a toujours rimé avec internationalisme prolétarien. Déjà les Communards arboraient leur drapeau rouge cravaté de tricolore pour, tout à la fois, repousser l’occupant prussien et construire le premier Etat ouvrier de l’histoire. A la tête de la Commune, on trouvait à côté de Français de souche comme Varlin ou Flourens, des « étrangers » comme Frankel, Dombrowski ou E. Dmitriev : à l’inverse, les Versaillais de Thiers ne parlaient de « France » que pour mieux écraser les Communards avec l’aide de l’occupant prussien. Avant que le mouvement ouvrier ne prît son autonomie, la Révolution démocratique bourgeoise de 1789/94 avait placé à sa tête le Piémontais Marat, chef de file incontesté des « patriotes » ; quant à Robespierre, il portait constamment sur lui le « Contrat social » du Genevois Rousseau ; pendant ce temps, les émigrés monarchistes de Coblence combattaient leur propre pays dans les armées royales d’Autriche, de Prusse et d’Angleterre… De même pendant la seconde guerre mondiale, la Révolution prétendument nationale de Vichy faisait allégeance à l’occupant allemand pour « collaborer » et pourchasser les communistes, lesquels défendaient la France après avoir fourni l’essentiel des « Brigades internationales » d’Espagne pour venir en aide à la République espagnole.
Bref, contrairement aux conceptions idéalistes, qui opposent abstraitement « l’inter-nationalisme » (le FMI est « internationaliste » !) au « patriotisme » (Chavez est patriote et il fait bien !), le matérialisme marxiste constate que face aux compères de la mondialisation capitaliste et du chauvinisme ethnique, le patriotisme populaire est l’allié naturel de l’internationalisme prolétarien : c’est en effet le contenu de classe du patriotisme et de l’inter-nationalisme, et non les mots ronflants et les réactions émotionnelles (certains voient rouge quand ils qui doivent décider de l’attitude des révolutionnaires devant les questions posées par le développement des nations !
Ainsi, au moment où Sarko-MEDEF et l’UE cassent l’Education nationale, Electricité de France, la Société nationale des chemins de fer, le statut national des fonctionnaires, au moment où le patronat privé liquide l’industrie nationale au moyen des délocalisations, au moment où le MEDEF pilonne la langue française (ready for the future affiche le MEDEF à son congrès de février 2009) et où des salariés sont contraints d’ester en justice pour pouvoir travailler en français en France (et non en américain), au moment où Sarko casse l’héritage des Lumières (pour faire juger les aliénés délinquants, emprisonner les mineurs, rétablir le crime de lèse-majesté sous le nom de « délit d’outrage »), au moment où l’ex-numéro 2 du MEDEF félicite Sarkozy de « démanteler le programme du CNR » et où le même Sarko viole la loi de 1905 portant séparation de l’Eglise et de l’Etat (un acquis national quasi-unique en Europe !), au moment où la social-eurocratie refuse de mettre en cause « l’économie de marché ouverte sur le monde » (article 6 du traité de Maastricht) qui favorise les délocalisations, dynamite le secteur public et permet un déclassement inouï de la classe ouvrière, immigrés compris… les « anticapitalistes » à la Besancenot trouvent judicieux d’afficher leur mépris pour la France, pour la République et pour tous ceux qui les défendent. Pourtant, prendre en compte la dimension nationale ET internationale du combat de classe anticapitaliste est le seul moyen de fédérer, au niveau politique, les luttes du public et du privé tant il est vrai que leur dénominateur commun est qu’en défendant l’intérêt des travailleurs, elles défendent aussi le véritable intérêt national face aux capitalistes qui détruisent notre pays pour remplir leur tiroir-caisse !
Bref, malgré ses airs branchés, Besancenot reste scotché à l’antique et faux mot d’ordre trotskiste, proprement social-impérialiste, des « Etats-Unis d’Europe », maquillés en « Etats-Unis socialistes d’Europe » ; un mot d’ordre que Lénine dénonçait déjà vertement en 1915 en attaquant à la fois le révolutionnaire Trotski ET Karl Kautsky, le chef idéologique de l’Internationale social-démocrate. En effet, malgré leurs oppositions sur d’autres terrains, ces deux hommes partageaient l’illusion que les Etats-Unis d’Europe seraient un facteur de paix. A leur encontre, Lénine rappelait que « sous le capitalisme, les Etats-Unis d’Europe sont soit impossibles, soit réactionnaires » parce qu’ « ils ne peuvent être qu’une Sainte-Alliance CONTRE le socialisme »… Et c’est en effet ce qu’a toujours été l’Europe capitaliste qui s’est toujours construite contre l’Union soviétique et contre le mouvement ouvrier, que ce soit sous l’égide de l’impérialisme nazi (qui a même voulu mettre en place une monnaie unique intitulée « l’europ »), ou sous la domination de l’impérialisme américain après la seconde guerre mondiale.
