Jean-Pierre Combe, Le 9 juillet 2009
Lavastroux / Saint Martin la Méanne / 19320
A Rencontres franco-allemandes, bulletin des Echanges franco-allemands
Madame, Monsieur,
Quand on accumule les clichés, on brouille le réel et on confond vérité et mensonge!
Je proteste contre l’article intitulé « Le coq et l’aigle », sur-titré « du côté des clichés », paru dans Rencontres numéro 201.
Cet article, au lieu de montrer la distance qui sépare les clichés de la réalité, donc de l’expression de la vérité, les présente en effet comme des reflets pertinents de la réalité. Je relève deux de ces clichés, à cause des graves contre-vérités qu’ils véhiculent:
L’un est la relance de la légende royaliste lancée sous la Restauration, et selon laquelle le coq aurait été le symbole ou l’emblème de la Gaule : telle était la justification choisie par le roi pour faire du coq le symbole de la France.
Mais à la vérité, le coq n’a jamais été un symbole gaulois, et nul, au nord des Pyrénées et à l’ouest du Rhin, ne s’est jamais réclamé du coq avant la Restauration. Peu importait à ce roi : il avait choisi le coq parce qu’il lui fallait effacer Marianne, laquelle, alors, dans le cœur des Français, symbolisait vraiment la République française, c’est-à-dire la Nation française démocratiquement instituée.
Et c’est vrai que notre belle Marianne, généreuse, joyeuse, courageuse, aimant la vie, est le vrai symbole de la Nation française, et cela depuis la Première République ( celle qui fut assassinée le 9 thermidor an deux de la République – 27 juillet 1794 ).
Le deuxième cliché menteur que je veux dénoncer est le panégyrique du pouvoir impérial que développe cet article : il le présente, bien à tort, comme porteur de la paix universelle, en citant pour exemples la Pax romana, qui a duré moins d’un siècle, et qui n’a pas été, loin s’en faut, une période sans guerre ; les Empires chrétiens, dont le Saint Empire Romain Germanique, dont aucun n’est resté dans l’histoire comme une période de paix, bien au contraire !…
Est-ce que vous prétendez faire oublier que de tous temps et jusqu’à aujourd’hui, les empires n’ont jamais été et ne peuvent être que guerres permanentes faites aux peuples qu’ils encadrent, et dont l’objectif est de maintenir et de multiplier les privilèges de la minorité impériale ?
C’est tout de même inquiétant de voir le bulletin des Echanges Franco-Allemands, autrefois fondés sur la base des Lumières philosophiques des dix-septième et dix-huitième siècles, dont l’égalité en droits de tous les êtres humains est peut-être la plus importante, et auxquelles contribuèrent des auteurs allemands parmi les plus grands, se fourvoyer ainsi dans le sillage des nostalgiques des pires régimes d’inégalité, qui ont entrepris d’effacer de notre histoire la Révolution des Droits de l’Homme et du Citoyen. J’ose espérer un sursaut de votre part !