La montagne aubryesque vient d’accoucher d’une souris, même pas rose.
La « gauche sérieuse » de Martine Aubry n’aborde de front aucune des points où une vraie gauche populaire pourrait se démarquer de la droite et lui infliger une défaite cuisante.
Pas question, et pour cause, de rompre avec l’euro, qui plombe notre pouvoir d’achat,
nos exportations (-700 000 emplois en dix ans, c’est-à-dire depuis l’introduction de l’euro), nos services publics, notre souveraineté budgétaire, pas question de renationaliser EDF et les autres services publics privatisés par… Balladur, JOSPIN et Villepin, pas question de remettre en place la retraite à 60 ans à taux plein, pas question d’en finir avec les interventions impérialistes de la France (et pour cause, le PS approuve les interventions sarkozystes en Afrique), pas question de reconstituer les services publics et la fonction publique démantelés par Sarkozy… et bien entendu pas question de toucher à la sacro-sainte propriété capitaliste ni au régime ultra-présidentiel qui nous a été imposé de concert, sous prétexte de quinquennat, par le duo Jospin-Chirac.
Plus globalement il n’est même pas question de démonter systématiquement les mesures de fascisation et de démontage social mises en place par le régime UMP. C’est toujours le même « effet de cliquet » : la droite passe en force, la gauche social-maastrichtienne consolide et avance dans le même sens que la droite en biaisant avec son électorat plus ouvrier… et les deux protagonistes de l’UMP et du PS, pavent ensemble la voie pour Marine Le Pen, réceptacle de toutes les déceptions par delà toutes les vertueuses déclarations pseudo-« antifascistes » du Parti Maastrichtien Unique sarko-strauss-kahnien.
Quant aux mesurettes proposées par le PS, elles sont littéralement dérisoires.
Un « protectionnisme européen » ? Mais le PS n’y croit pas lui-même : il sait très bien que, d’une part, l’OMC ne bougera pas d’un pouce, y compris avec à sa tête le « socialiste français » Pascal Lamy : cap sur le libre-échange mondial avec le TOTAL appui de l’UE, largement « tenue » en mains par les USA et par l’Allemagne, qui veut avant tout exporter librement ses produits. Il sait très bien aussi que l’essentiel du moins-disant social (ce que les anglomanes du PS appellent, comme leur amis UMP, le « dumping social »), se fait A L’INTERIEUR DE L’UNION EUROPEENNE, au moyen des pays néo-colonisés de l’ancien espace socialiste (dans la libre Roumanie post-communiste, on travaille officiellement 60 heures par semaine à la demande de M. Strauss-Kahn !). C’est bien d’un protectionnisme français, doublé d’une reconquête monétaire, fiscale, budgétaire, d’une politique industrielle nationale fondée sur un fort secteur industriel public et de nouveaux traités internationaux permettant la coopération inter-étatiques, et pas la « concurrence libre et non faussée », que nous avons besoin pour reconstituer le « produire en France » industriel, agricole et halieutique dévasté par la politique d(e dés-)intégration européenne de la France !
Une banque publique pour subventionner les PME ? Bref, encore de l’argent public pour le patronat, y compris sans doute pour ces milliers de FAUSSES PME qui ne sont en réalité que des sous-traitants externalisés des monopoles capitalistes du CAC 40 ? Cela permettrait surtout au PS de contourner la renationalisation des banques, qui ont pour l’essentiel été reprivatisées par… DSK !
Concernant l’Education, le programme du PS est fort discret mais les propositions mises en place sous l’égide de Juliard montrent que le PS, fidèle héritier de l’odieux Claude Allègre, est exactement sur la même longueur d’ondes que la droite : cap sur la dénationalisation rampante de l’école, sur la gouvernance locale, sur l’embauche d’emplois jeunes dans la fonction publique EN LIEU ET PLACE DE FONCTIONNAIRES DOTES D’UN STATUT ET D’UN EMPLOI STABLE.
Concernant la fiscalité, rien n’est clair. Tant mieux évidemment si on rogne un peu les énormes cadeaux faits aux super-riches par Sarkozy (mais ne va-t-on pas plutôt, comme c’est la tradition de la social-démocratie qui entend par « faire payer les riches », pressurer encore plus les couches moyennes et surtout, épargner les gros patrons, revenir sur les abattements fiscaux en matière d’héritage de la maison paternelle ?), mais en réalité, la fusion proposée de la CSG et de l’impôt sur le revenu risque fort d’allourdir encore la fiscalité indirecte, de loin la plus injuste !
Et à peine ce programme ultra-allégé publié, Hollande montait au créneau pour prévenir qu’il ne serait tenu au mieux qu’en cinq ans et que le remboursement de la dette aux banques (et non son annulation) serait prioritaire !
Avec un tel programme, il n’y a aucune chance pour que le PS retrouve la confiance des classes populaires et il est douteux qu’il accroche sérieusement sur les couches moyennes. L’anti-sarkozysme et l’anti-lepénisme risquent également de ne pas suffire pour accrochezr l’électeur qui, de régionales en cantonales, prend goût à l’abstention, au boycott et, pour les plus désespérés, au vote FN.
Plus que jamais, militants progressistes, militants communistes, cessons de croire au Père Noël de l’ « alternance ». Qu’attendons nous pour nous rencontrer et organiser à Paris la « manif des manifs » qui dirait « dégage ! » à Sarkozy en additionnant toutes les colères aujourd’hui éparses et maintenues dans l’éparpillement par les états-majors confédéraux des syndicats tenus en laisse par la Confédération européenne des syndicats ?
Qu’attendons-nous, progressistes, patriotes républicains de toutes sortes, pour dire ensemble, en changeant la donne « soortons la France de l’UE », sortons Sarko, et reconstruisons le pays en tenant fermement en main le fil rouge du programme du CNR ?
Alors que le glauque et fascisant régime UMP multiplie les guerres impérialistes (Abidjan, Libye) avec l’appui du PS, alors que Guéant attise sciemment la guerre communautaire et les provocations anti-laïques, les organisations franchement communistes manquent à leur responsabilité la plus élémentaire en ne s’exprimant pas ensemble. Il n’y a rien à attendre de ce PS qui est aussi « socialiste » que l’UMP est « gaulliste » et que le PCF, désormais rallié à l’euro, est « communiste ».
Que tous les vrais militants du progrès,
de la République sociale et souveraine se retrouvent et se parlent, non pour se concurrencer en se prêtant aux délices pervers de la présidentialisation de la vie politique, mais pour engager ensemble, pas dans les mots mais dans les actes, la RESISTANCE COMMUNE.