Ajoutons qu’en réalité, Besancenot qui crache sur la petite nation française, livrée par le grand capital « français » au broyeur euro-atlantique, EST UN NATIONALISTE QUI S’IGNORE. Un nationaliste EUROPEEN qui ne cesse de vanter « l’Europe » comme le PS et la direction du PCF. Bref, quand l’extrême gauche caviar brocarde notre pays, toujours trop « hexagonal », « franco-français », « franchouillard », et qu’au même instant elle parle avec lyrisme de l’Europe [6], elle illustre à merveille le proverbe préféré de Lénine : « la souris ne connaît pas d’animal plus dangereux que le chat ». La souris Besancenot ne voit que le chat du nationalisme français… et tombe amoureuse d’un TIGRE, le nationalisme européen ! Comme si, surtout à notre époque, l’internationalisme prolétarien ne devait pas se concevoir à l’échelle du MONDE ! Si bien que nous, militants de la Renaissance communistes, ne voyons pas pourquoi nous devrions nous sentir plus « proches » d’un patron lituanien ou d’un bobo anglais que d’un paysan bolivien, d’un métallo indien ou d’un mineur russe ! Et nous ne voyons pas en quoi il est « anticapitaliste » d’aider les capitalistes à défaire la France en faisant liste commune aux européennes, comme s’apprête à le faire le NPA, avec des autonomistes corses ou bretons, alors que le projet néo-féodal de l’UE est de défaire les Etats-nations constituées pour mettre en place des « euro-régions » à l’allemande où les droits acquis seront atomisés et où la solidarité de classe sera encore plus difficile à construire que dans un cadre national tant soit peu unifié (mais chut ! pour le NPA, la « République » et plus encore la République « une et indivisible » sont des slogans bourgeois…). Mais sans doute est-il nationaliste, du point de vue de Besancenot, de dénoncer le slogan du stratège de l’impérialisme allemand, Herr Von Thadden (tout un programme pour ceux qui connaissent l’histoire !) qui dit crûment ce que pense toute la classe dominante européenne, grand patronat inclus, à savoir que « pour faire l’Europe il faut défaire la France »[7]…
Et voilà pourquoi malgré ses piques contre le PS, Besancenot ne fera jamais rien d’autre que de rabattre vers ce parti dont il partage les fondamentaux européistes, antisoviétiques et pour finir, contre-révolutionnaires. Concrètement, quand aujourd’hui les militants NPA combattent dans les AG de lutte les militants du PRCF qui proposent que les tracts syndicaux dénoncent les directives européennes aussi fortement qu’ils dénoncent Sarko-MEDEF, que font-ils d’autre que rabattre les travailleurs vers le PS européiste, lequel attend gentiment son heure pour continuer le sale boulot maastrichtien de l’UMP jusqu’au démontage du dernier acquis national ?
Derrière la rhétorique anticapitaliste, Besancenot mérite donc bien de la contre-révolution passée, présente et à venir.
Passée, car avec la théorie faillie de la « révolution politique anti-bureaucratique », la Quatrième Internationale d’E. Mandel a aidé Gorby et Eltsine à dynamiter l’URSS, après avoir soutenu le « syndicaliste » pontifical Walesa et les « combattants afghans de la liberté » (en réalité, les milices des talibans antisoviétiques).
Présente, car le NPA aide objectivement à détruire la France ouvrière, laïque et républicaine, ce qui est l’objectif de classe n°1 de la « french bourgeoisy » et de tous ceux qui dans le monde, pestent contre « l’exception française », c’est-à-dire contre les conquêtes arrachées par notre peuple au capitalisme à l’époque où il y avait chez nous un PCF fort et marxiste-léniniste.
