La droite ultra se saisit du mariage homo pour se regrouper
Dimanche les droites extrêmes, les extrêmes-droites, les droites de droite, les catholiques de droite, les musulmans de droite, les juifs de droite, aidés par l’école confessionnelle privée subventionnée par l’Etat, vont déferler sur Paris à grands coups de millions, de TGV spéciaux, de centaines de bus, et en disposant du support d’une campagne médiatique permanente relayée par la hiérarchie catholique au sein des écoles privées subventionnées par l’Etat.
Même si l’UMP et Marine Le Pen feignent tactiquement de rester sur la réserve (tout en envoyant leurs troupes au « front »…), la manif contre le mariage homo servira de tremplin à ce début de « mariage bleu marine » entre l’ultra-droite copéiste et le « rassemblement bleu marine », bref à ce que le PRCF a été le premier à nommer « l’UM’Pen ». Et cela quelle que soit la bonne foi – que nous ne suspectons pas et que nous respectons – de millions de nos concitoyens inquiets, à tort ou à raison, de voir remis en cause les fondements de la famille traditionnelle.
On peut bien entendu, y compris entre communistes, défendre des opinions différentes sur cette question délicate où l’articulation entre point de vue de classe et vision sociétale n’est pas immédiatement perceptible : il n’y a pas « une ligne » en ces domaines et une réflexion sereine sur différents aspects du problème doit avoir cours, librement, sans invectives et dans le respect mutuel. Dans cet esprit le PRCF est sur le point de publier une réflexion marxiste de G. Gastaud, philosophe marxiste, intitulée « Question sociale et questions sociétales » : non pour figer les positions au sein du PRCF, mais pour ouvrir une réflexion marxiste sur l’avenir de la famille et de la « filiation ». Faut-il dire que le préalable absolu d’une telle réflexion est de refuser de cautionner de près ou de loin tout ce qui pourrait ressembler à de l’homophobie ou de saisir le débat en cours pour frayer avec la pire réaction ? Nous disons cela tout en ayant à l’esprit que bon nombre de ceux qui, sans voir le piège politicien, sympathisent avec les thèmes AVOUES de la manif de dimanche, ne sont en rien des fascistes et qu’il convient de discuter par-delà les clivages sociétaux avec tous ceux qui comprennent que l’essentiel, alors que la classe ouvrière et que la nation française sont menacées d’écrasement par l’Europe de l’argent, est de travailler dans leur diversité philosophique à la mise en place d’un nouveau CNR destiné à sauver notre pays de l’euro-désintégration pour ouvrir la voie au changement de société.
En revanche voir la clique de l’argent, l’UMP, le FN, la hiérarchie romaine, la grande majorité des muftis et des rabbins, descendre dans la rue nous dire comment doivent vivre et aimer les citoyens d’une République laïque qui, aux termes de la loi constitutionnelle de 1905, « ne reconnaît ni ne salarie aucun culte », c’est un peu fort de café ! Que les Églises prient, que les partis politiques fassent de la politique et que les capitalistes exploitent le travail d’autrui – tant que la révolution sociale ne vient pas mettre fin à cela – c’est dans l’ordre des choses capitalistes. Que tous ces gens s’unissent pour nous dire LA morale, et surtout, pour préparer une contre-offensive générale contre les acquis sociaux et les libertés démocratiques, là NON MESSIEURS !
Disant cela, nous n’avons garde d’amalgamer l’ensemble des croyants à ces hiérarques qui, manifestement, n’ont jamais médité à fond, contrairement à tant de prêtres ouvriers et de croyants engagés dans les luttes sociales, le précepte « aimez-vous les uns les autres », « aime et fais ce que veux » (Augustin) ou « tous les hommes sont frères » – que Marx et Engels ont songé un moment à adjoindre à la devise finale de leur Manifeste communiste : « prolétaires de tous les pays unissez-vous » !
Disant cela nous ne cautionnons en rien le Parti socialiste et son gouvernement social-libéral, social en paroles, libéral en fait. Nous ne sommes pas dupes du fait que le PS se sert des clivages sociétaux pour camoufler sa politique réactionnaire de destruction de la nation républicaine, de la Sécu et du code du travail au nom de la sinistre « construction » européenne. Combattre la droite et l’ultra-droite n’empêchera jamais le PRCF d’appeler à l’OPPOSITION POPULAIRE contre le gouvernement de Zapat-Ayrault !
Mais faut-il pour autant laisser dire que le mariage homo est le principal danger actuel pour les familles de France ? C’est une plaisanterie que d’affirmer cela au moment où la crise capitaliste, s’additionnant à celle de l’euro et à la « construction » européenne, produit à la chaîne des difficultés majeures pour les familles populaires passées au broyeur de la précarité, du chômage de masse, de l’impossibilité pour les jeunes de se loger, de trouver un emploi, voire de se marier et de faire des enfants s’ils le souhaitent !
* Qui détruit les familles avec l’arme du chômage consciemment utilisée pour museler les travailleurs,?
* Qui détruit les familles en Libye ou en Syrie ou en Afrique en fomentant des guerres sur tous les continents?
* Qui détruit les familles en opposant un fanatisme, un fondamentalisme à un autre, en détruisant à la fois la conscience de classe prolétarienne et le patriotisme républicain pour leur substituer le communautarisme religieux des uns et la xénophobie des autres ?
* Qui détruit les familles par la haine séculaire des femmes et leur exploitation « de prolétaire du prolétaire » aujourd’hui encore?
* Qui détruit les familles en reportant sur elles la solidarité nationale détruite (casse de la Sécu, des services publics, de l’école publique, de l’école maternelle, des régimes de retraites, avec de sourdes menaces sur les pensions de réversion ?).
* Qui détruit les familles par le racisme homophobe, car les homos sont les fils et les filles d’une famille !
Alors qu’ils défilent, le cortège du fric, du sabre et du goupillon. Mais nous savons, nous, que ce cortège, quels que soient les prétextes ou les naïvetés de certains, c’est le cortège de la noire réaction, le premier acte du mariage « sociétal » de la droite pseudo-républicaine et de l’extrême droite, avant que celle-ci n’en vienne à se marier politiquement et électoralement en faisant planer une lourde menace sur ce qui reste de libertés démocratiques.