Depuis l’automne, le mouvement des salariés des DOM-TOM, engagé en Guyane dans le silence des médias, ne cesse de monter. Réuni dans le collectif Liyannaj kont pwofitation, un large front progressiste guadeloupéen unit salariés et paysans contre les héritiers des colons et contre les mono-poles capitalistes qui pillent l’île et raflent les subventions d’Etat. Ces trusts, comme Carrefour ou Total, imposent en effet des prix exorbitants à une population déjà sous-payée et victime d’un chômage de masse. Or à l’appel du LKP, le profit capitaliste est BLOQUE depuis des semaines sur l’île et le mouvement, déjà élargi à la Martinique, touchera La Réunion à partir du 5 mars.
Pourtant, au lieu de négocier, le pouvoir sarkozyste a joué le pourrissement, puis la répression, voire, -selon des témoignages relayés par E. Domota, la provocation raciste. Le pouvoir porte donc la responsabilité politique de l’assassinat de Jacques Binio, militant CGT, pour lequel Sarkozy et Alliot-Marie n’ont pas eu un mot le jour de compassion le jour même où ils envoyaient la gendarmerie mobile quadriller militairement la Guadeloupe !
La fausse gauche politico-syndicale a aussi sa part de responsabilité :
-les états-majors syndicaux n’ont organisé aucune action de solidarité en cinq semaines de mobilisation antillaise ;
-la date de la nouvelle journée inter-pro du 19 mars est fort éloignée du 29 janvier et du 5 mars, date de la mobilisation à la Réunion et du démarrage de la grève des hôpitaux ;
-lors de son passage du 18.2. sur France 2, Thibault n’a même pas eu un mot de solidarité pour la Guadeloupe et pour son camarade CGT assassiné la veille (ni d’ailleurs pour l’université en lutte) !
Et surtout, alors que l’université est en grève contre la casse des statuts et pour le sauvetage des concours d’enseignement, rien n’a été fait pour faire converger les luttes dans vers « tous ensemble en même temps » auquel les salariés aspirent après le succès du 29 janvier. Et pour cause ! Au contraire des syndicalistes antillais, qui osent dénoncer la « pwofitation » capitaliste, les états-majors syndicaux à genoux devant la Confédération européenne des syndicats demandent gentiment à Sarko-Thatcher de bien vouloir proposer la « régulation des marchés financiers » ; la pseudo-plate-forme revendicative du 19 mars ne dit d’ailleurs mot de l’augmentation générale des salaires, de l’interdiction des délocalisations et des licenciements, du retrait des contre-réformes sarkozystes pilotées par l’UE (hôpitaux, lycées, RASED, Université, CNRS, EDF, poste…). La trahison des DOM par les états-majors syndicaux n’a donc d’égale que celle des salariés de France métropolitaine !
Dans ces conditions, le PRCF
-invite à multiplier les actes de solidarité envers les travailleurs des DOM;
-considère que l’activation du tous ensemble en France métropolitaine et dans les DOM est le meilleur moyen pour faire craquer Sarko-MEDEF partout;
En même temps, le PRCF constate que le grand capital qui exploite durement les travailleurs de France métropolitaine, double cette exploitation d’une surexploitation de type néo-colonial dans les DOM où l’héritage discriminatoire de l’esclavage reste lourdement présent (1% de la population détient l’essentiel de l’économie en lien avec les monopoles capitalistes de métropole). Dans la tradition léniniste du PCF vraiment communiste de naguère, le PRCF se prononce pour le droit à l’autodétermination des DOM, étant entendu que c’est aux travailleurs de ces territoires de décider de leur avenir, le rôle des démocrates d’ici étant de leur apporter leur solidarité en toutes circonstances;
Cela n’empêche pas de dénoncer Sarkozy et certains élus PS des DOM, soutenus par S. Royal, qui, sous couvert d’autonomie des DOM, promeuvent l’euro-fédéralisation généralisée de la France sur le modèle allemand. Mais les légitimes aspirations nationales des peuples des DOM ne doivent pas servir de prétexte à démanteler l’Etat nation ici même, en en application du principe énoncé par l’eurocrate allemand VonThadden (« pour faire l’Europe il faut défaire la France »). Au contraire, par l’abolition de la décentralisation Raffarin de 2003, la France doit, pour tous ceux qui acceptent librement de faire partie de la nation française, revenir au principe révolutionnaire de la République une, laïque et indivisible, car c’est dans ce cadre que les travailleurs peuvent le mieux lutter pour leur émancipation sociale. Lors d’un référendum sur l’autonomie, les électeurs de La Réunion avaient d’ailleurs refusé, comme l’a fait ensuite la Corse, le statut d’autonomie euro-régionale concocté par Sarko en 2004 en vue d’y accélérer le désengagement financier de l’Etat. Ces deux Non insulaires annoncèrent d’ailleurs le Non de l’ensemble des Français à l’euro-constitution en 2005.
La Guadeloupe montre donc le chemin d’une mobilisation anticapitaliste unie et déterminée tous ensemble et en même temps des DOM à Paris. Ici même, les universitaires et hospitaliers peuvent « tirer » le tous ensemble ! Travaillons-y partout d’arrache-pied en hommage au militant CGT Jacques Binio, mort pour l’émancipation des travailleurs.