Future, parce que la seule alternative réelle à la « rupture » euro-sarkozyste, ce n’est ni l’union de la gauche « euroconstructive » qui va d’Aubry à Mélenchon en passant par Buffet (tous plus ou moins euro-fédéralistes), ce n’est pas non plus l’agitation « anticapitaliste » sans perspective politique autonome de Besancenot, qui dédaigne les couches moyennes non salariées et tous ces républicains qui certes, ne sont pas encore prêts à renverser le capitalisme, mais qui sont prêts à faire un bout de chemin (et plus si affinités) avec la classe ouvrière si celle-ci prend la tête d’un Front de Résistance Antifasciste, Patriotique et Progressiste à la ruineuse « intégration européenne » : et un tel front populaire est possible, comme l’a montré le Non majoritaire du 29 mai 2005 dans sa double dimension patriotique et sociale, puisque la majorité écrasante des ouvriers et des employés, mais aussi des petits paysans et des artisans, à voté NON.
Oui, n’en déplaise aux euro-trotskistes, la seule alternative, c’est la renaissance d’un VRAI PCF, c’est la construction d’un front tourné contre les monopoles capitalistes et dirigé par la classe ouvrière, c’est l’alliance du drapeau rouge et du drapeau tricolore contre le drapeau marial de l’Europe patronale ET contre le national-raciste du FN ; un front qui doit clairement cibler l’UE, non pour « isoler la France », mais pour sortir notre pays de l’UE à l’initiative des vrais progressistes, comme nos camarades boliviens, vénézuéliens ont sorti leur pays respectif des traités imposés par Washington ; un front populaire et patriotique qui reconstruira de manière planifiée une industrie nationale autour d’un fort secteur industriel nationalisé et démocratisé, rendant ainsi sa place centrale à la classe ouvrière productive des ouvriers, techniciens, ingénieurs ; un FRAPP qui reconstituera des services publics républicains et nationaux ; un FRAPP qui oeuvrera pour mettre en place de nouveaux traités internationaux progressistes non limités à l’Europe. Or, chacun le devine, une telle stratégie de contre-rupture fédérant autour du prolétariat la majorité des salariés et des « couches moyennes » non salariées, conduirait à un affrontement majeur avec le grand capital pro-Maastricht: et pas seulement en France, mais dans toute l’Europe, car les autres peuples d’Europe soutiendraient contre leurs chefs le peuple français insurgé contre l’euro-dictature qui broie la démocratie PARTOUT. Une telle rupture progressiste avec l’UE romprait donc la chaîne impérialiste en son point faible (car la France est aujourd’hui « l’homme malade » de l’Europe, et les 2,5 millions de personnes qui ont défilé le 29 janvier montrent que l’esprit frondeur de 89, de 36 et de 68 n’est pas mort ici) ; elle permettrait, non par des phrases « anticapitalistes » mais dans la pratique, non seulement d’ouvrir concrètement la voie du socialisme dans notre pays, mais de favoriser une contre-offensive ouvrière continentale qui pourrait mener à une crise révolutionnaire dans nombre de pays du monde. Mais on le sait, les trotskistes veulent sans doute de la « révolution permanente » si elle ne démarre pas partout en même temps… si bien qu’avec de tels préalables, le capitalisme n’a guère de soucis à se faire !
Mais de cela Besancenot ne veut pas : il préfère, comme Thibault ou Chérèque, faire rêver les travailleurs de « services publics européens » alors que l’UE est construite de A à Z pour ARASER les services publics nationaux. En réalité, avec ce mot d’ordre fait pour contourner le mot tabou de (re-)nationalisation démocratique des services publics, de ré-industrialisation de la France, les capitalistes ont les mains libres : on pourra toujours raccorder les rails du French-Euroland à ceux du Polish-Euroland pour fabriquer un « service d’intérêt général européen » (privé !) : d’ici là le capital aura tranquillement euro-privatisé la SNCF et toute autre source de profit… Car contrairement à l’extrême gauche petite bourgeoise, le capital sait appliquer le principe « un bon tiens ! (les dénationalisations pays par pays) vaut mieux que deux tu l’auras (le service public international avec la « révolution européenne » simultanée en prime) et il est très content qu’en faisant rêver les gens du service public européen pour l’an 2050, BesancEurot l’ait aidé à « achever » la France en l’an 2009 avec l’amalgame « souveraineté nationale=nationalisme » !
