Les enseignants du 93, puis ceux du 94, sont tour à tour entrés en lutte à la suite d’inadmissibles agressions commises dans les établissements. Tout en essayant de les réprimer et en leur contestant le droit de retrait, voire en les insultant et en la traitant de « déserteurs », le chef-maquilleur qui sous-traite le ministère de l’Education nationale pour Sarkozy et l’UMP a refusé de créer les postes de surveillant, d’A.E. et de conseillers d’éducation nécessaires… mais il a proposé de convoquer des « Etats généraux de la sécurité à l’école » de manière à dévoyer les revendications essentiellement sociales et démocratiques des enseignants dans le sens policier et sécuritaire cher au régime liberticide actuel.
Pourtant, chacun sait que le fond du problème est social, sociétal et politique.
Social et sociétal car dans un pays qui se décompose comme le nôtre (destruction méthodique des acquis sociaux : retraites, indemnisation du chômage, logement social, remboursement Sécu, démontage total de l’industrie, de la pêche, de l’agriculture, bref du « produire en France », casse totale des Services publics, démolition des repères républicains les plus élémentaires comme la souveraineté nationale, casse rapide de la langue française au profit du « tout-anglais patronal », bref, démolition de la nation au profit de l’intégration européenne du grand capital, contre-éducation permanente à l’individualisme et à la violence, américanisation galopante de la culture…), comment les jeunes les plus fragiles ne seraient-ils pas enclins à la violence et à l’incivilité ?
D’autant que les ministères successifs, Claude Allègre en tête, ont systématiquement sapé l’autorité des professeurs en les traînant sans cesse dans la boue (fainéants, privilégiés, inadaptés, en un mot « sales fonctionnaires »), en leur retirant tout moyen de faire sanctionner scolairement, et au besoin, juridiquement, les comportements inadmissibles, et en présentant sans cesse l’Education NATIONALE, qui était encore il y a peu un des meilleurs systèmes scolaires au monde (tout étant relatif) comme une fabrique massive de l’échec scolaire. Et quand des professeurs ont des difficultés avec des classes particulièrement difficiles, l’administration est poussée par Chatel à culpabiliser l’enseignant dans la peine, souvent aux portes de la dépression (il y a bien plus de suicide à l’EN qu’à France-Télécom !), et à engager contre eux des procédures de « licenciement pour insuffisance professionnelle ».
Cerise sur le gâteau, le gouvernement est passé du dégraissage de l’école publique à son désossage total au profit de l’école privée : 80 000 suppressions de postes depuis 2002, 16000 cette année, un traitement de chien pour les jeunes collègues à l’IUFM et dans leurs premiers postes, généralement précaires, plus la casse du statut de la fonction publique (RGPP), plus la nouvelle dégradation en vue des retraites, plus la fin des « RASED » dans le primaire, plus la terrible contre-réforme Chatel qui va très gravement diminuer la qualité de l’enseignement, voilà la PRINCIPALE violence que subissent les enseignants et a fortiori, les élèves qui leur sont confiés. A l’arrière-plan de ces contre-réformes, scandaleusement soutenues par la FCPE nationale et par les pseudo-syndicats UNSA et SGEN, la politique européenne de réduction des dépenses publiques et les Accords européens de Lisbonne qui tendent à faire de l’éducation une marchandise entièrement tournée vers « l’employabilité » telle que l’entend le MEDEF.
C’est pourquoi le PRCF soutient les luttes des enseignants auxquels il a largement diffusé ses positions à travers son bulletin « Conseils de classe ! » lors de la manifestation nationale du 30 janvier. Parents, élèves, syndicalistes ouvriers, étudiants, soyons solidaires : si l’école publique est démantelée, si le bac et les diplômes nationaux sont vidés de tout contenu, les qualifications, donc les conventions collectives et les salaires seront cassés à la racine : avec les « compétences » jetables délivrées par les lycées en contrôle continu local, les jeunes seront livrés tout crûs à l’arbitraire patronal. Quant à la République, qui s’est largement construite en France sur les combats pour l’école publique et pour la laïcité, elle disparaîtra.
Pour la sécurité de l’école, il faut bien des Etats Généraux : mais pas ceux de Chatel, ceux qui oseront reprendre la grande tradition révolutionnaire de 1789 pour mettre fin à un régime antinational et antisocial qui strangulera notre pays si la combativité ne l’emporte pas sur le fatalisme et sur le chacun pour soi.