Appel à tous les démocrates
Le 23 septembre dernier, le Parlement européen a voté une déclaration ignoble « sur la proclamation du 23 août comme journée européenne de commémoration des victimes du stalinisme et du nazisme »
Proposant aux Parlements des Etats membres de l’Union Européenne « que la journée du 23 août soit proclamée journée européenne de commémoration des victimes du stalinisme et du nazisme afin de conserver la mémoire des victimes des exterminations et déportations de masse, tout en enracinant plus solidement la démocratie et en renforçant la paix et la stabilité sur notre continent »
Cette odieux amalgame prend prétexte du pacte Molotov-Ribbentrop du 23 août 1939.
Faut-il rappeler que cette alliance défensive fut décidée par l’URSS en réponse aux honteux accords de Munich signés l’année précédente par Chamberlain et Daladier avec Hitler, qui sacrifiaient la Tchécoslovaquie et visaient à tourner l’agressivité de l’Allemagne nazie entièrement vers l’est ? S’il suivait sur ce point sa propre logique, le Parlement européen devrait donc commencer par faire du 23 août une « journée… des victimes de la démocratie parlementaire et du nazisme. »
Le Parlement européen prétend, dans la même déclaration, que « les déportations de masse, massacres et travaux forcés commis lors des agressions du stalinisme et du nazisme relèvent de la catégorie des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ». Là encore, et quoi qu’on pense par ailleurs des moyens mis en œuvre par l’URSS pour survivre dans un environnement hostile ( agression militaire lancée contre elle par près de vingt pays étrangers dès 1918, suivie après son échec d’une stratégie d’isolement baptisée « cordon sanitaire », guerre civile, puis avènement de régimes fascismes férocement anticommunistes, nouvelle agression par les forces de l’Axe, guerre froide, course aux armements épuisante imposée par les USA…), mettre sur le même plan le système pénitentiaire soviétique et les camps d’extermination nazis où vieillards et enfants périssaient par le gaz à peine arrivés, relève du révisionnisme historique pur et simple. Remarquons au passage que jamais l’URSS n’a nourri de rêve délirant de type « ordre planétaire millénaire » dominé par une « race supérieure », ni n’a déclenché de guerre de conquête, comme l’Allemagne hitlérienne. C’est au contraire l’armée soviétique qui a été le fer de lance de la destruction du IIIème Reich. Le Parlement Européen compte-t-il criminaliser aussi le gaullisme pour cette déclaration du général de Gaulle : « Les Français savent ce qu’a fait pour eux la Russie soviétique et ils savent que c’est elle qui a joué le rôle principal dans leur libération. » ?
De même, quoi qu’on pense des sanctions collectives prise à l’encontre de tel ou tel peuple d’URSS, il est profondément malhonnête de les comparer avec la politique d’extermination raciste pratiquée par le IIIème Reich, notamment à l’encontre des Juifs et des Tziganes. Aucun peuple d’URSS n’a jamais été victime de génocide – il est d’ailleurs intéressant de voir que des associations militant pour la reconnaissance d’un prétendu « génocide ukrainien » dans les années 30 cherchent par la même occasion à réhabiliter le massacreur antisémite Petlioura…
Enfin, ce texte liberticide se réfère au « programme « L’Europe pour les citoyens » visant à promouvoir la citoyenneté européenne active prévoit qu’un soutien soit apporté à l’action pour « Une mémoire européenne active », qui vise à prévenir la répétition des crimes du nazisme et du stalinisme », car « les conséquences de l’occupation et de l’ordre imposés par l’Union soviétique et leur signification pour les citoyens des États post-communistes sont peu connues en Europe ». On voit que ce prétendu travail de « mémoire active » vise en fait à caricaturer les régimes socialistes, à ne retenir que les échecs et les défauts de pays qui ont péniblement cherché à se développer contre la logique du profit, et ont tous subi, comme l’URSS, la terrible pression économique, militaire et politique pays les plus riches. Au moment où le capitalisme en crise précipite des millions de travailleurs dans le chômage, la grande pauvreté et la misère, la prétendue « citoyenneté européenne » se fonderait sur l’interdiction pure et simple de discuter des réussites du socialisme, là ou il a réussi à se maintenir pendant près d’un demi-siècle : plein-emploi, vaste secteur public à la portée de tous, éducation et santé gratuites pour tous, recul du sexisme – voire égalité totale de l’homme et de la femme comme en RDA – toutes choses que l’Europe supranationale néolibérale est justement en train de détruire, et cherche à faire oublier aux générations futures. La « mémoire européenne active » est en réalité sélective ! Son véritable objectif est de formater les esprits pour interdire toute critique radicale de l’Union Européenne et toute théorie anticapitaliste.
Concernant les eurodéputés français, il est à cet égard révélateur que, pour signer cette scandaleuse déclaration, des personnalités qui se réclament du centre ou de la droite modérée, comme Alain Lamassoure, Jean-Marie Cavada, Jacques Toubon, ou d’autres qui se disent progressistes, comme Daniel Cohn-Bendit, Alain Lipietz, Hélène Flautre, Vincent Peillon, André Laignel ou Catherine Trautmann, aient dû mêler leur voix à celle de Bruno Gollnisch et Carl Lang !
Nous soussignés, à l’appel du Pôle de Renaissance Communiste en France, protestons contre cette nouvelle entreprise de criminalisation du communisme. Nous demandons à tous les Parlementaires français, qu’ils soient sincèrement républicains, réellement progressistes, et vraiment communistes, de s’opposer à l’instauration de la « journée européenne de commémoration des victimes du stalinisme et du nazisme ». Nous appelons tous les vrais démocrates à résister à cette opération qui vise à terme à interdire l’anticapitalisme dans toute l’Europe et à imposer le néolibéralisme comme horizon indépassable.
Georges Hage, ancien doyen de l’Assemblée Nationale ;
Jean-Pierre Hemmen, fils de Jean Hemmen, brigadiste d’Espagne, fusillé au Mont Valérien
Léon Landini, Officier de la Légion d’Honneur – Médaille de la Résistance – Grand Mutilé de Guerre – Ancien officier FTP-MOI.
Pierre Pranchère, député honoraire, ancien franc-tireur et partisan de France.