Article tiré du site pour une constituante
Le rapport Jospin sur la modernisation de la vie politique est donc là. Ce serait mentir que de dire que la France l’attendait avec impatience. Mais ceux que, néanmoins, cela intéressait, non d’ailleurs sans raison, vont y voir une illustration de la formule fameuse « pour que tout reste comme avant, il faut que ça change ».
La question essentielle que pose aujourd’hui la situation politique est que les citoyens ne se sentent plus écoutés, plus représentés, que la souveraineté populaire, pourtant affirmée dans la Constitution n’est qu’un vain mot. Et ce n’est pas un simple aménagement des institutions actuelles – avec, par exemple, une dose homéopathique de proportionnelle – qui va résoudre ce problème.
Les députés semblent, nous dit-on, éloignés du peuple. Merveilleux euphémisme ! Peut-être les charges inhérentes à leurs fonctions contribuent-t-elles à ce décalage. Mais l’obligation de voter comme l’ordonne le parti, le refus de toute remise en cause des grandes options, en particulier la totale soumission au catéchisme européen, ne constituent-ils pas des entraves plus graves à la représentation des aspirations populaires ?
En fait, cette commission, en dépit de quelques propositions qui satisferont le milieu politique en lui fournissant des arguments plus ou moins démagogiques, apparaît comme un miroir aux alouettes, comme une diversion face aux graves attaques perpétrés contre la démocratie.
* Sur le plan intérieur, l’hyperpuissance institutionnelle, sans réel contrôle, du Président de la république est de plus en plus inadaptée à un monde qui réclame dialogue, liberté d’esprit, renouvellement des manières de gouverner
* Sur le plan extérieur, la prééminence des directives de Bruxelles, la soumission aux intérêts économiques les plus puissants, font disparaître la souveraineté populaire, creusant ainsi la tombe de la démocratie.
Dans ce cadre, les élus apparaissent de plus en plus comme de simples petits soldats, rouages d’une « fatalité sociale » qui fait le lit des extrémismes.
Le moins qu’on puisse dire est que le rapport Jospin est vraiment sans commune mesure avec les enjeux qu’il prétendait affronter.