En définitive, que Besancenot le sache ou pas, sa politique n’a rien de moderne ; « il faut être résolument moderne, disait le poète communard Rimbaud, tenir le pas gagné » ! or, celui qui ne sait même pas « tenir le pas gagné chez lui », donc sauver les acquis nationaux, a-t-il la moindre chance de faire avancer ses voisins, donc d’accoucher de « services publics européens » ? Qui peut le plus peut le moins, dit le proverbe. Répétons-le, le meilleur service à rendre à la révolution mondiale, ce noble but des communistes que les trotskistes ont mué en incantation, ce n’est pas d’aider les euro-mondialistes à casser le droit souverain des peuples à disposer d’eux-mêmes : c’est, comme le disait Marx, d’aider les prolétaires d’un pays donné à « devenir classe nationale ». Et c’est très exactement le contraire que fait Besanc-Eurot, comme Buffet, Laguiller, Aubry et Cie, sous les vifs encouragements des sarko-médias enthousiasmés par tant de « renouvellement idéologique ».
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[1] Déjà Krivine a obtenu de ses très suivistes militants qu’ils abandonnent la dictature du prolétariat à leur dernier congrès. Ces grands révolutionnaires imitent en réalité les dirigeants eurocommunistes du PCF qui, en 1976, ont eux aussi donné des gages d’assagissement à la bourgeoisie en éliminant la référence statutaire à la dictature du prolétariat.
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[2] Un récent sondage fait en Hongrie indique que 81% ( !) des sondés (les autres font sans doute partie de la minorité anticommuniste qui a profité de la contre-révolution pour accaparer les biens du peuple et s’offrir la belle vie!) jugent que « l’ancien régime » socialiste était bien meilleur que l’actuel du point de vue de l’emploi, de la qualité de vie, des droits sociaux et… des libertés ! Partout où de tels sondages sont faits, URSS, ex-RDA, les résultats concordent. Le socialisme du 20ème siècle avait certes des défauts, mais expérience faite, les travailleurs reconnaissent en somme que le moins réussi des socialismes vaut toujours mieux POUR EUX que le « meilleur » des capitalismes !
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[3] Denis Kessler avoue crûment dans « Challenges » de novembre 2007 que les grands acquis de 1945 que Sarkozy détruit actuellement sont le résultat de la force du PCF ET de la victoire historique de l’URSS sur l’Allemagne nazie.
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[4] Le PRCF défend la souveraineté nationale et populaire de TOUS les peuples. En ce sens il est souverainiste, c’est-à-dire internationaliste. Rien à voir pour autant avec les souverainistes de droite à la Pasqua, De Villiers ou Le Pen, qui d’ailleurs se gardent bien de dire qu’ils veulent sortir de l’UE. Ils se rendent mieux compte que Besancenot que sortir de l’Europe les mettrait immédiatement dans un affrontement de classes avec toutes les puissances d’argent du continent, ce que ne veulent évidemment pas ces grands bourgeois. En réalité, ces « souverainistes » veulent surtout casser du travailleur immigré, alors que le PRCF s’honore d’être présidé par le grand patriote et internationaliste Léo Landini, fils d’antifasciste italien, figure de proue des héroïques Francs-Tireurs et Partisans de la Main-d’œuvre Immigrée, les Manouchian, Epstein, que célèbre Aragon dans « l’Affiche rouge ».
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[5] il n’est que de voir comment l’Union européenne, RFA et Papauté en tête, ont dynamité le patriotisme internationaliste des citoyens de la République fédérative socialiste de Yougoslavie en excitant le nationalisme « ethnique » des néo-fascistes croates, bosniaques,, etc.
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[6] « Je me sens plus européenne que française », déclarait Laguiller pendant les présidentielles 2007. Pourquoi diable se présente-t-elle alors aux présidentielles françaises ? Les habitants du nord-Pas-de-Calais, qui est la région la plus ouvrière de France, se disent au contraire massivement plus français qu’européens. Qu’ils sont ringards tous ces prolos !
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[7] Il est symptomatique que le journal « jeune » de la LCR, le petit frère de « Rouge », s’appelle « Reds ». Même au niveau linguistique, la LCR-NPA n’offre aucune résistance à l’idéologie euro-mondialiste qui veut convaincre la jeunesse que ceux qui s’obstinent à ne pas parler chez eux la langue des maîtres impérialistes du monde, sont des « ringards » et que ceux qui défendent la diversité des cultures sont des « grincheux », pardon, des « has been ».