Une déclaration de la commission exécutive du PRCF
Elément structurant de la casse sociale et nationale en cours, la politique d’arrachage linguistique du gouvernement Sarkozy est en passe de franchir un seuil qualitatif. Poussé par le MEDEF, dont la devise cynique est « ready for the future », et par l’U.E., -qui en violation de ses propres traités érige de fait l’anglais en langue officielle de l’Europe atlantique-, le pouvoir de l’Union Maastrichtienne Patronale (UMP) travaille avec acharnement à déboulonner le français de son statut de langue nationale.
Ainsi Luc Chatel a-t-il décidé, sans la moindre consultation du parlement, d’imposer un « bain linguistique » en anglais aux enfants de l’école maternelle au mépris de la loi Toubon, qui stipule que « le français est la langue de l’enseignement ». En clair, L’anglais acquerrait ainsi, sans le moindre débat citoyen dans le pays, le statut de langue maternelle bis en France. Dès l’an prochain, dans le cadre de la contre-réforme Chatel du lycée, les élèves de la filière L perdront deux heures de français par semaine au profit d’un nouvel enseignement intitulé « enseignement de littérature étrangère en langue étrangère » : en clair, en anglais étant donné l’actuelle chasse aux postes d’allemand, d’italien, de russe, etc. dans les établissements scolaires.
Quant à Valérie Pécresse, elle encourage le basculement linguistique de l’université et des grandes écoles au tout-anglais. Déjà, les francophones sont massivement discriminés puisqu’il suffit parfois, dans certaines grandes écoles, qu’un élève « Erasmus » ne parle pas le français pour que tout l’enseignement soit délivré en anglais. Pire, la nouvelle antenne de Sciences po ouverte à Reims (tout un symbole ! Jeanne d’Arc est-elle morte pour rien ?) enseigne uniquement en anglais et le drapeau européen seul, à l’exclusion du tricolore, flotte sur la porte cochère de cette école payée par le contribuable. La Loi « LRU » impose en outre un système de classement des universités qui promeut massivement la publication de travaux dans les revues anglophones. Déjà, il semble que des enseignants sans honneur enseignent la littérature française EN ANGLAIS à la Sorbonne ! Bouquet final, J.-F. Copé, l’homme qui veut imposer le « tout-français » dans les mosquées en excluant la langue du Coran, a annoncé que l’UMP mettrait au cœur de sa campagne présidentielle l’idée d’un bain linguistique en anglais tous les soirs sur les médias publics où tous les programmes seraient diffusés en V.O. !
Toute cette politique antinationale va de pair avec le démontage des acquis sociaux et démocratiques que notre peuple a hérité de deux siècles et demi de luttes démocratiques, laïques et ouvrières. Même si en apparence, notre pays est moins menacé qu’à l’époque où il était occupé militairement, la France court le risque de ressembler bientôt à ce « couteau sans manche dont on a jeté la lame », et cela à l’initiative d’une oligarchie financière qui ne cache plus son mépris de tout ce qui est « hexagonal », « franchouillard », « franco-français », « jacobin » et « cartésien »… Une oligarchie qui affiche sa volonté de « démanteler le programme du Conseil National de la Résistance » en alignant la France des travailleurs chantée par Jean Ferrat sur les standards ultra-régressifs de l’U.E. et de l’anti-modèle anglo-saxon. Le but de cette politique de casse, qui s’accompagne du démontage des services publics, de l’école laïque, du « produire en France », du maillage territorial issu de la Révolution française (l’ensemble Etat national/départements/Communes est remplacé par l’ensemble « Europe supranationale /Eurorégions /Europôles), d’en finir avec l’idée même de « défense nationale » pour lui substituer une armée européenne sous direction otanienne, vise à écraser la classe ouvrière, à forclore toute possibilité de transformation révolutionnaire de la société, à démolir le marché national et le marché local de manière à permettre au CAC 40 de monopoliser tous les marchés à travers des appels d’offre mondiaux et « européens », quitte à mettre un point final rapide à l’histoire millénaire de notre pays et plus encore au cycle politique progressiste mondialement ouvert par les Lumières et par la Révolution française.
Bien entendu, cette destruction programmée de la nation n’est en rien incompatible, d’un point de vue de classe, avec le maintien et le renforcement de l’impérialisme « français » et de la xénophobie d’Etat. Plus Sarkozy s’acharne sur la France, plus il s’évertue à relancer l’odieuse « Françafrique » comme on le voit en ce moment en Côte d’Ivoire et en Libye où le pouvoir, sous en étroite complicité avec l’OTAN et avec le très revanchard régime « tory » anglais, foule aux pieds le droit des nations à disposer d’elles-mêmes, dont Lénine fit le titre d’une de ses brochures. Mais, comme le disait Marx, « un peuple qui en opprime un autre ne saurait être libre » et c’est AUSSI pour défendre la France qu’il faut combattre la « Françafrique » comme il faut combattre la « Franceurope », la « Françallemagne » et la « Françamérique ».
