1er mai 2011
L’Eglise catholique a bien entendu le droit de béatifier qui il lui plaira et notre propos n’est nullement de nous ingérer dans ce qui regarde avant tout les cathologiques.
Mais dans la mesure où la France, « fille aînée de l’Eglise », cautionne officiellement l’évènement en envoyant à Rome son premier ministre, son ministre des Affaires étrangères et son ministre de l’Intérieur, l’insupportable Claude Guéant, le PRCF estime de son devoir d’interpeller tous les hommes de bonne volonté, qu’ils soient croyants ou incroyants, pourvu qu’ils soient réellement, et non en paroles, attachés à la laïcité de la République.
Rappelons d’abord en effet que la loi de 1905, dans l’adoption de laquelle Jean Jaurès joua un rôle déterminant, stipule clairement dans son article II : « la République ne reconnaît ni ne salarie aucun culte ». Or cette loi est considérée comme portant un caractère « organique » et constitutionnel. Dans ces conditions, l’illégitimité manifeste du pouvoir sarkozyste éclate derechef : le pouvoir en place s’assoit sur la constitution puisqu’il « reconnaît » avec éclat un culte. Et c’est d’autant plus choquant que, prenant les musulmans de France en otages permanents de sa politique de casse sociale et nationale, le sinistre pouvoir UMP, le plus réactionnaire qu’ait eu ce pays depuis 1940, ne cesse de stigmatiser l’Islam en prenant le prétexte de la « laïcité ».
Non seulement cela appelle une condamnation beaucoup plus vigoureuse de la part des organisations communistes et progressistes (y compris de la part de celles qui considèrent qu’il faut aller au-delà de la loi de 1905 : qui peut le plus peut le moins !), mais cela met gravement en accusation la fausse gauche établie des Delanoë, Valls et Cie, qui viole quotidiennement la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat en faisant une cour éhontée aux Eglises et en discriminant de fait les athées et les agnostiques, qui ne sont pas loin d’être majoritaires dans notre France largement sécularisée. Et cela appelle de notre part une déclaration conjointe sur l’illégitimité radicale de Sarkozy ICI et MAINTENANT, sans attendre 2012, car jamais, même en démocratie bourgeoise, l’élection d’un individu ne lui confère le droit de piétiner la constitution du pays qui l’a élu à titre précaire. Le dire, ce ne serait nullement atténuer la critique du système capitaliste, ni la dénonciation de l’UE, qui pousse de manière anti-laïque à « reconnaître les racines chrétiennes de l’Europe » et à « engager le dialogue institutionnel avec les Eglises », mais tout au contraire pointer le caractère de plus en plus réactionnaire et fascisant du système capitaliste qui liquide l’une après l’autre toutes les conquêtes démocratiques de la Révolution bourgeoise-populaire de 1789/93.
Sur le contenu de cette béatification, il y aurait beaucoup à dire. Que Jean-Paul II ait été un catholique fervent, ce n’est pas à nous d’en juger. Mais ce qui fait surtout son immense popularité auprès des médias qui font l’opinion, c’est avant tout le fait qu’il s’agit d’un pape particulièrement efficace dans la lutte anticommuniste et contre-révolutionnaire. Une récente émission radiophonique sur le service public rapportait que, très vraisemblablement, la très douteuse banque vaticane a subventionné, peut-être pas autant cependant que les services US spécialisés dans la guerre froide, le « syndicat » favori de la fausse gauche, des euro-trotskistes et des patrons, qui a aidé à détruire la Pologne populaire en prenant appui sur les erreurs du gouvernement polonais d’alors et sur la politique capitularde de Gorbatchev. Aujourd’hui, au lieu de la « liberté », de la « prospérité » et de la « paix » annoncée, les peuples des pays de l’est ont la misère de masse, le chômage et l’exil pour trouver du boulot, la semaine de 60 h en Roumanie, alors que les chantiers Lénine de Gdansk, dont Walesa fut brièvement l’ouvrier, ont pratiquement fermé ! Du même coup, le rapports des forces dans le monde a brutalement basculé en faveur du capital contre le travail, en faveur de l’impérialisme contre les peuples en lutte, en faveur des idéologies réactionnaires, antiféministes et cléricales au détriment des « Lumières ». En réalité, en travaillant avec acharnement à la destruction du camp socialiste, le Pape Jean-Paul II alias Woytela, a travaillé pour l’impérialisme, pour la réaction et pour la revanche réactionnaire de l’oligarchie capitaliste sur l’ensemble des conquêtes progressistes. Et en fait de « libération » des pays de l’Est, on a partout aujourd’hui des lois anticommunistes et de chasse aux sorcières, la Pologne de Kaccinski donnant le ton en la matière dans le parfait silence complice de la hiérarchie catholique, qui cautionne aussi les lois discriminant les athées en Hongrie.
Il faudrait bien entendu parler aussi des centaines de milliers de personnes qui sont mortes en Afrique et ailleurs parce que le Vatican a défendu, et continue pour l’essentiel de défendre, des positions ultra-réactionnaires sur la sexualité et sur le préservatif, et cela au mépris de la pandémie du Sida, qui frappe en priorité les plus déshérités. D’ailleurs, le principal conseiller de Jean-Paul II était déjà à l’époque le Pape Ratzinger actuel et il s’est fait remarquer depuis par de multiples positions réactionnaires, notamment en promouvant la réhabilitation des catholiques intégristes dont les positions politiques sont nostalgiques des pires moments de l’histoire européenne.
Cela ne signifie nullement que le PRCF méprise en quoi que ce soit les courageux catholiques qui, tout en défendant les positions laïques comme ils sont nombreux à le faire, continuent d’œuvrer à la justice sociale, particulièrement ceux qui, dans les milieux ouvriers, participent souvent au premier rangs à la lutte des classes anticapitalistes. Il n’y a aucune contradiction en effet pour le PRCF à défendre résolument la séparation de l’Eglise et de l’Etat, à refuser par ex. toute ingérence de Guéant dans les affaires internes du culte musulman, et à continuer sans discontinuer à « tendre la main », comme l’avait fait Maurice Thorez en 1936 aux travailleurs croyants et incroyants. C’est en effet ensemble que les travailleurs croyants et athées ont défendu la France sous l’Occupation à l’exemple de Gabriel Péri et d’Estiennes d’Orves, comme ils agiront ensemble demain pour sortir notre pays de cette UE ultra-réactionnaire, remettre en place les grands acquis de la Résistance, et engager la rupture progressiste avec le capitalisme pour une société plus juste faite pour l’homme et non pour le profit.
Pour finir, remarquons que c’est pour le moins une faute de goût de la part du Vatican que de célébrer la béatification du pape le 1er mai, le jour où traditionnellement, toute l’attention des véritables humanistes devrait se reporter sur les revendications du prolétariat international en faveur de la paix, violée par l’impérialisme en plusieurs points chauds du globe et d’abord en Libye, du pouvoir d’achat, des libertés syndicales et de l’emploi.