Pôle position du 14 février 2010
78ème anniversaire de la naissance de Maurice Audin, mathématicien, militant communiste et anticolonialiste assassiné en Algérie par l’Armée coloniale.
La « réforme des lycées » dictée par Sarkozy et par son porte-voix Luc Chatel, dont les enfants sont scolarisés dans le privé, constitue une attaque à l’arme lourde contre l’enseignement secondaire public.
Elle s’opère dans un contexte de destruction massive des postes (-16 000 postes cette année) et du statut de la Fonction publique: désormais, la « Révision Générale des Politiques Publiques » institue la mobilité forcée des fonctionnaires : l’administration peut « mettre en disponibilité sans traitement » tout agent dont le poste serait supprimé et qui refuserait trois propositions de reclassement (sur tout poste en France et dans toute branche de la fonction publique)…. Ainsi, bien qu’ayant passé un concours difficile, les profs, perdent la sécurité de l’emploi et ils ne toucheraient même pas l’indemnité chômage due aux salariés du privé licenciés ! Grave menace pour la liberté de pensée puisque, contrairement aux garanties que donnait le statut rédigé par le ministre communiste Maurice Thorez en 1946, l’enseignant mal-pensant serait très facilement « jetable » par l’administration à la botte du gouvernement !
L’ainsi-dite « réforme » Chatel se traduit notamment par:
* Une diminution sensible des horaires disciplinaires ; les fédérations de parents qui cautionnent Chatel au nom de « l’aide personnalisée », se sont fait rouler : cette aide peut parfaitement s’opérer en classe complète ! En revanche, le niveau va plonger en français, histoire, maths, physique et même en économie : le saupoudrage prévu en SES, dépouillées de leur dimension critique, se ferait en effet aux dépens de la série ES
* La mise en place du « socle commun » Fillon, ce RMI culturel insuffisant pour accéder à la culture vivante, à l’université et à l’emploi stable; l’élève obtiendrait, non pas un diplôme national reconnu par les conventions collectives, mais un « relevé de compétences » à l’européenne : le but est de substituer la négociation individuelle du contrat de travail (réclamée à cor et à cris par le MEDEF !) aux conventions collectives nationales: in fine, c’est la baisse générale du salaire des jeunes (depuis le ministre communiste du Travail de 1945, A. Croizat, la négociation salariale était calée en France sur les diplômes nationaux). Avec une « reconquête du mois de juin » qui rend impossible l’évaluation sereine de l’écrit du bac, l’examen national anonyme est menacé de mort, même si Chatel a choisi de saboter l’examen plutôt que de le supprimer ;
* La fin des disciplines scolaires ancrées dans un savoir universitaire lié à la recherche. Chatel veut forcer les profs à « touiller » les disciplines dans le cadre d’un horaire annualisé variable. En sortira, non un vrai niveau en maths, en chimie, en sciences nat, etc., mais un vernis « transdisciplinaire » creux à la sauce américaine: or le savoir, appuyé sur des démonstrations, ne relève ni du bavardage ni de la « sensibilisation » !
* Quant à la formation des jeunes enseignants elle est sciemment « salopée » : les jeunes profs n’ayant jamais enseigné prendront en charge des classes 18 heures par semaine dès septembre 2010. Leurs tuteurs pédagogiques lâcheraient leurs classes prises en charge par des étudiants en professorat : énormes dégâts en vue pour les élèves et écoeurement prévisible des jeunes profs jetés ainsi sans formation ‘sur le tas’ !
* Enfin, c’est la mort de l’Education NATIONALE : il reviendra au proviseur et au « Conseil pédagogique » qu’il nommera, de décider des enseignements délivrés localement. Les certificats de « compétences » vaudront alors ce que vaudra la réputation du lycée concerné ; mieux vaudra être né à Neuilly que dans le bassin minier du nord ou dans le 93 !
Ceux qui croient que nous exagérons doivent se souvenir que, pour casser la jonction étudiants-lycéens contre la réforme Pécresse des facs (2007), certains proviseurs ont expliqué aux lycéens en lutte que cette réforme ne se traduirait pas par l’explosion des frais d’inscription. L’exemple de Dauphine montre qui a menti !
Cerise sur le gâteau, Sarko veut faire enseigner un maximum de disciplines (histoire, EPS…) en « langue étrangère », en fait en anglais (1) . Car, « Sarko l’Américain », le MEDEF et l’Europe des milliardaires s’emploient à marginaliser la langue française (« langue de la République » au titre de la constitution) dans les entreprises, la pub, le spectacle et maintenant, l’école, pour lui substituer le tout-anglais patronal ! Cela marginaliserait les élèves de milieu populaire et aiderait les milliardaires au pouvoir à liquider l’héritage national progressiste de la nation, des Philosophes des Lumières au Conseil National de la Résistance en passant par la Révolution française. Alors oui, condamnons « l’identité nationale » xénophobe de l’UMP, soutenons les lycéens sans-papiers, mais défendons la langue de Marianne ! Pour que tous les lycéens sortent trilingues du lycée, il faut des plus d’heures en petits groupes avec en LV et surtout, il faut un bon niveau en français avec plus de moyens pour cette discipline de la maternelle à l’université : c’est la base de tout le reste !
Ce n’est pas en détruisant les disciplines scolaires et l’idée même d’un emploi du temps annuel qu’on atténuera la « hiérarchie des filières ». On détruira ainsi la série S et la pépinière française d’ingénieurs, tout en dénaturant les filières littéraire, économique et technologique. Et on creusera l’écart entre lycées publics et lycées privés (2) ; d’ailleurs, les postes dans le privé augmentent relativement alors que les postes au concours dans le public plongent. Chatel compte ainsi dégager une élite « euro-mondialisée » pendant que les fils du peuple, entassés dans des lycées bas de gamme, n’auraient pour horizon que la précarité et le RSA !
Il n’y donc a rien à négocier avec ce régime, le plus réactionnaire que la France ait connu depuis 1940, qui démolit la France républicaine (services publics, emploi industriel, acquis sociaux, langue française, souveraineté nationale démolie par le Traité de Lisbonne, libertés publiques et individuelles, tout y passe…) !
C’est pourquoi le PRCF appelle les organisations progressistes à organiser une manifestation nationale unitaire tous ensemble et en même temps contre Sarkozy, contre son régime liberticide et contre l’ensemble de sa politique dictée par le MEDEF et par l’U.E. des milliardaires !
(1): En réalité l’allemand, l’italien, le russe, etc. sont virés des collèges ! Quant à enseigner l’arabe, vous n’y pensez pas ma chère!
(2): Kouchner a signé un accord avec le Vatican qui reconnaît les « diplômes » des universités catholiques en violant la séparation de l’Eglise et de l’Etat proclamée dans la loi laïque de 1905. Et le Conseil constitutionnel, composé de membres éminents du PS et de l’UMP, reste muet!