De même, la xénophobie d’Etat promue par les Guéant, Hortefeux et autres pointes avancées de l’idéologie FN dans l’appareil d’Etat, n’est-elle nullement incompatible avec l’autophobie nationale d’un pouvoir qui hait son propre pays tout autant qu’il déteste les OUVRIERS étrangers. Ce même pouvoir qui refoule chaque année des dizaines de milliers de travailleurs africains francophones, est le même que celui qui laisse les Européens riches de l’Europe du nord racheter sans coup férir des départements entiers. Ce même pouvoir courtise les richards « français » qui exportent en Suisse les capitaux qu’ils ont volés au peuple travailleur de France, Français ET immigrés.
Dans ces conditions, il est lamentable que la gauche et l’extrême gauche établies ne disent mot contre la politique néocoloniale de substitution du « globish » patronal à la langue de Molière et de Hugo. Bien au contraire, Martine Aubry vient d’obtenir le « prix de la Carpette anglaise » pour sa campagne en faveur du « CARE », cette notion compassionnelle anglo-saxonne que la patronne du PS propose de substituer au principe républicain de « fraternité ». Ne parlons pas du NPA, toujours à la remorque des idées « à la mode », dont le journal « djeuns » s’intitule « Reds » ! Qu’importe à ces gens « branchés » que les victimes désignées de l’anglophonisation du pays soient bien évidemment les ouvriers, les paysans, les employés, les jeunes des banlieues défavorisées, les immigrés issus de l’Afrique francophone, qui ne pèseront pas lourd face aux « English mother tongue » que réclament discriminatoirement les grandes entreprises dans leurs annonces de recrutement ? Comme l’UMP, cette gauche et cette extrême gauche caviar roulent pour l’oligarchie ou du moins, pour la « bourgeoisie bohème » des grandes villes qui se fait gloire de truffer son langage d’anglicismes pour se DISTINGUER du « populo » !
C’est pourquoi le PRCF soutient toutes les formes de résistance linguistique pourvu qu’elles soient clairement menées sur des bases républicaines. Cela signifie que de telles résistances doivent exclure catégoriquement, non seulement l’extrême droite (au demeurant le FN ne fait strictement rien pour la langue française et sa patronne actuelle ne parle que de remporter des « challenges » politiques). Pas question non plus de s’associer à de faux amis de la langue française comme Max Gallo, qui soutiennent les casseurs de langue française de l’UMP.
Agissons au quotidien contre la politique de substitution de l’anglais au français dans les domaines de l’entreprise, du commerce, de la publicité et des enseignes, de l’école et de la recherche, du spectacle et de la chanson. Montrons aux travailleurs en lutte que la résistance ne se divise pas et que se laisser couper la langue, c’est inévitablement perdre le droit à la parole dans son propre pays. Montrons aussi que la défense du français n’est nullement exclusive, bien au contraire, de la défense des langues régionales et de celle des langues issues de l’immigration. Il est purement scandaleux par exemple que l’arabe ne soit pas enseigné dans les lycées français y compris là où la demande serait forte de la part des jeunes issus de l’immigration nord-africaine.
De même, le PRCF appelle-t-il ses membres à soutenir l’association progressiste COURRIEL tout en respectant strictement son indépendance et sa diversité politique interne. Il invite à bien expliquer que la défense du français n’a rien à voir avec on ne sait quel purisme, ni avec une quelconque hostilité envers les parlers populaire, et qu’elle est clairement centrée sur la résistance à la substitution du « business globish » à la langue nationale de la République.
Continuateur des traditions politiques initiées par Maurice Thorez, Aragon, Jacques Duclos, qui intervinrent fréquemment pour défendre le français dans les années cinquante et soixante, le PRCF invite chacun à résister au quotidien à l’anglicisation en dénonçant son contenu de classe fascisant et ultra-patronal. Imposons le débat à ce sujet car cette politique est indéfendable devant notre peuple, dont tous les sondages montrent qu’il met la langue française au 1er rang des identifiants nationaux. Est-il par exemple tolérable que tous les « Champions » et tous les « Atac » de France soient brutalement devenus des « Carrefour Markets » et des « Simply Markets » ? : rappelons-le quand nous apporterons notre soutien aux salariés en lutte, il n’y a pas d’argent pour les salaires, ni pour payer décemment les agriculteurs et éleveurs français, mais on en trouve à foison pour changer toutes les enseignes et toute la déco des supermarchés à l’échelle de tout un pays !
Bien entendu, la solution de fond consiste à militer pour que la France SORTE de l’UE et de la zone euro, pour qu’elle rompe avec l’OTAN, et plus fondamentalement, pour qu’elle engage une rupture révolutionnaire avec le système capitaliste : car ce système est devenu synonyme de mort des nations libres et il ne porte plus en lui que la sourde menace d’une régression sans précédent de la culture et de la civilisation.