Texte provenant du site « Communistes »
Dès après la 2ème guerre mondiale, les USA organisent la lutte contre le développement de l’URSS et des pays socialistes en formation en Europe. Ils adoptent une stratégie économique et militaire propre à isoler l’URSS et ses alliés.
Sur le plan économique, le plan Marshall est soumis à l’émergence d’une entité économique en Europe, qui sera la préfiguration de l’Europe actuelle.
Sur le plan militaire, l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord) est créée le 4 avril 1949. Elle permet la présence de troupes américaines en Europe et l’intégration des forces anglaises et françaises dans un commandement qui de fait est soumis à la stratégie des USA. La création de l’OTAN, bras armé de l’impérialisme américain, est saluée par toutes les forces politiques en France sauf par le PCF qui le combat. L’OTAN est l’instrument militaire de la « guerre froide » dirigée contre l’URSS et ses alliés. Le traité permet une assistance mutuelle en cas d’agression, de fait, il soumet les pays de l’Europe à la stratégie américaine et en fait un marché pour leur industrie militaire. Le pacte de Varsovie sera la réponse à cette politique.
En 1966, le Général De Gaulle qui veut faire jouer à la France, disposant maintenant d’une force de frappe nucléaire autonome, une partition particulière dans les relations avec l’URSS et en tirer des bénéfices économiques aux profits des trusts à base française décide de quitter le commandement intégré de l’OTAN ce qui a pour conséquence le départ des troupes américaines (environ 25.000 hommes) stationnées en France mais la France ne quitte pas l’OTAN, elle en reste membre. Elle reste une alliée fidèle des USA. Possédant l’armement atomique, la France estime son espace vital protégé dans le cadre d’un équilibre des forces nucléaires. Cette politique est vivement critiquée par la SFIO (l’ancêtre du PS), qui dépose même une motion de censure, à laquelle se joint F. Mitterrand député de la Nièvre. La Motion sera rejetée du fait de l’abstention des députés gaullistes et communistes.
Dès après le retrait du commandement de l’OTAN, les gouvernements successifs vont s’attacher à réduire les divergences qui se sont fait jour du fait de la décision de 1966. La France est de plus en plus présente dans l’alliance. Elle participe à la constitution d’une force franco-allemande d’intervention et des mécanismes de consultation de plus en plus serrés sont mis en place qui préparent le retour complet dans le dispositif de commandement militaire. Cette politique est le fait aussi bien des gouvernements de droite que de gauche. Mitterrand lorsqu’il était Président de la République a joué un rôle actif dans le processus pour réintégrer le commandement de l’OTAN.
Après la disparition de l’URSS en 1991 et des pays socialistes de l’Est Européen, le pacte de Varsovie est de fait dissous. L’OTAN ne disparaît pas pour autant. Au contraire, l’alliance atlantique devient une force de projection assurant par ses interventions la présence militaire américaine dans les zones les plus stratégiques pour la « protection » des intérêts des l’impérialistes et en premier de l’impérialisme américain. Les interventions et les conflits armés se multiplient en Yougoslavie dépecée, en Irak, en Afrique. L’Afghanistan est occupé au nom de l’ONU dont l’OTAN devient le mandataire. La France est, en général, le principal contributeur de troupes dans toutes ces opérations (1.600 militaires au Kosovo, 3.000 en Afghanistan) et si elle ne participe pas directement à l’occupation de l’Irak, elle ouvre des facilités techniques aux troupes américaines. Le pouvoir met ainsi la France au service d’intérêts qui n’ont rien à voir avec la défense du pays. L’OTAN a des centaines de bases militaires en Europe, dans les Ex pays de l’URSS, au Moyen-Orient. Elle a étendu sa zone d’influence vers les anciennes républiques soviétiques de la Baltique et les pays d’Europe centrale et vise à de nouveaux élargissements.
Pourquoi ce remue-ménage à propos de la réintégration totale mais déjà largement amorcée, dans le commandement intégré de l’OTAN ? Les cris d’orfraie du PS, du MODEM (et de certains députés UMP) laissent sourire quand on se rappelle le rôle qu’ils ont toujours joué quand ils étaient au gouvernement dans le soutien à l’alliance atlantique et pour la création de l’Europe militaire. Ils savent d’ailleurs, comme d’habitude, que c’est une agitation sans conséquence. Les objectifs que se fixent l’Europe, ses États, et les forces du capital qui la dirigent sont la « protection » des intérêts capitalistes, qui appellent la capacité de contrôler les sources d’approvisionnement en matières premières aussi bien que les voies commerciales stratégiques de même qu’à la maîtrise de conflits dans sa zone d’influence. Une stratégie militaire européenne se dessine autour de ces enjeux avec la création de la force d’action rapide prête à intervenir partout. Elle n’en est qu’à ses débuts et elle est centrée sur l’accord franco-allemand. Rappelons que la France et le Royaume-Uni sont les deux seuls États qui possèdent l’arme nucléaire en Europe de l’Ouest et des forces tactiques d’une puissance significative bien que très largement inférieures à la puissance américaine (sous-marins porteurs d’engins, porte-avions, fusées…).
Prenant en compte que 21 des 27 États membre de l’Union Européenne sont membres de l’alliance atlantique, il apparaît clairement aux forces dirigeantes que le processus d’intégration militaire en Europe passe par l’OTAN. C’est le sens de la décision prise par le pouvoir. S’agit-il, comme le dit Sarkozy, d’un acte qui rend l’Europe plus indépendante des USA ? Au contraire, il s’agit de l’intégration des forces en Europe dans la stratégie impérialiste dominée par les USA. En étant plus présent dans le commandement, Sarkozy pense quand même en tirer quelques avantages pour participer à la co-domination mondiale du capitalisme dans un contexte de concurrence exacerbée pour la conquête de nouveaux marchés. C’est un calcul dangereux pour la paix mondiale car la relance et le développement des alliances militaires qui se traduit par une relance de la course aux armements pèsent sur la stabilité d’un monde en proie aux appétits des monopoles capitalistes.
Exiger une politique de paix et de désarmement est donc une impérieuse nécessité. Elle passe en France par le retrait de l’alliance atlantique et l’exigence de sa dissolution.